Sucrerie
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Write my mind, I'll draw your skin [Eileen]

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Message  Neige Dim 27 Sep - 8:51

Des murs, une porte, des fenêtres. Un jour sur le point de passer, le crépuscule encore ténu parant la grisaille de quelques vagues couleurs. Neige s'était avancé dans la rue sans s'arrêter, sans qu'une fausse note ne vienne entraver le rythme calqué sur les battements de son coeur, copiant la régularité d'une horloge. Sous sa mante épaisse à la capuche rabattue, son visage était maquillé d'un trait noir barrant sa lèvre inférieure jusqu'au menton, d'abord presque épais, puis se perdant à sa gorge en s'affinant. Comme la langue d'un serpent qui aurait oublié d'être fendue. A ses yeux, rien, si ce n'était un trait fin au bord de ses cils, pour les souligner. Son regard ne se laissait divertir sur rien, si ce n'était les arrêts fréquents, tout aussi rythmiques, aux numéros que portaient les grilles des demeures.

Puis, le Serpent cessa de marcher, se tournant en un mouvement tout aussi fluide que brusque vers une demeure en particulier. D'abord, il plongea ses yeux, tournant ses pensées vers l'analyse affinée de l'architecture qui se trouvait là. De construction ancienne, il devait avoir été pensé pour être en dehors de la ville, avant qu'elle n'enfle et ne grossisse assez pour l'ensevelir à son tour. En retrait des grilles ouvragées et pointues, noires comme des ronces sèches, une demeure en forme de U, à deux étages, hormis la branche sénestre, de plein pied. Des fenêtres minces et plutôt rares pour l'époque, trahissant sans doute un goût prononcé pour le strict nécessaire de la part de celui qui en avait demandé la construction. Quelque chose qui oubliait d'être massif, impressionnant, pour se faire simplement pratique. Un jardin fait d'herbe entretenue où quelques personnes se trouvaient encore à cette heure, à simplement parler, installées là, comme hors du temps. Des sapins, ici, pendants de quelques massifs de fleurs, là. Un chemin de graviers menait des grilles jusqu'aux portes de la demeure.

Une architecture qui oubliait d'être prétentieuse pour se préférer pragmatique. Le Serpent hocha la tête à quelques réflexions intimes, pour pousser la grille. Des regards se portèrent vers lui, sans qu'on vienne retenir sa marche décidée, quoique presque lente, qui l'avait mené jusque là. On disait en ville qu'un écrivain se cachait dans la maison d'une veuve, et qu'on pouvait obtenir de lui quelques écrits biographiques à condition de plaire à la Dame. Ce n'étaient pas tant les rumeurs qu'on avait porter même jusqu'à lui qui avaient attiré Neige jusqu'ici, sauf l'idée d'être écrit par un autre. A écouter les bavardages d'autrui qui lui étaient, toujours et encore, sans doute à jamais insipides sans qu'il les jugea durement, mais plutôt parce qu'il ne savait en tirer une quelconque saveur, son oreille avait été accrochée par cette révélation qui passait pourtant pour des moindres.

Peut être, peut être bien que sous une plume autre, il saurait se lire, déduire quelques uns des éléments qui lui manquaient. Ses troubles récents étaient trop prononcés pour qu'il ne ressente le besoin de les démêler, mais il ne savait y parvenir seul. Il ne savait poser un trait sur ce qui roulait furieusement en lui, comme un automate uniquement fait de rouages qui se serait découvert un coeur battant et sauvage, sourd à la discipline du fer. Chaque fois qu'il posait son fusain sur une feuille, c'était pour y trouver dessiné l'oeil de l'Oisillon, ou ses os tels qu'il se les figurait, brisés. Il en était arrivé à contempler, avec les prémices de ce qui se trouvait être de la perplexité, face à une oeuvre de ses mains, figurant Amelia au milieu de plumes désordonnées ressemblant à des ossements de ses mains à lui.

Il était temps de trouver réponse, en lieu et place de chercher. Et si ce n'était ici, il trouverait ailleurs. Il lui fallait essayer pour commencer. Le gravier cessa de crisser légèrement sous son pas, alors qu'il levait le battant de la porte.

Clack. Clack. Clack. Clack. Quatre coups mesurés, hachant le temps. La main retrouva la couvert de sa mante, frôla les contours de son couteau esseulé, qui appelait à la Brume, laquelle appelait au Sang. Pour l'instant, Neige restait de son calme placide et neutre face à cet instinct antique, réveillé depuis peu et surpris d'être affamé. Mais il n'y était pas sourd. Et il n'était pas stupide au point de penser qu'il pourrait tenir entre les ruines de son être longtemps.
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Message  Eileen Everdinne Dim 27 Sep - 9:40

Un temps passe avant que le bruit de la poignée de la lourde porte ne se fasse entendre.
Et celle qui ouvre n'est autre que la maîtresse de maison. Une chemise bouffant un peu trop sur un bustier simple passé à la va-vite, une jupe dont les jupons malheureusement absents laissent voir le bas d'un pantalon grossièrement retroussé, une paire de gants, incongrue, d'autant plus que de nuances légèrement différentes, passés à la hâte.

