In the Name of the Father
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In the Name of the Father
[Le post se déroule à l'extérieur, mais il n'y a pas de lieu correspondant.]
Si la jeune femme s’abstint de toute effusion publique, les bras de Lord Laurel s’ouvrirent pour enlacer un moment fugace une taille fine, sentir pressé contre le sien un corps menu mais ô combien vivace. L’étreinte ne dura qu’un instant et il relâcha presque aussitôt sa fille adoptive, se souciant comme d’une guigne de l’avis des passants. Eh bien quoi? Un père n’avait plus le droit d’embrasser son enfant? Un sourire satisfait retroussa ses lèvres alors que, esquissant un pas vers l’arrière, il contemplait sa protégée d’un œil critique. Resplendissante comme toujours.
Lucian s’était bien gardé de pénétrer à l’intérieur de Westminster, une aversion pour les lieux saints, empestant l’encens, comme une certaine appréhension à faire son entrée dans un endroit supposé repousser les êtres de son espèce. Impie, il l’était indubitablement et certaines expériences lui avaient appris à ne plus considérer l’Église comme un ramassis de vulgaires superstitions. Les loups pouvaient bien s’introduire dans la bergerie, mais n’avaient pas nécessairement à se rendre jusqu’à la demeure du berger lui-même. Autant attendre que les fidèles agneaux se dispersent dans la clairière pour les happer un à un.
D’un geste preste, il renvoya le domestique chargé d’accompagner sa pupille. Plus besoin de chaperon lorsqu’il était présent. Une fois que le valet se fut éloigné, l’aristocrate reporta toute son attention sur Ève, sa voix caressante alors qu’il demandait :
« Alors, mon adorée… T’a-t-on délivré des lourds péchés qui pesaient sur ta pauvre âme? Crois-tu pouvoir trouver la rédemption désormais? »
Il n’avait pas cherché à dissimuler son ironie et, se penchant vers son interlocutrice, il ajouta tout bas :
« Ce serait dommage. Je suis persuadé que, splendide comme tu l’es aujourd’hui, même le Saint-Père se damnerait pour tes grâces. »
Lui prêtant son bras pour l’enjoindre de le suivre, il quitta le parvis de l’église sans remords pour le salut de sa propre âme. Il la savait condamnée à l’avance.
« Il y a longtemps que je ne t’ai pas entendu jouer. Que dirais-tu de te rendre au Elder’s Museum? À moins que tu ne préfères admirer le spectacle des condamnés de la Dame noire? »
Un rictus carnassier s’était épanouit sur ses lèvres fines. Ce divertissement macabre était l’un de ses favoris. Peut-être apaisait-il momentanément ses penchants sanglants… ou au contraire, les attisait-il avec plus d’ardeur encore.
« As-tu croisé des personnages dignes d’intérêt lors de ta visite à la confesse? Ou mieux encore, aurais-tu capté les bribes d’aveux compromettants? »
Comme le témoignait la délectation que retirait le noble à la vue des prisonniers de la Tour, le malheur d'autrui n'attirait que sa complaisance. De surcroît, il aimait écouter Ève, appréciait son discours qui se faisait chaque fois plus riche, plus acéré, mêler au propos de sa fille ses propres commentaires acerbes et discourir sans que jamais le venin ne s'épuise. Fait d'un même alliage...
Si la jeune femme s’abstint de toute effusion publique, les bras de Lord Laurel s’ouvrirent pour enlacer un moment fugace une taille fine, sentir pressé contre le sien un corps menu mais ô combien vivace. L’étreinte ne dura qu’un instant et il relâcha presque aussitôt sa fille adoptive, se souciant comme d’une guigne de l’avis des passants. Eh bien quoi? Un père n’avait plus le droit d’embrasser son enfant? Un sourire satisfait retroussa ses lèvres alors que, esquissant un pas vers l’arrière, il contemplait sa protégée d’un œil critique. Resplendissante comme toujours.
