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J'ai quelques questions pour vous...

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Message  Andrew Crane Sam 6 Juin - 19:54

La nuit s’était levée, balayant de son manteau d’obscurité la journée, bête infâme dévoreuse de lumière. Les nuages étaient bas, menaçants, ils s’amoncelaient tranquillement. L’organe ne tarderait pas à éclater. Dans ces ténèbres denses, cette Londres moderne brillait d’une pâle clarté. Les lampadaires qui jalonnaient les trottoirs, auraient du devenir des guides, des phares pour les quelques passants ; mais, ceux-ci ne s’appuyaient que sur ces poteaux afin d’éviter les chimères terrifiantes nées de leur imagination qui prenaient vie sur les murs de la belle Anglaise. Une ombre remontait les rues d’un pas hâtif, celle-ci se dirigeant vers le manoir des Delight. Oh fameuse propriété que voilà ! Habitée par la veuve Delight, la pauvre venait tout juste de perdre son époux. Triste histoire qui ne passionnerait pas autant si l’on ne prêtait pas à la noble d’étranges mœurs et surtout si son époux n’était pas mort le lendemain de leur nuit de noces !
Trois coups secs s’écrasèrent sur la porte d’entrée en chêne du manoir. Droit comme un piquet, la tête haute, le teint pâle, l’inspecteur attendait. Furetant de son regard sombre le seuil de cette demeure, Andrew Crane se laissait aller à quelques regards inquisiteurs quoique craintifs sur la devanture de cette admirable bâtisse. Il remit cette expertise à plus tard alors qu’il se remémorait les quelques témoignages qu’il avait pus parcourir. Quelques accords grinçants ressortaient de l’examen du dossier, il manquait les témoignages des neveux de défunt, quant aux questions posées à son épouse, l’inspecteur les trouvait tout simplement insipides, il attribuait d’ailleurs ce fait à un ménagement quelconque pour cette femme.
Mais là n’était pas la question ! Sa venue en ces lieux n’était qu’une banale visite de routine. Il voulait juste compléter le dossier et désirait poser quelques questions aux nouveaux occupants des lieux.
Déjà, l’impatience commençait à gagner l’orgueilleux qui s’apprêtait à frapper de nouveau sur la lourde porte quand celle-ci, dans un grincement sourd, s’ouvrit…
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Message  Sucrerie Lun 8 Juin - 10:11

La porte s'ouvrait, et elle s'ouvrait sur une jeune demoiselle de fraîche allure, vêtue comme le sont les petits pages. Cette allure de garçonne la rendait assurément plus troublante que bien des toilettes affriolantes, d'autant que la jeune fille avait réellement la douceur délicate d'une jeune fleur, tendre et qu'on devinait presque fragile au touché, comme si le moindre contact devait y laisser de funestes traces. Elle fit une petite moue ronde, et avant la moindre question, elle s'enfuit, laissant là la porte grande ouverte, montant les escaliers quatre à quatre.

L'intérieur s'offrait. C'étaient dorures, raffinement qui oubliait d'être surchargé, mais qui n'omettait pas d'être chaud et brillant. En lieu et place des fleurs, des coupes de fruits et de friandises, originalité étrange, quoi qu'amusante. Un escalier s'ouvrait sur les entrailles de la demeure, on devinait le socle d'une imposante statue, là. Des portes, le portrait du Veuf et de la Dame. Et, ha, si le peintre avait arrangé pour deux fois la jeune veuve, il était énoncer l'évidence que de dire que Lord Delight aurait eu fait fort bon mariage, et qu'il avait peut être cédé de bonheur à avoir telle créature dans ses bras. Même si la réputation de l'homme était tout sauf celle d'un coureur, et même d'un homme appréciant la chair. Mais, à observer ce portrait, tout de même!Ces lèvres un peu lourdes, arc appelant les flèches de Cupidon! Cette chevelure, digne d'Eve, des ruisseaux d'or! Ce regard à l'indéchiffrable couleur, à la fois celui d'une toute jeune fille et d'une femme mature! Et ces lignes du cou, qui offraient les meilleurs espoirs sur ce qu'il en était des épaules, qui évoquaient des fleurs de paradis et les fruits de tous les enfers! Que penser de cette femme, qui...

Qui venait d'apparaître, là, sur les marches qu'elle descendait avec une lenteur contemplative. On aurait pu la manquer, tant elle était silencieuse, mais une fois le regard porté sur elle...Grand Dieu, le peintre n'avait en rien exagéré. Il n'avait pas su capter d'ailleurs l'essence de ces prunelles, ni la malice de cette moue, encore moins cette impression sucrée qui se dégageait d'elle... Et encore moins son parfum. Indéfinissable fragrance aux allures d'opium et d'ambroisie.

La voix, elle, finit par lancer, d'un ton chaud, à la fois suave et de la distance qu'il fallait pour céder aux bonnes moeurs.

    Que me vaut l'honneur, et l'agrément surpris, de cette visite?


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Message  Andrew Crane Lun 8 Juin - 21:12

Finalement, la porte céda. Contre toute attendre, Messire Crane ne se retrouva nez à nez avec l’un de ses majordomes séniles et aigris auxquels il avait habituellement affaire, mais eut le droit à des traits juvéniles. L’enfant ne s’attarda pas face à cet homme qui était à l’opposé de son monde, frigide et fier, et, galopa dans la direction inverse jusqu’à disparaître de la vue de l’inspecteur. Celui-ci mit d’ailleurs quelques temps à se remettre de cette première rencontre. Ce n’est qu’après un long moment que les pupilles noires s’abattirent sur cet univers de douceurs, le découvrant avec surprise, glissant pour mieux en saisir la texture.