Alors qu'elle s'apprêtait à accueillir cet arrivant, son regard tombe sur lui. Si elle ne tressaille pas, sa bouche se referme pourtant. Elle l'observe, le détaille de ses yeux de brume nébuleuse. Sans hostilité aucune, sans froideur. Elle prend le temps de considérer l'inhabituel. Puis, comme pour parachever le sommaire de ce nouveau livre, les yeux se rencontrent.

Un long silence, alors qu'elle semble méditer une réponse à une question muette, qui n'a pas même été posée dans le secret d'un esprit.
Ses yeux se ferment et se rouvrent, un peu trop lentement pour qu'il s'agisse d'un simple clignement de paupières. Une acceptation éphémère, qui devra être discutée le moment venu.

Elle s'écarte alors de l'embrasure avec un geste d'invite. Au silence d'un étranger, elle répond par un silence qui lui est familier. L'on pourrait la croire particulièrement bavarde, il n'en est rien. Parfois, il lui arrive de parler longuement, mais son talent le plus prononcé passe par l'écoute, l'attention.

Le hall n'est qu'un hall. Simple, sobre, une décoration que l'on attendrait de n'importe quel hall, sans être trop chargée pour autant. Ce n'est pas vers les escaliers qu'elle se dirige, mais vers la gauche de la salle.

La porte passée, l'on n'y trouve qu'un salon, presque triste endroit tant il semble délaissé. Et par les hautes fenêtres se distingue une cour, un jardin à qui l'on a pas encore accordé le temps de l'aménagement. Une rangée d'arbres appuyés contre un mur, qui n'attendent que de pouvoir plonger leurs racines dans la terre noire, mise à nue, qui s'étale.

Mais derrière ce salon, qui ne fait qu'office de façade, une protection contre des regards qui se voudraient par trop indiscrets, l'on découvre la marque de cette hôtesse étrangère.

Un petit vestibule, paré de tentures chaleureuses, exotiques. Une commode de bois sombre et ouvragé sur laquelle repose une statuette d'or terni. Un homme, un dieu, difficile de définir ce qu'elle représente. Quelques lambeaux de feuille d'or décollés dévoilent la statue de simple cuivre, paré de ces ocelles, il souhaite la bienvenue.

L'enfilade se poursuit sur un salon qui lui, est habité quotidiennement. Des fauteuils, épais, confortables, des fenêtres aux rideaux tirés pour laisser entrer la pâle lumière du crépuscule. Les tapis sont épais, moelleux. Les tentures brodés du pays qui était le sien. Les meubles parés de figurines, d'effigies, semblant rendre honneur à une cosmogonie vouée à l'intérieur, vouée à la compréhension, vouée aux énergies. L'atmosphère est subtilement calme, chaude, accueillante.

Mais là encore, elle ne s'arrête pas. Le but de se cheminement se trouve derrière une autre porte.

Stupéfiant jardin intérieur dont le toit a été ouvert pour être remplacé par du verre. Jungle foisonnante de plantes inconnues des britanniques, qui ne laisse place qu'à deux chemins, l'un qui contourne, l'autre, qu'elle emprunte, qui s'enfonce dans cette verdoyance.
Au cœur de ce fourré, si bien agencé que l'on en oublie le monde qui l'entoure, deux fauteuils seulement, une table sur laquelle est déposé un livre ouvert. Qui flanquent un bassin de pierre blanche, une petite fontaine qui émet un doux murmure, excellent contrepoint à cette invite au calme, de ces calmes qui peuvent mener à l'introspection.

Un fauteuil désigné, elle prend l'autre.

Son silence est de mise, son regard ne scrute pas, il reste posé, en marque d'attention, d'écoute.
Cet étrange invité, qui a quelque chose d'inquiétant bien qu'il ai l'air comme en sommeil pour le moment, saura lui dire lui-même si elle doit l'inciter à parler ou non.
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Message  Neige Lun 28 Sep - 1:39

Un battement de cil. Plus marqué que d'autres. Il a senti, au moment où cette porte s'ouvrait, la Brume. Cette fragrance, cette pulsion familière et indocile. Elle la portait, elle aussi, cette femme qui lui faisait signe d'entrer. Peut être s'était-elle posé quelques questions à le voir entrer, mais son esprit à lui n'était pas tourné vers ces choses là. Non. Il songeait à la Brume, à ses desseins, à sa façon de la peindre. Il prit la résolution aussi soudaine qu'inaliénable de la peindre bientôt, elle. Lady Everdinne. Ainsi donc, elle n'avait pas seulement comme caractéristique de revenir d'un pays lointain. Il lui emboîta le pas avec cette même régularité de métronome, sans y prendre garde. Gestes automatiques de machinerie bien huilée aux pensées chaotiques et pourtant étrangement ordonnées.