Lucian s’était bien gardé de pénétrer à l’intérieur de Westminster, une aversion pour les lieux saints, empestant l’encens, comme une certaine appréhension à faire son entrée dans un endroit supposé repousser les êtres de son espèce. Impie, il l’était indubitablement et certaines expériences lui avaient appris à ne plus considérer l’Église comme un ramassis de vulgaires superstitions. Les loups pouvaient bien s’introduire dans la bergerie, mais n’avaient pas nécessairement à se rendre jusqu’à la demeure du berger lui-même. Autant attendre que les fidèles agneaux se dispersent dans la clairière pour les happer un à un.
D’un geste preste, il renvoya le domestique chargé d’accompagner sa pupille. Plus besoin de chaperon lorsqu’il était présent. Une fois que le valet se fut éloigné, l’aristocrate reporta toute son attention sur Ève, sa voix caressante alors qu’il demandait :
« Alors, mon adorée… T’a-t-on délivré des lourds péchés qui pesaient sur ta pauvre âme? Crois-tu pouvoir trouver la rédemption désormais? »
Il n’avait pas cherché à dissimuler son ironie et, se penchant vers son interlocutrice, il ajouta tout bas :
« Ce serait dommage. Je suis persuadé que, splendide comme tu l’es aujourd’hui, même le Saint-Père se damnerait pour tes grâces. »
Lui prêtant son bras pour l’enjoindre de le suivre, il quitta le parvis de l’église sans remords pour le salut de sa propre âme. Il la savait condamnée à l’avance.
« Il y a longtemps que je ne t’ai pas entendu jouer. Que dirais-tu de te rendre au Elder’s Museum? À moins que tu ne préfères admirer le spectacle des condamnés de la Dame noire? »
Un rictus carnassier s’était épanouit sur ses lèvres fines. Ce divertissement macabre était l’un de ses favoris. Peut-être apaisait-il momentanément ses penchants sanglants… ou au contraire, les attisait-il avec plus d’ardeur encore.
« As-tu croisé des personnages dignes d’intérêt lors de ta visite à la confesse? Ou mieux encore, aurais-tu capté les bribes d’aveux compromettants? »
Comme le témoignait la délectation que retirait le noble à la vue des prisonniers de la Tour, le malheur d'autrui n'attirait que sa complaisance. De surcroît, il aimait écouter Ève, appréciait son discours qui se faisait chaque fois plus riche, plus acéré, mêler au propos de sa fille ses propres commentaires acerbes et discourir sans que jamais le venin ne s'épuise. Fait d'un même alliage...
Lucian Laurel- Âme Londonienne
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Re: In the Name of the Father
Eve ferma les yeux, juste une seconde, quand les bras puissants de son aimé se refermèrent autour d'elle. Qu'il était dur de ne pas le presser en retour, de ne pas poser ses lèvres sur les siennes, de ne pas enfouir son visage dans son cou... Mais il fallait respecter les convenances. À moins qu'ils ne désirent voir leur petit secret exposé au grand jour. Ce qui n'était pas le cas. Elle détestait l'admettre, mais si l'opinion publique se tournait pour de bon contre eux au lieu de simplement murmurer dans leur dos, si l'opinion publique décidait qu'ils étaient bel et bien immoraux... Ils ne pourraient pas résister à la pression, même ensemble. Et ils finiraient broyés, brisés. Vaincus. Le bonheur de rester au sommet vallait bien un petit sacrifice. Elle se rattraperait plus tard...
Elle rajusta son châle outremer avec une pudeur feinte. Aurait-on pu imaginer tenue plus humble, plus simple pour une fille de la noblesse ? Un corset de taffetas bleu paon, enserrant son buste délicat, une jupe taillée dans un tissu vaporeux et noir. Comparée aux gigantesques robes à panier de l'époque, au bouillonnement de leurs froufrous, à leur avalanche de dentelles, de perles et de broderies, la tenue d'Eve, quoique élégante, semblait d'une sobriété inouïe. Ce qui ne l'empêchait pas de dégager ce je-ne-sais-quoi, cette sensualité qui irradiait littéralement de chaque centimètre carré de sa peau découverte, de ce visage si innocent qu'il semblait presque qu'elle répendait ce magnétisme autour d'elle presque contre son gré... Presque.
