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Etonnez Moi !

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Message  James Russel Ven 9 Oct - 13:59

C'était un matin comme les autres au Manoir Delight.
Le carillon d'entrée résonna. C'était un messager et il était porteur d'un petit pli et d'une rose fraichement coupée.
L'adresse était notée à l'encre rouge et indiquait :

Pour Madame la Veuve Delight, Reine des Nuits et Chasseuse d'Ennui.

Tout ce que l'on put tirer du messager, sur l'origine de l'expéditeur fut un commentaire évasif sur un :
« Jeune seigneur ».

Le sceau quand à lui représentait dans la cire écarlate une jolie théière, encadrée par une devise latine : « Tempus Fugit ». (le temps fuit).

La lettre avait été rédigée d'une écriture bondissante et chantante ; toute en courbes et en arabesques.

Étonnez Moi !

L'ennui, une mortelle lassitude qui me prend au tripe, qui envahit mon être et mon âme comme la brume se répand sur Londres. Que faire ?
Le désenchantement est partout, la vie est grise comme les murailles suintantes qui obscurcissent la liberté.
Il est là je le sens en toute chose. Il niche au creux de ma pipe à opium, se réfugie derrière le balcon de ma loge, s'endort au fond de la contrebasse d'un opéra criard, ou se vautre au fil des pages d'ouvrages lus, relus et oubliés.

Ma vie est elle toute aux ennuis condamnée ? L'hiver ne glace point tous les mois de l'année.

Ma Dame, les pavés glissants de la cité se plaisent à raconter que vous êtes un brasier incandescent, une flamme aimante et dévorante.
Nombreux sont les papillons qui volètent autour de vous, dans l'attente d'une mort aussi lumineuse que porteuse d'éternité.
Sauriez vous recueillir ce pauvre éphémère que je suis. Triste pinson aux ailes brulées par les paradis artificiels, l'alcool, les femmes, et le chagrin.

Je n'ose espérer trouver derrière la sombre façade de votre demeure ces couleurs qui ont déserté Londres.

Certains se plaisent à dire que vous organisez des soirées durant lesquelles on franchit les Neufs Enfers de Dante.
Laissez moi, à mon tour, rejoindre la foule des papillons qui dans l'oscurité se ruent vers les lumières de votre demeure.

Adieu je sens mon cœur qui se gonfle d'ennui.

James Russel.

-Souhaitez vous me remettre une réponse ? Interrogea le messager la main tendue...
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Etonnez Moi ! Empty Re: Etonnez Moi !

Message  Sucrerie Sam 17 Oct - 8:29

Tirant Milady d'une rêverie peu féconde, Églantine vint lui porter l'écrit, fraîchement ouvert bien entendu, et déjà lu par deux fois. D'un sourire, d'un commentaire, elle fut pardonnée. Et c'était quelques poignées d'instants qu'elle revint auprès du messager.

Le vélin était de fort belle qualité, mais de cette grâce qui n'avait nul besoin d'être écrasante. L'écriture, fine, déliée et aux majuscules généreuses réservait ses pointes pour quelques rares lettres longues comme des épées. Un parfum enivrant, qui pouvait rappeler un opium perdu au milieu d'une brassée de fleurs, sans révéler tout à fait ses secrets, l'accompagnait. Le destinataire, voilà comment il était désigné: "Au jeune Seigneur." Un sceau de même, frappé des armoiries Delight, particulièrement sobres et austères, ranimées d'une ronce les entourant de piques et de volutes.

Ses entrailles révélaient ce message.

Lord Russel,

Que répondre, par les cieux, et par où commencer. Vos quelques mots ont éveillé en moi les souvenirs de nombreuses discussions aux abords des fleuves que j'ai connus, où toujours un vieillard commentait la jeunesse et son mal de s'ennuyer de tout, de ne se passionner que d'inepties et de ne valoir rien. Et ce même vieillard de confier, parfois, avoir été ce jeune homme en des temps qu'il pleurait d'oublier déjà, et vouloir courir après ces années perdues d'à se morfondre. Las, je n'ai jamais compris, l'ennui est un mal aux yeux duquel je suis invisible.

Oh, ne grimacez pas à me lire, je ne vous ferai l'offense de vous déclamer les vertus de la vie, de la Foi et des choses que Dieu offre, le goût ne revient pas à se voir peindre un tableau. Vous parlez d'enfer, Milord, et je me permettrais d'être audacieuse: Combien en avez-vous franchi pour avoir trouvé ce démon-là ? Vous parlez d'enfer, comme de la dernière extrémité pour vous voir brûler afin de ressentir la chaleur.

