Mind your pockets ! [Ouvert]

**Matthew Earwicker** Sam 6 Juin - 1:48

Un jour de pluie. On aurait presque dit une nuit tellement il faisait sombre. Et pourtant il était à peine l'heure du thé. Matthew ça l'arrangeait bien qu'il fasse si sombre. Pour plusieurs raisons. D'abord, c'était plus facile de faire les poches, on avait moins de chances de se faire repérer. Et puis les gens avaient la tête dans leur parapluie et marchaient rapidement. Une malheureuse bousculade était si vite arrivée...

Et il y avait l'autre raison, plus secrète encore. La pluie était dangereuse pour lui, traitresse. Par toute l'eau qu'elle laissait au sol. La moindre flaque pouvait le révéler, et le conduire au bûcher, ou à l'échafaud. Oh bien sûr, tant que la pluie tombait, les surfaces troubles ne reflétaient pas grand chose - et dans son cas, encore et toujours rien -, mais il y avait toujours le risque qu'une personne un tant soi peu attentive s'en rende compte. Et l'obscurité ambiante avait cet avantage d'atténuer encore les reflets.

Matthew avait passé toute la journée dehors, et pour cause, avec un temps pareil, ils étaient nombreux à venir se réchauffer dans les bras de sa mère. Il avait erré dans les rues comme d'habitude, un peu au hasard, en prenant garde à ce que personne ne puisse s'apercevoir de sa "petite" particularité, pour finalement atterrir sur Trafalgar Square, toujours aussi bondée malgré la pluie. Au milieu de la foule il était pour ainsi dire camouflé, un anonyme parmi les autres, et dans l'eau qui recouvrait la place, les reflets troubles et mouvants que projetaient les passants venaient couvrir l'absence du sien pour qui s'en serait soucié. Même si de toute façon personne n'avait de temps à perdre à scruter les pieds d'un jeune garçon pour s'apercevoir de ce qui clochait.

Il traina un peu sur la place, se déplaçant au gré des courants de cette foule en perpétuel mouvement. S'arrêtant pour essorer sa casquette, tout aussi trempée que le reste de ses habits, il repéra quelques bourses bien remplies, sans toutefois se décider à les délester. Et puis... Hmm, peut-être que cette poche-là... Presque à portée de main...

Matt remit sa casquette, reprit sa marche comme si de rien n'était, se rapprochant de la poche tant convoitée. Geste rapide et discret, sa main se faufile, s'immisce dans ce manteau étranger, va pour saisir...

Mais à qui est donc cette poche ?

**Gilbert Mecker** Dim 7 Juin - 12:46

Gilbert marche tranquillement dans les rues, attendant que le jour réduise encore un peu pour enfin pouvoir aller parler à John. Ses pas sont assez aléatoire. L'homme regarde autour de lui, mais c'est plus par habitude que par réel intérêt pour les lieux. Il connait l'architecture de Londres depuis son enfance, depuis la lecture d'un des livres de l'architecte Charles Barry. D'ailleurs l'homme a fini la chambre des Lords du nouveau Palais de Westminster voilà quelques années, et est en passe de finir la chambre des communes.

Il pleut depuis un moment déjà, mais son capuchon relevé et sa cape le protège de ces intempéries autant que des retombées de suies et des restes de houille. Il sort sa montre à gousset de sous sa cape, et regarde l'heure, puis hoche la tête.

Ses pas le mène finalement à Trafalgar Square, où il regarde les boutiques, l'air un peu absent. Finalement, il s'arrête devant l'une, et y entre. Ressortant quelques minutes plus tard, il tiens une petite boite métallique sous son bras. Le Burning Stock est la seul boutique de tabac qui peut le fournir en produit importer des Amérique.

Il semble avoir profiter de son arrêt dans la boutique pour avoir rouler une cigarette, et l'allume, à l'abri de son capuchon. Cela fait, il tire une petite bouffée, et repars, réfléchit à un moyen d'approcher la Veuve sans mettre les pieds dans le plat.

John lui avait signaler plusieurs personnes étranges entrant et sortant régulièrement du manoir. Peut-être peut-il attaquer par là pour entrer dans la phase deux. Il sait aussi que Lady Delight semble ne pas vivre le jour, mais plutôt la nuit. Est-ce pour cacher quelques sombres secrets, ou simplement que ce qu'elle fait la nuit est bien plus intéressant que ce qu'elle pourrait faire le jour?