Dieu qu'elle aimait cette voix... La voix du seul Père dont elle désirait rechercher la bénédiction. Dont elle désirait quoi que ce soit tout court, en fait. Son ironie mordante lui tira un sourire qu'elle dissimula du bout de ses doigts. Elle ne quittait jamais son rôle, du moins, tant qu'il y avait de témoins pour la repérer... Lucian, lui, se permettait d'afficher sa véritable nature bien plus clairement qu'elle-même... Ce qui ne lui attirait pas que des amitiés. Voilà pourquoi elle persistait à aller à l'église, à supporter l'hypocrisie doucereuse des galas de bienfaisance, pourquoi elle ne posait jamais un mot plus haut que l'autre, pourquoi elle s'engonçait dans des corsets qui lui compressaient les cotes jusqu'à frôler l'évanouissement, quand elle n'aspirait qu'à laisser librement éclater sa sauvagerie. Il était la cigüe, elle était le miel qui en dissimulait le goût. Une sucrerie mortelle, un délice qui véhiculait l'horreur de foyer en foyer, sous le masque de l'innocence. C'était son devoir, et même si tenir son rôle la frustrait bien trop souvent à son goût, elle n'échangerait sa place pour rien au monde.
"La rédemption est un chemin long et tortueux, Père... Il faudra encore bien des confessions pour laver mon âme souillée, je le crains... Mais une âme sincère finit toujours par obtenir le pardon de ses fautes, ne croyez-vous pas ?"
Cynique, elle l'est tout autant. Mais si elle ne laissait pas transparaître son ironie ni dans son ton ni dans ses mots, le rose de plaisir qui lui monta aux joues n'était pas feint... Ivy n'avait guère que quinze ans. Et si elle savait prendre les compliments avec du recul, les siens la comblaient toujours autant. Parce qu'ils étaient sincères, lui seul savait ce qui se tramait réellement dans sa tête d'angelot, lui seul la récompensait à la hauteur de ses mérites... Elle prit son bras, souriante.
"Dommage que nous ne puissions faire les deux. Il serait amusant d'installer un clavecin en bas de la Tour... Je suis sûre que les gémissements s'harmoniseraient parfaitement bien avec l'Été de Vivaldi..."
Des choix, toujours des choix... Quel monde frustrant. Un jour. Un jour, ils pourraient faire ce qu'ils désiraient, quand ils le désiraient et où ils le désiraient. C'était son souhait le plus cher, son seul souhait.
Bien sûr, Eve avait joué les espionnes, en toute discrétion. Cela faisait partie de son entraînement, au même titre que l'escrime...
"Madame de Beuroy a encore prouvé son mauvais goût légendaire. Elle trompe son époux avec Lord Brutnel, un homme si économe qu'il s'épargne à la fois la dépense d'être intelligent, et celle d'être beau. Mon amie, Virginia Durden, n'est plus aussi... virginale, d'après son valet et... son frère. Le patriarche des Primval a des pensées impies au sujet de jeunes garçons, ce qui explique certainement la féminité "manifeste" de son épouse. Ah et..."
Les visages des deux importuns qui l'avaient fixée un peu plus tôt lui revinrent en mémoire. Dans sa joie de revoir Lucian, elle les avait oublié...
"Lady Brooke... Et un garçon de mon âge... ils m'ont... regardée. D'une façon bizarre. Elle lui a parlé, ils sont peut-être de mèche... Ou c'est une coincidence. Mais j'ai eu l'impression qu'ils... savaient."