Puis comme le papillon attiré par la flamme, après s’être assuré qu’il n’y eut personne, le courageux inspecteur s’avança d’un pas. Il était sur le seuil de cette étrange demeure, source des lus folles rumeurs : l’on décrivait la principale occupante tantôt semblable à une sainte, parfois en des termes plus mesquins et crûs, mais une chose était sûre, cette femme-là ne laissait personne indifférent ! C’est donc dans l’inspection de cette pièce que ses yeux vifs et noirs, furetant à droite, puis à gauche, la rencontrèrent. Oh cette première rencontre ne se fit pas de chair et de sang, mais pourvu d’une réalité sordide. Elle était là, captive des bras du défunt, sublime et délicate. La crinière d’or serpentait avant de se perdre en des cascades, rideaux de blés, sur ces épaules de porcelaine. Les traits semblaient finement ciselés, le minois était gracieux, une bouche prête à être croquée, à être dévorée, ses prunelles brillaient de milles feux et on eut tôt fait d’en devenir amoureux.

Les sourcils de l’inspecteur se haussèrent comme par surprise face à cette Eve, peut-être se permit-il même de rougir face à cette peinture qui lui paraissait bien vivante ? Cependant, ses orbes chastes se détournèrent bien vite du portait et alors il put confronter la méprise terrible de cet artiste avec la vénusté de son hôtesse. Soudainement, la sulfureuse avait fait une entrée royale.
Bouche bée, encore estomaqué par l’étonnement, les puits sombres s’entrouvrirent avec plus de ferveur sur cette fausse ingénue, clignant à répétitions pour en apprécier la beauté, le pauvre eut même le souffle court ! N’était-elle pas encore plus resplendissante que la plus troublante des œuvres ? Lady Delight avait la candeur des anges et représentait la tentation du diable.Répéta-t-elle sa question, lui laissa-t-elle reprendre ses esprits ? Qui sait ?
Soutenant, non sans peine, son regard, l’orgueilleux s’éclaircit la voix avant de déclarer sur un ton de défi, emphase digne de la mise en scène de la précieuse.

«Inspecteur Andrew Crane, Madame. L’on m’envoie pour prendre de vos nouvelles et vous informer que quelques éléments manquent au dossier. »

Devait-il lui donner du « Madame » ou bien du « Mademoiselle » ? L’homme semblait avoir retrouvé son aplomb et il poursuivit sur ce même ton romanesque.

« Je compatis à votre tristesse et je ne souhaite vous ajouter davantage de peine mais j’ai bon nombre de questions à vous poser Lady Delight. »
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Message  Sucrerie Mer 10 Juin - 5:49

Milady avait quelques dons -Qu'ils soient venus d'en haut ou d'en bas n'étaient là que questionnement de dévot ou de tatillon, surtout face à a Dame dont la présence balayait ces considérations. Parmi ces dons-là, elle avait celui d'être, semblait-il, toujours à l'aise, jamais plus que légèrement surprise, la décontenancer paraissant possible si on décrochait l'astre de la nuit sous ses yeux seulement, quoi qu'on l'en aurait bien vu seulement sourire à demi et remercier avec candeur.
Aussi, qu'il fut homme, qu'il ne fut pas invité, qu'il fut inspecteur, rien de tout cela ne fit varier son radieux sourire, au contraire. Elle vint à ses côtés, d'un pas léger semblant à peine frôler le sol, laissant deviner ô combien la danse se devait d'être aérienne avec elle. Elle offrit le bras, courtoisement, comme si ce fut là visite d'un vieil ami attendue depuis longtemps. Oui, avec elle, on se sentait vite en confiance, en cocon. Accepté et accordé au lieu.
Avait-elle seulement rougit, ou sourit, à l'étonnement de l'homme? Pas le moins du monde. Il serait resté statue qu'elle n'aurait pas varié.

    Mais je vous en prie, entrez donc, et prenez toutes vos aises.

Ce parfum, par tous les Saints. Ce parfum! Comment ne pas être enivré? C'était léger, subtil, ça tenait du fruit. De la tendre pêche. Sa peau en avait peut être la saveur? Diantre, que sa proximité pouvait chambouler les sens. Quoi d'étonnant à ce qu'on l'affubla de l'image d'une succube, si elle troublait par sa seule présence jusqu'à une âme pourtant encore fraîche et protégée! Elle rendait ce qui l'entourait plus flou, moins existant, tant elle était présente. Mais, tout sauf cruelle, elle offrir une chance au regard de se porter sur les lieux encore, alors qu'elle les embrassait d'un geste.

    Voilà la nuit avancée déjà, et vous en êtes à prendre soin de mon état. Comme vous devez être las! Venez, installez-vous, il y a bien là de quoi reporter votre fatigue.

Ce disant, elle l'attira vers quelques fauteuils d'un pourpre sanglant, rehaussant l'éclat du bois et de l'or, auprès desquels de larges coupes offraient leurs fruits et leurs confiseries à toute main qui voudrait s'en saisir. Parfaite hôtesse, elle lui souffla, une main évanescente et suave effleurant la sienne.

    Vous auriez donc un dossier à mon propos? Oh, pardonnez mes bavardages. Je suis toute à vous.

Le sourire qu'elle appuya, le phrasé, tout ceci laissait à un esprit échauffé quelques portes ouvertes pour une imagination que la morale aurait réprouvé. Mais, après tout, n'offrait-elle simplement pas uniquement de la politesse, et une réponse docile à ses questions? Trésor de sucre, voilà ce qu'elle était. difficile, en cela, de savoir si elle dissimulait en coeur de miel ou de poison.
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Message  Andrew Crane Mer 10 Juin - 23:32

Monde auréolé de douceurs, saupoudré de féerie, bercé par le luxe et l’opulence, la bâtisse demeurait un mystère. Une question d’ailleurs s’imposa à l’esprit de l’inspecteur : Etait-ce réellement Monsieur Delight qui avait ordonné ainsi l’arrangement des pièces ? En effet, son œil s’était dérobé un court instant à celui de cette veuve noire pour explorer les lieux et s’était perdu dans ces couleurs vives qui, grâce à leur éclat, conféraient une ambiance chaleureuse et intime à ce manoir. Le choix des tapisseries, ce goût pour les meubles, ce raffinement éloquent, l’austère ne doutait de la faculté de jugement du mort, mais la certitude que Miss Delight était à l’origine de ce style se confirma.

