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A deep and excruciating beating. [Milady]

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Message  Seleire Dim 20 Sep - 21:53

La porte du Shelter refermée derrière lui, il se met en route. Mains dans les poches, démarche nonchalante, il est très largement en avance, et donc a tout le temps de flâner en chemin.

Il s'amuse de la légère fébrilité qui s'est emparée de lui quand il s'habillait. A se croire redevenu le gamin qu'il était et voulait se donner des airs de caïd en allant à son tout premier rendez-vous.

Et comme toujours, la nouveauté, même si elle est issue d'ancienneté, lui plait.

Il a opté pour la sobriété cette fois, enfin, la sobriété entachée d'extravagance, bien sûr. Le bleu marine lui va particulièrement bien, même si à vrai dire, il ne s'est jamais vraiment posé la question. Le roux sombre de ses cheveux ressort d'autant plus. Une veste et un gilet à boutons d'argent, une chemise blanche dont les derniers boutons sont ouverts, un pantalon tout ce qu'il y a de plus banal. Et en lieu et place de ses bottes habituelles, de hautes guêtres aussi bleues que le reste de la tenue, qui montent jusqu'à ses genoux. A vrai dire, ces vêtements, quand on le connait, semblent particulièrement bien le représenter.

Comme il l'aurait dit si on lui avait posé la question, puisque le cadeau qu'il va offrir ce soir est celui bien rare qui permettra de connaître un peu plus le coeur du grain de Sel', autant l'accompagner d'un emballage en harmonie avec l'intention.

Bien sûr, il ne ressent nulle inquiétude à parcourir les rues à cette heure de la nuit, l'heure entre deux jours, minuit bien sûr, ce moment où les cloches sonnent les douze coups, où le jour présent est terminé, et le jour suivant pas encore commencé.

Un air, une chanson se déploie dans son esprit. Depuis la première fois où il a posé les pieds à l'opéra, dans les coulisses plus exactement, il se rappelle de chaque air entendu. A vrai dire, s'il n'a jamais réellement reçu d'instruction, il a mis à profit sa mémoire et sa curiosité pour le compenser.
Drôle d'impression d'ailleurs, à l'époque, il se sentait rabaissé quand il cotoyait quelqu'un de cultivé, aujourd'hui, il remarque juste avec amusement les différences de point de vue sur un même sujet.

Promeneur solitaire, silhouette tranquille dans les rues, même s'il flâne, son pas est plutôt rapide, il aurait l'impression de faire du sur-place sinon. Oh bien sûr, il reste particulièrement attentif à ce qui l'entoure, il a connu assez de situations qui subitement tournaient au vinaigre pour se permettre de ne pas être vigilant. Mais c'est devenu une seconde nature chez lui, et ça n'étouffe pas sa nonchalance détendue.

Les bâtiments et les croisements se succèdent, au fil de ses pensées, il se rapproche de Big Ben.
Un détour avant d'arriver sur le parvis, par une ruelle sombre, où il se fond dans les bras de l'obscurité, avant de venir s'adosser à cette haute tour, cette dame de fer qui tranche l'instant, comme Elle l'a si bien évoqué.
Immobile comme il l'est, il faudrait un talent formidable pour le détecter. Non qu'il veuille particulièrement surprendre la femme qu'il attend, mais simplement qu'il n'a pas envie d'être distrait de cette attente, ni qu'un fauteur de trouble vienne l'ennuyer et qu'elle le trouve occupé en arrivant alors qu'il aurait dû être tout entier à guetter cette silhouette qui se dessinera bientôt.

Minuit moins le quart, parfait.
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Message  Sucrerie Mar 22 Sep - 6:34

La nuit était limpide, la Lune brillait de sa demie face souriante et ronde, laissant de pâle lueurs se répercuter avec un éclat feutré sur les pavés pour une fois secs de Londres. Les rues étaient solitaires et le pas vif ne faisait que se retourner les feuilles sèches d'un automne précoce. Tout était calme, comme suspendu à l'attente d'un mystère sur le point de mourir. Il y avait dans l'air la fraîcheur délicate des esquisses des frimas. Une touche d'hiver dans un été paraissant et tiède. Londres était Londres, et la ville patientait, rêveuse. Les rues défilaient sous les bottines de la silhouette marchant là, et bientôt se découpa la figure de la Tour la moins sinistre des deux qui se partageaient le paysage, deux soeurs étranges séparées par une rivière aux Brumes fécondes, et jalouses.

Elles étaient légères ce soir, dessinant de rares volutes sur les pierres, comme les mains de danseuses ou de sirènes cherchant à atteindre le pont et la surface. Sonna le temps fragmenté à la Tour de Big Ben.

Minuit, parfait.

Le pas se suspendit enfin, alors que l'air résonnait des douze coups frappés et du silence qui s'ensuivait. Seul, face aux pierres taillées, visage tendu vers les immenses flèches de métal qui tranchaient les heures, un petit page. Il devait être jeune pour être si menu, aux épaules aussi rondes. Sa tenue était quelque chose de charmant, un pantalon de lin sans doute, blanc comme la neige, rehaussé d'un liseré d'or courant le long de ses jambes. Des bottines noires et brillantes terminaient ses jambes fines et longues malgré sa taille, quand son buste portait avec grâce un veston compliqué de bien des boutons faits de ces mêmes dorures, et taillé dans le rouge du sang. Quant à sa tête, elle était masquée encore de l'ombre qu'une casquette dont il se débarrassa au douzième coup.

Les boucles qui avaient un éclat tel que les dorures parurent fades à l'instant cascadèrent à ses épaules fluettes, transformant le page qu'elle était jusqu'alors en révélation angélique. Le visage, à demi éclairé des lampes disséminées et de la Lune montrait les traits ciselés auprès de la beauté même d'une femme déjà rencontrée et jamais oubliée. Et son parfum, déjà, se laissait sentir. Par touches infimes. Juste de quoi mettre en appétit, donner l'envie tenace de s'approcher pour s'en abreuver davantage.

