Blood and Magic

~°Bien loin de la lumière°~

Au delà des histoires pour enfants et des superstitions, il y a bien quelques vérités. Malheureusement, ce ne sont pas les contes heureux ou moraux qui trouvent écho dans la réalité londonienne.
La populace, en dehors de quelques rares malheureux, ne connaissent des monstres que ce qu'un cirque de passage en montre. Si les idées du Moyen-Âge trainent encore dans les inconscients, l'apparition de l'industrie a chassé l'obscurantisme. On a cessé de voir des sorcières en chaque mèche rousse. On a cessé de voir des vampires dans les victimes de la porphyrie et on ne déterre plus les pauvres ères sur une supposition des voisins qui disent avoir vu des chauves souris voler autour du cimetière. Cependant...

~°Vampires°~

Nul ne connait l'origine des Vampires, hormis Dieu lui même. Même les Vampires s'ignorent entre eux, peuvent parfois se découvrir tout à fait fortuitement. Tout ce qui est sûr -Enfin, je dis ça entre nous -, c'est qu'ils existent bel et bien. Et qu'ils sont morts. Tous, dans cette transformation, ont vu les anges se pencher sur eux, le Seigneur entrouvrir les portes de l'Eden perdu... Certains se sont retournés. D'autres ont été agrippés par des ombres et jetés à nouveau dans leurs corps. Quelques uns se sont même vu repoussés par les cieux, surtout s'ils avaient fait un pacte volontaire. Ou se le font proposer entre les voiles rouges de l'agonie. Souvent, dans leurs histoires, il y a un pacte de sang, aux termes plus ou moins explicites, à la façon plus ou moins ouverte. Du contrat de mariage scellé d'une signature sanglante à l'invocation rituelle d'un serviteur d'En Bas, en passant par une maladresse fortuite ou au vol pur et simple. Voire au meurtre.

Les Vampires sont gracieux, délicats, légers. Il semblerait bien que leurs entrailles se dessèchent, à l'intérieur, ne laissant qu'un coeur brassant un sang froid. Ils sont froids, la peau est douce et lisse. Le coeur bat encore, donc, mais souvent assez lentement -Certains Vampires curieux et téméraires affirment qu'il bat à l'envers. Les mutilations ne les incommodent que si un membre est séparé de leur corps, ce qui sera réparé s'ils le recollent (Conserver la main d'un vampire vous assurera donc qu'il sera manchot... Et colérique?). La lumière les dérange si elle est trop forte, celle du jour les brule gravement; mais un lourd rideau de velours suffira à calfeutrer une fenêtre pour eux. Ils ne sont obligés à aucun sommeil, et rêvent d'ailleurs fort peu. Ils errent entre quatre murs au long du jour, la plupart du temps, avant de sortir sous le regard de la Lune. Ils peuvent manger, mais la nourriture mortelle tend à les dégoûter par sa fadeur.
Le sang, voilà ce qui les nourrit. C'est un péché mortel, mais ils y cèdent tous, même ceux qui étaient pieux. Le sang fait guérir de toute plaie -Hormis donc s'il manque un morceau conséquent qu'on a conservé- et est un réel délice. Beaucoup boivent par gourmandise, au delà de leurs besoins. Parfois, ils se prennent d'affection pour une proie qui devient un peu plus que ça. Parfois, au contraire, ils méprisent particulièrement leur nourriture, la traitant comme les humains traitent les vaches. Tout dépend du caractère du Mort.
Les Brumes se révèlent à eux dans les premières nuits, et de façon tout à fait instinctive. Ils ne la choisissent pas, c'est elle qui vient à eux. Si par hasard, il était déjà familier des Brumes avant sa mort, le Vampire nouvellement "né" constatera à quel point tout ceci lui est devenu aisé, et gardera les bénéfices de ses Brumes développées.
Enfin, aucun Vampire n'a d'enfant. Jamais. Les Morts ne procréent pas. Les seuls enfants qu'ils peuvent avoir, c'est par le meurtre, l'exsanguination, et le don de quelques gouttes de sang. La plupart du temps, ceci se solde d'ailleurs simplement par deux cadavre, l'un mouvant, et l'autre non. Les Vampires hésitent donc longuement avant de conférer ce "don" à une personne aimée.

~°Mages°~

Tout aussi étranges et hétéroclites, on dit que les Mages sont ceux qui auraient fait un pacte avec un Démon de leur propre chef, et non à l'instant de leur mort. Cette sensibilité à la Brume serait également héréditaire, mais obéit à ses propres règles: La troisième fille de la troisième génération, le premier enfant s'il est blond, chaque septième garçon... Tout varie. Rien n'est tout à fait certain. Peut être que les Mages viennent des mêmes origines que les Vampires.
Du reste, ils sont souvent surpris de constater qu'ils drainent les mêmes énergies mystiques.

Un mage est un humain comme vous et moi. Ou presque. Il est né, il a grandi, il vieillira sans doute et finira par mourir. Il mange, aussi, il respire, il est épuisé d'avoir trop couru. Bien entendu, certains trichent. La Brume le permet.
Être un mage peut être le fruit de longues recherches pénibles auprès d'un Maître -Vampire ou Mage lui-même- venir de cette obscure grand mère, tomber du ciel ou plutôt remonter de l'abysse de façon incongrue. Du moins, pour le mage. Souvent, la Brume se révèle par saccades, se contrôle mal, vient en réponse à un stress ou à une concentration intense. Les mages solitaires deviennent rapidement fous ou meurent, d'une façon ou d'une autre, s'ils n'ont pas accès à un guide. Grimoires, vieux écrits familiaux, lettres reçues d'un inconnu bien attentionné peuvent en faire office. Un Vampire, également, peut instruire les Brumes, même s'il fait un Maître en général impatient.
Contrairement aux Vampires, les Mages sentent les autres Mages. Ils se devinent entre eux -Mais les Vampires ne se laissent pas découvrir de la même façon. Ainsi, il existe à Londres quelques groupuscules prudents de pratiquants des arts sombres. Ils sont souvent méfiants. Les buchés ne sont pas tous froids...