Leur opposition ne se résumait à leur physique : Appolon et son astre s’étaient penchés sur cette poupée d’or la dotant d’une beauté sans nom, lui offrant une quiétude d’esprit, un panache flamboyant, alors que lui, avait été marqué du sceau de la nuit par la voluptueuse Nyx ; nulle once de couleur ne le recouvrait ou presque, sa pâleur était mortelle, voir blême, enfin, il semblait constamment aux aguets et la moindre surprise lui arrachait sursauts et frissons.
Que dire lorsque, exquise, la maîtresse de maison revêtit la robe de la parfaite hôtesse ? Pas même un commentaire sur cette intrusion, au contraire, quelques mots doux ; la vamp prit possession du bras vigoureux du jeune homme, pieuvre tentaculaire qui s’attacha avec légèreté à cette prise, juste assez pour le malmener. Vengeance personnelle, la belle était rancunière ? Mademoiselle ? Madame Delight obtint gain de cause et vola moult rougeurs à son invité et quelques palpitations d’un cœur furibond. Sensible à sa présence, à son être, l’inspecteur Crane ne pouvait la quitter des yeux ou presque, ses perles d’ébène revenaient incessamment sous peu sur son interlocutrice comme rappelé à son poste par son parfum entêtant. Mais s’il était sensible à sa personne, le saurait-elle aussi ? N’était-il lui aussi tout bonnement adorable, une friandise à croquer ? Alors que la succube possédait une odeur fruitée, sucrée, lui se contentait d’une odeur plus âpre, un ersatz d’immortel des sables…
Bientôt, l’étreinte fut brisée, ils se séparèrent l’un et l’autre pour s’asseoir dans ces fauteuils sanglants, Andrew se prit à respirer l’odeur de la crinière de cette reine alors qu’elle s’éloignait...
Enfin, la dernière attaque de Miss Delight se solda par quelques mots évocateurs qui terminèrent d’étourdir le bel inspecteur, il lui fallut quelques minutes pour reprendre ses esprits…Libéré de l’influence de la précieuse, cet homme à la chevelure folle put reprendre pleinement possession de ses moyens. N’était-il pas mignon ainsi ? Un vrai petit garçon, les mains à même les genoux, il ne bougeait pas et attendait un signe de son hôtesse.
Le signal donné, avec un certain zèle, il s’exclama à la hâte…

« Bien, bien, commençons ! »

D’un bond, la silhouette haute se dressa de son siège comme si la narration de son exposé exigeait d’y mettre une forme plus rigoureuse et moins conciliante. Le fauve était lancé et tournoyait dans le hall avec le panache des grands, à pas lent, la bête s’était drapée d’une toute autre forme d’éclat et paraissait moins craintive. Allait-il la dévorer ? N’était-il pas impressionnant dans son costume noir ? D’une menotte leste et fine, Andrew extirpa de sa veste un petit carnet regorgeant de notes et commença à réciter, sa figure s’animant d’expressions graves.

« Mademoi.., Lady Delight, pardonnez moi. Vous fréquentiez Lord Delight depuis quelques mois avant sa mort…tragique, est-ce exact ? Puis-je savoir comment vous l’avez connu ? »

Moment de répit avant une nouvelle attaque, emphase de son discours, les questions ne furent pas tendres, réponse au trouble que l’ange avait eu sur lui ?

« Madame, dites moi, connaissait-on des problèmes de santé à votre époux, avait-il la santé fragile, a-t-il manifesté un quelconque trouble lors de votre… de votre nuit de noces ? »

Léger baffouillement sur ces derniers termes, l’inspecteur Crane reprit son interrogatoire…

« Vous êtes donc installée depuis sa mort au manoir ? Avez-vous…Avez-vous refait la décoration ? Tout était ainsi ? J’ai également quelques questions vis-à-vis des autres occupants de cette demeure, qui sont-ils ? Ont-ils un quelconque lien de parenté avec le défunt ? Avez-vous gardé contact d’ailleurs avec les neveux et nièces de votre époux ? Enfin, me permettriez vous d’interroger chacun des occupants de cette demeure, leur témoignage fait défaut dans cette affaire ? »

La seule musique de ses pas sur le parquet se faisait entendre, grinçante, les lattes subissaient les allers-retours incessants de ce rigide qui referma finalement son journal. Dans une ultime interrogation, il s’écria….

« Dites…moi où est enterré Monsieur Delight ? »
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Message  Sucrerie Ven 12 Juin - 14:28

Ambrosa avait tout de la fille d'Hélios, perdue dans le royaume d'Hadès. Une Perséphone de salon et de murmures, qui aurait mangé avec gourmandise tout le banquet offert, en place des quelques graines de la légende.
Et l'agneau, le jeune homme, s'était transformé en lion noir, rôdant, allant et venant dans une tanière inconnue mais dont il se rendait maître, dans l'assurance et dans le ton. Il possédait l'espace, il avait l'autorité, il rayonnait -Quand bien même ce fut une aura bien ombrageuse- de l'importance que conférait l'uniforme et la fonction. Il était l'image lointaine de la Dame Noire, incarnée en un homme pâle.

Il semblait bel et bien avoir capté l'attention de la Veuve, araignée qui, depuis sa toile, observait les mouvements du fauve en contrebas. Deux espèces aux antipodes, amenées à ne jamais se rencontrer, et sans doute pas à se parler. L'incongruité couvait ce soir. Elle avait les mains jointes, élégamment, son son menton, ce qui en rajoutait à sa mimique d'écoute attentive, de femme imitant l'enfant par jeu -Non, elle était bien trop fruit pour n'être que fleur- sans jamais avoir l'air acculée, désappointée. Elle était Maîtresse. Ca perlait par sa peau, son attitude, son regard. Sous la douceur de son âme, il y avait là de bien solides fondations, de celles dont on fait les forteresses.
Comme elle le trouvait touchant, ce petit là, enfant de choeur qui se serait trompé de costume.