Il scrutait, disséquait les moindres détails de ces lieux qu'elle lui faisait traverser. Au salon froid, il calcula l'absence, le manque de volonté d'apparat. Une certaine franchise brute, dénuée de concupiscence envers les coutumes éclatantes des Sangs Nobles d'ici bas. Au vestibule, il tournerait presque une page mentale, décrivant avec un soin scrupuleux la moindre disposition, la plus petite façon de déposer tel ou tel objet là plutôt qu'ici, ce qui s'accentua encore dans ce salon traversé. Il n'y était guère réceptif, mais il le comprenait, à la manière d'un critique d'art contemplant une toile qui ne lui dit rien, mais à la technique irréprochable. Quelques façons habiles d'inciter à la détente et à l'introspection lui rappelait un environnement familier, mais il ne s'y arrêta pas, continuant de classifier et de tuer tout sens à ce qu'il voyait, à force de le démonter pour le comprendre de la façon la plus froide et la plus brutale qui soit.

Le jardin enfin, qui ne l'émut pas davantage. Il approuvait le fait d'être placé dans un cocon afin d'en venir aux confessions, se doutant que ces choses là devaient avoir influence sur le reste de l'humanité dont, par une curieuse tournure de son esprit bancal mais méthodique, il s'extrayait. Sans hostilité franche. Parce qu'il se considérait comme tel, aussi aisément qu'un homme se considérait extrait de cette part du monde qui était Femme. Même la rythmique de l'eau était considérée comme un élément du mécanisme du monde qui jouait de ses rouages autour de lui, sans qu'il parvienne à se considérer appartenant à ce tout. Étranger. C'était le mot qui concluait cruellement et durement la somme de ses pensées, vues de l'extérieur. Il se jugeait ainsi sans même un instant y songer.

Il s'assit donc, et trouva l'instant propice pour parler, puisque c'était là sans doute ce qu'elle attendait de lui à cet instant, et ce pourquoi il était venu à elle. Il se débarrassa de sa mante épaisse, révélant ce visage lisse de statue d'albâtre, aux yeux si surprenants et ophidiens, bien que suffisamment dilatés pour qu'on puisse s'y tromper quelques secondes. Quelque chose pour lequel on pouvait être aisément pendu à s'y arrêter une minute. Ses vêtements étaient faits de toiles carmines et vermillons, destinées à attirer l'attention sur d'autres parts de son être. Ses muscles fins, ce danger prédateur qu'on sentait. Cette beauté plus qu'étrange, irrationnelle. Une Sucrerie, sans doute, à en croire les rumeurs en ville. Un garde, si ce n'était un assassin, à en croire cette lame à son côté. Sa voix, quant à elle, était surprenamment chaude, profonde et mélodieuse, bien que froide et caressante, comme le Serpent auquel il était aisé de le comparer.


    Je suis venu pour trouver celui qui écrirait ce que je suis.

Il cilla encore, plus brièvement, songeant un instant aux propos de Mère, qui lui intimait la politesse et la clarté, afin d'être compris et de ne point brusquer. Ainsi, au lieu d'en rester là, il inclina la tête à ce souvenir si poche d'une autorité vénérée en déesse, et poursuivit, afin d'énoncer cette évidence si chère au coeur d'autrui.

    Je ne parviens pas à trouver ma propre nature. Ce n'était pas un problème jusqu'il y a peu. J'espère un regard extérieur sur moi, pour me lire d'un autre point de vue, afin de me trouver. La demande doit sans doute vous paraître.

Il tiqua.

    Étrange. Mais elle est sincère. Je puis payer. Et puisque vous connaissez la Brume, je puis être sincère. Ce qui me va.

Ses pensées se vidaient, attentif qu'il était à décrire ses réactions. A mesure qu'il avait détaillé les environs, il affutait son analyse de la Dame des lieux, penché sur cette scrutation. Décrivant mentalement le moindre de ses os, se figurant le trajet de ses veines, la force de son souffle, ses émois au travers de ses expressions. Avec ce même naturel factice. Il était un être contrefait emprisonné dans des myriades de murs bâtis de lui même.
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Message  Eileen Everdinne Lun 28 Sep - 3:17

A l'évocation d'un paiement, sa main brasse l'air un bref instant. Et pourtant, elle ne dit rien, pendant un long moment, attentive. Ses yeux de brume plongés dans ceux de statue quand bien même elle pourrait en ressentir une gène ou une inquiétude.