Ambrosa se savait découverte depuis longtemps déjà. Elle ne chercha plus à se cacher, quand bien même elle s'était parée, pour ne pas trahir le jeu, des atours du messager. Elle attendait d'être capturée, à présent. Elle attendait son message. Elle attendait, yeux clos, tout simplement.

Elle n'attendrait pas longtemps.
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Message  Seleire Mar 22 Sep - 10:02

Elle n'eut que le temps du onzième battement, une main, sans gant cette fois, vint se poser sur la sienne et finir le mouvement avec elle. Et une présence qui l'instant d'avant n'était qu'indicible dans son dos se matérialise au son d'une voix, aussi basse et exclusive que s'ils n'étaient que les deux seuls habitants de cette ville pour moitié endormie.

Ah... Dame de mon coeur, auriez-vous eu l'intention de me priver du plaisir de vous démasquer?


Il aurait presque été déçu d'avoir si peu attendu, mais même dissimulée sous les atours d'un page, c'est une silhouette et une démarche qu'il ne saurait confondre. Le plaisir de simplement la voir balaye le désappointement, et puis, quel sens de l'à propos et du temps, comme si Big Ben sonnait pour son arrivée à ses pieds et non pour la nuit.

S'enivrer de son parfum, il n'ira peut-être pas jusque là, mais ce sera au prix de haute lutte. Son torse, chaque fibre de son être se gorge de ce divin arôme, et sans qu'il sache s'il aurait été capable de résister ou non, sans qu'il se pose réellement la question à vrai dire, la pulpe de ses doigts vient suivre lentement cette ligne si fine, mâchoire, menton, lèvres, nez.
Non, non, il ne la touche pas, pas encore... Pourquoi précipiter ce plaisir là, pourquoi hâter le moment de sentir cette soie sous ses doigts. Mais ils sont si proches, qu'ils frôleraient presque, le geste est si maîtrisé qu'elle peut sentir la chaleur de sa peau sans même qu'il ne la touche.

Bonsoir, douce Pandore.


Un léger bruissement d'étoffe, il tire de la poche intérieure de sa veste une enveloppe, peut-être plus épaisse qu'à l'habitude. Puis ce bras fluide serpente autour d'elle pour venir la lui présenter.

Il m'apparaissait alors que je savourais le délice de vous attendre que si vous avez sû semer joyeuse discorde au sein de mon antre, c'est un trouble exquis que vous répandez au sein de mon être.

Cette voix si étonnamment tranquille, qui dit pourtant, de par sa gravité, ses inflexions, le plaisir de dire ces mots là et nuls autres, de les laisser tomber comme autant de perles d'un collier à cette oreille et nulle autre.

Et puisque vous avez été messager, à mon tour de l'être. Voici réponse du corbeau qui porte atours de rossignols. A moins qu'il ne s'agisse d'un passereau chanteur qui a volé ses plumes à un sieur sombre.

Penché sur elle, dans son dos, dans cette posture étrangement protectrice, possessive, mais avec cette assurance qu'il ne suffit que d'un geste pour qu'il s'éloigne. Un homme qui surplombe une femme de toute son exquise masculinité et tout à la fois un oiseau perché sur le bout de ses doigts qui s'envolera au moindre geste brusque.
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Message  Sucrerie Mar 22 Sep - 21:28

Il était enfin là, alors que l'air était encore tremblant, que le son trainant des derniers échos se répercutait encore ça et là. Il avait posé sa main, alors elle se tourna en ses bras pour accompagner le geste, comme une ballerine, pivotant vers lui. Comme elle était belle, dans ce contraste subtil du vêtement à la garçonne, qui lui donnait de faux airs d'adolescent mutin, de Lady qui s'encanaillait. Ses yeux -N'étaient-ils pourtant pas verts?- avaient l'éclat de la Lune, argentés et lumineux, presque, d'argent ou de mercure. Ses lèvres, celles d'un rubis rare. Et elle les mordit, légèrement, comme intimidée par cette haute silhouette et par ce reproche si délicat.

    Si j'osais vous priver un jour d'un plaisir, pensez bien à m'en punir. Bonsoir, bel oiseau noir.

En réponse à son geste, elle leva sa main légère, feignant de parcourir ses traits sans les toucher, doigts ondoyant sur une frontière imaginaire et savourée entre eux comme dans l'attente des fêtes ou des épousailles. D'une agonie. Elle avait, en son allure, toujours cette touche de démon derrière l'ange, de menace prédatrice derrière le velours de sa peau et l'arc de ses lèvres. Adorable félin et femme guettant le reptile et l'oiseau dans l'homme. Une toute autre Ève pour un Adam qui aurait omit d'être dupe, pour préférer être complice.

    Un trouble... Pourrais-je confesser avoir oublié quelques graines de mon semis dans mon propre giron, et avoir eu les mains tremblantes à l'idée de vous revoir ? Ainsi, le prix de mon impatience aura été celui de votre délice. A moi de vous offrir compensation.

L'enveloppe fut prise entre ses doigts, sans tout à fait les frôler, ni les fuir jamais. Ajoutant avec une malice teintée d'espièglerie.

    Mais savourez encore, le temps de ma lecture, une absence présente.

Elle lui fuit dos de nouveau,parcourant le vélin des doigts dans une caresse qui aurait pu rendre bien des hommes jaloux, avant de détacher de leur écrin les feuillets, et de laisser ses mains et ses yeux s'y épancher. Elle semblait entretenir un rapport d'autant plus passionnels avec les écrits qu'avec les voix, et, absorbée à sa lecture, son visage se parait des éclats d'une grâce sublime, d'une ferveur nouvelle que les anges auraient pu jalouser.

