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Noyade, exécution capitale ?

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Message  Andrew Crane Sam 27 Juin - 11:36

C’était le lieu de toutes les énigmes, de tout les mystères, d’hallucinations et autres fantaisies du commun et du vulgaire. Les histoires les plus rocambolesques y convergeaient dans des versions différentes et terribles. Les témoignages se succédaient tantôt pour se pourfendre ou se confondre, l’un donnait sa version, l’autre prouvait sa force d’imagination. Le commissariat était tout d’abord un lieu d’écoute. Les visites variaient d’un jour sur l’autre, la plupart ne débouchaient d’ailleurs sur rien et avaient pour source de stupides supersistions. Ainsi, des dépositions étaient faites pour un oui ou pour un non, pour une broutille ou pour une affaire d’une singulière importance. Il fallait donc s’occuper du tri dans tout ce méli-mélo infâme.
Les cents pas. Le sol tremblait, les lattes du plancher marquaient de leur complainte les mouvements de l’inspecteur Crane. Armé d’un parchemin qu’il torturait, le tortillant entre ces griffes de milles et une façon, ce fauve semblait en proie au doute.

« Dire qu’ILS refusent l’examen du corps ! C’est tout bonnement inqualifiable…. ! Réfléchis…Réfléchis Andrew… Nous savons que si la cause du décès est la noyade alors les poumons sont immergés mais seule une analyse anatomico…. Seul un examen du corps me permettrait de le déterminer… »

Ce métronome emporté se stoppa finalement dans son élan, s’arrêtant net et délaissant le morceau de papier. La haute silhouette se tenait droite, seule, au milieu de cette pièce. De telles pensées prononçaient à haute voix, étaient sources d’inqualifiables trahisons envers la Religion et la société bien pensante de cette Londres du 19ème siècle.

« Cette décision de justice est intolérable. Ils ont conclu…à un suicide et pire comme ils ne pouvaient identifier ce pauvre homme, ils ont décrété l’incinération du corps et donc des preuves. »

L’exaspération le délaissa finalement, ces propos étaient-ils tombés dans des oreilles plus pieuses ou au contraire pareilles aux siennes ?
Andrew Crane
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Message  Invité Sam 27 Juin - 15:36

En cette fin de journée, tandis que le soleil s'apprêtait lentement à offrir à Londres une obscurité toute aussi dangereuse qu'habituelle, l'inspecteur en chef Fisher pénétra dans son bureau, pour y trouver son assistant faisant les cents pas et semblant visiblement parler tout seul. Si bien que Crane, trop absorbé par ses pensées à haute voix ne sembla pas remarquer l'arrivée de son mentor et supérieur.

Fisher, un sourire narquois aux lèvres, observa un moment son assistant affairé à raisonner en solitaire, et pris le temps d'observer les alentours. Son bureau avait l'air d'être un de ces bazars que l'on ne trouve que dans les pays arabes, un véritable souk, et pourtant, lui et Crane s'y retrouvaient dans ces amoncellements vertigineux et omniprésents de paperasse diverse. Affaires en cours, dossiers classés, preuves en l'attente d'une plainte, etc... Il y avait de tout, et seul un de ces deux individus aurait pu retrouver, en pas plus de cinq minutes, les papiers nécessaires à telle ou telle affaire. Leur hiérarchie ne venait que très rarement les déranger dans leur bureau, à la fois à cause d'un taux d'efficacité record de leur département, mais aussi pour éviter de se frotter à Fisher, bien trop au courant de tout et ayant probablement des dossiers sur eux aussi. Cette part d'autonomie, il l'avait chèrement obtenue, à coup de menaces voilées et de démissions suspectes, mais désormais, il la savourait et n'avait que fort rarement besoin de "l'entretenir".

Son bureau à lui se trouvait au fond de la pièce, dos aux fenêtres opaques qui offraient, lorsque le soleil brillait, une lumière ne faisant qu'accentuer l'inquiétant apparence de Fisher en le mettant directement à contre jour des personnes avec qui il s'entretenait. Le bureau de Crane, quand à lui, se trouvait sur un axe perpendiculaire à celui de Fisher, mais relativement décalé pour se retrouver plus proche de l'entrée de la pièce, et étant dos à un mur, lui, afin que l'aménagement de l'espace de cette pièce démontre de sa propre hiérarchie interne de ses occupants.

Finalement, après avoir écouté Crane un moment, ses yeux, à la fois sombres par leur allure, mais d'un gris clair par leur propre structuration biologique, se portèrent vers ceux d'Andrew, et tout en arborant un visage à la fois froid, mais arborant toujours ce même sourire supérieur, il signala sa présence en s'adressant à lui.


"Andrew, si je vous dérange, dites le moi."

Puis il s'avança dans la pièce, déposant son long manteau de cuir sur le porte manteau prévu à cet effet, et se dirigeant vers son fauteuil. Il était, en dessous de ce manteau qu'il ne quittait que rarement en public, vêtu d'une chemise beige ainsi que d'un gilet noir sans manches légèrement ornementé. Tout en s'avançant il jeta un regard en arrière à Andrew, l'invitant à le suivre et à s'installer face à Fisher alors que celui-ci s'asseyait enfin. Le crépuscule, au dehors, avait un rendu flamboyant au travers des opaques fenêtres, comme si Londres avait sombré en Enfer et qu'une seule personne osait y présenter son dos tout en affichant un rictus amusé : Fisher.

