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My Dear Sister

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Message  Andrew Crane Jeu 18 Juin - 19:42

Depuis son départ de la demeure familiale, Monsieur Crane avait pris l’habitude d’écrire à sa chère sœur. Ainsi, la demoiselle recevait chaque mois une enveloppe à son intention sur laquelle on pouvait lire ces simples mots « Pour Audrey ». Le contenu de ces missives consistaient la plupart du temps en deux, trois pages de papier noircies d’une écriture délicate et élégante qui narraient les occupations de l’enquêteur. Se plaisait-elle à relire ses lettres qui avaient été manuscrites avec tant de soin ? Notait-elle la régularité de ses traits, la finesse des lettres, arabesques affriolantes et courbes fantasques d’encre noire ? Devinait-elle que cette calligraphie propre au bel ange n’était due que par des doigts rendus experts par l’usage de la plume ?
Il arriva même, une fois, qu’une robe aux teintes écarlates vint s’ajouter aux missives de l’enquêteur. Parfaitement ajustée à la taille du bourgeon, elle la mettait en valeur, soulignant ses formes tentantes, tout en lui conférant une stature de femme, chose qu’elle n’était pas encore tout à fait. En lui offrant pareil présent, Andrew n’avait eu d’autre but que de lui faire plaisir. Quant à elle, il était difficile de connaître la signification attachée à tout ceci !
Dans ces lettres, le ténébreux détective la priait de ne pas venir lui rendre visite, invoquant comme prétextes un voyage éprouvant et la réputation des lieux. Mais, à la vérité, elle lui manquait, et, souvent, il se prenait à penser à sa petite sœur, capricieuse que voilà !
Audrey, elle, qui resplendissait et savait lui redonner sourire ; oui, elle aurait pu sûrement le guider dans les ténèbres de Londres.

Prière incertaine, miracle inopportun, voeu réalisé ? La lourde porte en chêne sur laquelle on pouvait lire « Inspecteur Crane » vibra par trois fois. Qui était donc ce mystérieux visiteur ?
Une paupière s’ouvrit dans un cliquetis inaudible, un iris ténébreux fut aussitôt visible, c’était bien entendu la pupille de Monsieur Crane, se réveillant de bon matin par cette journée nuageuse et mouvementée. L’homme, encore attablé à son bureau, s’était assoupi au cours de la nuit, délaissant par la même occasion ses travaux pour voguer dans un univers de chimères. Ainsi encore sous l’effet de la poudre de Morphée, sa crinière d’ébène en bataille se perdait dans des liasses de documents, fleuretant dangereusement avec le papier, se répandant en tentacules sombres sur une petite partie du bureau. Sa figure émergea finalement de ces monts de savoir et autres puits de connaissances, trahissant une vive surprise, ses traits s’étaient animés, ainsi il ressemblait à un génie tourmenté ; On l’avait arraché brutalement au monde des rêves, l’extirpant de sa torpeur.
Le lion s’était réveillé, faisant darder ses prunelles vives et noires sur son environnement. Il fallut malgré tout quelques minutes à ce prince pour amasser ses esprits, n’était-il pas la victime d’hallucinations, avait-on réellement frapper à sa porte ?
Désireux de confronter ses sensations à la réalité, il se leva donc et gagna la distance qui le séparait de cette porte qui s’était animée quelques instants auparavant de soubresauts.
Sa main légèrement moite s’empara de la poignée et bientôt la porte s’ouvrit pour laisser place à un visage connu.
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Message  Audrey Crane Jeu 18 Juin - 19:43

Comme elle est étrange la grande et belle Londres ! Comment des yeux encore pris par le filtre de l'innocence et de l'inconscience de la jeunesse pourraient être préparés à en contempler cet aspect ordinairement méconnu par les débutantes de bonne famille ?
Qui aurait pu préparer la douce Audrey à ce que cette cité rutilante et lumineuse à souhait lors des sorties de bal, si pleine de gentlemen près à tout pour aider une jeune oiselle comme elle pourrait revêtir sans prévenir pareil masque de froideur et d'obscurité ?