Elle rajusta son châle outremer avec une pudeur feinte. Aurait-on pu imaginer tenue plus humble, plus simple pour une fille de la noblesse ? Un corset de taffetas bleu paon, enserrant son buste délicat, une jupe taillée dans un tissu vaporeux et noir. Comparée aux gigantesques robes à panier de l'époque, au bouillonnement de leurs froufrous, à leur avalanche de dentelles, de perles et de broderies, la tenue d'Eve, quoique élégante, semblait d'une sobriété inouïe. Ce qui ne l'empêchait pas de dégager ce je-ne-sais-quoi, cette sensualité qui irradiait littéralement de chaque centimètre carré de sa peau découverte, de ce visage si innocent qu'il semblait presque qu'elle répendait ce magnétisme autour d'elle presque contre son gré... Presque.
Dieu qu'elle aimait cette voix... La voix du seul Père dont elle désirait rechercher la bénédiction. Dont elle désirait quoi que ce soit tout court, en fait. Son ironie mordante lui tira un sourire qu'elle dissimula du bout de ses doigts. Elle ne quittait jamais son rôle, du moins, tant qu'il y avait de témoins pour la repérer... Lucian, lui, se permettait d'afficher sa véritable nature bien plus clairement qu'elle-même... Ce qui ne lui attirait pas que des amitiés. Voilà pourquoi elle persistait à aller à l'église, à supporter l'hypocrisie doucereuse des galas de bienfaisance, pourquoi elle ne posait jamais un mot plus haut que l'autre, pourquoi elle s'engonçait dans des corsets qui lui compressaient les cotes jusqu'à frôler l'évanouissement, quand elle n'aspirait qu'à laisser librement éclater sa sauvagerie. Il était la cigüe, elle était le miel qui en dissimulait le goût. Une sucrerie mortelle, un délice qui véhiculait l'horreur de foyer en foyer, sous le masque de l'innocence. C'était son devoir, et même si tenir son rôle la frustrait bien trop souvent à son goût, elle n'échangerait sa place pour rien au monde.
"La rédemption est un chemin long et tortueux, Père... Il faudra encore bien des confessions pour laver mon âme souillée, je le crains... Mais une âme sincère finit toujours par obtenir le pardon de ses fautes, ne croyez-vous pas ?"
Cynique, elle l'est tout autant. Mais si elle ne laissait pas transparaître son ironie ni dans son ton ni dans ses mots, le rose de plaisir qui lui monta aux joues n'était pas feint... Ivy n'avait guère que quinze ans. Et si elle savait prendre les compliments avec du recul, les siens la comblaient toujours autant. Parce qu'ils étaient sincères, lui seul savait ce qui se tramait réellement dans sa tête d'angelot, lui seul la récompensait à la hauteur de ses mérites... Elle prit son bras, souriante.
"Dommage que nous ne puissions faire les deux. Il serait amusant d'installer un clavecin en bas de la Tour... Je suis sûre que les gémissements s'harmoniseraient parfaitement bien avec l'Été de Vivaldi..."
Des choix, toujours des choix... Quel monde frustrant. Un jour. Un jour, ils pourraient faire ce qu'ils désiraient, quand ils le désiraient et où ils le désiraient. C'était son souhait le plus cher, son seul souhait.
Bien sûr, Eve avait joué les espionnes, en toute discrétion. Cela faisait partie de son entraînement, au même titre que l'escrime...
"Madame de Beuroy a encore prouvé son mauvais goût légendaire. Elle trompe son époux avec Lord Brutnel, un homme si économe qu'il s'épargne à la fois la dépense d'être intelligent, et celle d'être beau. Mon amie, Virginia Durden, n'est plus aussi... virginale, d'après son valet et... son frère. Le patriarche des Primval a des pensées impies au sujet de jeunes garçons, ce qui explique certainement la féminité "manifeste" de son épouse. Ah et..."