"Asseyez vous, Andrew, et racontez moi l'objet de vos élucubrations solitaires et vraisemblablement impies, de ce que j'ai pu en entendre. Une noyade, vous dites ? Qui, quand, où, pourquoi ? Donnez moi à la fois les faits et ce que votre instinct vous dicte, il est en général de bon conseil."

Il s'amusait d'Andrew, en général, mais le prenait véritablement au sérieux et avait une confiance relativement élevée envers le jeune homme, chose que Fisher offrait rarement à un tel degré. Mais effectivement, cela ne l'empêchait pas de jouer avec les nerfs de son assistant, profitant de son statut de supérieur, mais toujours dans des intentions, toujours relativement, bonnes.

"Et par pitié dites moi que ça a quelque chose à voir avec cette Lady Delight que nous n'arrivons pas à coincer tant elle brouille beaucoup trop efficacement ses pistes. Nous stagnons sur cette affaire, Andrew, nous n'avons que nos suppositions. Et cela devrait vous être autant intolérable que ça l'est pour moi."
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Message  Andrew Crane Lun 29 Juin - 16:30

La théâtralité était leur fort ; si bien que tout deux semblaient tout droit sortis de l’un de ces romans saugrenues où les créatures fantastiques sont légions. Prise de position avec l’auteur, ils rejetaient en chœur l’existence de fantômes et autres spectres. Les acteurs étaient des hommes faits de chair et de sang et si malgré tout l’impossibilité était tout d’abord attribué à une affaire, ces deux-là s’acharnaient à en montrer que le caractère bizarre et étrange de ces énigmes n’était qu’une apparence.
La stupeur passée, docilement, Andrew se joint à son ami et son mentor pour lui faire part de ses dernières déductions. L’austère se permit tout de même un léger dédain face à son interlocuteur, preuve de sa combativité et faible vengeance de la frayeur provoquée par son arrivée.

« Non, vous ne me dérangez pas. J’étais en train de ressasser l’une de ces décisions de Justice… Incohérente et inadaptée. »

Les commodités d’usage passées, les perles sombres purent rencontrer les iris couleur tempête pour s’embarquer dans l’une de ces discussions qui ne connaissaient pas de fin. Si, Monsieur l’inspecteur en chef s’était d’abord piqué d’intérêt pour l’histoire du garçon, il chercha par la suite à rattacher cette noyade à la délicieuse veuve Delight. L’innocente avait été rencontrée la veille par le jeune enquêteur qui s’était jusqu’alors bien tut sur cette visite inopportune.
Prudence était mère de sûreté, avançant par tâtonnements, Messire Crane se garda pour le moment d’en révéler plus sur le compte de la sulfureuse.

« Malheureusement, je doute que cette affaire ait un quelconque lieu avec la veuve Delight. Il y a deux nuits de cela, j’étais de patrouille dans le quartier des docks et j’ai retrouvé le cadavre d’un homme dans l’eau. Je n’ai malheureusement pas pu procéder à l’examen du corps, ni à son identification Je ne peux vous en dire plus sur ce cas là… Le juge Winship a confirmé d’un trait la thèse de l’accident et le noyé a été incinéré. »

Le flot inlassable de ces mots ne s’interrompit qu’après quelques minutes pour laisser à son interlocuteur le temps de digérer l’ensemble de ses informations ; mises en bouche pour insuffler suffisamment de courage à Andrew afin de se lancer vers le véritable sujet de discussion qui animait le sinistre duo. Raclement de gorge, toussotement maniéré, un sourcil noir se dressait, signe du changement de sujet. Les puits béants du garçon se détournèrent de son aîné…

« Quant à la veuve Delight… Je me suis permis de lui rendre une petite visite hier soir. »

Cet aveu fut concédé de force, ne ménageant ni les attentes de l’officier en chef, ni le suspense. Le fil de sa voix reprit, se justifiant.

« J’étais…j’étais curieux de la rencontrer. J’ai soulevé les éléments manquants au dossier et m’en suis servis comme objet de ma visite. Je ressors de cet entretien avec une impression étrange. Je ne saurai vous dire… »

Et, à mesure que son teint perdrait de son marbre pour adopter des couleurs plus chaudes, il se dressa pour reprendre la valse désordonnée des cents pas. Hors de questions de laisser entrevoir une quelconque faiblesse à l’inspecteur Fisher. Pour se donner plus d’importance, le timbre de sa voix se fit plus assuré, son ton plus ferme, il poursuivit pour lui offrir des miettes de cette soirée…Croustillantes, cela dit…

« La première chose qui me frappa à mon entrée fut la décoration de la demeure, bien loin de ce que j’imagine pour un homme discret et sérieux tel que feu Monsieur Delight. J’ai d’ailleurs interrogé madame sur ce point et celle-ci m’a répondu d’ailleurs qu’elle avait fait quelques aménagements pour elle et ses pensionnaires. Je ne sais rien de ces derniers, je n’en ai croisé aucun, mais j’ai néanmoins demander la possibilité de les interroger pour compléter le dossier…La veuve s’est montrée prudente et a laissé ce choix à chacun des habitants du manoir, néanmoins, elle ne nous refuse pas ces entretiens… C’est déjà un bon point.»
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Message  Invité Mar 30 Juin - 1:19