Ingénieuse damoiselle qui a su tromper les intentions paternelles et se faire remplacer par sa camériste dans la voiture devant la ramener au domaine familial... Alors qu'elle sautait à bas de l'attelage sitôt engouffré dans les quartiers plus périphériques de Londres, la noirceur de la nuit l'avait saisie à la gorge, petite fille effrayé.

Comme il était doux à son oreille le frottement d'étoffes précieuses de ses jupons sous sa longue et ample cape alors que ses petits pieds foulaient le sol des alentours de Hyde Park. Comme elle le déteste maintenant ce traitre froufroutement qui semble crier sa présence à toutes ces ombres dont elle fuit la présence mais qui semblent vouloir sans cesse se rapprocher d'elle, encore et encore... Ces souffles putrides qui effleurent ses joues de porcelaine, ces mouvements d'air causés par leurs déplacements qui font venir la chair de poule sur sa nuque de poupée... Ces doigts rachitiques qu'elle est certaine d'avoir deviné alors qu'ils voulaient s'accrocher dans sa crinière d'or pur.

Enfin, le voilà, espoir de Salut dans cet abime de noirceur insoupçonné par la belle jusque là. Des sabots qui claquent et martèlent durement le pavé, le trot d'un cheval non loin... Dans une tempête plus déchainée que jamais d'étoffe et de ruban faite d'écarlate et de noir, l'ange semble s'envoler, se précipitant aux devants de l'attelage, peu désireux de le voir s'enfuir pour elle.
La voilà sa chance ! Une voiture de coche !

"Monsieur !!!! Monsieur !!! Arrêtez vous ! S'il vous plait !"

Si l'animal ralentit sous les ordres de son meneur, il ne fait pas mine de s'arrêter, une voix aux accents avinés en seul réponse, sur un ton condescendant et moqueur.

"Ma petite donzelle, je ne m'arrête pas ici, c'est bien trop dangereux !"
"Ne me laissez pas... s'il vous plait !!!"
"Si vous êtes arrivée jusque là, prenez le même moyen qu'à l'aller et rentrez chez vous !"
"Le triple de votre tarif ! Et votre silence !"

Ces mots, elle les a retenu, il y a fort longtemps, alors que son père disparaissait une fois de plus au milieu de la nuit pour les affaires de ses amis... Elle avait pu juger de leur efficacité sans vraiment en savoir plus. Efficacité renouvelée puisque l'attelage s'immobilise aussitôt. Le cocher se saisit du sac en tapisserie d'Audrey, le jette sans ménagement sur le siège défoncé à l'arrière dont des brins de paille s'échappe, feu follet de senteurs campagnardes mêlées à celle de la pourriture, apparemment significative des lieux.

L'adresse qu'elle sert dans son frêle poing, elle la connait par cœur, la scandant avec une volonté et une ferveur sas commune mesure qui fait relever un sourcil au chauffeur. Cependant, celui ci semble éviter de la fixer, comme pour ne pas voir ses traits.... Après tout, ici bas, ceux qui ne savent rien sont encore les plus en sécurités !

Et enfin, elles s'éloignent les ombres. Dans son esprit toujours actif, elle se plait à imaginer les sabots du cheval les foulant, les écrasant contre le pavé, à l'image de sa peur qui s'envole pour laisser son moineau de cœur léger et gazouillant de bonheur !

Au pied de la demeure qu'est sensé occuper son bien aimé frère, la fatigue la saisit. Mais il n'est plus temps de flancher. Qu'est ce qu'une volée de marches quand elle a fait tout ceci pour le rejoindre ? Une petite bourse abandonnée entre les grasses mains du cocher et la voilà, tourbillon de jupon, s'engouffrant dans les escaliers menant à la mansarde.

