Once we were faithful. Then, she arrived.

L'Âge Victorien.

Un âge d'or, de changement, de transition. Un âge de rigueur morale, également.
La Reine Victoria est une femme de poigne, et les réformes signent un retour à l'autorité royale. Quand bien même le Parlement étend le droit de vote, la parole de la Reine suffit souvent à contraindre les foules à l'accepter. La Révolution Industrielle change encore plus la face du monde que celle qui avait décapité les Nobles. Les voilà revenus, les Sang-Bleus. L'ordre social est plus que jamais affaire de réputation et de rang.
L'argent, lui, commence à changer de mains. Les bourgeois sont à compter parmi les grandes personnalités, malgré tout, et ne lâchent pas une miette du pouvoir qui s'effrite, lentement mais surement, à la façon du marbre, entre les mains des Nobles.
La religion, figure tout aussi sévère que la Reine qui dirige l'église d'Angleterre en sa qualité de souveraine, étouffe encore la population sous un carcan épais. La science avance, les prêtres -Qui, ici, peuvent se marier- la dénigrent. C'est l'époque où Darwin sera menacé d'excommunication.
C'est une période trouble sous la brume et la suie. C'est une période faussement stable, riche et chaotique, où Dieu dirige encore les Hommes, où la science commence à opposer une vérité aux traditions. Mais ça, c'est l'Histoire.

Écoutez l'histoire méconnue.
C'était au début de ce règne. C'était une nuit obscure. Un vieux Lord sans épouse, sans enfant, attendait sa fiancée. C'était une surprise pour son entourage, et un fort mécontentement pour ses petits neveux avides d'héritage. Lord Delight trahissait son nom par une rigidité et une misanthropie presque proverbiales. Et voilà que quelques lettres échangées à une Vénitienne suffisait à conquérir son coeur sec d'homme solitaire?... On n'eut le temps de se poser trop la question. Au lendemain de leurs noces, le médecin de la réputée famille Delight dû constater le décès du Lord. De mort naturelle. On s'en étonna, on s'en offusqua, surtout lorsque la Veuve fit venir à elle ses Sucreries, comme elle disait, de sa Venise natale. Ses Sucreries... Des êtres dignes d'un cirque. Certains de sang noble à leurs dire, des artistes, mais aussi des gens de mauvaise vie, de toute évidence. Tous, envahirent le Manoir, et elle osa même le réaménager pour y donner des bals, des spectacles. Des orgies, à ce que ses détracteurs murmurent.

Nous sommes quelques poignées de mois plus tard.
Jamais encore la justice ne l'a inquiétée. Jamais personne n'a pu prouver quoi que ce soit sur la moindre des rumeurs qui circulent sur elle. Ni trafic d'opium, encore moins celui de femmes, pas plus que des disparitions d'enfants. Ni de ce que certains disent à propos de la couleur trop rouge des vins qu'on lui sert.
Les bonnes gens fuient le Manoir, le jour, la Noblesse crache sur cette ribaude qui salit l'élite de sa façon indécente de se comporter. Mais, étrangement, bien nombreuses sont les silhouettes discrètes qui s'y précipitent une fois la nuit tombée...
Regardez par là pour davantage de précisions sur les étranges suivants de la Veuve.

Il y a ceux qui cherchent à la faire disparaitre, ceux qui enquêtent sur ces rumeurs, et ceux qui viennent se perdre en sa demeure. Que dirait la Couronne si ceci venait à vraiment se savoir?...
Londres n'a pas changé de visage. Elle en a gagné des plus étranges. La brume, au dessus de la Tamise n'a jamais été aussi épaisse.