S'il doit être serpent, alors certainement est-elle panthère. L'on ne peut la qualifier de chatte, car si elle offre les abords de la domestication, il est quelque chose chez elle d'indompté, une fougue qui ne saurait être étouffée, quelles que soient les chapes plombées dont on tenterait de l'écraser. Et c'est là, plus que dans son expérience ou son savoir, que réside sa sensualité. Cette beauté bien plus raffinée que celle des belles toilettes ou des belles attitudes, cette nature qui lui a été pleinement révélée au cours de cette vie qu'ici l'on considère comme étrangère.

    Eliott ne demande aucun paiement. Pour ma part, je n'exige qu'une promesse que vous me ferez si vous décidez d'accepter mon aide. Je tiens à ma vie. Et vous laisser pénétrer chez moi ainsi, est d'une certaine manière la remettre entre vos mains.

Elle suit la ligne de sa mâchoire du bout d'un ongle en réfléchissant à la formulation de ses pensées.

    Vous êtes un tueur, n'est-ce pas.

Nulle question, ni d'inquiétude d'ailleurs, elle évoque un fait, en toute simplicité, les accents de sa voix paisibles, posés.

    J'espère ne jamais faire l'objet de votre attention meurtrière. En mes murs, il ne doit pas s'agir d'espoir mais d'une certitude. Je vous offre mon hospitalité, offrez-moi de ne pas avoir à m'inquiéter des conséquences directes que ça pourrait avoir sur mon existence.

Encore un silence, elle ferme un instant les yeux, la voilà qui va devoir se charger de la plus grande partie de la conversation. Chose qu'elle n'apprécie pas plus que ça, parler finit par être fatigant. Il est tellement facile d'oublier son interlocuteur lorsque l'on parle beaucoup, et de ne plus parler qu'à soi-même au final.
Son regard va se poser sur le bassin, tandis que sa main s'agite paresseusement, substitut de queue qui battrait lentement les pieds du fauteuil.
Sa voix prend des tonalités pensives, songeuses, nuages qui viennent déverser la pluie de sa réflexion.

    Vous n'avez pas tort. Vous voyez les choses de manière très juste, sûrement plus juste que la plupart. Vous y omettez simplement un point fondamental.

Elle repose ses yeux sur lui, retrouvant le silence. Sa dernière réplique a été manière de lui faire entrevoir son point de vue sur sa question, pour qu'il puisse décider en toute connaissance de cause de respecter la condition émise ou bien de partir.
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Message  Neige Jeu 1 Oct - 21:27

Une femme calme et attentive. C'était ce qu'il analysait d'elle. Calme, au regard acéré, peut être aidée de la Brume. Peut être. Tous n'avaient pas la Sanglante comme compagne, tous ne parvenaient sans doute pas à la supporter. Mère lui avait conté nombre d'histoires à ce sujet, de Mages qui avaient désiré le Sang et qui en avaient été emportés aux enfers. Elle était une ennemie intime, quelque chose qui savait la moindre des faiblesses de corps comme d'esprit de celui en qui elle avait été invitée et qui savait s'en faire entendre, à défaut d'être comprise. Elle avait trouvé en lui un confrère, presque. Un être déjà guidé par le meurtre, qui ne lui demandait que de battre lorsqu'il le fallait. Elle en faisait un peu plus. Elle était ce qui bouillait en ses veines, l'empêchait d'être totalement froid et inerte. Elle ne l'avait pas encore emporté trop loin, peut être parce qu'il avait déjà été au bord du gouffre de sa propre marche lui même.

Une femme harmonieuse. Une femme qui se savait elle-même. Il l'aurait pu, il aurait sans doute été admiratif, il se contenta donc d'acquiescer en lui-même. Féline, sans nul doute, mais loin de Harlé. Harlé avait quelque chose du chat profondément domestique, rompu au jeu au point de l'être devenu, alors qu'elle avait gardé précieusement sa sauvagerie rentrée comme elle l'aurait fait de ses griffes, pour ne pas être chassée trop vite par les êtres plus communs, qui réagissaient à la peur par l'agressivité. Il hocha la tête à sa remarque.


    Oui, je tue. C'est là mon Art.

Elle évoquait sa sécurité, sa sauvegarde en ses propres murs. Il détacha de son flanc son couteau après une seconde entamée, le posant bien à plat sur la table, entre eux deux. Reposant ses mains à ses genoux comme un petit enfant sage et méditatif. Qu'il n'était pas loin d'être, par certains aspects. Ni bien, ni mal n'effleurait ses pensées. Il n'avait pas appris ces concepts par la force des choses, ils n'étaient pas de son monde. De sa nature. Il les savait par l'intellect, sans toucher du coeur la culpabilité qu'il avait déjà analysée en d'autres. La lame était un poignard ouvragé, sans doute ancien. Sa garde était polie d'avoir été souvent empoignée, le cuir usé et accoutumé aux longs doigts fins, griffus; le fourreau impeccablement entretenu, les liens récents. Il s'y figurait un serpent, discrètement lové auprès de l'attache du fourreau.