    Depuis deux ans, Sir Crane. Uniquement par relation épistolaire. C'est une erreur de messager qui nous amena à nous rencontrer. J'avais reçu une missive qui ne m'était destinée, mais, ne trouvant que l'origine et non le destinataire réel, je renvoyais en expliquant, il répondit en remerciant, et... Nous continuâmes, apprenant ainsi à nous aimer sans nous voir encore...

Sa voix mourut, assassinée de rêveries, alors que son regard revenait au portrait du défunt, avec une tendresse langoureuse, une pointe de douleur palpable qui nuançait d'un nuage son éclat céleste. Elle cilla, après un temps de silence, sourit comme pour s'excuser de son évasion envers les mannes de son amour disparu.

    Il ne m'avait jamais caché avoir trois fois mon âge. Il m'avait mise en garde, mais ni lui, ni moi, n'aurions imaginé que notre hymen soit si bref...

Elle ferma les yeux, chassant quelques spectres peut être. Ah, si elle feignait, elle feignait de façon admirable, les anges s'y seraient penchés et auraient pleuré avec elle.

    Il avait désiré m'offrir une vie londonienne, au plus prêt de lui et de ce qu'il disait convenir davantage à mon âme, et à ce qu'il en entrevoyait à ses dires... Et j'aspire à retrouver encore de sa présence, je peux vous jurer que les murs portent encore son odeur...

Le ton, ô supplice, était si sensuel qu'on se serait presque pris à espérer être le mort, entre ces bras chauds, si pleins de vie. Avait-il péri au faîte de leur passion? La pudeur avait caché les circonstances exactes... Elle se mordilla la lèvre, ajoutant au poids cruel de la tentation, avant de souffler, détournant légèrement la tête, offrant la vision dérobée de la divine courbe de sa gorge.

    J'ai... J'ai bien bougé quelques meubles, pour que mes protégés aient l'impression... D'un foyer. D'un chez eux. C'était là un désir partagé de nous tous... Non, ils ne sont pas une famille, disons, officielle.Cette famille se fonde sur les liens du coeur, et Milord les avait acceptés comme étant partie de moi. Quant aux neveux... Ho, hé bien. Nous ne nous adressons plus la paroles, depuis qu'ils m'ont injuriée, insinuant que j'avais porté atteinte à la vie de mon adoré. Comme si la peine...

Elle s'éventa enfin, harassée de questions. N'avait-il pas honte, d'accabler une telle femme, soumise à tel drame?

    J'ai cédé au désir de sa famille, puisque nous n'avions décidé de rien ensemble à ce propos... Nous étions si loin de penser à la Fin. Il est enterré au caveau de sa famille; Highgate. Quant aux interrogatoires, voyez avec chacun, je n'en forcerai aucun, que ce soit au silence ou à la parole.
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Message  Andrew Crane Ven 12 Juin - 19:30

Les veuves noires ne sont-elle pas d’incroyables créatures ? Pourvues de mille et un poisons, leurs crocs sont redoutables et la moindre de leur morsure et fatale. Tantôt subtiles, pleines de charmes, ces monstres gourmands se plaisent parfois à jouer avec leur proie surtout si celle-ci se débat et agite la toile pour en démontrer les faiblesses et les inexactitudes.
Le ton affligé de la poupée, sa peine visible et les prémices de ses larmes feintes, achevèrent les questions de l’enquêteur qui demeura sur sa faim. Miss Delight l’avait appâté par ses réponses et une envie irrépressible d’en savoir toujours plus hantait le fauve. Terrible frustration qui s’était emparé de sa personne, Andrew se résigna face à ce charmant minois.
Dans un bruissement sec, le carnet de notes se referma brusquement alors que l’inspecteur concluait cet entretien. Par un « Intéressant… », puis un « Je vois.. » qui ne se poursuivirent sur d’autres réflexions.
L’éphémère se perdit un court instant dans un espace d’intrigues complexes et d’énigmes insolvables. Une moue songeuse s’empara de ses traits alors qu’il ne prêtait plus attention à la sublime ! Affront que voilà ! Il ne tarda néanmoins pas à revenir vers l’objet de ses curiosités.
D’un sourire convenu, quoique plus tendre qu’il ne se l’aurait avoué, il ajouta sur un timbre vibrant, sincère…

« Je m’excuse d’avoir été si indiscret… J’ai été doublement malpoli avec vous : en vous importunant avec mes questions et en ajoutant à votre peine. Veuillez me pardonnez, si je puis vous être d’une quelconque utilité, faites le moi savoir. Je suis à votre entière disposition suite à ce dérangement inopportun. »

Raide comme un piquet, la statue d’albâtre attendait un signe de la part de l’éternelle. La devançant, peut-être encore tiraillé par ses interrogations et tout émoustillé de la présence d’un tel ange, sa voix se fit bientôt entendre, sobre mais plaisante, à l’image même de sa stature.