Les environs étaient tranquilles, il n'y avait personne. Ils étaient comme seuls au monde, étrange couple qui n'osait se toucher, à peine se voir. Pourtant si proches. Et son parfum, enveloppant, serrait en ses bras le coeur de l'homme, au travers de sa chair.
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Message  Seleire Mer 23 Sep - 0:11

Il ne bouge pas. Non qu'il soit réellement immobile, son souffle soulève légèrement son torse, va se perdre dans la coulée d'or restée si proche. S'il regarde, ce ne sont pas les liasses de feuilles, il les connait comme sa poche. Non, il regarde ces doigts fins, ces poignets graciles, l'arc délicat du coude, la rondeur de l'épaule, le creux de ce cou. Le sentira-t-elle frémir? Du plaisir d'un esthète dans sa contemplation, du plaisir de l'homme dans la subjugation.

Quant à l'enveloppe, en voilà une qui est particulièrement fournie. Voici ce qu'elle contient :

Tout d'abord, une lettre plus longue, plus fournie qu'à l'accoutumée. Son laconisme quelque peu avare de détails, et pourtant si riche comparé à ce qu'elle avait reçu jusque là.



Dame de mes pensées,

Ce conte dont vous m’avez si délicatement fait part prend à mes yeux des accents de vérité, bien plus que beaucoup des réalités que l’on peut rencontrer au coin des rues.
Comment pourrais-je résister à une demande, à la moindre demande de votre part ? Je ne souhaite pas même trouver réponse à cette question. Pour ce qui est du conte, il viendra à la suite de ces mots. Et puisque le messager, les deux messagers peut-être auront été attrapés avant que vous ne posiez votre si prenant regard sur l’enveloppe de cette lettre, il ne me reste qu’à poursuivre.
Emi a particulièrement apprécié de voir sa demande entendue, et si elle se faisait un plaisir de vous recevoir quand bon vous semblerait, c’est à présent un bonheur pour elle de savoir que vous prenez si grand soin de ses chers petits. Je crains de ne pouvoir vous transmettre tous les remerciements et la lutte a été âpre quant à ce qu’ils mettraient dans leur propre lettre. Vous la trouverez dans cette enveloppe, je le leur ai promis.

Ma très chère petite puce a été tout simplement soufflée par le portrait que vous avez réalisé d’elle, et je mentirais si je disais que je n’ai pas été surpris également. Mais il n’est rien de plus doux à mes yeux, Dame de mon cœur, que les surprises que vous réservez et les secrets que vous entretenez.

Et plutôt que de chercher d’autres choses à vous dire en espérant repousser le commencement, je ne puis que vous dire que puisqu’il était sujet de naissance et de mort, ainsi sera l’histoire que je vais vous écrire. Comment dire, et encore plus écrire un conte lorsqu’on n’est pas conteur, c’est une question que je me pose. Comment rentre la chose intéressante, attrayante même. Parce que très chère Dame, je le crains, ce n’est pas conte très passionnant dont vous aurez la primeur.

Cette question des mots, restera certainement toujours pour moi un mystère, j’aurais pu vous parler d’un rossignol et d’un chien, d’un ange et d’un homme fourbe. J’aurais pu vous parler d’une mère adorable et d’un père haïssable. Mais tout comme vous savez si bien conter, raconter et illustrer, je ne sais qu’évoquer faits et sombres pensées.

Ainsi sont les faits, il y a un peu plus de 35 ans, dans les faubourgs tranquilles de la belle ville de Paris, je suis né. Oui, je, s’il vous venait aux lèvres de me reprocher de ne point entretenir ce mystère et ces révélations à demi prononcées, Dame de mon cœur, sachez que je ne puis tout simplement pas parler de ce qui m’a fait sans une pure et simple franchise. Cela vous fera certainement sourire que je vous dise que si les rodomontades et l’emphase font part entière de ce que je suis, elles n’existent pas dans bien des domaines de ma vie.
Alors, douce Pandore, puisque vous avez ouvert la boîte, profitez-en, elle ne tardera certainement pas à se refermer d’elle-même.
Je suis né d’une mère rossignol de l’Opéra et d’un père très simplement boulanger. Et l’enfance que j’ai eue a été bercée par répétitions, rires, chamailleries et représentations depuis derrière l’épais rideau rouge. Je ne sais pas quel enfant j’étais aux yeux des autres, En cela, je ne puis satisfaire une éventuelle curiosité et j’en suis désolé. Toujours est-il que je n’ai pas souvenir d’avoir été malheureux, bien au contraire. Et s’il était une femme qui obnubilait mes pensées désordonnées d’enfant, il s’agissait bien de ma mère. D’elle, je n’ai plus d’autre souvenir qu’une petite chanson.
Je n’avais pas encore eu le temps de grandir qu’un autre enfant était annoncé. Et si l’on m’avait dit qu’une nouvelle naissance était une joie, je n’ai pu voir celle-ci que d’un mauvais œil. Puisque doté d’une toute fraîche sœur, je me retrouvais privé de mère.

Ce n’est que très court, je le crains, mais voilà tout ce que j’ai à vous offrir pour le moment au sujet du freux qui chante comme un rossignol qui lui aurait volé ses sombres plumes. Il me désolerait de vous lasser, Dame de mes nuits, et tout autant de n’avoir que trop vite plus rien à offrir. Et peut-être aurez-vous l'envie d'entendre une partie de la suite de ma voix et non de ma piètre plume, qui est, je le crains, bien loin de rendre hommage à vos si beaux yeux.

Dois-je vraiment le dire, Dame de mes songes, que vous les hantez aussi sûrement que le soleil cède le pas face à la nuit?

Sel'


P.S : Ainsi, je laisse aux enfants le loisir de combler ce qui ne risquerait que trop de vous frustrer dans le cas contraire.

Puis vient une autre feuille, sur laquelle s'étale une écriture brouillonne, chiffonnée, de celui ou celle qui ne sait écrire que depuis trop peu de temps et qui a encore tendance à renverse les trois et les « e », à confondre les « s » et les « z », mais qui au moins a été relue par quelqu'un qui sait l'orthographe et la grammaire.


Chère Madame Delight !