Fisher écouta attentivement le récit de son assistant à propos du cas du noyé, cas qui au final l'intéressait bien peu, tant son esprit semblait s'être fixé sur des affaires bien plus importantes. C'est donc d'un geste de la main qu'il mit fin à ceci, en ajoutant tout de même quelques mots afin que Crane ne pense pas qu'il avait discouru dans le vide. C'était, pour Fisher, une affaire peu importante car elle était simple à résoudre, et un homme comme lui détestait la simplicité et encore plus le fait de se complaire dedans. C'est d'ailleurs ce qui l'avait amené à enquêter sur la veuve Delight.

"Allons Andrew, vous savez que la justice est imparfaite, tout comme le sont les hommes. Comme je vous l'ai dit, j'ai confiance en votre instinct, et vous devriez aussi, au point de ne laisser personne se mettre en travers de vos conclusions."

Il sourit, encore, mais cette fois-ci en dévoilant une rangée de dents blanches et parfaitement alignées, ses yeux se faisant bien plus malicieux, comme s'il détenait la vérité absolue et sombre, et qu'il s'apprêtait à la confier à un être encore pur et immaculé, et qu'il savait que ceci changerait cet être. Sauf que dans le cas de Fisher et Crane, ce ne serait pas la première fois qu'un conseil du genre allait être donné, mais il était toujours relativement jouissif pour l'inspecteur en chef de voir son assistant se mettre dans des impasses, et de lui en offrir une sortie qui était pour lui évidente. Il parcourut un instant son journal, répétant doucement le nom du juge, et s'arrêta finalement à une page. Il releva ses yeux, toujours aussi infernaux, vers Andrew.

"Je suis certain que le juge Winship sera fort enclin à réviser son jugement de cette affaire si vous trouviez un moyen de proprement le motiver... Par exemple, si dès demain, vous alliez discuter avec lui de son esclave nègre, Marius, il semblerait, et de leurs petits jeux d'alcôves durant lesquels le maître devient l'esclave, et vice versa..."

Il continua à sourire, après coup, mais ce sourire s'effaça bien vite tandis que Crane admettait avoir rendu visite, seul, à la veuve. Avec ses jolis mots et sa luxure ostentatoire, qui sait dans quel état elle avait pu laisser son assistant. Ses hésitations, son regard fuyant, quelques couleurs rares sur son faciès blafard... S'en était trop. Par curiosité plus que par réel respect, il attendit la fin du discours de Crane, mais déjà le visage de Fisher affichait un rictus annonçant les pires remontrances. Tout son visage, qui deux minutes plus tôt était d'un démoniaque complice, était devenu tout simplement celui d'un véritable démon tout droit sorti d'un enfer qui aurait mit tous ses sens à vif. Il se leva d'un coup sec, sa chaise se renversant derrière lui dans un fracas assourdissant, et il posa fermement ses mains sur son bureau en avançant son visage par dessus celui-ci pour se rapprocher de Crane.

"De quel droit ?! De quel droit prenez vous de telles initiatives sur des affaires aussi importantes et en allant directement vous adresser à notre principale suspecte et en ne me ramenant que des conclusions sur sa putain de décoration ?! C'est une blague Andrew, dites moi bien que c'est une funeste blague ?! Ou qu'au moins vous avez récolté autre chose de cet entretien, quitte à saper mon autorité, il vaut mieux pour vous que vous ayez du concret en contrepartie, sinon...sinon..."

Il se passa les mains sur le visage, tout en le penchant en arrière, et se mit à grogner légèrement. Il considérait cela comme un affreux manque de respect. Peut-être Andrew se croyait-il meilleur que son supérieur ? Plus compétent ?... Non, plus Noble ? Oui c'était sûrement ça, il se croyait plus noble et il pensait qu'il pouvait passer outre ses décisions. Andrew avait déjà pu voir, depuis le temps, l'Inspecteur Fisher avoir de telles crises lorsque d'une façon ou d'une autre son statut semblait avoir été bafoué. Or dans son esprit, ses statuts d'inspecteur et de noble était complètement interconnectés, il était incapable de différencier lequel des deux était remis en cause le cas échéant. Il fallait réagir vite avant que la crise ne dépasse ce stade initial et ne devienne vraiment incontrôlable.
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Message  Andrew Crane Mar 30 Juin - 12:00

Erreur fort commune de croire que la complexité est source de profondeur, il n’en est rien. Le jeu d’échecs, par exemple, s’embourbe dans des stratégies et des mouvements sots et difficiles. En effet, un seul moment d’inattention vous coûtera la victoire et ce moment de défaillance sera synonyme de votre perte. Ainsi, seule l’observation et la mémoire sont sollicitées, et, non l’intuition ou l’analyse contrairement à un amusement souvent considéré, à tort, comme plus simple tel que les dames. Ici, les règles sont compréhensibles de tous et à la portée de chacun, et, seule l’ingéniosité couplée à l’intuition vous permettront de triompher de votre adversaire.
Ces hommes épris de justice avaient leurs côtés sombres : si l’un manifestait celui-ci par de la froideur, du dédain et autres remontrances inoffensives pour les esprits endurcis, l’autre laissait tantôt entrevoir cette complicité malsaine, cette absence de principes pour dénicher la vérité à même ses tréfonds. Cette naïveté ou cette éthique qui possédait encore l’esprit du jeune fauve n’était pas inconnue aux yeux de Monsieur Fisher, il la connaissait et en jouait sûrement. La réaction ne se fit pas attendre, ses paroles dardèrent à l’encontre de son ami.