Haussant les épaules, Gilbert continu tranquillement son chemin vers le manoir Delight, sortant bientôt de Trafalgar Square, quand soudain, il sent une présence bien trop proche de lui. Levant la tête, il remarque un gamin des rues prêt à fouiller une des poches de sa cape.

"Dis donc toi!"

**Matthew Earwicker** Dim 7 Juin - 20:44

C'était sans doute la petite boite en métal qui avait attiré son attention. Il n'avait pas vu de quelle boutique l'homme était sorti mais son contenu devait être précieux vu la façon dont il la tenait. Ce n'était pas des plus évidents de dérober un objet tenu en main, mais Matt savait comment s'y prendre. Il suffisait généralement de détourner suffisamment l'attention de la victime d'une manière ou d'une autre pour qu'elle relâche un tant soi peu l'objet convoité, puis de choisir le bon moment pour s'en saisir et le faire disparaitre sous un manteau dans la seconde, avant que l'on ne s'aperçoive de sa disparition.

La technique avait été éprouvée à de multiples reprises, et c'est un peu trop sûr de lui que Matt s'avança vers sa cible. Cela lui paraissait d'autant plus facile que l'homme semblait perdu dans ses pensées. Il était maintenant tout proche, son bras se glissant sous la cape, ses doigts prêts à se refermer sur la petite boite quand il sentit le regard posé sur lui.

Dis donc toi!

Flûte, repéré ! Vite, déguerpir en vitesse avant que l'autre ne l'attrape ! Regard rapide autour de lui pour trouver la meilleure porte de sortie... Aïe ! Deux policiers en patrouille non loin. Ils n'avaient encore rien remarqué, mais ne manqueraient pas de le voir s'il s'enfuyait. Et de leur position, ils avaient toutes les chances de lui barrer la route. Décidément, ce n'était pas son jour. Commettre autant d'imprudences, ça ne lui ressemblait pas. Enfin, il était trop tard pour revenir en arrière, il lui faudrait trouver une autre échappatoire. Déjà, éviter autant que possible d'attirer l'attention des policiers. Et détourner l'attention de l'autre type pour ne pas qu'il fasse appel à eux.

"D... Désolé m'sieur ! Pardon, j'voulais pas, j'le ref'rai plus, c'promis..."

Tête basse, voix tout autant - faudrait pas que les policiers l'entendent... -, il jouait la carte du pauvre-gamin-obligé-de-voler-pour-survivre. Ce qui était somme toute criant de naturel. Mais il allait devoir en rajouter une couche s'il voulait arriver à apitoyer un tant soi peu celui-là, qui ne lui semblait pas vraiment du genre commode...

"C'pour ma mère, v'voyez. Elle est malade, et on a pas de quoi payer les médicaments. J'voulais bosser mais j'suis trop jeune, qu'on m'a dit. Alors j'suis obligé de... S'il-vous-plait, me dénoncez pas, ma pauvre mère s'en remettrait pas..."

Le coup de la mère malade, ça ratait jamais d'habitude. En général, on finissait même par lui donner une petite pièce en le laissant filer après lui avoir fait promettre de ne plus le refaire...

Y avait pas de raisons que ça marche pas cette fois, si ?

**Gilbert Mecker** Lun 8 Juin - 11:14

Gilbert voit l'enfant pris au piège, cherchant du regard la plus proche sortie, comme si sa vie en dépendait, tel un chat sauvage prit en train de voler dans une maison. La seule différence avec ce gamin, c'est qu'au final il tente une autre approche, surement due à la présence des deux monsieurs de la police au bout de la rue.

Gilbert regarde l'enfant, gardant son air rigide. Certes, en son fort intérieur, il n'en veut pas au gamin. Il sait que Londres n'est pas une ville facile pour les démunies, mais il doit néanmoins lui apprendre une leçon.

Posant sa main gauche sur l'épaule du gamin, il la sert de ses trois doigts, et le fixe droit dans les yeux. Au fond de ses prunelles noires, l'homme ne peut cacher le sentiment bienveillant qu'il éprouve pour ce misérable enfant.

Décidant finalement de répondre, il le fait avec une voix calme, mais un peu autoritaire :

"Ta mère est malade? Bien, alors nous allons aller la voir, et je verrais ce que je peux faire pour elle. Allez, emmène-moi."