Moi, je m’appelle Cléo, et Emi dit que Cléo, c’est une muse, et qu’une muse, elle est belle, et qu’elle sait plein de chose, et que puisque je suis si jolie, je devrais aussi faire un effort pour savoir plein de choses. Mais moi, je voulais des bonbons comme Cole a ramené, et il m’a dit qu’il y en avait plein, et qu’il avait vu plein de jolies choses, et qu’il me dirait pas qu’est-ce que c’était. Alors Raphael il m’a donné un joli ruban et je l’ai accroché à ma poupée, et puis à mon bras pour faire comme un bracelet. Est-ce que vous voudrez bien nous voir et ramener des bonbons encore ? Et Cole il a pas le droit d’en manger, parce qu’il me dit même pas ce qu’il a vu, c’est pas juste. Monsieur Sel il me dit que je dois laisser de la place pour les autres, alors, je vais arrêter. Merci madame.

Elles ont certainement été mises dans l'ordre, puisque suit une écriture terriblement appliquée, à presque en percer la feuille, et elle n’est même pas vraiment jolie à regarder malgré tous ces efforts, qui dit ceci.


Madame Lady,

Moi, je voulais vous dire que c’est pas vrai, que vous m’avez dit que je pouvais garder le secret et Cléo elle veut pas dire que c’est vrai ce que vous avez dit. Alors s’il vous plait, s’il vous plait, j’aimerais bien que quand même je pourrai avoir des bonbons. Parce que c’est très bon ! Monsieur Sel il dit qu’il en achètera pas pour nous parce qu’on les trouvera moins bon, et que si on les trouvera moins bon c’est parce que ce sera pas vous qui les avez donnés. Et des bonbons pas bons, c’est pas très bon. Alors moi je crois que vous devriez vous appeler madame bonbon, ou madame cadeau, ou madame très très très très très très très jolie.

Et ainsi, une petite dizaine de petites lettres en tout. Autant que d’enfants ravis des attentions que leur offre un monde extérieur qui en temps normal ne leur accorde pas la moindre importance. Certaines sont aussi extravagantes que celle de Cléo, d’autres ne sont que quelques mots timides. Mais aucun n’est forcé.

En avant dernière position, une écriture bien plus adulte, d’une beauté fluide, qui fait irrésistiblement penser à Raphael.


Vous vous demandiez ce que je suis, Dame ténébreuse, le voilà. Je suis fils de la Mer.

I’m all at sea

Where no one can bother me. Forgot my roots. If only for a day. Just me and my thoughts. Sailing far away. Like a warm drink it seeps into my soul. Please just leave me right here on my own. Later on you could spend some time with me. If you want to, all at sea. I’m all at sea. Where no-one can bother me. I sleep by myself. I drink on my own. I don’t speak to nobody. Like a warm drink it seeps into my soul. Please just leave me right here on my own. Later on you could spend some time with me. If you want to, all at sea. Now I need you more than ever. I need you more than ever now. If you don’t need it every day. But sometimes don’t you just crave. To disappear within your mind. You never know what you might find. So come and spend some time with me. And we will spend it all at sea. Like a warm drink it seeps into my soul. Please just leave me right here on my own. Later on you could spent some time with me. If you want to, all at sea.

Et pour finir, un dessin. Un dessin complexe. On sent dans le moindre des traits la terrible concentration, l'immense volonté enfantine qui y a présidé.
Une femme, dont les traits flous rappellent fort ceux de Milady, d'amples volutes la dissimulent en grande partie, ce sont elles les plus nettess, et dans leurs tours et leurs détours, dans leurs contours, on distingue des figures, des silhouettes, des bras tendus, souffrance, supplication, douceur, tout est mêlé dans cette noirceur qui semble se déchirer pour laisser entrapercevoir cette Perséphone lumineuse, qui semble à la fois apaiser ce déchirement et le provoquer.
La petite main qui a dessiné cela n'avait certainement pas conscience de la profondeur de cette œuvre, des divers plans qu'on y distingue, des significations multiples, simplement entraînée par cette certitude si juvénile que c'était ce qu'il fallait représenter. Impossible, lorsqu'on sait le regarder, de ne pas être un instant dévoré par l'émotion sourde, vibrante de retenue qui en émane.
Une chose est certaine, ce talent-ci est à l'état brut, un incendie dévorant de fumées étouffantes, le besoin, la nécessité d'imiter ce qui lui a été offert, avec l'espoir incompréhensible que peut-être cela éteindra ces flammes éternelles.

Un temps infini passe, Sel' savoure, cette absente présence, cette femme si proche et si lointaine à la fois. Et d'une manière si paradoxale, de tentation irrésistible et de contrôle total, ses doigts s'élèvent pour effleurer la pointe de ces cheveux si fascinants, venir suivre la courbe de cette gorge. C'est de justesse qu'il parvient à retenir le frôlement, l'effleurement, qui aurait certainement tout fait basculer. Pas encore, non, pas encore. Tout comme un amant retient l'instant fatidique pour permettre au plaisir de s'épanouir plus encore, il retient cette caresse qu'il a sur le bout des doigts.
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Message  Sucrerie Dim 27 Sep - 4:14

Les feuillets passaient et repassaient entre ses doigts. Rien à son visage ne savait trahir un quelconque émoi, si ce n'était cette concentration extrême, tendue vers les inflexions des écrits, des mots. Elle lisait l'un, passait à l'autre sans avoir achevé sans doute, revenait en arrière, embrassait d'un regard avant d'en venir au dessin; lisait tout entier, plusieurs fois, reprenait encore. Il y avait là quelque chose d'étrange, semblable à un rite tout personnel, à une magie toute autre que celles qui étaient connues. La lourde cloche sonna le quart avant qu'elle n'en revienne parmi les vivants, avant que la première feuille ne daigne bien se plier.

