Bless me Father for I have sinned (ouvert)

**Eve D. Laurel** Mar 26 Mai - 15:43

"Bénissez-moi mon Père car j’ai péché. Je me confesse à Dieu tout puissant et à vous mon Père. Il y a une semaine que je ne me suis pas confessé. J’ai accompli la pénitence imposée..."

Elle jouait son rôle, comme toujours. Le masque d'aujourd'hui était celui de la pécheresse repentante. Un masque qu'elle connaissait bien. Pour maintenir l'illusion, elle venait se confesser tous les dimanches. Quelle jeune fille pieuse... N'est-ce pas ? Les yeux baissés, elle se mordilla nerveusement la lèvre inférieure. Comme si elle était minée par la honte. Comme si elle regrettait vraiment ses actes. Et d'une voix nouée par l'émotion, elle égrainait une liste de péchés imaginaires... Non pas qu'elle n'ait rien fait. Ses péchés à elle étaient bien plus graves, voilà tout.

"J'ai envié mes soeurs... J'ai désobéi à mon père... J’ai dit mes prières sans attention... Je me suis découragé dans les épreuves..."

Et ainsi de suite. Seigneur, que c'est ennuyant. Pour passer le temps, elle s'imaginait quelle tête ferait l'homme de Dieu si elle lui récitait la vraie liste de ses péchés.

"J'ai tué mes parents et mon frère en les brûlant vifs. J'ai eu des relations sexuelles avant le mariage. Avec un homme déjà marié. Qui se trouve être mon père adoptif. Je mens comme je respire. J'ai volé une véritable fortune en bijoux et en babioles. J'ai des envies de meurtre dès que je vois la femme de mon amant. Je méprise tout le monde. Mes soeurs en particulier. Difficile de croire que des dégénérées de ce genre aient été conçues par un homme aussi admirable... Elles doivent tenir de leur mère."

Voilà qui serait amusant... Plutôt que ces minauderies insipides et plates qu'elle devait singer. Mais le prêtre risquait de s'étrangler en l'écoutant, ou de la condamner à brûler sur un bûcher. Ce qui serait regrettable. Ça ne cadrait pas avec ses ambitions. Elle conserverait son masque malgré l'ennui. Elle termina sa litanie par un soupir de chagrin... Presque un sanglot étranglé. Efficace le sanglot étranglé, toujours. Ça la rajeunissait. Lui donnait l'air encore plus vulnérable que ses traits juvéniles ne le faisaient d'habitude. Une petite fille perdue.

"Vous réciterez quatre pater et cinq ave... Soyez pardonnée, mon enfant..."

Et la planchette en bois se refermait. Un bruit sourd et sec. Tchac. Comme le rideau qui tombe après la représentation. Elle sortit du confessionnal, un air de soulagement non feint peint sur ses traits. On pourrait croire que c'est d'avoir libéré sa conscience... C'est d'être libérée de cette corvée, plutôt. Le domestique qui l'accompagnait lui passa son châle sur les épaules. En cette saison, mieux valait se couvrir... Elle le remercia d'un sourire. De quoi se mêlait-il celui-là ?

Encore une matinée de perdu. Alors qu'elle aurait pu être auprès de Lord Laurel. À parler. À échanger quelques passes d'arme. Ou autre chose... Au lieu de ça, elle allait devoir faire semblant de prier. La religion était une chose lassante...

**Matthew Earwicker** Dim 31 Mai - 7:15

Matthew accompagnait sa mère à l'église, où elle venait se confesser, comme tous les dimanches. Peut-être un peu plus tôt que d'habitude cette fois-ci. Il la laissa s'avancer vers le confessionnal tandis qu'il s'installait sur le banc du fond. La regardant s'éloigner, il se dit qu'il préférait sa "maman du dimanche", même s'il l'aimait tous les jours que Dieu fait. Ce jour-là au moins, elle était un peu plus à lui, un peu à Dieu aussi. En attestait sa tenue beaucoup plus sobre que les robes affriolantes qu'elle portait en semaine pour aguicher le client. Il aurait fallu l'avoir croisée sur le trottoir, ou l'entendre se confesser, pour deviner qu'elle était une catin. Une catin qui venait avouer ses nombreux péchés de chair auprès d'un prêtre pour s'en faire pardonner... et mieux recommencer toute la semaine suivante. Matt soupçonnait d'ailleurs l'homme de Foi - de peu de Foi, aurait-il dit... - de mettre à profit les récits fleuris de sa mère pour se soulager.