Si la mère du petit est vraiment malade, alors il peut surement l'aider. Et si ce n'est pas le cas, il est curieux de voir comment le gamin allait s'en sortir. Peu d'homme peuvent échapper à la poigne de Gilbert sans ruer dans les brancards, et l'enfant n'a rien à gagner en attirant l'attention de ces monsieur de la police.

Finalement, il rajoute, pour détendre un peu le gamin qui est visiblement tendu comme la corde d'un archet :

"Au fait, tu aurais fait quoi de tabac à cigarette américain mon p'tit?"

**Matthew Earwicker** Mar 9 Juin - 7:25

Il avait mordu, mais ou un peu trop, ou à moitié seulement. Matt penchait pour la seconde solution. Il souhaitait sûrement vérifier ses dires. En tout cas, il le tenait maintenant fermement, pas question de s'échapper pour le moment. Mais ce n'était pas ce qui allait le décourager ! Puisqu'il était lancé, autant continuer à le mener en bateau. Matt était doué à ce petit jeu-là, restait à voir jusqu'où l'autre allait marcher.

Il releva la tête, les yeux humides, et demanda innocemment.

"Z'êtes méd'cin, m'sieur ?"

C'était vraiment criant de vérité. N'importe qui s'y serait laissé prendre. Et Matt voyait très bien que ce type-là n'avait pas du tout l'allure d'un médecin. Poursuivant son petit manège, il sécha ses larmes d'un revers de manche et reprit.

"C'pas la peine de vous déplacer vous savez, maman a déjà vu un médecin. Mais on a plus assez de sous pour les soins. J'vois pas c'que vous pourrez faire de plus pour elle..."

Et toc ! T'y avais pas pensé à celle-là, hein ? Qu'est-ce que tu vas trouver à répondre à ça cette fois ? Gardant sa jubilation intérieure pour lui, il conserva un visage triste alors qu'il continuait son numéro.

"Surtout qu'j'habite pas tout près, c'est sur la rive sud, presque à l'autre bout de Londres. C'est que j'voudrais pas vous faire perdre vot'temps..."

Cette fois, ce n'était même pas un mensonge, il était relativement loin de chez lui. D'ailleurs, si l'autre persistait encore à vouloir l'accompagner après tout ça, il aurait tout le loisir de le semer quelque part dans les nombreuses ruelles qui parsemaient la rive sud. Au final, les portes de sortie se faisaient plus nombreuses que prévu, et ça en devenait presque un jeu que de tromper ce bonhomme. Matt était confiant, peut-être un peu trop encore une fois, puisque quand il entendit le contenu de la boite, il se dit qu'il aurait beaucoup à gagner à réessayer de la voler s'il en avait l'occasion. Et l'autre lui demandait ce qu'il en aurait fait, comme s'il s'était fait pincé pour des clopintettes ? C'en était presque risible, mais continuant à jouer la comédie, il n'en montra rien, se contentant de baisser la tête pour murmurer.

"Ben... Ça se revend bien, le tabac..."

**Gilbert Mecker** Mar 9 Juin - 19:46

Gilbert regarde l'enfant, et semble amusé un instant, avant de redevenir sérieux. Et le voilà tomber dans le panneau. Dès le premier regard, il se doutait que l'enfant n'était pas un simple petit voleur du dimanche qui avait besoin de sous pour payer les médicaments de sa pauvre mère malade. Mais il vient d'en avoir la confirmation.

L'homme, toujours la main sur l'épaule du gamin, s'accroupit légèrement, pour avoir les yeux en face de ceux de son petit rat prit sur le fait. Il attend quelques secondes, pour le rendre mal à l'aise, et finalement dit d'une voix autoritaire.

"Tu as perdu gamin."

Il laisse deux secondes s'écouler, pas plus, pour ne pas laisser le temps à l'enfant de répondre, et reprend, d'une voix plus posée, sur un air presque de confidence.

"Tu prend le risque d'aller à la Tour, tu te dis désolé, de ne pas avoir le choix, mais quand un homme t'offre son aide, tu le refuse, et en argumentant? Ne vois-tu pas là un petit problème dans tout cela? Tu sais mentir, c'est indéniable, mais tu ne réfléchis pas assez à ce que tu dis."