Elle fit un pas en avant, alors que la seconde rejoignait la première, et se tourna vers Sel' quand toutes furent revenues à leur écrin. Elle battit des cils, comme une enfant qui sortait d'un long et profond sommeil trop peuplé de rêves pour s'en souvenir tout à fait, mais dont l'éveil était lourd des oniries étranges qui semblaient encore observer, attendre, en silence, que les yeux se ferment encore.

Quel mot pouvait bien convenir pour briser le silence retombé, que seul la voix du grand Ben avait su faire trembler depuis ce qui paraissait l'éternité d'un voyage ? Ambrosa, ou du moins celle qui se laissait reconnaitre pour l'heure sous ce nom-là, ne parvenait encore à démêler ses quelques cheminements hagards. Il serait mensonge de cacher encore que sa Brume ne s'y était épanché, qui y avait un jour ou une nuit été sujet, complice ou tourmenté n'aurait pu s'y tromper. Ses yeux variaient, cherchaient leur teinte. Spectacle lent et étrange, digne d'une aurore boréale qu'elle ne cherchait à soumettre aux yeux du Monte-en-l'Air. N'avait-il pas déjà choisi sa destiné, après tout ?

Elle s'était laissée porter au fil des plumes vers une innocence dorée et décidée, vers une admiration et un trouble d'une adolescence turbulente sans être gâchée, pour en revenir à l'homme qui lui faisait face. Qui brûlait du sang et qui portait le parfum d'une compagne tenace; la Mort. Combien d'autres avaient porté cette odeur sans qu'elle ne daigna leur refuser les faveurs de cette femme maigre et pourtant si séduisante ? Combien de fois n'avait-elle pas cherché ce souvenir lascif d'un soleil presque oublié, de battements de coeurs plus vrais et plus palpables, d'une frayeur qui n'était plus sienne. La Passion, la Passion véritable, celle de la Vie face à sa fin. Elle semblait en cet instant ivre, enivrée d'une aube oubliée, d'une caresse qui n'était plus. Les chants, les rires, l'enfantement et la vieillesse, tant de choses qui lui étaient à présent étrangères et refusées. Elle en conçut une rancoeur plus secrète encore que ses émois véritables, sentiment aigre et passant alors qu'elle relâcha un soupir d'envie. La haine et ses compagnes n'avaient guère place en son sein que lors de batailles aussi fugaces qu'intenses. Aussi poignantes que cachées. Ses yeux, enfin, après avoir hésité à être d'un noir profond, s'arrêtèrent à l'or, et en cet instant il était plus que certain que c'était là leur couleur véritable.

D'une voix caressante, elle murmura un avertissement où sonnait la tendresse, aussi sûrement qu'elle s'avançait vers lui pour retrouver sa chaleur. Quelques pauvres centimètres les séparaient encore, frêle frontière.

    Contez-vous encore, je me conterai davantage. Peu avaient compris, tous ont affronté Celui qui Parle. Taisez-vous, et je vous laisserais partir au loin, avec ce que je vous dois. Faites votre choix, mon cher oiseau, mais faites le vite. Je ne supporterai pas une nuit d'attente de plus.

Ses lèvres s'entrouvrirent encore, sans un son pour l'heure, quand elle osa enfin franchir ce qui leur restait, comme franchissant pour moitié le pont qui les séparait au dessus d'un Styx ou d'une Tamise plus sombre que jamais. Sa main se lova au visage de Seleire, et ô Dieu qu'elle était froide, qu'elle était douce. La fille d'Eve et du Serpent, de la Reine et de l'Étranger. Pourtant, il y avait une flamme en son regard, reflet de celle qui brûlait nouvellement en son être. Elle ne trébuchait que eu, mais lorsqu'elle tombait, elle se livrait toute entière à sa chute. La chose était belle, tragiquement belle. Comme elle savait qu'elle allait encore regarder se flétrir une oeuvre aimée, sans oser jamais la toucher, de peur de la perdre tout à fait, de l'arracher à ce qui la faisait sienne. Le destin des statues éprises des éphémères.

    Je ne sais que trop bien comme une femme qui se livre à un homme perd à ses yeux toute valeur, mais j'ose, j'ose ici et maintenant, de cette façon brutale, vous le dire. Je ne saurais être jamais tout à fait vôtre, je ne vous prendrais jamais tout à fait mien, mais je vous veux, comme tant d'êtres en ont voulu d'autres, désespérément, entièrement, depuis leurs illusions d'union absolue qui ne seront jamais accomplies. J'ose savoir et j'ose rêver tout de même, comme je sais que vous êtes l'un des éclats que j'attendais pour réellement briller, dans le secret d'une rue vide ou d'un lit chaud, pour vous et vous seul, un temps.

Farouche, son regard le devenait, tout comme son corps dans cette tension palpable à présent. Et pourtant, toujours douce, toujours sucrée, comme un monstre de beauté qui se penchait pour avertir qui voulait la contempler dans son entier. Il lui semblait brûler de froid alors, et elle frissonna légèrement, de tout son long.
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Message  Seleire Dim 27 Sep - 6:13

Ce regard changeant provoque une étrange réaction. Pour une des rares fois où cela lui arrive, il ne contrôle pas son expression pendant une toute petite poignée de secondes. Il aime ce spectacle dans les yeux de sa fille alors que d'autres en sont effrayés. Ce tourbillon d'émotions qui finissent par se stabiliser trouve toujours un écho en lui. Parle à une petite part de sa personne qui a toujours été là, qui n'a pas changé d'un pouce au fil des ans.

Un sourire d'une douceur incroyable. Qui dure à peine quelques secondes.

Il garde ses yeux sur elle, avec quelque chose dans cette attente tranquille, qui saurait presque être immuable. Contrairement à beaucoup d'hommes, il n'éprouve aucun mépris, aucun malaise face aux déluges d'émotions fugaces, incompréhensibles, dont sont capables les femmes. Bien au contraire, il les admire, les contemple, toujours subjugué par cette capacité à ne pas perdre l'esprit face à ces déferlements.