« Je me refuse à ce genre de procédés, vous le savez tout aussi bien que moi. Obtenir la complaisance d’un homme de loi par le chantage est indigne de nous et je persiste à croire que vous devriez abandonner cette pratique. Etait-ce un test ? »

Le sujet de discussion fut vite balayé au profit de l’obsession commune.
Sa posture changea et ils se dissocièrent. Le monstre tapis dans l’ombre, à couvert, guettant l’instant propice surgit, bête vengeresse et assoiffée de la moindre information ; ce mouvement de rage le fit sursauter, les fibres délicates de sa personne due à son caractère proche de petite fille par moment en furent sans doute responsables et le pauvre bondit sur place.
Si les libertés qu’il prenait vis-à-vis de son chef le ravissaient généralement, cette nouvelle chanson eut un air tout autre. Mais alors qu’il aurait du s’écraser pour laisser passer cette colère fulminante, l’austère lui opposa un calme olympien de façade. Sa mine était plus blafarde que jamais, sa posture droite, raide comme un piquet. L’avait-il interrompu seulement, dédain extrême ou prudence adroite, il poursuivit.

« Je vous demande pardon si je vous ai offensé… Mais il nous fallait agir et sans confrontation directe, nous ne resterions qu’avec de vagues suppositions. Les mariés se connaissaient depuis deux ans, ils se sont rencontrés par…une erreur de messager. Ils ont communiqué pendant de longs mois par relation épistolaire d’après les dires de la veuve Delight. Quant aux occupants de la demeure, ils ne sont pas de la famille proche de la veuve, ils n’ont même aucun lien de parenté avec elle, le défunt, parait-il, les avait accepté dans sa demeure comme ses propres enfants. J’aimerai les interroger…Quant au corps de l’époux, il repose à Highgate…Je n’arrive toujours pas à joindre le médecin de la famille, ni les neveux ou nièces de l’époux avec qui la veuve est en mauvais terme. »

Action réaction, ce principe de longue date semblait être adaptée à ce discours, à chaque fait, il poursuivait par la manœuvre à choisir.

« Enfin, j’ai pu pénétrer dans le bureau de Monsieur Delight. A la vérité, j’étais à la recherche des lettres dont m‘avait parlé la veuve. C’est un cabinet sobre et élégant à l’image même du mort, la pièce m’a parut intacte comme si son occupant demeurait encore dans la bâtisse. J’ai pu lire entre autres sur son bureau deux lettres, la première qui ne consiste qu’en une réponse à l’un de ses neveux, Anton Delight, la seconde était un brouillon sous cette forme… »

Et d’une main, il s’empara de l’une des nombreuses plumes et écrivit le contenu saisi l’espace d’un instant…


"
• Politesses d'usage (Tante Amanda, Cousine Margareth)
• Féliciter pour la course
• Annoncer le changement d'héritier
• Reprocher la forme accusatrice
• Faire dire de féliciter la jeune mère
• Donner des nouvelles de Londres
"

« Il nous faut donc en savoir plus sur ce testament... J’aimerai également….rendre une visite à Highgate… »
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Message  Invité Sam 4 Juil - 15:30

Il retira soudain les mains de son visage, et cessa de grogner. Ses yeux exorbités et injectés de sang lui donnaient l'air d'un fou furieux tout droit sorti de l'asile et en quête de sang. Son sourire dérangé ne faisait qu'amplifier cet effroi qu'il incarnait en cette période de pétage de plomb paranoïaque. Même si Andrew, dans ses propos, impliquait que tout ceci était indépendant de leurs statuts d'élites sociales, Fisher avait bien du mal à se défaire de cette idée tant elle l'obsédait au quotidien depuis des années. C'est d'un ton agressif et accusateur qu'il prit finalement la parole.

"Comme vous le dites si bien, il NOUS fallait agir, il aurait dû s'agir d'une décision concertée, avec des objectifs fixés à l'avance par VOTRE supérieur, par MOI. Quand bien même cela aurait été effectué, qu'est ce qui vous a fait vous imaginer que vous y arriveriez mieux seul, ou bien mieux que moi ??! J'aurais dû être impliqué dans la décision et dans l'entretien, je suis le foutu inspecteur en chef, bon sang. C'est parce que je suis moins noble que vous, c'est ça ? Dites le, dites le Andrew, tout ça c'est une question de noblesse, je ne suis pas assez noble, mon sang n'est pas assez bleu pour que vous envisagiez de m'obéir, non, vous voulez mon poste, cela vous tue de savoir que je vous dirige hein ? Mais je suis noble, que vous le vouliez ou non !"