Comme ils sont rudes, avec ses petits pieds blessés. Ils étaient pourtant bien beaux ces souliers, mais bien plus adaptés aux valses de salons qu'à une échappée en ville... Sans s'en rendre compte, dans l'excitation du but bientôt atteint, son bagage est abandonné au détour d'un palier, sans même se retourner. Le ruban de sa longue capuche malmené par le trot à travers les quartiers de la sombre Londres se voit tiraillé par la course. Le morceau de tissu noir s'envole soudain, libère les boucles blondes, la peau laissée nue de ses épaules, diamants jaunes et blancs dans l'obscurité des escaliers.

Enfin, la voilà, cette porte salutaire, l'entrée de son paradis personnel, ou du moins, ce qui est revêt les aspects à ses yeux. L'inquiétude qui la ronge depuis des mois qu'il est parti la reprend soudain alors que la réponse tarde à venir... Quelques secondes, c'est bien trop ! L'importune trépigne, lève à nouveau un poing ganté, crée une nouvelle vague couleur sang, à proprement parlé tapageuse et incongrue sur un être telle qu'elle mais elle n'en a cure.

La réflexion n'est plus possible lorsqu'elle voit dans l'embrasure de la porte la crinière mal peignée de cheveux sombres, ses prunelles aussi obscures que la nuit et ce teint qui semble de papier mâché, tiré du sommeil. Sans se donner le temps d'un soupir, c'est dans un bond plein d'innocence qu'elle noue ses bras à la nuque de son ainé, se nichant contre lui, dans ce havre auquel elle aspirait tant et qui, enfin, est à sa portée.


"Andrew ! Pourquoi m'avez vous abandonnée ? Vous êtes en danger ici ! A présent, je le sais ! Vous ne pouvez rester en si dangereuse ville seul !"


Qu'elles sont sincères ces paroles, stupides, certes, mais sincères, venant d'une jeune fille ne rêvant que de déployer de grandes ailes immaculées pour le protéger lui de ces ombres qu'elle a par trop aperçues ce soir et qui semblent peupler la belle Londres....
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Message  Andrew Crane Jeu 18 Juin - 19:45

L’avait-il appelé de part ses rêves ? Audrey… L’extraordinaire s’était mu en réalité, et, sa frêle et délicate cadette se tenait à même le seuil de sa nouvelle demeure, petite mansarde dénichée par les soins de leur père. Si le nom des Crane ainsi que leur fortune étaient encore respectées, valait-il mieux taire pareil antre, car l’adorable placard avait plus des allures de chambre de bonne que de château. Dans un souffle, les deux consonnes pour ces quatre voyelles se firent entendre comme une prière que cette nymphe pubère issue d’un songe ne soit pas seulement qu’une chimère !

« Audrey… »

Sa surprise redoubla, ses prunelles sombres s’ouvrirent en grand pour marquer leur étonnement alors que ses lèvres se plissèrent en une ébauche de sourire. La poupée aux boucles d’or ne tarda pas de se trouver aux creux des bras de son très cher frère. Les menottes de l’homme s’étant saisi de la jeune femme pour l’amener à lui, à moins qu’elle ne fondit sur lui en une attaque vive comme l’éclair ? Etreinte délicate mais empressée, manifestation d’une réelle joie, les mains d’Andrew écumaient le dos de la belle, imprimant l’empreinte de ses doigts sur des parcelles de peau et sur le tissu de sa robe. Emmitouflé dans ce manteau de chair, elle était captive de ses bras, sa poitrine naissante, de bourgeon, de fleur, répondant en écho au torse saillant du détective. Parvint-elle à s’approprier les détails de cet instant ? A saisir les enivrantes fragrances de son parfum ? Ce parfum coutumier dont on l’avait si longtemps privé ! La chaleur de son être ? Et non, le manteau de froideur qu’il se plaisait à arborer ! Le sourire sur ses lèvres ? Oh ce sourire qu’elle seule avait le don d’obtenir !
Le temps qui s’était suspendu, reprit son cours et elle fut séparée de sa personne. La voix d’Andrew se fit entendre, intime et chaleureuse, quelques notes de surprise, mais plaisante et grave…

« Audrey ! Mais…que faites vous là ?! Je ne pensais pas vous voir avant mon retour… »