Les visages des deux importuns qui l'avaient fixée un peu plus tôt lui revinrent en mémoire. Dans sa joie de revoir Lucian, elle les avait oublié...
"Lady Brooke... Et un garçon de mon âge... ils m'ont... regardée. D'une façon bizarre. Elle lui a parlé, ils sont peut-être de mèche... Ou c'est une coincidence. Mais j'ai eu l'impression qu'ils... savaient."
Eve D. Laurel- Daddy's Little Girl ♥
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Re: In the Name of the Father
Le cadeau qu’apporte l’âge, Ève. Lord Laurel couvait sa pupille d’un œil à la fois possessif et appréciateur. Tout comme elle, il lui avait fallu faire ses preuves et démontrer au reste du monde que le rang qui était le sien lui seyait à merveille, qu’il était impossible de nier que le sang qui coulait dans ses veines était bleu. Il ne doutait pas que sa fille-amante serait à son tour capable de prouver pourquoi on l’avait choisie d’entre toutes pour rejoindre la noblesse.
Avec les années, l’expérience comme la lassitude des contraintes l’avaient amené à accorder moins d’attention à sa réputation. Elle était déjà établie, de toute manière. Il connaissait les ragots qui couraient sur son compte et n’avait plus qu’à les entretenir. Les rumeurs le poursuivaient depuis son enfance, ses frasques de jeunesse et ses voyages ayant fait les gorges chaudes de la haute société. Il s’était habitué à ce qu’on murmure sur son passage, à faire taire les médisants d’un regard glacial ou à éliminer ceux qui s’approchaient trop de la vérité grâce à son pouvoir. L’inceste serait sans doute l’ultime tabou à franchir. S’il ne se sentait pas prêt à dépasser cette frontière au vu et au su de tous, il songeait que la Brume lui avait fait commettre pire, à ses yeux, que succomber au charme d’une irrésistible infante.
« Évidemment, ma douce. Nul doute qu’à la vue de ton ravissant minois, Saint-Pierre lui-même t’accordera l’absolution et t’ouvrira les portes du Paradis. Cependant, continue de prier. Il est bon qu’on te voie ainsi… Tu rachètes l’âme damnée de ton père devant tous les bien-pensants et les dévots de Londres. »
Un sourire accompagna cette remarque. Il souhaitait lui exprimer à demi-mots qu’il comprenait ses faux-semblants et que ceux-ci, loin d’attirer son mépris, leur étaient même utiles.
Les rumeurs qui lui étaient rapportées élargirent le sourire de fauve sur ses lèvres fines. Il ne tarderait pas à mettre à profit ce dont sa chère protégée lui faisait part. Ne devait-il pas rencontrer Lord Beuroy dans un bal tenu par les Durden, sous peu? Il se ferait une joie de semer le doute dans son esprit, glisser quelques allusions et observer avec satisfaction le résultat qu’il obtiendrait… Une insinuation était parfois plus destructrice qu’une vérité présentée sans artifice.
« Bien, ma chérie. Je constate avec plaisir que tu mets à l’œuvre nos leçons et n’aie crainte que je ferai bientôt usage de leurs fruits. Tu seras d’ailleurs la première à connaître le récit de la déconfiture du mari cocu et des parents horrifiés par la vénalité rongeant leur famille. »
Ses sourcils se froncèrent légèrement à la mention de Lady Brooke et du garçon des rues. Il se doutait de ce qui pouvait les lier, il sentait ce qui les liait. Arrêtant un instant leur course, il dévisagea Ève non sans une certaine gravité :
« Quant à tes dernières rencontres, je préférerais que tu te tiennes loin de Lady Brooke et son jeune suivant. Je ne leur fais pas entièrement confiance. »
Son interlocutrice pouvait lire sur son visage fermé que cette décision n’était pas à remettre en question et que ce qu’il avait formulé comme une suggestion – par souci de ne pas froisser sa protégée éprise de liberté – était en réalité un ordre à ne pas transgresser. Lord Laurel n’entendait pas qu’on fasse fi de son autorité et son adorée, plus que tout autre, devrait subir amèrement les conséquences de son éventuelle désobéissance.