Cette obsession tournait au ridicule, car Fisher savait, d'ordinaire, que Crane n'en avait que faire de ces questions de statuts et de hiérarchie par le sang. Mais cette crise, en théorie passagère, lui faisait perdre les rares repères qui le rattachaient à la norme comportementale, et surtout, les rares repères incarnés en des personnes en qui il croyait. Cette rareté étant probablement explicable justement par l'existence même desdites crises, qui avaient tendance à faire fuir lesdits repères.

Andrew, répondant à la demande de Fisher, dévoila ce qu'il avait pu découvrir, y compris ce bout de papier, liste difficilement compréhensible de choses à faire ? En tous les cas, le fait que son assistant s'exécute à exposer le reste de ses découvertes calma peu à peu Fisher, l'extirpant lentement mais sûrement de ce monde bien noir qu'il s'était lui même créé et dans lequel il s'enterrait occasionnellement.

Il tourna et retourna dans son esprit les éléments évoqués par Crane, donnant le coup de grâce de cette folie passagère en la combattant par un travail rationnel de l'esprit. Le duel entre réflexion rationnelle et démence obsessionnelle n'eut pas de résolution vraiment immédiate, ce fut une longue bataille interne durant laquelle, en extérieur, Henry Fisher restait impassible, les yeux dans le lointain, mais ces yeux semblant reprendre leur sombre et inquiétante normalité, tout comme le reste du faciès de l'inspecteur en chef, annonçant une victoire programmée de la rationalité.

Finalement, au bout d'interminables minutes durant lesquelles l'assistant ne sut pas trop sur quel pied danser, Fisher planta ses yeux dans les siens, et se leva de son bureau pour déambuler autour d'Andrew, semblant presque avoir complètement oublié la crise dont il avait été victime.


"Bon, je vois qu'outre la décoration vous avez tout de même su extorquer d'autres éléments, qui eux sont clairement plus utiles. Cette liste m'intrigue tout particulièrement. Je pense qu'il serait bon que nous interrogions quelqu'un de la famille de feu Lord Delight, son neveu Anton, que vous avez cité, par exemple, ainsi que ces deux femmes dont il parle dans cette liste. Ce serait un bon point de départ."

Il continua à marcher, puis finit par s'asseoir sur le bureau lui-même, levant les yeux au ciel comme pour lister mentalement les choses qui devraient être faites.

"Pour ce testament, il serait en effet bon de dénicher le notaire, ou quelconque juriste, qui en était en charge et qui en a effectué la lecture. Je pense qu'une telle personne pourrait nous en apprendre beaucoup, ne serait peut-être qu'en complément des membres de la famille pour comprendre cette mystérieuse et curieuse liste"

Il se rapprocha finalement dangereusement de Crane, mais d'un air si calme que l'on ne pouvait rien craindre. Pourtant, il murmura ces mots à son oreille, si bien qu'Andrew ne put voir le sourire mauvais qui illuminait alors le visage de son supérieur.

"Et bien entendu, toutes ces étapes, nous sommes d'accord, seront effectuées dans une transparence cristalline entre nous deux. Rien ne doit m'échapper, n'oubliez plus jamais à qui vous rendez des comptes, Andrew, et plus jamais je n'aurais à réagir de la sorte."

Puis il lui tapota sur l'épaule, de manière condescendante, affichant un sourire presque sincère, et reprenant les raisonnements sur l'affaire Delight.
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Message  Andrew Crane Jeu 9 Juil - 22:58

Si la quiétude et la complicité avaient été les premières notes jouées, les accords qui suivirent, furent des plus percutants et violents. Une nouvelle mélodie, un monstre de symphonie, s’était substitué à la mélopée faisant revêtir à ce lieu de dénouements et d’intrigues de douloureux accents, cette place qui était chère dans leurs cœurs, s’était parée de l’éclat de l’Enfer sous le ciel embrasé d’une Londres funèbre. Le sujet de la discorde : la veuve Delight. Jamais une affaire ne les avait autant dissocier, ni se quereller jusqu’à ce stade.
Le tempo imposé par l’inspecteur en chef avait été dicté par ses démons, ses angoisses et ses peurs les plus sombres. Bien entendu, l’effroi s’empara de Messire Crane, il était de ces esprits encore jeunes et impressionnables ; de plus, la figure de ce mentor le réprimandant dans un accès de démence lui vola les restes de son courage. Sa gorge se serra, la salive lui manqua pour entamer d’autres explications, les billes d’encre noire mirent un point d’honneur à se tenir à l’écart de ceux tempête du dément, sa figure restait figée dans une mimique digne d’une comédie si elle n’était pas l’expression de la terreur que son supérieur lui avait inspiré. Ses sourcils d’ébène s’étaient arqués dans des accents circonflexes face à l’évocation de ces soi-disant prétentions. Pour ne pas vaciller et lui offrir cette même posture froide, hautaine de façade et sûre de lui, le garçon prit appui sur la table, s’accrochant tant bien que mal sur le bureau de ces mains tremblantes, doigts fiévreux s’animant d’une vive propre, le rendant virtuose d’une machine invisible, tricotant sur le bois du bureau, il prenait peine à se tenir debout face à ce déferlement de critiques. Puis l’assaut se stoppa aussi rapide qu’il fut venu… Quelques propos furent échangés, une dernière menace plana sur leur entretien…
Andrew l’éluda d’une pirouette, le jeune homme s’échappa de son perchoir pour faire les cents pas dans ce hall de la vérité. Sa figure se perdit dans les méandres du décor alors qu’il reprenait en chœur les évidences de leurs prochaines actions comme pour signifier à Sir Fisher qu’il lui était toujours loyal.