L’éclat de ses yeux se faisait plus vif, ses orbes pétillaient de malice, d’une ardeur peu commune due à la joie des retrouvailles. Les menottes de l’homme n’avaient quitté les épaules dénudées de l’enfant, les enfermant dans un écrin de douceur, alors qu’il la détaillait d’un regard curieux. Les paumes de ses menottes, larges et fières, s’appropriaient le petit être, cet agneau égaré, réconfort manifeste mais désir de la garder sous son joug de peur que le feu follet ne disparaisse ! Battements de paupières pour s’approprier la personne qui lui faisait face, examen minutieux d’une silhouette et d’un être, éludant les suppliques de l’ange pour laisser place au plaisir de la voir.

« Et bien, ma chère, vous n’êtes plus totalement une enfant ! Quoiqu’à mes yeux, vous le resterez probablement ! Et voilà bien des manières pour s’inviter ! Un caprice ?»

Le registre de l’émotion fut abandonné pour celui de l’espièglerie, son ton s’était fait plus taquin voire piquant. Il l’invita à entrer, et, bientôt, la valise de la jeune femme disparut des étages inférieurs.
Cette frêle et délicate poupée devait se réjouir, la douce avait mené à bien son entreprise, et, avait même réussi à pénétrer dans l’antre de son cher frère. Et quelle tanière, que voilà ! Lugubre, austère à souhaits et effrayante de surcroît, pour une demoiselle de sa stature ! Des monstres à huit pattes rôdaient parmi les ombres ; immobiles, patientes, terribles, elles se préparaient à faire des victimes. Ces logeuses indésirables s’étaient installées bien avant l’arrivée d’Andrew, mais avaient du se réfugier dans les tréfonds de la pièce, au creux des lourdes poutres ou encore dans de petits coins exigus pour lutter face à ce géant. Le plancher grinçait avec hargne sous chacun des pas d’un quelconque visiteur, les lattes vibrant avec bonheur sous ce tempo imposé. Enfin, le froid sévissait dans la chambrette avec ardeur et était responsable de la vacance de la pièce pour l’hiver. Mais aurait-on pu trouver meilleur endroit pour un homme de glace ?
Pourtant, Miss Crane ne s’était plaint de l’apparence des lieux ; l’enfant ne fit même, pour le moment, nulle remarque, sans doute la joie de revoir son frère supplantait toutes autres sensations. Il fallait dire qu’ Audrey venait tout juste de franchir le seuil de cette chambre.
La peur qu’elle ne retrouve pas son confort quotidien s’empara bientôt du jeune inspecteur et alors qu’elle dépassait enfin cet intolérable seuil, il s’exclama avec zèle…

« Ne regardez pas trop les détails de cette pièce, Audrey… Je…Asseyez vous là, oui, sur le bord du lit… Racontez moi votre voyage et la raison de votre venue à Londres. Père vous y envoie-t-il en espérant vous trouver un prétendant ?»

Dans un humour coquin, il chercha à l’éloigner de la découverte des lieux et de l’exploration de son cadre de vie. Ne la traitait-il pas comme une enfant ? Souhaitait-elle encore l’être ? Mais s’était-elle transformée pour autant en une femme ? Le bourgeon avait-il éclos ? De toute évidence, oui. Il fallait le lui reconnaître, ses pétales se dévoilant petit à petit, elle n’en devenait que plus belle, jour après jour, ses charmes se divulguant, laissant entrevoir autant d’atouts que d’armes fatales !
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Message  Audrey Crane Jeu 18 Juin - 19:46

Si l'antre de son frère dans laquelle elle venait de pénétrer pouvait revêtir aux yeux de certains les apparences d'une sordide chambre de bonne à la décence douteuse, elle n'y vit que le paradis de sa présence. Les compagnes de chambrée arachnéennes du jeune homme, dont elle aurait pourtant pourtant eu grande peur si elles s'étaient présentées en son cadre habituel, n'étaient que détails insignifiants aux candides yeux de la douce enfant.