Matt attendait que sa mère ait fini, lui n'irait pas se confesser. Il avait sans aucun doute nombre péchés à se faire pardonner, mais à quoi bon ? Lui aussi recommencerait, comme sa mère, pour survivre. Et il n'avait aucune confiance en le secret du confessionnal quand il s'agissait des voyous de son espèce. Qui sait si les policiers n'allaient pas lui tomber dessus le lendemain s'il avouait ses larcins au prêtre ? De toute manière, si c'était pour se faire entendre dire "vous me ferez cinq pater et trois ave"... Il n'avait pas besoin qu'on lui dise quoi prier ni quand, et encore moins en combien d'exemplaires ! Ce qui ne l'empêchait aucunement de réciter ses prières, quand le besoin s'en faisait sentir. Et il en ressentait le besoin, en cet instant, en cet endroit. Fermant les yeux, les mains jointes, il commença dans un murmure.

"Notre Père qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous soumets pas à la tentation..."

Un éclair. Un éclair qui vient lui traverser le crâne, stoppe net la prière. L'espace d'un instant seulement il a ressenti des émotions si violentes qu'il en est presque tombé du banc, lui qui sait si bien les contenir d'habitude. Amour et haine viennent se mélanger, se percuter, camouflant tout le reste. Matt le sait déjà, ces sentiments ne lui appartiennent pas, il les a pris à quelqu'un. Mais qui peut donc ressentir pareilles choses ? Il se décida enfin à lever les yeux, qui viennent immédiatement se poser sur Eve, alors qu'elle se dirige vers la sortie, accompagnée de son domestique. Il ne put s'empêcher de la fixer, intensément, sans toutefois parvenir à ressentir quoi que ce soit cette fois. Ça ne pouvait pas être elle, se dit-il, ce n'était qu'une gamine, même une gosse de riche ne pouvait cacher tous ces émois en elle... Et pourtant... Dans un murmure, ses yeux toujours sur elle, il termina sa prière.

"...mais délivre nous du Mal.

Amen"

**Lynn Brooke** Lun 1 Juin - 0:25

Une silhouette entra à son tour, derrière elle, une suivante docilement courbée.

« Allez donc vous confesser Maureen »

Elle sourit quand sa suivante avec un petit hoquet s’exécuta et fila. La peur. Un sentiment agréable qui lui sert à faire peser un joug implacable. La culpabilité également, pauvre Maureen qui demandera pardon au Seigneur d’être aussi craintive parce qu’elle avait une maîtresse douce et généreuse mais qu'elle en avait peur, si peur qu'elle pleurait la nuit parfois. Il faudra, d’ailleurs, qu’elle trouve une suivante qui développe de l’affection et non de la peur, qu’elle puisse lui forger une fidélité utile.

Elle ajusta une mèche de cheveux derrière son oreille d’un geste précieux.

Aujourd’hui elle portait une robe sobre, de couleur perle et aux motifs de dentelles délicats. Ses cheveux étaient retenu au sommet de son crâne par un enchevêtrement de perles qui avait du prendre au moins une heure de labeur à ajuster si ce n’est plus.

Ses yeux frôlèrent la jeune fille. Ah. Oui. Elle, elle en avait entendu parler, la petite adoptée. Mignonnette. Eh bien… quelle marasme de sentiments, c’est rafraîchissant. Quelle jolie petite menteuse.

Mais ce n’était pas Eve qui avait attiré son attention. Bien qu'elle ne soit pas inintéressante.

C’est le petit rouquin qui la regardait qui avait tout de suite attiré son regard. Un va nu pied à n’en point douter par son état déplorable. Il est véritablement en guenille.

C’est pour cette raison qu’elle avait éloigné sa suivante. Mieux vallait éviter de nourrire les rumeurs avec une étrangeté de plus.

Lady Brooke s’approcha. Elle a sentit, reconnu.

Elle glisse dans la main du vaurien une pièce aux reflets dorés. Oui, au poid, c'est bien de l'or.

Le geste comme l’approche est délicat, mais néanmoins rapide et précis.

« Je voulais en faire don à l’Eglise mais tu en auras plus besoin, je le pressens. »

Elle ne tira rien de ses sentiments à lui, parce qu’il est comme elle. Marqué.