« Oui, vous avez raison, nous devons trouver le notaire du défunt et examiner le testament. Je ne sais si nous parviendrons à obtenir l’aide d’Anton Delight… »

Si cette interrogation demeura floue l’espace d’une minute, l’échange d’un regard mit fin à cette question. Si les répliques s’étaient faites zélées, si l’élève s’était montré brillant dans l’énoncé de sa leçon, il présenta une nouvelle requête à son aîné.

« Je veux me rendre au cimetière de Highgate, il …nous faut voir la tombe de Monsieur Delight, peut-être que le médecin de famille a été acheté… »

Le « Je » s’était transformé en « nous » sous le poids d’un regard, l’enseignant lui rappelant les principes de conjugaison et surtout l’emploi du singulier au pluriel. Ce tic de langage lui resta en travers de la gorge et il se prit un instant à croire qu’il pourrait mener cette affaire seule. A la vérité, il désirait ne trouver rien de désobligeant sur le compte de la veuve qui lui avait fait forte impression. Elle ne pouvait pas être coupable de toutes les accusations proférées à son encontre, ce n’étaient sûrement que de viles calomnies émises par des jaloux et des envieux ! Et alors, que dans une inspiration, il allait la déclarer innocente et ne jurait plus que par elle, les sons qui s’extirpèrent de sa bouche furent tout autres.

« Comme vous vous en doutez, je veux ouvrir le caveau de la famille Delight et procéder à une autopsie … de nouveau. Je… Je n’ai jamais fait de tels….de.. telles choses mais je… j’ai lu des livres…je…je m’en sens capable…. Je crois…je crois… que je pourrai le faire. »

Si l’affirmation avait été de mise, il fut plus hésitant dans la suite de son discours de peur, peut-être de la réaction de Messire Fisher ou qui sait de bafouer la dernière demeure des morts ? Ne s’exposait-il pas aux plus sombres malédictions et à bien pire si tout ceci venait à se savoir ? Avec plus de force, il reprit dans un dernier élan..

« Ne m’obligez pas à le répéter, je…je veux savoir si les causes du décès ne sont pas dues à un quelconque empoisonnement. Le corps n’est peut-être pas encore trop altéré…Ces indices se désagrégeront bientôt. »
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Message  Invité Ven 10 Juil - 15:00

Les deux inspecteurs avaient débuté leur grande parade investigatrice, qui consistait à marcher dans à peu près tout l'espace qu'offrait ce bureau, de manière irrégulière et sans schéma prédéterminant les directions empruntées. Il arrivait donc qu'ils se croisent, et dialoguent vraiment, tandis que le reste du temps les sons s'échappant de leurs bouches consistaient en des auto-réflexions visant à décharger le plus de théories, d'idées possibles. Mais pour l'affaire Delight, la mécanique était un peu différente, dans le sens où il s'agissait plus d'un véritable dialogue, une conversation argumentée visant à atteindre un nouveau niveau de réflexion, plutôt qu'un monologue n'ayant pour finalité que d'améliorer la conscience de l'un sans se soucier de l'autre. Pour cette affaire, il fallait en effet faire supplanter la puissance réflexive du groupe au lieu des rationalités individuelles.

Bien qu'il sentait Andrew un peu plus hésitant qu'à l'accoutumée, Fisher continua à participer activement au raisonnement sur la prochaine marche à suivre.


"Si j'ai bien compris, il me semble qu'Anton Delight ne porte pas dans son cœur sa tante, notre suspecte. Je me figure donc qu'avec un argumentaire adapté à ce ressentiment nous devrions pouvoir le faire parler, voir agir, ou quand bien même il ne nourrirait pas de telle animosité, nous pourrons aisément la lui distiller vu la situation. Mais avant toute chose, nous devons trouver ce notaire au plus vite. Le secret de sa profession ne fera pas long feu si nous conservons son interrogatoire hors des dossiers..."

De nouveau, le sourire malsain de Fisher prit place en son visage. Ses méthodes n'étaient pas celles d'un homme qui suit à la lettre les manuels et autre prérogatives. Il avait ses méthodes à lui, développées par lui et que lui seul réussissait à appliquer avec tant de brio. Il savait qu'Andrew n'approuverait pas, mais il ne lui avait jamais imposé d'agir ainsi, de se salir les mains. Tout au plus l'invitait il parfois à le faire, sans l'y contraindre, ni s'offusquer de ses refus. Mais il savait aussi que son assistant ne l'empêchait pas de continuer ce genre d'activités, car au final, la Justice était gagnante et les affaires étaient classées assez rapidement de par ces méthodes.

A l'instar de cette acceptation des méthodes peu orthodoxes de Fisher par Crane, l'inspecteur en chef ne condamnait pas celles de son assistant. Il savait que les volontés progressistes et quasi blasphématoires d'Andrew étaient importantes pour lui et permettaient aussi de faire avancer certaines enquêtes. Aussi sa proposition ne l'ébranla pas outre mesure et il comptait pas effectuer la moindre remontrance que son éducation anglicane aurait pu provoquer.