Ne souhaitant pas s’attarder plus longtemps sur un sujet qui lui déplaisait et qui risquait d’attiser la curiosité de la jeune femme, il reprit leur route en déclarant :
« Optons pour l’Elder's Museum. Les lamentations des prisonniers m’apparaissent comme des chants moins mélodieux que celui de ton piano. De surcroît, mon âme se languit d'un peu de paix... que toi seule es en mesure de lui apporter. »
N'était-ce pas une offre impossible à refuser?
Avec les années, l’expérience comme la lassitude des contraintes l’avaient amené à accorder moins d’attention à sa réputation. Elle était déjà établie, de toute manière. Il connaissait les ragots qui couraient sur son compte et n’avait plus qu’à les entretenir. Les rumeurs le poursuivaient depuis son enfance, ses frasques de jeunesse et ses voyages ayant fait les gorges chaudes de la haute société. Il s’était habitué à ce qu’on murmure sur son passage, à faire taire les médisants d’un regard glacial ou à éliminer ceux qui s’approchaient trop de la vérité grâce à son pouvoir. L’inceste serait sans doute l’ultime tabou à franchir. S’il ne se sentait pas prêt à dépasser cette frontière au vu et au su de tous, il songeait que la Brume lui avait fait commettre pire, à ses yeux, que succomber au charme d’une irrésistible infante.
« Évidemment, ma douce. Nul doute qu’à la vue de ton ravissant minois, Saint-Pierre lui-même t’accordera l’absolution et t’ouvrira les portes du Paradis. Cependant, continue de prier. Il est bon qu’on te voie ainsi… Tu rachètes l’âme damnée de ton père devant tous les bien-pensants et les dévots de Londres. »
Un sourire accompagna cette remarque. Il souhaitait lui exprimer à demi-mots qu’il comprenait ses faux-semblants et que ceux-ci, loin d’attirer son mépris, leur étaient même utiles.
Les rumeurs qui lui étaient rapportées élargirent le sourire de fauve sur ses lèvres fines. Il ne tarderait pas à mettre à profit ce dont sa chère protégée lui faisait part. Ne devait-il pas rencontrer Lord Beuroy dans un bal tenu par les Durden, sous peu? Il se ferait une joie de semer le doute dans son esprit, glisser quelques allusions et observer avec satisfaction le résultat qu’il obtiendrait… Une insinuation était parfois plus destructrice qu’une vérité présentée sans artifice.
« Bien, ma chérie. Je constate avec plaisir que tu mets à l’œuvre nos leçons et n’aie crainte que je ferai bientôt usage de leurs fruits. Tu seras d’ailleurs la première à connaître le récit de la déconfiture du mari cocu et des parents horrifiés par la vénalité rongeant leur famille. »
Ses sourcils se froncèrent légèrement à la mention de Lady Brooke et du garçon des rues. Il se doutait de ce qui pouvait les lier, il sentait ce qui les liait. Arrêtant un instant leur course, il dévisagea Ève non sans une certaine gravité :
« Quant à tes dernières rencontres, je préférerais que tu te tiennes loin de Lady Brooke et son jeune suivant. Je ne leur fais pas entièrement confiance. »
Son interlocutrice pouvait lire sur son visage fermé que cette décision n’était pas à remettre en question et que ce qu’il avait formulé comme une suggestion – par souci de ne pas froisser sa protégée éprise de liberté – était en réalité un ordre à ne pas transgresser. Lord Laurel n’entendait pas qu’on fasse fi de son autorité et son adorée, plus que tout autre, devrait subir amèrement les conséquences de son éventuelle désobéissance.