« Il se fait tard et vous devez être fatiguée, je ferai mieux de vous laisser. Quand puis-je repasser pour m’entretenir avec les occupants de cette demeure ? »

Pivotement admirable de sa personne, enfant devenu grand, le garçon s’inclina dans un mouvement respectueux. Et alors que la précieuse n’avait pu prononcer un mot, il se dirigeait déjà vers la sortie. Besoin de la quitter, envie de ne pas succomber ?
Pourtant, la silhouette sur le seuil se stoppa et sans se retourner murmura dans une pudeur certaine. Ses mots se détachèrent distinctement dans la nuit et sonnèrent peut-être avec horreur…

« Me permettrez vous de voir le bureau de votre époux ? »

Cette demande le titillait depuis leur entretien et Messire Crane n’avait pu l’ajourner comme une nécessité vitale. D’un pas, Andrew virevolta avant de heurter la belle dans une stupéfaction manifeste… Le rouge de ses joues ne tarda pas, son teint s’embrasa alors que sa figure fut si proche de la voluptueuse, ses mains qui s’étaient saisi de sa taille, se serrèrent légèrement sur sa robe.
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Message  Sucrerie Dim 14 Juin - 7:32

Qu'il était ravissant. Qu'il était attendrissant, vraiment, dans ces touches de maladresse qu'il voulait cacher de grands airs, avec tant de Foi qu'il en parvenait souvent même à les rendre convaincants. Elle était divertie, intérieurement, et ne le cachait qu'à demi, qu'au travers d'un sourire voilé qui semblait vouloir souffler "Tenez-moi compagnie, oh, je me sens si seule!..." Mais avec cette pudeur qui n'osait, ce regard qui suggérait. Ces mains, nouées auprès du coeur, vaine tentative pour lui donner un peu de chaleur. Pauvre femme! Malheureuse sainte! Elle était si loin de ses terres, si loin de son époux, épouse d'un vieillard qui ne lui avait laissé à embrasser que le marbre froid d'une tombe!... Alors que sa Surprise s'en allait, comme son visage était doux, touché par la grâce d'une note mélancolique qui donnait à son allure si fraîche de la candeur, de la nuance, de l'onirisme enfin. Elle était une naïade prisonnière d'une fontaine, creusée par un admirateur et un bourreau, bafouée par la noblesse de ces lieux froids qui ne la reconnaissaient pas des siens. Au contraire, elle était affublée de cette odieuse réputation. Mais à l'avoir vue, Messire Crane! N'était-elle pas la douceur même, assurément incapable d'ourdir un complot contre une âme aimée au mépris des âges?

Elle ne déclara rien, non, lorsqu'il prit le chemin de ce dehors froid, gris, terne, si différent de son antre, mais réserva un soupir fin, si délicat qu'on eût sans doute pensé l'avoir songé, peut être à force de l'espérer en secret. Mais voilà qu'il faisait demi tour, et la rêveuse fut percutée, enlacée. Cette taille, fine, creusée, faite pour des bras. Pour les siens, à n'en pas douter... Sentez-vous, Andrew, comme vous mains s'y lovent bien? Comme elles semblent l'avoir faite à leur mesure? Elle avait redressé le visage, les lèvres peintes d'un rose et d'une moue adorable, une main enfin vint s'apposer au coeur du Lion. Délicieuse brebis qu'elle figurait là, cette Veuve si sinistre de réputation.

    Vous... Oh, milles excuses!...

Elle fit un pas en retrait, digne de l'exquise danseuse qu'elle devait être, ne laissant entre les bras de l'Inspecteur que le fantôme chaleureux d'une étreinte, et de son parfum plus suave que jamais, plus envoûtant encore. Aucune rougeur à ses joues, sans doute se maîtrisait-elle, alors que la main tantôt posée sur la poitrine de l'homme venait gagner la sienne.

    Suis-je maladroite, oh, je... Vous êtes assurément le bienvenu, comme tout représentant de Sa Majesté. Et il vous sera fait bon accueil...

Qu'il était plaisant de deviner, à ce sourire, à cette façon d'abaisser les cils, que cet accueil promis serait sans doute meilleur encore pour sa personne, plutôt que d'autres... Qu'il était touchant de voir cette pudeur soudaine, comme si elle frémissait de l'avoir ainsi touché!

    Son bureau? Oh, son bureau... Vous pourriez, sans doute, mais certes pas seul. J'y vais si peu, et j'y tiens tant...

Le piège, ou la grâce divine? Se retrouver avec Milady, dans une pièce si intime, si secrète, au couvert de la nuit... Allez-vous rester à côtoyer cet ange? Allez-vous donc retrouver les bras du démon alors que vous êtes sur le point d'enfin quitter sa demeure?
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Message  Andrew Crane Lun 15 Juin - 19:20

Le souvenir de leur étreinte maladroite, accident inopportun, cela va de soi, le hanta quelques instants. La chaleur du corps de la Lady s’était depuis longtemps envolée, ainsi que sa main volage qui s’empara de son cœur, lui arrachant quelques palpitations avant de s’enfuir vers d’autres cieux. Le geste était beau, la symbolique était grande, ne venait-elle pas d’esquisser d’un revers de menotte un pont entre leurs deux âmes ? Et comme toujours, la proie s’empourpra de belles couleurs, le sang fut amené à grande pompe jusqu’à ses joues et le liquide écarlate les coloria sans discontinuer pour les transformer en adorables fruits. Se plairait-elle à les croquer ? Détestable figure que voilà ! Son éducation et les bonnes mœurs lui dictèrent de taire une quelconque sympathie pour cette Lady, la précieuse souffrait le martyr depuis la mort de son époux et la venue d’un inspecteur fouineur devait rajouter à ses peines !
Les remords de la voir de façon tendre le saisirent et dans un zèle manifeste, chevauchant ses grands airs qu’il aimait tant, il décréta dans une insistance difficile à cacher.

« Puis-je…. vous demander la grâce de voir ce bureau…en votre compagnie ? »

Crût-il bon de souffler comme si cette demande ne lui serait accordée. Si la requête avait été émise avec l’assurance qui sied aux rois, lui, qui désirait intérieurement vivement l’impressionner pour qu’elle se grise de l’efficacité de la police londonienne, la supplique délectable n’était que plus douce. Son retour dans la douillette demeure souffla une bise hivernale, l’austérité le recouvra, et voilà que l’intrépide avait retrouvé tout son sang froid. Goujaterie ou respect, provocation ou peur, Messire Crane ne lui offrit son bras. L’invité suivit la maîtresse des lieux avec obligation. Son regard songeur se perdait de temps à autre vers ce bras de poupée, ce membre délicat qu’il rêvait de voir s’entremêler au sien, puis se ravisant, le placide reportait son attention, tâchant toutefois de ne la perdre dans ce labyrinthe.