"Highgate hein... Ma foi, si vous pensez sincèrement être en mesure de dégoter quelque chose d'utile à cette affaire, je ne saurais vous en empêcher. Mais tout comme vous ne voulez prendre part à mes méthodes, sachez que si vous vous faites trop remarquer dans ce cimetière, que quelqu'un vous dénonce à nos services ou bien même à l'Eglise, je nierai toute implication et vous devrez assumer seul le courroux des institutions portant bien haut les couleurs de la morale et du respect de nos morts. Soyons donc bien clairs : je ne suis pas au courant de vos activités extra-professionnelles."

Il craignait que son assistant ne se fasse prendre, et il savait qu'il ne pourrait rien faire, malgré sa position, pour le sortir du pétrin qu'engendrerait la découverte de ses méthodes encore assez mal vues par l'opinion publique.

"Pour ma part, il faut que j'en apprenne plus sur cette veuve, mais sans passer par elle. Grâce à votre petite initiative, elle sait désormais que Scotland Yard est sur ses traces, et qu'elle a tout intérêt à les effacer du mieux possible. Une fois que vous aurez fini votre petite expérience, j'aimerai que vous me trouviez le nom et l'adresse de ce notaire, ou bien juste son nom dans le pire des cas, et je m'occuperai à déterrer ses secrets les plus inavouables pour le faire parler. Ce sera ça ou des menaces plus directes avec falsifications de preuves, chose que je rechigne à faire mais dont je suis capables, tant cette affaire me tient à cœur."
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Noyade, exécution capitale ? Empty Re: Noyade, exécution capitale ?

Message  Andrew Crane Dim 12 Juil - 12:27

Diabolique justicier que voilà ! Si le sens et l’instinct de Messire Fisher étaient légendaires, cette inquisition menée par le grand homme à l’encontre de la veuve Delight révulsait quelque peu Andrew. La rencontre avec la damnée avait joué dans son changement de position et le garçon en était ressorti avec d’affreux doutes, ces questionnements et autres interrogations qui cisaillent l’âme et qui laissent vaines et dérisoires toutes les méthodes et justifications rigoureuses. Son attention ne lui était pas totalement acquise, ses yeux s’étaient perdus dans le néant et d’une oreille distraite il l’avait écouté. Pour dire l’enchevêtrement de ses pensées, l’austère n’avait pas cillé face aux éventuelles accusations d’une probable profanation qui lui vaudrait un séjour assuré en prison. Le dialogue fut rompu et le silence s’imposa, l’une de ces quiétudes pesantes qu’il est bon de balayer au plus vite.

« Oui…Oui…Je vous trouverai tout ceci… »

Vagues réponses, affirmations légères, volonté défaillante dans cette équipe hors pair. Somnolence passagère alors que leur plan prenait forme ? Stratégie tortueuse qui ne mènerait peut-être nulle part. Cette curiosité malsaine qui les envahissait tout deux revêtait des caractères bien différents en cet instant, si pour l’un cela tournait à l’obsession et qu’il était prêt à tout mettre en œuvre pour satisfaire sa soif toujours plus importante, l’autre manifestait bien des réserves dans son application.
Les prunelles sombres se dressèrent finalement de leur torpeur pour infliger le coup de grâce à
ce mentor et à cet ami, critiquant ouvertement une décision avec force.

« Je crois que ce serait une erreur que vous ne la rencontriez pas. »

La pause fut longue avant la reprise des mots. Le choix des propos fut étudié, effectué avec précision pour éviter un quelconque emportement de son interlocuteur. Similaire aux entrevues avec les membres des familles de victimes, il s’enquit de sa santé et lui épargna une nouvelle « crise » en se modérant. L’état second qui s’était emparé de l’homme, l’avait surpris et il ne souhaitait plus y avoir à faire. Souci pour l’autre ou prudence pour soi-même ?

«Vous arriverez sans doute à dénicher d’autres indices lors d’une entrevue avec la veuve et puisqu’elle sait que nous nous intéressons à elle, elle sera d’autant plus surprise de nous voir l’attaquer à nouveau de face. Et puis, vous dissiperez mes doutes… »


Service qu’il lui demandait, inexpérience de sa jeunesse peut-être ? Andrew poursuivit le fil de son discours.

« Je me rendrai dès ce soir au cimetière de Highgate en repérage. Je suis curieux de voir la tombe de Monsieur Delight. »
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Message  Invité Dim 12 Juil - 18:15

Il parut à Henry Fisher que son jeune assistant semblait offrir en spectacle une dualité qui le tiraillait intérieurement. Son attitude était hésitante, son regard fuyant, son esprit ailleurs, et pourtant il se permettait des prises de position téméraires face à son mentor et supérieur hierarchique. A n'en pas douter, la veuve, durant un de ces accès de témérité dont avait fait preuve l'apprenti lorsqu'il était allé la voir, seul, avait eu quelque effet et avait déstabilisé et planté les germes de la présomption d'innocence. Maléable Andrew, rendu confus par une suspecte des plus viles, alors que Fisher n'affichait aucune faille à sa résolution. On constatait bien qui était le plus mûr et digne de diriger ce bureau, entre les deux. Il ne manqua pas, d'une voix froide, glaciale même, de faire remarquer ce trouble à son subalterne.

