A mon papa. [Seleire Laranne]

(En français dans le texte)

Sur un morceau de papier ajouté à l'enveloppe, quelques mots griffonés à la va-vite :

Sel', ci-joint une lettre de Lenis, elle m'a tannée pendant plusieurs jours, j'ai fini par céder quand elle a eu une de ses crises. Il va être temps que tu la récupères.

Vient ensuite une écriture enfantine, appuyée, légèrement tordue, celle d'une petite fille qui s'applique fort pour bien écrire.

Mon papa,

Je suis désolée de t'écrire, je sais que tu ne veux pas, mais j'espère que tu ne seras pas fâché. Je m'ennuie beaucoup avec tante Sélia, je suis tout le temps toute seule et elle a oublié de me ramener des crayons. Le monsieur qui m'apprend l'anglais est très méchant, je ne l'aime vraiment pas, il me gronde tout le temps, je voudrais que tu le fasses partir. Je voudrais savoir quand tu reviendras, parce que je m'ennuie, et je voudrais être avec toi. Est-ce que tu as bientôt fini de préparer? Je vais avoir une jolie chambre? Tu crois que je vais bien aimer là-bas? J'espère que tu viendras me chercher bientôt.

Lenis.

Couvrant chaque recoin libre de la lettre, un dessin, une petite chambre sous les toits, avec une fenêtre, qui ouvre sur les toits de la ville, un dessin poignant de la solitude d'une petite fille.

La lettre a mis plusieurs jours à arriver, mais elle a bien été portée.

Ma puce,

Mon petit coeur, je sais que Sélia n'est pas quelqu'un de très agréable à vivre et qu'elle doit souvent t'oublier. Je t'envoie des crayons, comme ça ça n'a plus d'importance que Sélia oublie. Je ne t'oublie pas ma chérie, tout est bientôt prêt, je viendrais te chercher dès que possible.
Je comprends que ton professeur ne te plaise pas, mais sois sage, s'il te plait, et apprend bien tes leçons, quand tu seras avec moi, tu rencontreras des gens, ce serait dommage que tu ne puisses pas leur parler parce que tu ne sais pas l'anglais, n'est-ce pas? Dès que je serai là, il s'en ira, c'est promis.
Ta chambre est déjà prête, je pense que tu la trouveras jolie, mais tu sais que tu pourras y faire ce que tu veux pour la rendre mieux encore. Quand tu seras là, tu ne seras plus jamais toute seule, ma puce, Emily sera là, et les autres enfants aussi. Et moi, bien sûr. Je pense que Londres te plaira, il y a plein de belles choses à voir, et on ira toutes les voir, sans exception. Je viendrai très vite te chercher.

Je t'embrasse, à bientôt ma puce.