Vous parlez, enfin, de Londres comme de vous, grise et ternie par les âges et pourtant dotée d'une force vitale qui se perd dans des dédales. Mais, James, avez-vous réellement regardé sous tous ses jupons ? Je connais une ville folle d'avoir été close, je connais une vie grouillante et brillante comme vos entrailles doivent l'être. Vous suppliez, vous dites adieu. Monsieur, vous êtes un être bien étrange de se croire déjà sec.

Allons ! Si vous aimez les flammes au point de vouloir vous y jeter, malgré vos ailes en cendres, je puis bien vous entrouvrir les portes de ma demeure qu'on dit ressembler en tous points à l'antichambre de la demeure du Foudroyé, je puis bien vous distraire de votre opium; mais avant cela, Lord, j'aimerai une confession. Car si vous me considérez ainsi, je dois bien tenir place de diacre inversé.

Confiez-moi vos désirs, qu'ils soient déjà ternes ou qu'ils luisent un peu encore, j'en ferai bien quelque chose. Lorsque le plaisir n'est plus, il reste bien la douleur, et elle vivifie tout autant.

Mon amusement, Monsieur.
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Message  James Russel Sam 24 Oct - 16:34

Quelle Lettre !
Le dandy n'avait pas été déçu, le beau vélin que venait de lui faire parvenir la ténébreuse veuve était plein de promesses. Un parfum capiteux et entêtant se dégageait du papier. Cette lettre avait quelque chose d'enivrant.
Il lui suffisait de suivre des yeux les arabesques que la belle avait tracées sur le vélin pour se sentir partir. Son appartement laissait place à un petit jardin, rempli d'immenses massifs de roses aux épines acérées. Et c'est au cœur de ce lieu intemporel que la veuve avait fait naitre par sa réponse, qu'il entreprit de lui ecrire.



Dear Lady Delight,

Votre réponse fut pour moi une bouffée de couleur dans un monde trop terne. Pouvez vous imaginer qu'elles sensations peut faire naitre la seule évocation de votre nom ?

Vous semblez vous méprendre sur mon mal madame.
Si vous saviez comme j'aimerai pouvoir retrouver goût à la vie, sentir à nouveau le vent sur mon visage, les odeurs des marchés, entendre les sirènes des navires remontant notre boueuse Tamise.
Tout cela Madame, j'aimerai de toute mon âme pouvoir le ressentir à nouveau.

J'ai l'impression d'être un fantôme détaché de tout. Une âme errante, flottant au dessus des miasmes de Londres. Mon quotidien est entièrement avalé par cette brume omniprésente véritable maitresse de cette citée.

A que n'ai je été soldat pour trouver une mort héroïque sur les champs de bataille dans un fracas de fin du monde ! J'ai vingt cinq ans et pourtant je me sens aussi las que si j'en avait soixante. Je me demande si ma naissance ne fut pas aussi ma mort.
Peut être un dieu rieur m'a t'il condamné à ne jamais ressentir ? Le plus fin des aliments prend un goût de cendre au contact de mes lèvres, la plus délicieuse des personnes devient bien vite une peinture que le temps se chargera de délaver.

Vous voulez connaître mes désirs, pénétrer au fond des tréfonds de mon âme pour en extraire mes passions les plus sombres.

Mais a vrai dire je ne désire qu'une chose : désirer.
Je cherche à m'embraser. J'ai envie de voir mon reflet se consumer dans la passion. J'ai envie de trouver l'amour, ce sentiment que l'on dit être la quintessence de tout les autres, et qui pourtant me fuit.

Notre monde limité et enchainé ne m'amuse plus, et vous seul êtes capable de détruire les frontières qui le borde. Je ne sais qui vous êtes, ni ce que vous êtes et pourtant j'ai l'intime conviction que vous savez ce qui se trouve de l'autre coté. Vous vous êtes affranchi des murailles qui emprisonnent l'homme dans sa condition.
Mon cœur me souffle que franchir le perron de votre demeure, ce serait opérer ma renaissance.

Un simple au revoir peut clore cette Lettre, car j'espère vous rencontrer bientôt.

Votre dévoué James Russel.

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