Et malgré la semi obscurité, à peine percée par la lueur de la lampe qu'Andrew n'avait pu éteindre en s'assoupissant, plus encore que d'ordinaire, la petite nymphe rayonnait. A présent son frère retrouvé, elle semblait avoir tout oublié de ses craintes passées à peine d'une heure, de ces ombres qui menaçaient de l'engloutir... La seule ressurgissant, sous les questions de son inquisiteur d'ainé, était qu'il ne la désire pas auprès de lui, qu'il la renvoie auprès de leur patriarche, dans cette demeure à présent si froide pour elle qu'elle était dénuée de l'être tant aimé.

"Ô Andrew ! Voilà un mois que je suis à Londres ! Père m'a envoyée chez la vieille cousine Laura pour que je fasse mon entrée dans le monde !"

Toute à son excitation, au besoin de lui compter ces outrages qu'elle ne pouvait encore supporter rien qu'à les raconter, les mots se bousculaient entre ses lèvres, précipitant le flot de ses paroles pour en noyer les oreilles fraternelles sous les accents mélodieux de sa voix, à présent plus femme qu'enfant, dévêtue des intonations par trop aigües de la jeunesse et parée d'un nouveau velours.

"J'aurais tant aimé que vous me voyiez lorsque j'ai été présentée à sa Majesté lors du bal des Débutantes ! Je voulais vous réserver ma première danse..."

La moue boudeuse qu'elle arbora en cet instant était des plus délicieuses que la création lui eut donné au panel d'émotions si vaste pouvant courir sur ses traits de poupée. Si la ferveur de sa voix n'avait pu le convaincre, la peine en son regard à ce souvenir l'aurait fait, à n'en pas douter.

"Mais Cousine Laura est une vieille chouette butée ! Elle a eu l'audace de dire qu'il ne sied pas à une demoiselle de mon rang de frayer avec un inspecteur de Scotland Yard ! Vous rendez vous compte ! Parlez ainsi, de vous, mon bien aimé frère, qui se dévoue au service de sa Majesté, allant même jusqu'à, en ce but, laisser derrière vous un foyer chaleureux et une sœur aussi triste que les pierres."

Sous la robe parfaitement adaptée à ses courbes plus tout à fait juvéniles mais point encore parfaitement féminines, la poitrine se gonfla d'un soupir gros de larmes qu'elle retenait à grand renfort de maitrise afin de ne pas brouiller son teint face à son frère.

"Mais j'ai obéi, j'ai fait bonne figure, ainsi que vous l'auriez voulu, je le sais... Et j'ai dansé ! Ô comme j'ai dansé ! J'ai virevolté sur les parquets de tous les salons où nous fumes invitées, à tous les bras qui vers moi se tendaient et je me suis amusée.. du moins autant que je le pouvais alors que je vous savais non loin de moi mais hors de portée de mon rire. Et pourtant, j'ai prié pour qu'il vous parvienne ! Ô comme j'ai prié mon cher Andrew !"

De grands yeux couleurs d'orage se tournèrent vers l'intéressé. Dans ses prunelles se lisait un ferveur de celle qui font tout oublié, la croyance innocente d'une âme si pure que le mal lui demeure étranger, qu'elle ne peut l'envisager, rendant les angoisses et inquiétudes encore plus obsessionnelles que chez un être ordinaire.

"Cependant..."

Une perle glacée s'échappait de sa paupière pour venir couler sur les vallées de ses joues. Rapidement, une frêle et blanche main venait la cueillir, geste de pudeur par excellence pour ne pas céder à l'émotion, ne pas donner plus encore l'impression à son frère qu'elle pourrait être une gêne ou un envahissement.

"Père... Je ne l'ai pour ainsi dire plus vu depuis que vous êtes parti de la maison ! Vous savez bien qu'il ne m'a jamais aimé autant que j'ai pu le faire... J'ai l'impression... de le gêner ! Et bien .. J'ai surpris une conversation avec notre Cousine... Je savais mes prétendants nombreux, je mettais tout le tact acquis par les enseignements de mes gouvernantes à les éconduire. Mais, ce que j'ignorais, c'est que Père envisageait de consentir en mon nom, à une alliance..."