Elle se redresse, elle dégage un parfum vanillé suave. La voix est grave et vibrante. Ses yeux sont aussi noirs que l’Enfer. Ils n’ont croisé ceux du vaurien qu’une seconde. Cela lui a suffit pour confirmer son sentiment.

Commement cela se fait-il qu’un vaurien de son espèce ait un tel don, ou une tare c’est selon les points de vue…

« J’aimerais te parler. Après l’Eglise. Attends-moi dehors. Sois discret. »

Elle sourit légèrement, se redresse et recule d’un pas. Laisse l’autre prendre conscience de la situation, assimiler les paroles.

Elle sourit également à Miss Eve D. Laurel qui a sûrement déjà entendu parler de Lady Brooke. Aussi pâle et étrange qu’on le dit. Elle ne la regarde pas dans les yeux, elle a appris à éviter savamment les regards, elle sait que ses yeux effraient.

Par contre, le vaurien n’a sans doute jamais entendu parler d’elle. Il convient donc de se présenter, même si la bienséance doit être le cadet de ses soucis.

« Je me nomme Lynn Brooke »

Elle parle toujours bas, cela adoucit sa voix, un peu.

**Eve D. Laurel** Lun 1 Juin - 18:32

Eve, c'est un concentré d'émotions. Toujours violentes, les émotions. Brûlantes, acides, sombres, explosives... Il n'y a pas de place pour la demi-mesure et les compromis en elle. Tout n'est que grandeur, démesure, folie. De Lord Laurel, son "père", elle a appris le mépris de la médiocrité, l'aspiration à la puissance, à rester au sommet. Ça, et puis d'autres choses encore qu'il convient de ne pas nommer dans une église. Il n'y avait pas de molle douceur dans son âme, même sa tendresse était corrosive. Ça n'était pas quelque chose que tout le monde pouvait supporter. Même sa grâce, sa délicate fragilité apparente, n'était rien d'autre qu'une dureté dissimulée. Un masque d'acier inébranlable qu'elle maintenait envers et contre tout.

Tour à tour, elle sent la brûlure de regards posés sur elle. Deux. Regard en coin. Un gueux qui la dévisage. Son âge environ, il lui semble. Quoi ? T'es jaloux ? Prie autant que tu veux hein. Ta vie n'en sera pas moins merdique. Tch. Les Petites Gens sont d'un pénible... Toujours à jalouser (ce qui n'est pas un mal en soi) mais sans jamais oser prendre ce qui leur reviendrait s'ils étaient assez forts pour se l'approprier. Faibles, faibles, faibles ! À se laisser marcher dessus par les Grands de ce monde, tout en geignant sur leur condition misérable. Ah ! Elle, d'un feu, et d'un regard, elle avait fait table rase de son passé de larve soumise. Qu'on ne lui demande pas de montrer la moindre pitié à l'égard de ses inférieurs.

Second regard en coin. Une noble, visiblement. Sa peau est si pâle qu'on a l'impression de pouvoir deviner le fin réseau de ses veines tout le long de son corps, à chaque endroit où sa chair dénudée apparaît. On la croirait malade. Au moindre coup de vent, s'envolerait-elle ? C'était à ça qu'elle ressemblait. Une sylphe, un élémentaire de l'air, éthéré et hautain, mais pas plus nuisible qu'un insecte. Tch. Les Nobles. Un amas de consanguins incestueux, baveux et bavards, vieillissants, pourrissant dans les sucs gluants de leur propre engeance dégénérée. Quoi, elle n'avait pas le sang assez bleu ? Le sien au moins n'était pas coagulé, et son ventre ne porterait pas l'infamie d'un enfant grotesque, stupide et laid à la fois.

Cette femme là, en tout cas, il lui semble la connaître, de réputation du moins. Lady... Brooke il lui semble ? Sans intérêt. Mais en apparence, Eve restait d'une neutralité terrifiante. Elle va même jusqu'à lui rendre son sourire, avec une petite révérence. Puis son domestique lui pose la main sur le coude, lui glissant en un murmure :

"Mademoiselle... Votre père..."

Elle fait volte face, oubliant instantanément les deux importuns, la glace de sa haine et de son mépris laissant place aux flammes d'une allégresse et une passion telles que pour un peu, elles embraseraient jusqu'à la pierre froide de l'église. Lucian ! Il est en bas de l'escalier, dehors... Il l'attend ! Sans plus attendre, elle passe la porte, dévale les marches en courant, au risque de tomber, et se présente devant lui, résistant à grand peine à l'envie de lui sauter au cou... se contentant de lui offrir un sourire rayonnant.