    Ici je dépose mon réel pinceau. Je ne vous peindrai pas de cette manière en vos murs. Même si je vous dessinerai une fois revenu au manoir, mais sur du vélin. Vous avez de beaux os.

Son oeil revint à la contemplation curieusement active et presque obscène, par son insistance cryptique, de ses attaches. Il savait déjà, sans se forcer, comment détacher ce bras de son épaule, comment démanteler cette femme qu'il pouvait réduire à l'état de macabre poupée en quelques secondes fulgurantes et atrocement belles, sans aucun doute. Sans pour autant se rengorger de ce pouvoir qu'il avait. C'était un mécanicien de la chair. Il savait tuer. Et au delà, il savait bien tuer, mais par une grâce certaine, s'il semblait apprécier l'accomplissement de son Art, comme tout artiste, au contraire des passionnés il n'en éprouvait nul besoin impérieux.
Ses pensées dérivèrent à la faveur d'un doigt au mouvement de balancier hypnotique vers un Oisillon, vers deux grands yeux trop clairs. Et cessèrent, aussitôt. En son esprit, plus rien ne se lisait, alors qu'il cillait. Plusieurs fois. insensiblement, il se crispa, et, détachant enfin son regard pour en revenir à elle, ses pensées reprirent un court à la fois plus tranquille et plus haché.

L'accord étant scellé, il attendait. Et pensait.
Je devrais tuer l'Oisillon avant de lui faire du mal. Je devrais l'enfermer dans une cage, plutôt. Je devrais trouver le moyen de l'attacher pour ne plus qu'elle ne se blesse. Je ne veux pas la blesser. Je veux connaître le goût de son sang. Je veux trouver l'arc de son sourire. Je veux trouver la note de son soupir. Je veux la peindre tout entière de mon sang. Je veux la connaître tout à fait. Je la veux à moi. Je veux la posséder. Je veux me fondre en elle.

Il cilla encore. L'orage était passé. Il songeait aux horloges.
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Message  Eileen Everdinne Ven 2 Oct - 15:22

Cette fois encore, elle laissa la pensée de son invité se dérouler jusqu'à sa fin avant de reprendre la parole. Avant même de bouger à vrai dire. Elle se pencha, surtout sans effleurer le manche de l'arme, ce qui aurait pu être interprété comme une tentative d'intrusion. Elle appliqua la pulpe de son doigt contre la pointe métallique, simplement de quoi y déposer une larme de sang. Obscur rituel ancestral auquel elle répondit sans particulièrement le comprendre, comme toujours, d'autant plus lorsqu'elle est en sa tanière, ses impulsions la guident, parfois à tort, pas si souvent pourtant. Il lui semble de toute manière important d'offrir une promesse en retour à celle qu'on vient de lui faire. Un sacrifice symbolique à celui qui aime tant le sang, c'est là pour elle une raison bien plus forte à ce sobriquet de Serpent, que ses yeux fendus et le froid qu'il dégage. Animal à sang froid, il recherche la chaleur, celle du sang, celle de la compréhension, celle du savoir.

Elle semble s'étirer d'une manière totalement imperceptible à l'oeil nu, une silhouette de Brume translucide qui étale ses longs membres irisés avant de se rouler en boule de nouveau, au sein de sa maîtresse.

Que dire, elle n'a pas réellement envie de parler. A chaque phrase dite, elle a la sensation de repousser simplement le moment de commencer, pour de bon. Mais il est une chose qu'elle doit tout de même demander, une question matérielle qu'il faut bien poser.

    Désirez-vous recevoir les chapitres au fur et à mesure qu'ils seront écrits, ou bien patienter jusqu'à ce que le livre soit terminé?


Puis elle prend le parti de suivre son impulsion, une fois de plus. Il est rare de toute façon qu'elle dédaigne ses intuitions, ou plutôt, ses impressions. Intuition est trop fort en l'occurrence. Ce ne sont que de vague inclinations qu'elle a apprises à écouter. Elle y est particulièrement attentive, et même si quand il s'agit de vie purement sociale et hypocrite, elles sont loin de la guider dans une direction qui lui assurera la tranquillité, elles ne faillissent jamais à leur objectif premier, celui de la guider plus proche d'elle-même.