« Vous avez là une charmante demeure. J’ose croire qu’il fait bon d’y vivre… Excusez moi encore de vous troubler à pareille heure, n’hésitez pas à me congédier, Miss Delight. »

Si les premiers mots avaient été bénins, l’homme s’était empressé de se montrer le plus cordial possible, tout soucieux de la victime qu’elle était ! Voilà qu’ils arrivaient vers le bureau du défunt, d’un bond, il la devança, lui offrant sa protection face aux périples et autres dangers que renfermaient cette pièce. Véritable boite de pandore, cette salle n’était-elle pas le lieu de tout les supplices pour la vertueuse rêveuse ?
Dans une déclaration touchante, amusante, barrière de chair entre ces souvenirs douloureux et cette sainte, la voix de l’inspecteur Crane se fit entendre.

« Je…Je ne vous force pas à m’accompagner, j’ai déjà été source de bien des maux. Mais si vous désirez me suivre, vous…pourrez compter sur moi, si vous le désirez. »
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Message  Sucrerie Ven 19 Juin - 7:55

Le chemin fut celui d'un pèlerinage. Silencieuse, mains jointes, la Délicate avait quelque chose de la première communiante, de la biche blessée au flanc dont le sang même irait jusqu'à s'écouler avec élégance, lui laissant toute sa beauté digne dans l'agonie sirupeuse. Terrible destin que d'être confronté à cette femme, marquée par le sceau de la Mort et donc interdite aux vivants par les bonnes moeurs et le mauvais oeil, et pourtant si vivante, si désirable, si jeune... Un fruit défendu, à porté de main, et sans serpent autre que le lointain écho de la société Londonienne pur rappeler le prix qu'il y aurait à payer à la cueillir. Alors qu'elle s'arrêtait devant la porte close, réceptacle de la présence du défunt plus que toute autre pièce à l'exception de sa dernière couche, voilà que le Lion conquérant venait faire obstacle de son corps à son deuil, à la confrontation d'avec le Mort qui pourtant, emplissait le lieu jusqu'à poser son regard sur quiconque arrivait, jusqu'à avoir donné son nom à la Délicieuse.
Elle plissa les yeux, et de ses mains jointes sa dextre se porta à son coeur, comme pour exprimer par là où son attention l'avait touchée.

    Sir Crane, je vous assure. Je ne voudrais vous y laisser seul.

Le sourire qui peignait ses lèvres avait une teinte de mélancolie si poignante qu'elle ne pouvait que renverser l'âme, donner l'envie puissante de chasser cette langueur d'un baiser passionné, de redonner de la chaleur à l'expression de cette fille du Jour qui s'était condamnée à la nuit du deuil par un hymen funeste. Cependant, l'ange allégea la tentation en relevant la tête, en saisissant cette petite clé qu'elle portait à sa taille, sur une très fine ceinture d'or, pour en faire jouer le verrou.

    Vous avez ma parole, je ne m'effondrerai pas devant vous...

L'imaginait-on attendre la disparition de l'importun pour pleurer au secret de sa couche? N'avez-vous pas honte, Inspecteur?
Mais encore une fois, elle épargna le doute à l'âme de l'infortuné, alors que la porte cédait sans un bruit l'ouverture sur ses secrets. Se découvraient là un bureau de merisier, trônant au milieu tel un pacha rougeoyant. La lueur ténue qui parvenait des candélabres du couloir tombait sur la pièce pour lui donner une clarté irréelle, d'antre de spectre. Sur le ventre rond, offert, du meuble, quelques papiers encore, alignés sagement, un encrier où la plume attendait la main qui plus jamais ne viendrait, là, une chaise rangée, preuves de l'intérêt du défunt pour l'ordre et le labeur. A la droite, en bonne place, une étagère qu'on devinait fort documentée exposait ses entrailles de livres classés par l'alphabet et par aspect, d'un agrément d'oeil surprenant et apaisant. Là, à sa gauche, un coffre renfermant sans doute quelques effets plus précieux, ou moins dociles à ce rangement méticuleux.
Faiblesse de la Veuve? Elle souffla.

    Je vous reviens, je vais... Quérir quelques lumières.

Il était seul, quelques rares instants, dans ce bureau. L'élan de l'enquête allait-il le saisir et lui faire oublier la bienséance, ou allait-il sacrifier la raison de sa venue, sa chance de peut être découvrir ce qui en était de cette mort pour les yeux indéfinissables de cette ange déchue?
Elle reviendrait bientôt, un chandelier aux flammes tremblotantes à la main. Pour l'heure... Le bureau était à lui.
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Message  Andrew Crane Sam 20 Juin - 14:06

« Bien, je vous attends ici, Madame Delight . »