Il se sent vieux à ce moment là. Le voilà à donner des leçons à un gamin des rues. Mais il ne peut pas vraiment s'en empêcher, et puis, autant que son expérience de détective serve. D'ailleurs, ce gamin lui fait toujours un peu pitié, c'est pourquoi l'homme rajoute finalement :

"Je pourrais te livrer à la police, mais je pense pas que tu sois un mauvais garçon. Alors écoute bien ce que je te propose. Ce soir, à vingt-et-une heure, présentes toi au 21 Baker Street. Je t'y donnerais dix shillings, et j'aurais un petit travail pour toi."

Gilbert retire alors sa main de l'épaule du gamin, et se redresse, puis rajoute :

"Libre à toi de venir ou pas. Ça fera le bonheur d'un autre gamin si tu ne viens pas."

Il le regarde tranquillement, attendant sa réponse, s'il en donne une.

**Matthew Earwicker** Mar 9 Juin - 22:42

L'homme n'était décidément pas disposé à le croire... Et qui plus est, il se permettait de lui donner leçon et conseils, conseils dont il pouvait très bien se passer. Si lui ne réfléchissait pas assez, alors ce type-là réfléchissait trop. Qui aurait accepté l'aide de quelqu'un ne pouvant lui être d'aucun secours, lui faisant perdre par là-même un temps précieux pour obtenir l'aide pécuniaire demandée ? Et qualifier d'argumentaire ses deux phrases glissées là pour ne pas faire perdre de temps ni à l'un ni à l'autre... Pour un peu, Matt en aurait presque ri encore une fois. Mais il maintenait le masque. Hors de question de s'avouer vaincu, de donner raison à ce sale type ! Il n'allait certainement pas se lancer dans un "argumentaire" mais il comptait bien laisser le doute planer, l'empêcher de crier victoire. Perdu, perdu, on allait bien voir qui allait perdre !

Aussi rien ne vint troubler le visage de Matt qui aurait pu confirmer les soupçons du détective. Juste de l'étonnement, alors qu'il regardait incrédule l'homme en face de lui.

"Mais je..."

Il fut interrompu, juste au bon moment. C'était exactement ce qu'il recherchait, donner l'impression qu'il tentait de se justifier sans le faire. Bon, finalement, c'était pas un si mauvais bougre, cet homme. Il ne le dénoncerait pas et lui proposait même un petit boulot. De l'argent facile, ça se refusait pas. Il devrait se passer du contenu de la boite, mais tant pis.

Matt ajouta à ses yeux tristes une petite moue de déception de ne pas être cru de l'homme qui se tenait devant lui, avant de répondre.

"J'y s'rais, m'sieur ! Pour dix shillings, j'irai à l'autre bout de Londres s'il le faut."

Dans sa voix se laissait entendre ce qui s'apparentait à de la reconnaissance. Il s'était abstenu de demander en quoi consistait le travail. On ne posait pas ce genre de questions quand il s'agissait de gagner de l'argent pour soulager sa pauvre mère, non ?

"J'peux y aller maintenant... ?"

La tête baissée, il attendait sagement que l'autre lui fasse signe de partir.

**Gilbert Mecker** Jeu 11 Juin - 20:42

Gilbert regarde le garçon calmement, le voyant tout de même essayer de combattre pour une partie qu'il a déjà perdu. Il hausse les épaules. Ce n'est pas la première fois qu'il met quelqu'un dos au mur, et ce n'est pas non plus la première fois qu'il vois quelqu'un réagir comme ça.

Même jusqu'à la fin, il tient son rôle, bien qu'il a compris visiblement qu'il ne devait pas argumenter pour paraître plus crédible, c'est pourquoi il se permit d'hausser de nouveau les épaules quand le gamin donne sa dernière réplique.

"Bien sur. Et n'oublie pas, vingt-et-une heure, au 21 Baker Street."

Sur ces dernière parôles, il vérifie machinalement que le gamin ne lui a pas voler sa bourse ni son paquet, et se détourne de lui, repartant au nord. Rabaissant son capuchon, il sors une allumette, et rallume la cigarette éteinte, en fourrant les mains sous sa cape ensuite.

Il espère que le gamin viendra. Ca serait dommage qu'un gosse qui a l'air si débrouillard refuse de lui rendre quelques petits services. Et puis, pour faire certain travaux, il lui faut quelqu'un sans trop de scrupule. Bref, pour ce qu'il a en tête, Matthew est parfait.

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