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Where we were born [Amelia]

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Message  Neige Sam 7 Nov - 12:39

Les clapotis frappant les berges de la Tamise rythmaient les secondes de remous organiques. Flirc, flarc, un bruit de chair qui se déchire presque ou qui s'entrouvre, avec une sensualité certaine et immonde qui trouvait un écho au plus profond de lui. Dans des images d'horreur et de sublime qui se refusaient à son esprit docte, fermé et froid. Ses pensées étaient une boucle, dont le paroxysme et l'affaissement étaient les battements de coeur de l'Oisillon. Les yeux fixés sur sa cheville, sur ce petit bandage, il lui suffisait d'un simple effort pour sentir le gonflement et la chaleur de la blessure interne monter, croître et cesser, sans se retirer suffisamment. Une marée montante d'humeurs dans des proportions presque infimes. Il le sentait, oui. Ou alors, il se l'imaginait. C'était un problème en soi: Jamais il n'imaginait. Avant, il se contentait d'extrapoler des hypothèses.

Les brumes alentours s'évadaient des flots paresseux en filaments ondulants et presque évanescents, comme des gouttes de sang tombant dans de l'eau, mais cette fois venant du fleuve pour se déliter dans l'air, la teintant à force de détails. Comme cette cheville. Comme sa présence dans la vie de l'Oisillon. A force de peindre et de faire saigner, il avait observer le fait que, lorsqu'une certaine quantité répandue d'une couleur -Vitale ou non- dans de l'eau, elle paraissait d'abord si fade qu'elle n'était pas distinguable, pour passer en quelques gouttes de trop de l'absence à l'indéniable. Jusqu'à gommer la présence de l'eau à la conscience, ne se faisant plus reconnaitre que par ça. Avait-il versé ses gouttes, ou n'avait-il que réalisé l'équilibre ? N'était-ce pas lui -Pensée insoutenable, rejetée avant d'être à terme. Elle le regardait, là où la Brume naissait. Là où ils étaient nés, pour une part de leurs âmes. Il plongea les yeux dans les siens, après ce temps long à ne regarder que ce pied.

Ce n'était pas exactement brutal, bien que ce fut violent. La regarder faisait monter quelque chose en lui, de plus en plus fort, de plus en plus haut dans ses ruines. Un jour le barrage cèderait. Certitude mathématique. S'il restait encore sans détacher ses yeux des siens, il l'estimait à la semaine. Mais il faudrait qu'elle dorme, et son temps de repos lui permettrait de se reprendre, quoique pas tout à fait. Comme une marée. Comme sa délicate cheville aux veines abimées, dont la chair s'échauffait. A se contempler ils seraient sans doute dérangés. Il estima que, pour l'heure, il pouvait se... Quoi, laisser aller ? Incongru. Il classa sa propre incongruité à la somme des autres qu'il avait déjà classées.

La veille, il L'avait appelée Amour. Il s'estimait, avec le recul, avoir dit vrai. Oui, Amour, c'était ce qu'Elle était. Pour autant, il était incapable de se dire: "Je L'aime." Trop de "Je". Trop d'implication dans le monde. Impossible. Elle était Amour. Ça s'arrêtait là. Du moins pour ses pensées conscientes. Il se redressa, quittant l'appui du mur contre lequel il avait établi ses réflexions. L'approcha d'un pas, pour tendre sa main vers Sa joue, sans La toucher. Juste à sentir Sa chaleur, là, transpercer l'air et venir à ses doigts. Une pensée le frappa, surgit, solitaire, du flot lent et continu qui cachait l'agitation des profondeurs. Il entrouvrit les lèvres avant d'avoir le temps de la bloquer, et souffla de son ton bas, chaud et ciselé.


    Est-ce que je t'ai blessée en venant en toi.

Il cilla ensuite. A la trouver, il avait peut être perturbé trop sa couleur. Une image se superposa, pleine de chair, in instant. Il la repoussa. Sa main le brûlait, et il la laissa là, à la merci de sa chaleur à Elle.
La veille, il L'avait appelée Amour, et après avoir fait le tri et l'analyse de ses défaillances, Lui avait fait signe de le suivre. Elle avait suivi. Sans un mot. Peut être... Peut être n'aurait-elle pas du. Il ne L'aurait pas prise de force, pas là bas, pas au Manoir. Ici, peut être qu'il en serait davantage capable.
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Message  Amelia Mer 11 Nov - 22:11

Il lui avait demandé de le suivre et, sans un mot, sans un geste elle l’avait fait. Il lui semblait tellement évident de l’écouter, de suivre ce qu’il lui demanderait qu’elle n’avait pas eu la moindre hésitation sur le moment.
Et en cet instant précis, l’Oisillon n’hésitait toujours pas. Si elle était là c’était pour être avec lui, parce qu’il lui avait demandé. S’il l’avait fait c’est qu’il avait une bonne raison, sa confiance envers le Serpent pouvait confiner à l’inconscience la plus totale pour toute personne qui aurait été témoin de la scène.