Il ne dit rien, absolument rien, observe, cette succession de sentiments qui passent sur ce sublime visage, qui noient ces yeux si passionnants.

Nul besoin de répondre à son avertissement, inutile qu'il lui dise qu'il n'aurait rien conté du tout s'il n'avait pas eu l'intention d'en dire plus. Faire son choix. Il sourit. Ainsi elle n'a entendu ce qu'il lui disait que comme de vaines extravagances. C'est très souvent le cas, et il ne s'en formalise jamais. L'on ne peut toujours discerner la vérité dans les mots parés de plumes et de dorures.

Il la laisse approcher, mais quand elle ose combler le peu de distance si symbolique qu'il pouvait rester, il n'hésite pas le moins du monde. Il tend son bras, qui vient s'enrouler autour de sa taille, si fine, si douce, si désirable. Oh, non, pas désirable uniquement en terme de plaisir charnel, non, désirable dans une signification bien plus globale, qu'il serait bien en peine d'expliquer.

Son bras se resserre sur elle, comme pour protéger cet émoi qu'il lit dans ses yeux. Il la serre contre lui, pour offrir protection contre le moindre souffle qui risquerait d'éteindre cette flamme, l'empêcher de la contempler.
Bien sûr, il ne saurait lui cacher l'effet que peut lui faire sa présence si proche, ça ne lui traverse pas même l'esprit de se tourner légèrement pour le dissimuler. Tout simplement parce que l'heure n'est pas à ce genre de considérations.

Ses yeux n'ont pas quitté ce regard ensorcelant un seul instant depuis qu'il est revenu sur lui. Il l'écoute, boit cette voix si douce à ses oreilles, qui résonne dans son esprit, court le long de son échine, pour se diffuser dans tout son corps. Ce n'est qu'à la fin de sa tirade qu'il réalise pleinement le pourquoi de cette flamme, le sens de ces mots.
Sa main serpente sur la veste de messager, vient se perdre dans l'or coulé de sa chevelure. Ils empoignent ses cheveux, avec une délicate douceur. C'est à peine si il tire, à peine s'il pousse sa tête à s'incliner en arrière. Étrange geste, qui pourrait être considéré comme manière d'assurer sa domination. Et pourtant... non. Lui, si plein de cette tranquille masculinité, lui montre par cette simple ébauche à quel point il la considère comme femme.

Il s'incline sur elle, sans la quitter des yeux. Ses lèvres viennent s'appliquer très doucement, très fermement, à la commissure de cette bouche par laquelle il se sent irrésistiblement attiré. Une réponse bien plus criante que tous les mots qu'il aurait pu chercher sans les trouver. Il accepte cette offrande, sans réserve. Et pourtant, non, ce n'est pas encore le moment de posséder ses lèvres. Non, pas encore. Une femme qui s'offre n'est point femme acquise.

Penché sur elle, il semble l'englober de tout son être. Il semble vouloir envelopper cette ferveur, la posséder non pour l'étouffer, mais pour être seul en cet instant à la contempler, à la savourer. Il murmure, tout comme s'ils étaient seuls au monde.

Tu me rappelles tellement... Il se fige, comme si la foudre lui était tombée dessus. Une révélation subite, presque douloureuse. La pièce qui manquait à l'énigme pour la résoudre. Cette question qu'il ne s'était posée qu'une fois, qu'il avait laissée de côté. Presque oubliée. Soudain, cette question trouvait une réponse limpide, tranchante.

Ses lèvres esquissent un mot presque inaudible.Iri...

Son front s'incline, vient se poser contre celui de cette femme qui s'offre à lui si superbement. Ses cheveux sombres glissent, tombent en rideau autour d'eux deux. Ce qu'il dit ensuite, il ne le dit qu'à elle, d'un murmure vibrant d'une intensité presque insoutenable. Tu me rappelles tellement la mère de ma fille.
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Message  Sucrerie Dim 27 Sep - 7:54

Le froid trouva sa fin aussi vite qu'il était apparu. Il ne laissa que l'impression vague d'une brûlure passée, une douleur lancinante à laquelle elle se sentait non pas s'accoutumer, puisque c'était là chose qu'elle se refusait toujours, mais dont elle se sentait proche. Elle retrouvait une vieille langueur familière, comme on retrouvait une ennemie chère. Jamais elle ne voudrait se fermer à cette sensation, jamais elle ne voudrait s'évader de ce qui faisait d'elle quelqu'un d'encore vivant en partie, en âme. Ce corps contre le sien lui semblait posséder les secrets de la Mort et de la Vie, de l'existence et du Néant. La clé et la raison de sa course perpétuelle et lente contre l'ensevelissement. Elle n'avait pas eu le temps de craindre la décrépitude que tout espoir de vieillir, de se déformer lui avait été arraché; c'était à travers lui, au travers de cette poignante souffrance dont elle était avide qu'elle entrevoyait la Fin. La seule chose qui permettait le recommencement, qui donnait un sens à la continuité.

Quelque part, elle portait déjà son deuil, et ce depuis l'instant où elle avait porté son choix sur lui. Elle connaissait déjà la conclusion de leur partage; quelque chose de froid, quelque chose de triste, dont elle choierait le souvenir tiédissant. Les Anciens ne s'étaient pas trompés en traitant l'Ambroisie comme un poison retors, et si elle en avait emprunté le nom, ce n'était pas par simple caprice ou par goût de la provocation subtile. A l'origine, ce nom était un secret, un mystère partagé avec son époux si vite rattrapé par la Camarde. Ce qu'il savait qu'elle lui refuserait, à jamais. Partager l'Éternité par amour était la plus grande des erreurs, erreur dont elle ne connaissait que trop bien les conséquences trop amères. Et cet oiseau était bien plus beau à être libre de se risquer. L'arracher à la mortalité serait le priver de son eau, aussi cruel que le laisser filer sur son fil pouvait l'être. Elle avait choisi de ne pas s'enfermer, elle laissait son flanc offert à la blessure.