"Père..."

(suite dans un autre topic avec Lord Laurel, afin de ne pas surcharger celui-là~)

**Matthew Earwicker** Mar 2 Juin - 5:33

Matt n'avait pas lâché Eve des yeux, sans même se soucier qu'elle allait inévitablement se rendre compte que son regard était braqué sur elle. Il ne songeait pas une seule seconde à le cacher, aussi malpoli que cela puisse être. Aucune jalousie dans son regard, même si elle était le genre de personnes qu'il aurait regardé avec envie d'habitude. Non, ses yeux n'exprimaient rien de tel, son visage était redevenu neutre, avec une pointe de peur peut-être, ou plutôt d'appréhension face à ce qu'il avait ressenti. Après cette si brusque intrusion d'émotions dans son crâne, il avait enfin repris le contrôle. Et il cherchait maintenant à ressentir à nouveau ces sentiments, pour s'assurer qu'il n'avait pas rêvé, que c'était bien elle, cette jeune fille qui devait avoir son âge, qui cachait pareils émois. Il savait à quoi s'attendre cette fois, il ne se laisserait plus dominer. Mais il eut beau la scruter, rien ne vint traverser ni même percuter son esprit. Matt ne maitrisait aucunement la Brume, qui venait la plupart du temps s'imposer d'elle-même à lui. Et s'il en avait usé sans le vouloir quelques secondes auparavant, il était bien incapable de renouveler l'exploit de sa propre volonté.

Tout concentré qu'il était sur Eve, il n'avait même pas vu arriver l'autre femme. Pas plus qu'il ne l'avait vue s'approcher de lui, avant que sa main ne rencontre le contact froid du métal. Une pièce, une lourde pièce même, mais Matt se souciait déjà bien plus de la personne qui l'avait glissée là que de sa valeur. Il n'avait rien réclamé, la manche, c'était pour après, quand sa mère serait sortie de la confesse. Alors il se méfiait avant même de l'avoir vue, les gens ne donnaient jamais par pure bonté d'âme, sans rien attendre en retour. Le geste était forcément intéressé, que ce fut pour le pardon des péchés - mais dans ce cas, pourquoi ne pas avoir donné à l'Église ? - ou pour réclamer un service ou une information en retour. L'argent rendait les pauvres corvéables à merci pour ceux qui le possédaient... Que pouvait-elle bien vouloir, celle-là ?

Décrochant enfin son regard de la jeune fille, il le leva vers cette femme, et croisa le sien. Ses yeux... Si noirs, profonds... Il aurait pu se noyer dedans s'il n'y avait eu... Qu'est-ce qu'il y avait eu, au juste ? Il n'aurait su définir vraiment l'impression qu'il avait d'elle, il lui semblait qu'elle avait quelque chose de particulier, quelque chose... qu'il partageait avec elle. Ce n'était pas... ses émotions, il n'avait rien ressenti du tout en la voyant. Et pourtant c'était comme s'ils avaient quelque chose en commun. Sa voix, bien que basse et grave, apparut comme tranchante dans l'esprit de Matt, alors qu'elle rompait le silence de l'église. Il la regarda un moment sans comprendre. Lui parler, dehors ? Être discret ? Qu'est-ce que cela cachait ? Que lui voulait-elle ? Était-il donc obligé de se sentir redevable pour la pièce qu'elle lui avait donné ? Non, il ne comprenait pas, et ce n'est pas son nom, qu'il ne connaissait pas, qui l'aiderait à comprendre.

Mais une partie de lui voulait en savoir plus, comme s'il savait que cette femme pourrait répondre à certaines de ses questions. Mais pouvait-il seulement lui faire confiance ? Il finit toutefois par hocher la tête, sans vraiment avoir pris de décision, sans même être sûr d'avoir bien compris d'ailleurs. Il se dit qu'il aurait encore le temps de refuser, de l'esquiver en sortant. C'est à peine s'il regarda Eve quitter l'église tant il réfléchissait à ce qu'il pourrait bien faire. Et il y songeait encore quand il vit sa mère sortir du confessionnal. Profitant de ce prétexte pour se libérer de cette femme, il s'empressa de la rejoindre, non sans cacher la pièce dans une doublure de sa veste.