Un nouveau soupir souleva le frêle buste, rendant tremblotantes ces mains se serrant sur son jupon, le froissant sous ses doigts pour les occuper, contenir la panique grandissante à ce souvenir.

"J'ai été rappelée par lui en la demeure familiale... J'ai alors découvert, en les entendant, qu'il envisageait de me donner en mariage... que cela devenait « urgent » avant que les gens ne parlent plus, de préférence à ce vieil ami qui l'avait contacté à mon sujet... Afin que je cesse de faire parler du nom Crane..."

A la mention de leur patronyme, une aigreur soudaine est monté à la bouche de la fragile demoiselle, un autre souvenir, dont le contenu ne peut être énoncé ici, retenu par une peur infondée qu'il soit source d'un rejet de cette figure qu'elle a toujours souhaité suivre depuis son enfance. Avec une lenteur délibérée, une inspiration est reprise, la salive ravalée, tout comme les larmes qui menaçaient de perler. Ce qu'elle ne put contenir en revanche, ce fut l'élan qui la mena à saisir la main de son aimé pour la serrer entre les siennes, contre son giron, en une posture de prière humble et paniquée.

"Ô Andrew ! Je vous en prie ! Ne le laissez pas me reprendre pour m'envoyer dans les Highlands et épouser ce vieux barbon ! Ne le laissez pas m'ôter à vous ! Je ne veux pas finir comme tant de mes camarades d'enfance et m'éteindre dans une maison sombre et obscure... Je ne veux pas devenir le souvenir d'une flamme... Je veux briller ! Et voir le reflet de mes sourires dans les vôtres !"

Comme la flamme à laquelle elle s'est comparé, la jeune femme a semblé s'embraser pour ces quelques phrases, s'emportant comme seule la ferveur de la jeunesse le permet, avant de retomber, lentement, plume emportée par un tourbillon qui se repose, humble et légère, sur le sol. Un frisson d'horreur la saisit alors qu'à demi mots, d'une voix à peine perceptible, des craintes éveillées par sa chaperonne furent énoncées à son frère.

"Cousine Laura m'a dit que .... Que je devrais lui laisser faire avec moi son bon plaisir... que même s'il voulait me ... "

Un sanglot vif souleva les épaules de l'oiselle un bref instant, juste assez pour qu'elle se reprenne pour continuer.

"Me toucher... Andrew ! Ne me laissez pas ! Je ne peux imaginer ses mains ridées sur mes bras !"

Heureusement, dans l'éducation prude, presque pudibonde qu'elle a reçu, l'ampleur des mots de sa cousine demeuraient étrangères à l'agnelle, ne se doutant pas le moins du monde, que ses insinuations puissent aller au delà ...


Dernière édition par Audrey Crane le Dim 5 Juil - 23:05, édité 1 fois
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Message  Andrew Crane Jeu 18 Juin - 19:49

La demoiselle ne boudait pas son plaisir de revoir son cher et tendre frère. Désireuse de lui faire part du temps passé, cette boucle d’or lui comptait d’innombrables anecdotes fourmillant de détails et autres péripéties croustillantes de l’entrée d’une jeune fille de bonne famille dans le monde. Ce dernier fut d’ailleurs ravi de constater que cette arrivée dans cet univers de faste se fit sans accroc. Alors que sa cadette remettait en cause le jugement de sa cousine pour sa première danse, au contraire, il l’approuva, lui donnant tort.

« Votre cousine a raison, très chère. Vous devriez plus l’écouter. Vous méritez bien mieux que moi et vous savez pertinemment que je ne sais guère danser ! De quoi auriez vous eu l’air avec un maladroit comme moi ? »

La bonne humeur aidant, l’espièglerie était de mise, ingrédient indispensable à leur complicité retrouvée. Ces quelques taquineries sifflèrent aux oreilles de la plus jeune pour lui arracher quelques sourires ou quelques protestations. Dans un souffle aimant, l’enquêteur lui concéda.