Le coup porté était sévère. Pas moins sublime. Et cette façon qu'il eut d'affirmer sa prise, de l'ancrer dans l'instant en tant que Femme autant qu'il était Homme enfonça le poignard criminel en ses entrailles. Si elle ne trembla pas, ce n'était que parce qu'elle s'accrocha à lui, main à sa nuque, l'autre nouée à son épaule. Elle ferma les yeux, lèvres cruellement entrouvertes pour accueillir ce semi baiser qui ne se disait pas encore, pas tout à fait. Elle était la plus merveilleuse des offrandes, cambrée comme elle l'était, abandonnée en ses bras sans pour autant quitter sa force ou s'effondrer contre lui. Volontaire dans le sacrifice, exaltée dans ce martyr cherché autant que craint.

Puis, son murmure. Son souffle. Cette confession qui lui fait rouvrir ses yeux plus précieux que bien des joyaux, pour lesquels on pourrait tuer. Pour lesquels on avait déjà dû tuer. La foudre ne s'abattit pas seulement sur lui, dans sa chute. Ses mains vinrent encadrer ce visage déjà chéri, cherchant ses traits, comme de crainte d'éteindre un fantasme, de ne faire qu'un de ces rêves si douloureux d'accomplissement. La mère de sa fille.

S'il y avait bien un regret en son sein, un seul, amer et éternel, c'était bien celui de n'avoir jamais pu donner la vie. Elle avait bien des enfants qui comblaient son coeur, mais jamais sa chair n'avait été autre chose que stérile, contre nature. Voleuse de vitalité, pont vers les ténèbres. La mère de sa fille. Si une autre aurait pu en concevoir une jalousie, s'outrager d'être ainsi comparée à un passé révolu, elle fut bien loin de ces bassesses. S'il regardait encore à cet instant, il pourrait voir ce visage changer, se parer d'adoration émerveillée, de tendre mélancolie qui trouvait là sa réponse, son pendant. C'était un inestimable présent que cette simple, si simple phrase. Un lien entre lui et elle qui venait de se nouer.

Alors, contre ses lèvres, elle souffla. Pour lui, et seulement pour lui. A sa manière.

    Tu me rappelles tant les rêves que je n'ai pas osé faire.

Elle chercha ses lèvres cette fois, les effleurant des siennes, découvrant légèrement les dents pour les mordre presque. Délicate et délicieuse esquisse de sauvagerie toujours parée de cette douceur qui jamais ne se détachait d'elle.

    Ils m'ont rattrapée en toi. Alors, viens. Viens en moi me transporter.

Les mains en revinrent à cette nuque, alors qu'elle se penchait davantage, à peine, et l'attirait encore contre elle. Tout contre son coeur, tout contre ses lèvres. Ainsi, elle l'embrassa, avec toute la fougue d'une créature antique qui venait de se découvrir vivante, pour un soir seulement.
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Message  Seleire Dim 27 Sep - 17:13

Mains posées sur ses joues, un instant en lui, la lutte fait rage. Fermer les yeux pour goûter ce contact indescriptible, ou les garder ouverts pour continuer à contempler ce doux, ce magnifique visage.

Il détaille la moindre réaction. Quelle beauté que ces yeux si pleins de douleur, ce pli à ses lèvres, les ourlant d'un regret poignant. S'il avait cru en un quelconque dieu, il l'aurait remercié en cet instant de lui offrir cet ange sombre tombé des nues. S'il avait cru en un quelconque diable, il l'aurait remercié en cet instant de lui offrir cette lumineuse succube.

Pas un mot. Comment parler quand écouter est si délectable.

Il parvient à tressaillir, à seulement tressaillir, quand le tison brûlant vient fouailler ses entrailles. Ces lèvres, si proches, si douces, non, ce n'est pas encore le moment, pas encore. Il aurait eu envie qu'elle morde, jusqu'au sang, pour peut-être lui permettre de reprendre son empire sur lui-même. Il aurait voulu cette douleur pour peut-être en oublier tant d'autres.

C'est à peine s'il entend les mots qui suivent, ses oreilles bourdonnent du sang qui bat si violemment à ses tempes.

Non... non... pas encore, pas maintenant... Pas alors qu'il est encore déstabilisé par cette découverte inconcevable. Mais comme cela arrive parfois, son corps le trahit aussi sûrement que s'il voulait le faire sombrer. L'on aurait planté une tige de métal incandescent le long de son échine que le sentiment n'en aurait pas été moins douloureux.

C'est une étreinte presque mortelle qui lui offre. Ses bras déploient cette puissance si soigneusement travaillée, il la serre à l'en briser, tandis que ses doigts se font étau dans ses cheveux.
Une pulsion fuse, s'il la tuait, là, maintenant, alors il pourrait fuir. Fuir cette souffrance si atrocement éveillée. Il pourrait, oui, il pourrait, lui briser la nuque, une secousse sèche de sa main, il pourrait.
Mais cette nécessité même, que tous ou presque auraient trouvée immonde, cette nécessité même appelle la douceur de ces lèvres contre les siennes.

L'étreinte devient subitement aimante, d'une douceur et d'une force, mêlées à en faire chavirer le cœur. C'est avec une ferveur au moins égale qu'il rend ce baiser si terriblement attendu, alors qu'un désir plus sublime que ce qui est humainement imaginable le submerge. Pour ce bref instant, qui dure aussi longuement que l'éternité, ses pensées se taisent. Au sacrifice si totalement offert, il répond en prenant, en accueillant cet abandon le plus total. Il n'est nul besoin qu'il se donne, le premier soir, ce soir où il l'a vue pour la première fois, il lui appartenait déjà.

A cette idée, son esprit se cabre, de manière aussi soudaine qu'inattendue, il retrouve la maîtrise de ses actes. Il doit en profiter, maintenant, ou il sombrera pour ne plus jamais retrouver la surface.