La maîtresse du manoir s’était éclipsée, le laissant seul dans ce cabinet obscur. N’était-ce pas là l’une de ses triviales occasions où l’homme aurait pu mettre ses talents en jeu et en tirer du plaisir? En effet, l’inspecteur Andrew Crane raffole des énigmes, des rébus, des hiéroglyphes ; déployant toute la puissance de sa perspicacité dans la résolution de ses problèmes, le vulgaire croit percevoir là un caractère surnaturel. Les résultats habillement déduits par l’âme même et par l’essence de sa méthode, ont tout bonnement réellement l’air d’une intuition.
Si cette statue d’albâtre ne s’était séparée de son socle, n’avait manifesté le moindre mouvement, l’expertise de la pièce avait pourtant débuté. Observer c’est se rappeler distinctement, encore faut-il savoir quoi observer ?! Voilà donc le bureau de Monsieur Delight. La préservation des lieux le frappa, la pièce semblait avoir été scellée en l’état même, le fantôme du défunt demeurait prêt à surgir, à s’installer face à son large bureau et à jouer d’un doigt distrait sur l’étonnante collection d’ouvrages de sa bibliothèque pour s’accaparer d’un de ses livres quelque citation savoureuse. Si des yeux indiscrets s’étaient permis d’épier l’austère, il n’y aurait vu que du feu, c’était sûrement la pudeur qui imposait pareille rigidité à ses membres, à moins qu’il ne s’agisse du respect pour son hôtesse ? Puis tout d’un coup, l’homme se mit en marche. Par des efforts d’imagination, il cherchait à revêtir la pensée de l’ancien époux. Le spectacle de cette pièce harmonieusement soigné lui dicta que l’infortuné était un homme de raison et sage. C’étai une vérité évidente, mais si cette pièce était précieuse à Miss Delight, l’avait-elle arrangé pour garder ce semblant de vie, l’avait-elle laissé ainsi ? Etait-ce donc l’interprétation de l’Eve qui transparaissait dans cette salle ou la véritable personnalité du mort ? Etait-ce dans ce même bureau que l’homme s’était vu foudroyé d’un terrible infarctus ? S’il balaya de ses yeux noirs les lectures de feu Monsieur Delight, ce ne fut que pour s’approprier davantage de détails sur son caractère et sa personnalité. Naturellement, le tempo régulier de ses pas le conduirent jusqu’à ce bureau… Des papiers y étaient disposés, un coup d’œil pour vérifier cette solitude appréciable, condition nécessaire au sang froid de sa personne. Puis sans scrupules, dans un hochement de sourcil, l’encre de ses yeux fureta sur les premières barrières de papier, des lettres s’étalant, s’il décida tout d’abord de s’approprier pareils indices, il jugea plus sûr de les laisser ainsi. Etait-ce les derniers écrits de Monsieur ? Etait-ce la fouille pressée des recherches d’un des occupants de la demeure ? Et, si oui, devait-il creuser plus encore ses investigations ?

La lettre sur le bureau est celle d'une réponse qu'il écrivait à l'un de ses neveux, Anton Delight. Il n'y a que quelques mots.

La lettre en dessous est un brouillon, contenant, et sous cette forme:

"
• Politesses d'usage (Tante Amanda, Cousine Margareth)
• Féliciter pour la course
• Annoncer le changement d'héritier
• Reprocher la forme accusatrice
• Faire dire de féliciter la jeune mère
• Donner des nouvelles de Londres
"

Une curiosité frénétique l’avait gagné, une gourmandise sincère, un appétit presque voyeur qui se termina par l’apparition de la veuve « lumineuse ». Andrew sursauta, pivota sur sa propre personne pour lui faire face.

« Vous voilà, Madame. C’est….un formidable bureau que vous avez là. Votre mari était quelqu’un de très ordonné, c’est indéniable. Vous…sentez vous bien, Miss Delight, je ne voudrai vous imposer pareille épreuve… »

Profond intérêt pour sa personne couplé au désir de la voir disparaître pour reprendre ses lectures ? Une pensée lui vint à l’esprit… Resplendissante…
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Message  Sucrerie Mer 24 Juin - 10:14

La Veuve portait en sa main frêle une chandelle vacillante, hommage à ce qu'elle était, flamme appartenant aux Ténèbres et les éclairant à la fois. Danseuse éphémère qui semblait sur le point d'être soufflée, et de disparaître là, ne laissant que l'ombre et le souvenir de son éclat. Comme son visage était beau, en cet instant! Cette expression de peine mélancolique, pensive, Ophelia penchée sur l'eau songeant aux malheurs de son sang, était pour elle une parure surprenante, qui chassait soudain ses allures de Succube pour lui donner celle d'une Madone. Magnifique, aux allures soudaines de cristal fragile, que lui, l'homme, le rustre, avait déjà bousculé. Comment osait-il fouiller les entrailles du souvenir doux amer d'un hymen si tragique? Ne se sentait-il donc pas profanateur?

Elle avançait, telle une jeune fille aux prises avec des fantômes, frôlant de la main ce bureau, n'osant le toucher tout à fait, comme si elle craignait de lui faire perdre sa patine, son éclat, la présence de l'être aimé. Elle passa sur les lettres, et son sourire se marqua davantage, ancrant dans l'esprit et dans le temps ce masque souverain de douleur intime qui était à sa beauté solaire une coquetterie aimable. Combien d'hommes se seraient mis à genoux, auraient offert Lune et richesses pour chasser de cette figure son éclipse? Elle décrivait l'écriture, semblait retrouver dans ses inflexions dures le souvenir de leur amour tel qu'il était né.Regrettait-elle qu'il n'y aie eu dernière lettre, dernier message pour elle? La Faucheuse avait prit son tribu avant que la plume n'ait achevé son labeur.
Elle porta la main libre à son coeur, en dernier secours, en refuge, alors que l'Inspecteur parlait. Avait-elle seulement entendu ses mots, plongée qu'elle était dans le monde du passé et des morts? Elle ne releva la tête qu'après de longues secondes agonisantes durant lesquelles, ô torture, on eut pensé qu'elle allait là verser une larme. Ses prunelles brillaient, à la flamme, d'un éclat nouveau qui pouvait les trahir.

    Vous avez raison... C'est là trop pour moi...

Le sourire se voulait à présent affable, poli, courtois, comme si elle voulait se réfugier derrière les barrières de manières policées qui, elles, ne lui convenaient pas, tant on la sentait au dessus de ces détails imbéciles. Elle avait les yeux détournés encore, vers ce bureau, cette écriture, cette présence en demi teinte. Elle confronta alors leurs regards, et le sien avait la force de la peine, du tombeau.

    Je vais vous demander de partir...