Elle se tait, attend, de voir s'il a besoin d'un coup de pouce pour parler, ou ne serait-ce que penser. De voir si cette conversation sera à sens unique et qu'elle se contentera de lire ce qui remonte à la surface. Elle ne lui proposera pas de réfléchir à la manière dont il préfèrerait que le livre soit écrit, il vient justement pour avoir une autre manière que la sienne sous les yeux. Alors, elle attend, le regard toujours posé sur lui, ses paupières légèrement alourdies.
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Message  Neige Sam 17 Oct - 7:32

Un battement de cils marqua la seconde qui venait de s'écouler. Son regard était à la goutte de sang sur sa lame. Rares étaient ceux qui avaient fait un don volontaire pour abreuver son couteau, et il mesura toute la portée du geste, appréciant le symbole comme il l'aurait fait d'un dessin d'architecte. L'offrande saurait apaiser cette partie de lui appelant au meurtre, à la beauté terrible d'une vie qui s'éteignait, qui aurait pu être une drogue pour lui s'il n'avait pas eu un tempérament si mécanique et glissant. Il la sent, plutôt que la voir, s'étirer et prendre comme une inspiration, sans parvenir à mettre un mot tout à fait clair sur son impression. Peu importait, elle était claire pour lui, ou plutôt pour ses sens ouverts à la Brume. Elle parla, et, sans détacher ses prunelles de l'ombre rouge au fil fin et sinistre de sa lame, il analyse ces dires.

Il était venu pour être décortiqué, comme il le faisait d'autres, comme il le faisait de tout au juste. Il avait un besoin couvant, encore ténu certes, mais dans le néant de son ressenti, la chose se faisait impérieuse et exigeante. Il s'avoua sans un trouble n'avoir sans doute pas la patience d'attendre la conclusion de l'ouvrage, bien que "patience" était un mot inexact. Il le lui fallait, ce n'était pas une question de désir, mais de nécessité. Il releva enfin le regard et, après avoir examiné un temps son interlocutrice, comme pour vérifier qu'elle n'avait pas changé, il lâcha.


    J'aurais apprécié les voir en cours d'écriture au juste. Je comprendrais que ce soit chose impossible, alors les recevoir au fur et à mesure me conviendrait.

Il la jugea pensive, plutôt qu'attentive comme elle l'avait été jusqu'alors, il estima qu'elle devait soupeser quelque phrases, comment rapporter à l'écrivain sa tâche. L'écrivain serait sa loupe, son scalpel, son outil. Lui ayant accordé sa confiance à sa manière entière sans être réellement brute, bien au contraire, il admit le fait qu'elle ne devait pas avoir jugé opportun pour l'heure de le lui présenter. Elle n'ajoutait rien de plus, aussi, il se laissa aller à être lui. C'est à dire, en premier lieu, immobile.

Tel le reptile attendant le soleil et pouvant veiller des jours entiers, il ne bougea, son esprit analytique se fixant aux plantes, à leurs contours, aux dessins qu'elles formaient. Un jour, s'était-il dit, il percerait quelques uns des secrets du créateur de tout ceci à lire son trait dans le décor créé pour les actes joués par d'autres. Le rebord d'une feuille capta son attention, parce qu'elle était difforme. L'une de ses ramures n'avait pu, pour quelques raisons ignorées, se développer tout à fait, et il lui manquait une pointe comme il lui aurait manqué un membre. Pourtant elle était là, suspendue parmi les autres et tout aussi utile à l'arbre. Un repli vert formait comme un ourlet, une virgule, formait un réceptacle minuscule qui pouvait servir à recueillir de la rosée pour quelques oiseaux ou insectes. Le difforme était généreux, paré au sacrifice. Le reste, lisse, contemplait impavide le destin sans ciller. Leurs fins seraient dues au hasard ou à la saison. Métaphore qu'il calqua sur l'idée qu'il s'était faite à partir en reconnaissance aux alentours des marchés. Le mendiant et la foule. Le mendiant seul prenait garde à la personne boiteuse et peinant à porter ses denrées. Peut être attendait-il une récompense qu'il n'avait pas eue. Mais il avait sourit tout de même.

Ses pensées glissèrent. Le principe de la générosité, s'il le côtoyait fréquemment auprès de Mère, lui paraissait confus. Qu'y avait-il à gagner à ne chercher aucun bénéfice ? Était-ce la bonne question ? Certains trouvaient là un réconfort de l'âme, une gratification, ce qui ne lui semblait pas être une touche pouvant s'accorder au tableau qu'était cette quasi déesse à ses yeux. Mère n'aidait pas pour gagner, Mère aidait parce qu'elle n'avait rien à y perdre qu'elle ne pouvait reprendre ailleurs.