Il la garde si étroitement nouée à lui, et pourtant, sa main tire, avec une douceur inexorable, pour écarter ces lèvres si insoutenablement enviées. Geste qu'il ne parvient à réaliser qu'au prix d'une impitoyable torsion intérieure. Il ferme les yeux, son souffle haletant se mêlant à celui si proche, qui le ferait chavirer d'un murmure. Elle ne doit pas voir cette panique, dont il se tire comme un presque noyé s'arrache de l'eau en brûlant ses dernières forces.

Une lueur d'excuse dans son regard quand il rouvre les yeux. Et c'est son front qu'il offre à ces lèvres insupportables, pour se garder de les embrasser encore trop vite. En une inclinaison de tête fugitivement désespérée.

Paradoxal instant. Si ses bras sont ceux d'un homme qui enserre une dulcinée si profondément chérie. Si son corps est immanquablement celui d'un mâle brûlant d'un profond désir pour cette créature si longuement recherchée, son être est celui d'un pauvre erre se jetant dans un abîme sans fond, lardé de la souffrance terrible que lui apporte cette étreinte.

Voilà l'un des contes de sa vie, la douleur et la peur, enfouies profondément, que cette blessure qui n'a jamais réellement cicatrisé a engrangées, au fil des ans, pour parfois s'ouvrir brutalement et laisser ce poison se déverser en lui.

Des contes, elle voulait qu'il continue à lui raconter, oui, Elle le voulait. Tout, tout pour lui donner ce qu'elle désire et s'offrir un peu de temps, tout pour un répit qui ne la fera pas s'éloigner. Tout pour être capable de reprendre ce baiser qui résonne encore dans toutes les fibres de son être. Tout pour Elle.

Ses doigts relâchent leur prise dans la coulée d'or de ses cheveux, viennent caresser cette joue si tendre. La tempête est passée, et à celle à venir, il sera préparé. A toutes celles qui viendront ensuite. Il sera prêt à accueillir cette Femme comme il se doit.

Un sourire indescriptible, un regard qui l'est tout autant, il a relevé la tête pour murmurer.

Dame de mon coeur... Viens, viens avec moi.

Sans attendre, il l'entraîne, sans relâcher cette taille délicate, il les éloigne du théâtre des prémices de cette union inattendue. Il sait parfaitement où il va.

Et l'immense Ben sonne encore, immuable au-dessus de ces deux papillons, dont seul l'un d'eux est éphémère, qui se brûleront les ailes à leurs flammes respectives.
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Message  Sucrerie Jeu 1 Oct - 18:40

Comme la saveur de la douleur lui était délectable. Comme elle la ressentait, poignante, si vive, vivante, vibrante... Comme elle ne savait les rêver, malgré toutes ses tentatives, qu'elle ne savait que ressentir par le reflet d'autres. Elle se trouvait ressuscitée, miraculée de ce baiser, de cette souffrance qu'elle en avait fait naître. Histoire éternelle des damnés, de ne savoir faire naître la beauté qu'en ouvrant les entrailles, qu'en faisant couler le sang ou l'âme. Elle s'y était faite à demi. Il s'y était préparé soudain.

Et cette pulsion de mort, ah, comme elle la comprenait, comme elle la ressentait ? Pourquoi, après tout, laisser vivre lorsqu'on n'était que mort et promesse infernale ? La tuer, oui, s'il la tuait, là, maintenant, pour achever l'oeuvre qu'elle était, pour mourir de ses mains aimantes... Elle l'aurait accepté, dans un sourire, sans se débattre, sans chercher à s'évader. Parce qu'ainsi aurait été le Conte, leur conte à eux deux. Une belle histoire, celle d'une explosion, d'un grand final à peine le premier acte terminé. Elle pourrait mourir en ses bras ce soir, puisqu'elle mourrait encore un peu lorsqu'il succomberait à sa vie. Ce n'était qu'une question de temps, et il filait si vite. Dans son caractère si implacablement cruel et solennel.

Elle l'avait blessé, et s'il ne lui en tenait nulle rigueur, bien au contraire, elle sut qu'elle ne se le pardonnerait jamais. Comme elle avait su que le jeu qu'ils entamaient tous deux serait une longue danse macabre. Deux papillons ? Non, une statue de marbre et de sang dansant avec un éphémère, qui se brûlerait à sa froideur, à son manque de soleil auquel elle ressemblait pourtant tellement, avant de tomber en cendres à ses pieds et sur son coeur. Non, jamais, jamais elle ne l'arracherait à sa vie, ni à sa mort: Elle le lui devait. Pour ce qu'elle venait de lui infliger, que de partager ce qu'il restait de son temps si maigre et si vite écoulé auprès d'elle. Il serait heureux, elle ferait tout pour, mais il saignerait, elle n'y pourrait rien. Précieuse peur, comme toute ombre au tableau qui donnait sa véritable valeur à ses éclats.

Le front fut baisé, sans la plus petite once maternelle, pour n'être qu'amante et femme brûlante de ce feu qu'il était. L'excuse acceptée déjà. L'oeil baigné d'une lueur confuse, de cette même émotion cryptique qu'elle savait pourtant qu'ils partageaient en tous points. Alors quand il dit l'emmener, elle suit, sans plus un son. Elle aurait tant de choses à lui dire, tant d'amour et de passion à lui conter, tant de coups encore à lui porter, mais l'heure que sonnait Ben était à la fin de l'acte, sans sang sur les pavés, finalement. La Tour immuable ne les regardait qu'à peine, alors que ses abords étaient d'un calme reflétant mal ce qu'il s'était joué.

Dans son pas il y avait l'envie d'une course, dans son regard il y avait toute l'onde d'un désir brûlant qui se voulait attendre, pour être consommé, consumé au sublime, jusqu'à la lie et l'amer. Le Monte en l'Air a réussi un merveilleux tour de force. Il a volé le coeur d'une morte. Qui lui sourit, comme elle lui sourira encore, à son dernier soir.

Ben sonnait encore, que le pavé était vide, a présent.
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