Deux petites minutes après, il était assis sur une des marches devant l'église, tenant sa casquette devant lui, tandis que sa mère était déjà rentrée pour préparer le repas dominical. Il ne savait pas trop ce qu'il attendait, après tout il avait déjà largement gagné sa journée. Il jetait fréquemment des regards autour de lui, avisant par instants quelque recoin sombre derrière un mur, de quoi se faire discret, sans pour autant se décider à bouger.

**Lynn Brooke** Mar 2 Juin - 22:52

Après le hochement de tête la dame était partie de son pas léger, elle semblait frôler le sol plus que marcher. Elle se rendit au confessionnal et ce qu’elle y confia était sincère et les prières le furent aussi. Elle omettait quelques détails évidement, très loin d’elle l’envie de finir sur le bûcher. Elle avait confiance en les hommes de Dieu mais pas à ce point. Les sorcières sont brûlées. Damnée. Le Seigneur seul connait la douleur qu’elle endurait, pourtant elle qui était une fille du Malin. Mal-être. Maudite. Elle ressortit, sa suivant au talon. Elle repéra rapidement le petit et son béret entre ses mains sales. Il lui fallut quelques instants pour mettre son plan au point. Si simple et si efficace. L’homme est si prévisible et malléable.

« Maureen, allez me chercher mon ombrelle ce soleil m’insupporte, a quoi pensiez vous en quittant la voiture ? »

Quand la domestique eut déguerpit autant soulagée que coupable, elle descendit de quelques marches. Prévisible, dieu qu’elle était méchante, méchante Lynn. Elle jubilait intérieurement. Enfin un peu d’action.

« Aujourd’hui, je vais commettre une imprudence petit, fais bien ce que je te dis. »

Ce sera petit puisqu’il ne lui a pas donné son nom. Et puis soudainement la Lady eut un hoquet et s’affala soudainement à moitié sur le garçon. l'art de feindre est rodé depuis sa jeunesse, le malaise est si criant de vérité qu'elle se prendrait presque à son propre jeu. Sa main agrippa sa chemise. Le parfum ne fut que plus intense, la peau veloutée, le regard croisa celui de l’adolescent. Un clin d’œil.

« Je feins petit, je feins et toi aussi tu dois feindre. Pour ta vie. Qu’on ne sache jamais le pourquoi toi. Parce que finalement, nous sommes pareille n’est-ce pas ? »

Il fallait que le petit soit suffisamment malin pour comprendre, enfin, elle lui faisait confiance pour ça, les gars de son espèce son débrouillard. Il le faut pour vivre dans les rues.
Déjà un homme -bourgeois visiblement- accourait et Maureen, horrifiée d’avoir laissé sa maîtresse seule s’époumona vainement en les rejoignant. On libéra le petit un peu du poids de Lynn qui retint un gloussement qui passa pour une plainte. Seul Matthew pu voir la lueur amusée qui vint éclairer le regard nuit. Complice. Tu vois comme c’est aisé de berner les gens ? Pas même besoin d’user de mon influence.

Elle ne lâcha pas l’épaule du garçon, la main accrochée fermement. Oui, ses forces elle les as toutes, elle est aussi malade que le pape est riche.

« Ce n’est.. rien. Un simple étourdissement. Je vais me mettre un peu à l’ombre. »

Maureen vint se placer de l’autre côté de Lynn et passa sa main autour de sa taille pour la soutenir préventivement, remercia le passant, elle avait déjà laissé sa maîtresse seule pas question de faillir à sa tâche encore une fois. Lynn donna l’impulsion et indiqua à Matthew d’avancer à l’ombre, à l’abri des regards indiscrets. Parfait.

« Heureusement que ce jeune gentilhomme se trouvait là... Quel est votre nom, que je connaisse celui qui m’a sauvé d’une mauvaise chute ? Vous irez me chercher un peu d’eau Maureen je vous prie. »

Maureen acceptera, déchirée par le devoir de rester près d’elle et celui de lui obéir.

Cornélien tourment. Exquis tourment.

Et elle serait enfin seule, dans un endroit discret avec Matthew. Parfait.