La feuille avait disparu de son esprit, aussi, il se leva. Avança légèrement. Comme l'animal qui se laisse examiner par désinvolture et qui finit par oublier l'oeil posé sur lui, il s'approcha d'un arbre, pour étudier ses réseaux, les arabesques tranchant l'air qu'il laissait voir et pousser. Il avait toujours vu des veines en eux. En chaque plante se trouvait le schéma de la vie, du sang, mais en solide et lent. Une esquisse du Père indigne. Mû par une interrogation intime, il contempla ses veines. Il n'était pas si différent des êtres humains dans sa construction. Le corps n'avait pas cette réponse là, du moins, il ne l'y avait pas encore lue. Quand bien même on lui avait rapporté des récits au propos du sang corrodé d'avoir été mêlé de proches.

Un bref instant, il pensa à sa première mère, et sa pensée fut aussi fugace qu'explosive. Des milliers de souvenirs se firent jour, pour mourir aussitôt. Il cilla encore. Rabaissa la main vers son flanc.


    Quand pensez-vous avoir les premiers feuillets ?

Considérant longuement le goût amer du besoin en ses lèvres, il nota la disparition de ses songes et l'apparition de cette saveur un cran plus forte. Sans faire de lien, aucunement.
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Message  Eileen Everdinne Lun 26 Oct - 15:03

Elle acquiesce à sa réponse et durant un long moment, se contente de l'observer, de suivre en spectatrice le fil de ces pensées qui lui sont totalement étrangères. Loin de la fascination qu'une proie peut avoir pour le prédateur, elle ressent surtout une curiosité quelque peu distante pour cette personne qui, elle s'en rend compte un peu plus à chaque instant, est ce que l'on peut appeler l'antithèse de ce qu'elle est. Presque l'exact opposé, aussi froid qu'elle est chaude, noire et blanc, tandis qu'elle est couleurs, maladivement analytique, alors qu'elle ne sait que faire de toutes ces émotions qu'elle est presque incapable de dissimuler.

Un étrange mélange, un homme comme on en voit rarement, conscient de bien des choses, doté de seulement quelques sentiments, et un enfant, incapable de porter bien longtemps son attention sur quelque chose qui ne lui semble pas attrayant. Elle va devoir parvenir à l'intéresser à lui-même. Encore une fois, cette opposition, il vient la trouver, plein de la nécessité pressante de se comprendre lui-même, et il semble à la fois incapable de percevoir qu'il doit pour se faire s'intéresser à ses pensées.

Elle suit, en silence, ce fil décousu qui ne trouve pas de trame dans laquelle s'insérer, il lui fait l'effet d'un livre dont on aurait mélangé toutes les pages, toutes les phrases, et que l'on tente de lire. On saisit des bribes, on comprend que tout a un rapport, mais il est aussi complexe de se faire une idée de l'ensemble que de parvenir à se représenter l'ensemble d'un puzzle à partir de quelques pièces uniquement. Et comme un enfant, il attend d'une personne extérieure qu'elle mette de l'ordre dans tout ceci et lui offre une vision claire de toutes les pièces qui le composent et surtout, qu'elle fasse le lien entre toutes ces pièces pour lui qui ne sait pas le faire.

La meilleure des choses à faire serait de lui apprendre à le faire par lui-même, d'être un simple guide, tout comme Lokesh l'a été pour elle, tout comme il lui a désigné la voie à emprunter pour s'extirper des méandres de son esprit, tout comme il lui a enseigné comment se comprendre elle-même, comment voir le déroulement de ses propres pensées en spectateur extérieur, comment percevoir la structure se répétant inlassablement qui sous-tend sa personnalité.

Elle pousse un imperceptible soupir. Impossible, elle n'en a pas la capacité, elle est déjà bien trop embrouillée par sa propre vie pour pouvoir en sortir et prendre cette responsabilité. De plus, sans personne pour la guider elle, sans personne pour l'aider à faire le jour sur les méandres de ses propres réactions, ce serait simplement irresponsable.

Elle finit par parler, d'une voix presque rêveuse, ce ne sont que des mots, mais ils lui avaient parus si parlants à elle, si imagés, si justes, peut-être attireront-ils l'attention de ce serpent assez pour qu'elle puisse le convaincre de focaliser son esprit.

    Dans l'obscurité, une lanterne à la main, demande-t-on où se trouve la porte?


C'avait été pour elle presque une révélation, et aujourd'hui encore, elle se sent étrangement apaisée lorsque qu'elle évoque cette simple phrase, tout comme s'il s'agissait de la vérité la plus profonde.

    Cela dépendra exclusivement de vous.


Elle esquisse un sourire pensif.

    Qui êtes-vous? Parlez-moi de ce que vous savez sur vous, de votre histoire de ce qui vous compose. Parlez-moi des pièces que vous percevez de vous, qui font fonctionner le mécanisme élaboré que vous êtes. Parlez-moi des pierres qui vous composent, et du mortier qui les lie entre elles.
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Message  Neige Sam 7 Nov - 16:36

Sa voix lui vint, alors qu'il en était à déchiffrer les lignes de son visage. A se figurer les ancêtres de cette femme au teint qui n'était pas coutumier, à imaginer le visage de son père, de sa mère, du mélange et de ce qu'elle aurait pu être autre. A se figurer s'il n'avait pas croisé tante, cousin éloigné, bâtard perdu dans les confins de la cité. Évènement courant, qui hantait les familles, secret aisé à percer et difficile à cacher. Il était porté dans le Sang, et le Sang jamais ne mentait. Il aveuglait, tout au plus.