Ne souhaitant pas s’attarder plus longtemps sur un sujet qui lui déplaisait et qui risquait d’attiser la curiosité de la jeune femme, il reprit leur route en déclarant :
« Optons pour l’Elder's Museum. Les lamentations des prisonniers m’apparaissent comme des chants moins mélodieux que celui de ton piano. De surcroît, mon âme se languit d'un peu de paix... que toi seule es en mesure de lui apporter. »
N'était-ce pas une offre impossible à refuser?
Lucian Laurel- Âme Londonienne
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Masque Venitien
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Re: In the Name of the Father
Lord Laurel était tellement plus âgé qu'elle que ça en était presque obscène... Et pourtant, ça ne la dérangeait absolument pas. Elle n'aimait pas les enfants de son âge. Geignards, veules, lamentables et stupides. Toujours à pleurnicher ou à glousser, bêtement distraits par le moindre objet brillant qui leur tombait sous le nez. Les autres filles qu'elle se devait de fréquenter voulaient de la dorure, de l'ornement, du joli. Du joli... Tsss... À leurs bergers enrubannés et poudrés comme des prostituées de luxe, elle préférait l'acier rayé, rouillé, cabossé et tranchant de son compagnon, son ciel d'orage où roulaient les ouragans au bleu mièvre et fade des livres de contes. Elle aimait la moindre de ses rides, depuis celles du coin des lèvres, jusqu'à ses pattes d'oie. Elle aimait son corps puissant, elle aimait ses mains immenses et fortes. Elle aimait sa façon de marcher, de respirer, de sourire. Quand elle était à ses côtés, c'était un tourbillon de cloches qui résonnait dans un poitrine, un fracas à en soulever les océans... Que valaient l'Enfer et le Paradis comparés à ce bonheur presque douloureux ?
"L'âme damnée de mon père me semble pourtant avoir bien plus de valeurs que celles de la plupart de ces bien-pensants et de ces dévots... La justice des Hommes n'a pas de valeur, ils auront beau juger, il est des vérités qui ne changeront jamais."
On pourrait croire qu'elle encensait la Justice de Dieu, mais elle ne faisait que la fouler aux pieds plus encore. Sous le couvert d'un baiser, elle lui crachait au visage, et avec elle, toutes lois qui pourraient les brider...
D'ailleurs, en parlant de baiser... Le sourire qui s'étirait à présent sur les lèvres de son mentor lui fit rater un battement de coeur. Qu'elle brûlait d'y poser sa bouche, d'imprimer sa forme sur la sienne ! Elle avait envie de laisser ses mains courir sur son visage, sur cette expression de prédateur qu'elle préfère entre toutes. Et pourtant, elle conservait son masque de neutralité, à peine si son emprise sur son bras se resserra. On aurait sûrement pu la frapper, sans parvenir à lui faire plus que crisper ses sourcils... Un parfait petit serpent qui s'infiltre jusqu'au sein de la bonté. Elle aurait adoré voir de ses propres yeux le chaos auquel ses indiscrétions allaient sûrement mener, mais elle était trop jeune pour demeurer à ses côtés en de telles occasions... Et s'il l'y menait, cela signifierait aux yeux du beau monde qu'il songeait à la marier. Et son calvaire ne ferait que commencer. On lui présenterait les "bons partis", elle devrait minauder, faire semblant de s'intéresser, et trouver ensuite une série de bon prétextes pour retourner poliment les invitations. Et elle s'épargnerait volontiers cette corvée...
"J'ai été à bonne école..."
Le récit lui suffirait à se consoler... Et Lucian était bon conteur. Son imagination ferait le reste. Elle irait peut-être même jouer les consolatrices, par la suite. Pour ne retourner que d'avantage le couteau dans la plaie. Elle pouvait être cruelle à ce point, parfois...