« Mais… Je vous remercie d’avoir pensé un peu à moi, Audrey… »

Récompense de sa venue, perception différente de l’enfant ? La délicieuse avait eu le droit moult fois déjà à l’évocation de son doux prénom qui s’était ancré entre les lèvres masculines d’Andrew, celui-ci d’ailleurs revêtait de ces accents qui auraient pu faire défaillir un cœur à vif. Usage de coutume ou de convenances, la poupée n’avait le droit que rarement à entendre son propre prénom prononcé par son aîné. La joie de la revoir y était sans doute pour quelque chose ! Ne l’aimait-il pas ? Si, il était son frère, point, et, en bon frère, il éprouvait pour elle la plus platonique des affections, un amour serein et calme, rien de plus.
Le monologue se poursuivit, les défaillances furent nombreuses et de peur que cette demoiselle ne se bloque ou n’altère son discours pour lui atténuer ses frayeurs, le fauve s’empara des menottes de cette agnelle, l’encourageant du regard à poursuivre. Ses yeux vifs et noirs la poursuivirent dans la course de ses lèvres, se reportant par tâtons vers l’azur de ses perles. La suite de son discours l’étonna autant qu’elle lui déplut, l’horreur de ses mots s’entrechoquait à la surprise. Andrew n’avait perdu une miette de ses propos. L’étau de ses griffes se resserra sur ces ailes de colombe et la figure grave, dans une promesse il lui déclara.

« Je ne vous laisserai pas, vous avez ma parole. J’écrirai à père, et, irai le voir s’il le faut. Je parviendrai à l’en dissuader, soyez en sûre ! Il est hors de question que vous épousiez cet homme, je souhaite que vous vous mariiez avec un jeune noble qui aura su ravir votre cœur et non avec pareil… mécréant ! Quant à la cousine Laura, je vous interdis de la revoir ! Comment ose-t-elle ?! »

La flamme de la colère brûlait dans l’âtre de ses yeux. Si le minois du détective demeurait en tout temps et en tout lieu immuable, serein, presque placide, ses joues s’étaient empourprées dans la passion de son discours et à cause de cette frénésie son souffle se faisait court et le cœur était gros. La confiance d’une cousine avait été brisée pour l’amour d’une sœur. Son discours se poursuivit, visiblement encore révolté, ses lèvres bougeaient dans une cadence folle, tempo véloce dans lesquelles se mêlaient ses propres pensées et les goujateries de ces ingrats !

« Comment ose-t-elle ?!...Je…je ne vous laisserai plus Audrey…Dire que … Vous êtes si innocente, dire qu’elle n’aurait pas hésité…Rustre d’homme que voilà… Vils instincts… »

Puis comme le besoin de savoir qu’elle était intacte de toutes ces mesquineries et pour sceller sa promesse, il l’amena à lui, la tirant vers sa personne. La chaleur de ce corps contre le sien, cette étreinte où tout désir était absent, le calma, il la délaissa, se dressant hors de leur perchoir, à savoir les rives de son lit.

« Vous..resterez avec moi ici à Londres, mais je ne peux décemment vous garder ici. Je…Je vous ferai loger…à l’hôtel dans un premier temps et si cela est possible chez une bonne amie à moi… »

Les réflexions fusaient alors que l’austère faisait les cents pas dans la mansarde. Joueur d’un plancher discordant, il ressassait ses relations en vain. La mine songeuse, Andrew chercha malgré tout à lui cacher son inquiétude et d’une pirouette, dans un sourire charmant et charmeur, il l’interrogea.