"Andrew, vous et moi savons pertinemment que la magie n'existe pas, et que chacune de ces balivernes de vieille femme peut se démontrer par A + B de manière rationnelle. Aussi, quelque soit le sort qui vous a été jeté par la veuve, ressaisissez vous, et démontez rationnellement ce qui vous arrive. Rappelez vous que nous servons la Justice, et du coup, la Couronne. Il n'y a pas de place pour le doute, notre travail, notre devoir est de faire choir tous ceux qui mettent en péril le Royaume d'Angleterre. Et si je vous demande de trouver des preuves incriminant cette diabolique Delight, vous le faites. Laissez aux juges leur travail, vous n'êtes pas ici, à Scotland Yard, pour flancher dès qu'un doute vous assaille."

Le ton était menaçant, Fisher était intransigeant lorsque son assistant montrait des signes de faiblesse durant les enquêtes. Ce n'était pas la première fois, mais en général, à force de remontrances de ce type, Andrew devenait meilleur et un peu plus assuré. Aussi, ce pas en arrière d'aujourd'hui avait plutôt tendance à l'énerver, et il voulait que son assistant soit à cent pour cent sur le dossier, peu importe ses états d'âmes ou autres perturbations qu'il pouvait rencontrer. Lorsque celui-ci affirma enfin avec certitude une position, celle que Fisher devrait rencontrer Delight, il ne s'offusqua pas, et y vit plutôt une assurance prometteuse dans le comportement du jeune homme. Aussi, c'est avec un sourire narquois et complice qu'il lui répondit.

"Oh mais croyez bien, mon cher Andrew, que c'est prévu. Sauf que contrairement à vous, je n'irai pas m'entretenir avec elle les mains vides. Ce que je désire faire, c'est la confronter avec le plus d'éléments possibles, éléments dont nous avons planifié, il y a quelques instants, la minutieuse recherche. Plus vite vous fouillerez dans les archives ou contacterez quelque journaliste ou légiste afin de m'obtenir le nom de la personne en charge du testament de Delight, plus vite aura lieu cet échange entre l'infâme veuve et moi-même. Et évidemment, si votre petite virée nocturne à Highgate s'avère fructueuse, je n'aurai que plus d'éléments sur lesquels la questionner."

Il retourna s'asseoir derrière son bureau, examinant une nouvelle fois avec attention la liste qu'avait ramené Andrew de son entretien avec la Lady. Il leva finalement ses yeux du papier pour les porter sur Andrew.

"Allez-y donc cette nuit, si tel est votre volonté, mais avant que vous ne quittiez ces locaux armé de votre pelle et de vos livres, je veux le nom de ce fichu notaire sur mon bureau."
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Message  Andrew Crane Jeu 16 Juil - 23:07

Le nouvel objectif était simple, clair comme de l’eau de roche, et surtout il était dans les cordes d’Andrew. Le bazar avait beau être érigé en religion dans cet antre d’investigations, le désordre relatif de leurs bureaux était leur œuvre et dans cet empilement de paperasses, dossiers et documents, ils étaient capables de dénicher la moindre feuille reposant sur les tours d’équilibre.
L’empressement l’avait gagné, le curieux s’était animé et à peine eut-il tourné les talons qu’il déambulait dans la pièce lui étant réservé. Ses gesticulations le menèrent à zigzaguer entre ces hautes tours disloquées, les feuilles de ces arbres cherchant à trancher de part en part ou en travers la haute silhouette de cet homme de glace. Le pauvre homme allait d’un tas à l’autre, sans y toucher, déployant des efforts de mémoire pour accéder à ce souvenir perdu. Soupir d’exaspération face à sa propre incompétence pour dénicher le facétieux testament mais au lieu de laisser libre court à sa frustration, il procéda avec méthode. Les tours cédèrent bientôt, s’effondrant, s’éparpillant sur le plancher du commissariat et il les rejoint bientôt dans leur chute, prenant son problème à bras le corps. Débarrassée de sa veste sombre, les manches de sa chemise retroussées, il naviguait à quatre pattes entre les feuilles étalées, cherchant à appliquer cette même méthode. Se gratifiant de ses pensées à haute voix au fur et à mesure de ses allées et venues incessantes entre les pièces de ce puzzle géant. Bien entendu avant d’adopter une telle gymnastique, le garçon s’était assuré d’être hors de portée du regard perçant de Monsieur Fisher qui n’aurait pas manqué de faire une remarque désobligeante.

« Voilà le témoignage de M… »

Tantôt, un sourcil noir se relevait dans un signe d’inexactitude et d’incompréhension.

« Qu’est-ce que ça fait là, ça ?!....Hum, intéressant… »

Une main fut brandie dans les airs en signe de victoire. Victorieux face à cet amas dense de paperasses administratives. Messire Crane se dressa de ce combat sanglant avec panache. Et ce n’est pas sans une certaine fierté qu’il se dirigea vers le bureau de son supérieur.

« Hans Pieterfall…. Il s’agit du nom du notaire qui a exécuté le testament de feu Monsieur Delight. Son cabinet se trouve au 8 Street of…. »

Leur séparation se fit sur ces quelques mots, l’un se déroba pour les affaires financières alors que l’autre se dirigea vers son expédition morbide.
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