A sa première question, il inclina la tête, cessant de songer à cet homme qu'il avait croisé au marché et qui avait une mâchoire et un front singulièrement semblable à ceux de cette femme. Sa question erra dans le néant retrouvé de ses émois insipides, ne rencontrant que la raison froide, raisonnée et bancale du Serpent.


    Il faut veiller à la lueur de la lanterne.

Il se fit à l'idée qu'elle en attendait sans doute davantage, pour l'analyser. Aussi, penchant encore la tête, quelques mèches venant frôler son menton et ses lèvres qui auraient pu être si sensuelles, si elle n'avaient pas été si singulièrement dépourvues d'humanité et de vie, il ajouta d'un ton que la neutralité n'aurait renié.

    Demander son chemin alors qu'on est plongé dans la pénombre est se fier à d'autres yeux. Il faudrait prendre garde à ce que ces yeux-là peuvent voir, ainsi qu'ils.

Interruption. Battement de cil. Était-ce une façon pour elle de lui indiquer qu'il tenait sa lanterne fermée ? Sans doute. Il se redressa tout à fait, son esprit marquant un virage, prenant le temps d'une rarissime introspection.

Que lui manquait-il pour trouver la façon d'ouvrir le claquet qui lui volait cette lueur interne. Cette porte vers la vérité au propos de lui-même. Chercher sa propre lumière, soit. Mais il ne tenait pas même la lanterne. Il était venu la chercher, là. Ses songes lui firent passer quelques secondes après les propos d'Eileen, alors qu'il cherchait dans la métaphore de façon trop précise, trop ciselée, dépourvue de la plus petite empathie et, finalement, du moindre recul en lui-même. Le fait était qu'il se tournait le dos.

Enfin, il acquiesça, et de cette même voix atone et pourtant prometteuse, il entama.


    Je suis né dans l'Empire Russe. Ma première Mère.

Un temps. Quelque chose de trop complexe passa en lui. Il reprit, sans sembler l'avoir remarqué lui même.

    A été une prostituée, je suis né de l'un de ses clients favoris, qui s'est trouvé être son demi frère, et par là même mon oncle en même temps que mon père. Elle était la bâtarde d'un noble qui l'avait laissée à ma Grand-Mère tombée dans la ruine, puis la mort. J'ai été élevée par quelques Mères selon le temps qu'elles avaient à consacrer aux enfants de l'une ou de l'autre. Mon premier nom m'a été donné vers mes cinq ans, à ce que je me souvienne, et c'était Gavriil, comme l'ange gardien de la Mère qui m'a nommée. J'avais jeté une pierre depuis la fenêtre à un client qui la battait. Je pense que c'est pour cela qu'elle a décidé de me donner ce nom. Les voyant satisfaites de mon acte, j'ai continué à les veiller, en me cachant. J'ai eu beaucoup de noms, puis on m'a laissé à ma. Première Mère, qui ne souhaitait pas que je la veille. Je l'ai fait tout de même. Pour finir, je grandissais, et pour cacher l'opprobre puisque ma. Première Mère commençait à fréquenter des clients de haut rang, donc qui pouvaient reconnaitre ses traits, il l'a cachée chez lui, sous un prétexte que j'ai oublié. Grand-Mère a alors pris en charge mon éducation et l'a. Faite empoisonner.

Un souvenir, une image, cette mère étendue là, au milieu de ses propres immondices, nue et le corps tordu d'une agonie atroce. Ce garçon, là, lui même, qui l'observe. Il continua, sans ciller même.

    Elle m'a donné le nom de Nikita. J'étais mauvais cavalier mais bon escrimeur. La lame est aisée à comprendre lorsqu'on sait la faire sienne, comme si elle était chair. Les chevaux sont plus complexes et je leur faisais peur. Lorsqu'elle est morte de vieillesse, ennemi que je ne pouvais combattre encore, j'ai rejoins les Mères à nouveau pour faire mon office. Là, Mère m'a trouvée. Celle que vous nommez Ambrosa Delight. Depuis lors, je peins, je saigne et j'attends.

Une inspiration. quelque chose remuait en lui, quelque chose qui n'avait pas de nom.

    Et depuis peu, il est des choses que je ne comprends pas dans le comportement que j'ai.

Il lui sembla avoir achevé, alors il se tut, après avoir plus parlé qu'il ne l'avait fait depuis longtemps.
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