« Mais dites moi…Avez-vous visité Londres ma sœur ? »

Ce n’est qu’alors que son regard se perdit dans les méandres de ses froufrous et de ses dentelles écarlates, inconvenantes pour une jeune demoiselle, présent qu’il lui avait lui-même offert ! Ses joues se parèrent de rose alors que dans un haussement de sourcils, il remarqua dans un baffouillement surpris…

« Vous….vous portez la robe que je vous ai envoyée ! »
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Message  Audrey Crane Mer 1 Juil - 1:19

Enfin il le remarquait. Non point qu'elle eut revêtu ces atours dans ce but mais qu'il remarque qu'elle arborait son présent combla la part de coquetterie féminine en elle. Une nouvelle nuance de rose, cette fois de colère, marqua ses joues tandis qu'en sa mémoire, un souvenir des plus désagréables remontait.


*******************************************

Ôtez ceci et donnez la à bruler à votre camériste !
Mais... Ma cousine... c'est un cadeau d'Andr...
Qu'il ait déjà eu l'indécence de vous faire tel présent dépasse mon entendement... Mais qu'il ait eu la stupidité de...
Je vous interdis ! Mon frère est plus intelligent que vous et moi ne le serons jamais !
Il est certain qu'il eut fallu que vous soyez bien sotte pour envisager de vous rendre ainsi vêtue au bal !
Il est certain ma chère cousine qu'avec pareille parenté, on ne peut croire que je sois d'une brillante intelligence...

Il n'a jamais été dans les habitudes de la débutante de faire montre d'insolence ou d'ironie mais, comme de tout temps, une attaque contre son frère et la douce colombe plante son bec avec vigueur pour blesser. Cependant, à sa réflexion, la réponse qu'elle obtint fut démesurée en rapport à ses attentes. Un claquement suivit d'une soudaine brulure sur sa joue lui arracha des larmes de douleur et de honte... Une gifle... Cousine Laura avait osé la gifler...

Comment ... ?
Petite sotte ! Ne m'apparentez pas à votre engeance ! Votre frère aura au moins eu le gout de vous offrir une robe vous donnant l'air de ressembler plus encore à votre défunte mère... une catin !

Cette soirée là, Audrey avait disparu dans un tourbillon de rubans et de soieries écarlates pour ne plus sortir de sa chambre avant que la nouvelle de ses futures fiançailles ne l'y forcent.

*******************************************

Son regard voilé reprit de sa vigueur, même si une larme perle au coin de son œil de brume. Les allers et venues de son frère happant à nouveau son attention, ses yeux se relevèrent vers lui.

C'est pour ainsi dire tout ce que j'ai emporté... Ma camériste s'est faite passée pour moi dans la voiture qui devait me ramener au domaine... Cousine Laura ayant donné votre présent aux domestiques, ma bonne Elya a préféré la garder dans ses affaires que de la bruler comme les instructions...

Un soupir soulève alors la poitrine de la jeune fille, profond, douloureux, emplissant à nouveau ses deux perles couleurs d'orage d'aqua piquante alors qu'une goutte s'échappait et dévalait ses joues de porcelaine.

Ne vous donnez pas la peine de vous déplacer... Père n'en a que faire de moi... Il vous répondra surement que vous n'aurez qu'à faire selon votre bon vouloir... tant que vous veillez à ce que je ne nuise pas à la réputation des Crane...

La fatigue, bien présente depuis le début mais refoulée par la joie des retrouvailles lui tombait dessus comme la voile de la nuit sur les lueurs londoniennes un peu plus tôt dans la soirée. Innocemment indolente, son buste bascula, jusqu'à ce que ses épaules rencontre la tête de lit, se reposant ainsi, tête appuyée contre le bois.

Vous savez combien je vous aime mon cher frère... Jamais je ne pourrais vous jalouser... Pourtant... si j'avais eu une once de votre brillante intelligence... Peut être aurais je revêtu un quelconque intérêt pour Père... Peut être m'aurait il moins haïe... voir même un peu aimée...

Pas un brin d'amertume.... juste une constatation... de la voix d'une petite fille que le sommeil saisit... avant que ses paupières ne se ferment et que la belle ne tombe de sommeil, retrouvant ses traits de petite fille sous son physique de femme-enfant...
Audrey Crane
Audrey Crane
Âme Londonienne

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