Sa main chercha le renfort de la muraille, alors qu'elle faisait un par en arrière appuyée contre ce mur, juste en face de lui. Les yeux s'évadèrent, se voilant des paupières avec une pudeur foudroyante. Sa voix lui avait échappée, et elle était plus belle que jamais, ainsi, avec l'éclat des merveilles qui allaient se briser.
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Message  Andrew Crane Sam 27 Juin - 11:32

Battement de cils, papillonnements de paupière, les prunelles de la vénéneuse s’occultèrent sous leurs voiles lui conférant des airs de madone. Pareille figure n’était-elle pas touchée par la plus grande des grâces ? Cette sainte meurtrie souffrait en son cœur de milles douleurs, le masque offert par cette pécheresse infâme mais délicieuse brisa la glace de sa personne et il accourut pour lui servir de soutient. Il est difficile de croire que les bras s’attachent si facilement à un être et l’étau fermement ancré autour de cette taille fine ne céda que pour déposer cette poupée en lieu sûr. L’escapade dans cette grotte du souvenir ne dura que peu de temps, ils avaient rejoint l’un de ces corridors qui traversaient la demeure. L’inquiétude se lisait dans les puits béants de cet inspecteur, avait-il rejoint le rang des fidèles de cette icône ? N’était-il pas l’un de ces vils profanateurs ? La volonté d’exploration trouerait peut-être faveur auprès de cette reine, tant de sollicitude ne pouvait être ignorée ! Et, même si déjà la charnelle l’avait congédié, lui soufflant l’ordre de partir, ce croisé tout endimanché était à son chevet, lui ayant imposé l’arrêt dans l’un des nombreux fauteuils sanglants de ce triste manoir.

« Madame ! Allez vous bien ?!... Je…J’ai été stupide, je m’en excuse, vous m’en voyez confus. »

La panique l’affublait un peu. Il en avait d’or et déjà oublié les terribles mots de la maîtresse des lieux. Son désaveu était déjà loin, les propos de l’éternelle auraient du le ronger et le faire souffrir, il n’en était rien ; seul comptait la santé de son hôtesse. Ses mains s’étaient jointes aux siennes, ses yeux noirs, prisons de lumière, cherchèrent à s’enquérir de son bien-être alors que sa voix appelait déjà l’un des domestiques de la demeure.

« Quelqu’un…. ! Quelqu’un s’il vous plaît ! »

C’était dans ce côté presque féminin de son caractère d’avoir peur d’un rien, d’un tout. Mais pouvait-on lui reprocher autant de compassion et de soucis pour cette inconnue ? N’était-il pas un peu le protecteur de la veuve et de l’orphelin ? Une fois, ses pensées rassemblées, il délaissa les menottes frêles pour lui offrir un visage plus sérieux, désireux de se montrer sous son meilleur jour. Sa voix fut plus douce, plus sereine…

« Tout va bien, madame ? Je…je vais vous laisser, il se fait tard et je vous ai fatigué. »

Si la silhouette se dressa pour se séparer de cette Vénus, une question le tirailla visiblement et d’un ton solennel, il s’exclama d’une voix tremblante…

« Me ferez vous parvenir de vos nouvelles ?...Pourrais-je…vous revoir ? »
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Message  Sucrerie Jeu 2 Juil - 7:06

Emportée loin du couvert du Mort pour lequel cette âme si étincelante semblait encore soupirer, Orphée admirable, elle ne reprit pas de couleur aussitôt, terrassée de mélancolie, accablée de ce souvenir trop vif, trop brut. Confrontant ses yeux étranges et indéfinissables à ceux, si profonds, si abyssaux, de l'Inspecteur, il apparurent alors d'un bleu tendre. Un azur presque fade, s'il n'était pas si animé, si admirable de candeur. Reflet de l'âme, disait-on, alors celle là avait tout de l'incarnation d'une innocence décriée pour avoir été trop désirée.

Elle était assise, presque abandonnée, livrée là telle une proie facile à la dérision des hommes, pauvre femme, malheureuse Veuve qui attirait malédictions et jalousie! Ses mains enfin abandonnées -Et qu'elles étaient douces, de la douceur d'une tombe fraîche- elle revint quérir l'une de celles de l'effaré, la pressant un instant avant de la lui abandonner, comme en signe de contrition pour son manquement aux bonnes manières.

    Vous avez été un homme de Loi dans l'antre d'une femme qui cache trop son chagrin pour ses enfants. Je ne puis vous en vouloir... Pardonnez-moi de cette faiblesse... Je montre si peu mes blessures, ils en seraient si peinés.

Sainte femme, angélique madone, oui! Se cachait-elle donc derrière ses airs de papillon pour révéler une suppliciée? Pleurait-elle donc souvent ce destin cruel, cet hymen brisé dans son envol? Il s'était redressé, et elle le couva d'un regard aimable, à demi voilé de paupières délicates.

    Las, las... Prenez soucis de vous, avant de moi; rien ne me rendra celui qui m'attend aux cieux éternels. Qu'est-ce qu'une vie à attendre, devant cette promesse?...

Que le sourire était faible, comme on aurait voulu lui rendre son éclat, alors qu'elle esquissait un geste vers le couloir, vers le dehors glacé des nuits d'une Londres indifférente. Il allait partir, alors sans doute pourrait-elle confier son chagrin aux murs qui avaient tant de fois davantage connu son époux qu'elle. Elle cilla, fragile image, alors que de ses lèvres adorables tombaient des mots peut être inattendus.

    Je vous écrirai. Il y aura une réception bientôt... Peut être aurais-je l'honneur de vous en compter.

N'était-ce pas d'une pudeur exquise? Pareille offrande, si humble, charmante, par ses allures hésitantes. Il pourrait la revoir, oui, et à l'instar du défunt, il recevrait quelques mots de sa part par messager interposé.

    Au revoir, Sir Crane...

Furent ses derniers mots. Bientôt, il reviendrait, et pourra-t-il voir en cette Milady dont on se méfie tant autre personne que cette Veuve tragique?
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