Pourtant des témoins il n’y en avait guère. Si elle s’en rappelait bien, personne ne savait où ils pouvaient bien se trouver. Mère le savait peut-être mais même là, elle avait un doute. Pourtant la jeune fille n’était guère inquiète. Neige ne parlait pas, il se contentait de l’observer de cet air étrange, si peu habituel venant de lui, depuis… depuis cet instant où elle avait enfin aperçu ce qui l’attendait au fond de ce gouffre si attrayant.

Mais là encore une fois elle n’espérait pas réellement l’entendre parler. Elle se contentait d’attendre, d’écouter le bruit de l’eau, de sentir ce mélange d’odeur propre à la Tamise, aux diverses choses qui la composaient. L’odeur des algues, des poissons vivants ou morts, d’autres corps plongés dans cette eau glacée, de leur plein gré ou non, l’odeur des eaux sales de la ville… Ce mélange à la fois repoussant et fascinant, si caractéristique de cette ville qu’elle commençait à chérir.

Elle ressentait vaguement une douleur lancinante qui montait de sa cheville en permanence. Elle aimait sentir la chaleur du sang palpiter dans son corps, elle n’y avait jamais prêté attention jusqu’alors mais elle avait l’impression qu’elle ne pourrait plus jamais se passer de cette sensation de chaleur, de vie qui coulait en elle de façon régulière.

Chacune de ces odeurs venait chatouiller l’odorat de l’Oisillon tandis que son regard errait autour d’elle, sans prêter réellement attention à ce qu’elle pouvait y voir. Un petit bruit l’arrêta pourtant. Une espèce de couinement dans l’ombre.

Deux rats qui se battaient peut-être… ou plutôt, en les regardant avec un peu plus d’attention, il s’agissait d’un accouplement des plus violents. Le rat semblait y prendre beaucoup plus de plaisir que la femelle et finit par la mordre jusqu’au sang, les couinements se faisant de plus en plus forts.

A la vue du sang, la jeune fille porta la main à sa bouche, comme par reflexe. Pour la première fois de son existence, elle sentit une rougeur envahir ses joues. Ces couleurs qui l’avaient toujours intriguée lorsqu’elle les apercevait de jeunes femmes rougissant aux compliments de leur prétendant. Mais une fois encore la situation était bien différente. Si le feu lui montait aux joues c’était grâce au Serpent, à ce qu’il lui avait permis de découvrir et non pas pour un simple madrigal sans conséquence.

Il s’approcha soudain, les lèvres toujours closes. Ces doigts fins si proches mais qui semblaient arrêtés par un mur invisible à quelques centimètres à peine de sa joue. Elle ne savait pas si elle voulait qu’il la touche, si elle voulait sentir ses mains sur ses joues en feu. Il sentirait la chaleur inhabituelle qui émanait d’elle et elle ne savait pas si elle voulait qu’il le voie.

Elle qui était tellement habituée à être sure de tout, sure de ce qui allait se passer, ce qui pouvait lui arriver, elle était indécise pour la première fois de son existence. Elle devait décider par elle-même, sans Brume pour lui montrer la route. Pourtant à bien y réfléchir, la Brume les entourait une fois de plus, comme pour lui montrer que la voie était là, juste sous les yeux ou qu’elle était libre de faire son choix, sans aucune aide.

Et la voix du Serpent se fit entendre. Cette question qui n’en était pas vraiment une. Plutôt une demande de confirmation, d’infirmation, comme s’il voulait réellement savoir ce qu’elle avait pu ressentir à ce moment-là. Ils se fixaient l’un l’autre, comme si leurs regards ne pouvaient plus jamais se détacher. Les yeux de l’Oisillon se faisaient plus sombres à mesure qu’elle pesait la réponse à sa question et ce qu’elle allait dire.


Non…

Ce mot unique qui aurait pu passer pour un simple soupir à peine audible. Elle leva alors sa main et la glissa dans celle du Serpent, la déposant sur sa propre joue et le fixant avec intensité.

J’ai aimé goûté. Te goûter. Sentir ton sang couler en moi.

Elle laissa tomber sa main dans le vide et détourna son regard sans rien ajouter de plus. Elle n’osait pas se l’avouer mais elle voulait goûter encore.
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