Au ton de son père, elle comprit qu'il s'agissait d'un sujet qui ne souffrirait pas de discussion. Elle baissa la tête en signe de docilité, mais à contrecoeur. Après tout, elle n'avait pas son expérience... elle était encore trop vulnérable pour prendre la mesure de ce genre de choses... Donc elle obéirait. Il savait, lui. Elle saurait un jour aussi, mais en attendant elle lui ferait confiance aveuglément. Même si la raison de l'interdit l'intriguait beaucoup. Quoi ? Qu'avaient-ils de si particulier ces deux là ? Qu'est-ce qui les liait ?
Mais ses interrogations furent vite chassées au loin. Lucian avait pris la décision pour elle, et il avait opté pour l’Elder's Museum. Ce qui signifiait qu'ils allaient passer un peu de temps, seuls tous les deux... Cette simple promesse lui ferait soulever des montagnes ! Un sourire revint illuminer ses traits, son pas plus léger.
"Je vous promets de jouer de mon mieux, Père..."
"L'âme damnée de mon père me semble pourtant avoir bien plus de valeurs que celles de la plupart de ces bien-pensants et de ces dévots... La justice des Hommes n'a pas de valeur, ils auront beau juger, il est des vérités qui ne changeront jamais."
On pourrait croire qu'elle encensait la Justice de Dieu, mais elle ne faisait que la fouler aux pieds plus encore. Sous le couvert d'un baiser, elle lui crachait au visage, et avec elle, toutes lois qui pourraient les brider...
D'ailleurs, en parlant de baiser... Le sourire qui s'étirait à présent sur les lèvres de son mentor lui fit rater un battement de coeur. Qu'elle brûlait d'y poser sa bouche, d'imprimer sa forme sur la sienne ! Elle avait envie de laisser ses mains courir sur son visage, sur cette expression de prédateur qu'elle préfère entre toutes. Et pourtant, elle conservait son masque de neutralité, à peine si son emprise sur son bras se resserra. On aurait sûrement pu la frapper, sans parvenir à lui faire plus que crisper ses sourcils... Un parfait petit serpent qui s'infiltre jusqu'au sein de la bonté. Elle aurait adoré voir de ses propres yeux le chaos auquel ses indiscrétions allaient sûrement mener, mais elle était trop jeune pour demeurer à ses côtés en de telles occasions... Et s'il l'y menait, cela signifierait aux yeux du beau monde qu'il songeait à la marier. Et son calvaire ne ferait que commencer. On lui présenterait les "bons partis", elle devrait minauder, faire semblant de s'intéresser, et trouver ensuite une série de bon prétextes pour retourner poliment les invitations. Et elle s'épargnerait volontiers cette corvée...
"J'ai été à bonne école..."
Le récit lui suffirait à se consoler... Et Lucian était bon conteur. Son imagination ferait le reste. Elle irait peut-être même jouer les consolatrices, par la suite. Pour ne retourner que d'avantage le couteau dans la plaie. Elle pouvait être cruelle à ce point, parfois...
Au ton de son père, elle comprit qu'il s'agissait d'un sujet qui ne souffrirait pas de discussion. Elle baissa la tête en signe de docilité, mais à contrecoeur. Après tout, elle n'avait pas son expérience... elle était encore trop vulnérable pour prendre la mesure de ce genre de choses... Donc elle obéirait. Il savait, lui. Elle saurait un jour aussi, mais en attendant elle lui ferait confiance aveuglément. Même si la raison de l'interdit l'intriguait beaucoup. Quoi ? Qu'avaient-ils de si particulier ces deux là ? Qu'est-ce qui les liait ?
Mais ses interrogations furent vite chassées au loin. Lucian avait pris la décision pour elle, et il avait opté pour l’Elder's Museum. Ce qui signifiait qu'ils allaient passer un peu de temps, seuls tous les deux... Cette simple promesse lui ferait soulever des montagnes ! Un sourire revint illuminer ses traits, son pas plus léger.
"Je vous promets de jouer de mon mieux, Père..."
Eve D. Laurel- Daddy's Little Girl ♥
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