**Matthew Earwicker** Mer 3 Juin - 6:48

Matt en était encore à se demander ce qu'il devait faire, s'il devait partir maintenant ou attendre la Dame, comme elle le lui avait demandé, quand il la vit quitter l'église. Il eut un instant l'espoir qu'elle passe devant lui sans plus lui prêter d'attention, espoir vite envolé, hélas. Elle l'avait vu, cela ne faisait aucun doute, et s'était arrêtée en haut des marches avant de renvoyer sa servante. Se détournant, il enfonça sa casquette sur son crâne, comme s'il pouvait encore se camoufler dessous, se faire oublier. Pourquoi ne s'enfuyait-il pas, tout simplement ? Il aurait tôt fait de la semer, cela ne faisait aucun doute mais... Quelque chose le retenait, lui disait de ne pas bouger. La curiosité peut-être, mais surtout autre chose, de plus... profond en lui.

Il entendit alors son murmure, maintenant tout proche de lui, n'eut pas le temps ne serait-ce que d'essayer de comprendre ce qu'elle voulait dire par là avant qu'elle ne s'effondre sur lui. Il y crut tout d'abord, au malaise si bien joué, poussa une exclamation de surprise en tentant maladroitement de la retenir. Nulle réaction ne se lut sur son visage lorsqu'elle dévoila la supercherie. Même s'il ne saisissait pas encore le sens de celle-ci, cacher ses émotions, il savait faire. Il jouerait le jeu. "Nous sommes pareils." Il savait qu'elle avait raison et il voulait comprendre, il était de toute façon trop tard pour reculer.

Il se releva en même temps qu'elle pour la soutenir puisqu'elle s'accrochait à lui. Il n'aimait pas mentir quand ce n'était pas nécessaire mais il n'avait plus le choix. Il était déjà complice, passerait vite coupable s'il ne jouait pas le jeu dans lequel elle l'avait impliqué. Et sa parole ne vaudrait rien face à celle d'une Dame. Aussi feignit-il l'inquiétude, aussi bien qu'elle jouait son malaise, murmurant des "Ça va m'Dame ?", "Allez-y doucement, prenez vot'temps.", se montrant ainsi prévenant envers elle devant sa servante. La soutenant toujours, il l'emmena vers le recoin d'ombre, comme l'appui sur son épaule le suggérait. Ah oui, son nom ! C'est vrai qu'il ne s'était toujours pas présenté, contrairement à elle. La politesse n'était pas vraiment son fort, mais puisqu'on le lui demandait...

"J'm'appelle Matthew. Matthew Earwicker. Pour vous servir, m'Dame."

La servante fut congédiée. Matt appréhendait ce moment où il se retrouverait seul avec elle, sans toutefois le montrer. Il était partagé, espérait intérieurement que Maureen revienne vite, ne voulant pas laisser sa maitresse seule trop longtemps, mais dans le même temps il espérait qu'elle ne trouve pas ce qu'elle avait été quérir, leur laissant ainsi tout loisir de discuter. Discuter de quoi d'ailleurs ? Il se décida finalement à ouvrir la bouche le premier.

"Bon ben voila, on est que tous les deux. C'est ce que vous vouliez non ? Z'attendez quoi de moi ?"

En prononçant ces mots, il ne lâcha pas son regard, quoi que cela puisse lui en couter...

**Lynn Brooke** Mer 3 Juin - 12:15

« Je ne sais moi-même, Matt, je ne m’attendais pas à te rencontrer surtout ici et que ce soit toi tu comprends. Je t’ai senti, tu es un mage. C’est comme ça, la Brume de l’Ame t’habite. Les émotions des autres tu les ressens et si tu maîtrise ton pouvoir suffisamment et savamment tu peux même les catalyser, un simple sentiment d’amitié peu devenir une passion si tu souffle sur cette flamme ténue ou éteindre une passion que rien ne semble pouvoir arrêter. »

La voix avait cessé de chuchoter, elle était devenue ce qu’elle était. Grave, vibrante, la voix faible et maladive cachait une voix puissante, lacérant et surtout tout sauf une douce voix de demoiselle, plutôt une voix de ténor. A lui elle ne lui cacherait pas sa Marque. Elle ne sourit plus.

« Tu vois, je suis Marquée. Ma voix est ainsi, mes yeux, ma peau… si je ne suis pas prudente c’est sur un bûcher que je vais finir mes jours. Sorcière. Tu comprends les risques… et toi aussi tu finiras sur un bûcher si tu ne fais pas attention à ce que tu fais. Tu le sais n’est-ce pas ? »

Mais elle n’est pas dure cette voix, plutôt suave, comme le parfum qui l’entour, comme ses apparats sobres et exquis.

« Je souhaitais savoir si tu avais un Maître. Car un Mage seul face à son pouvoir naissant a toutes les chances de devenir fou et au mieux de mourir. »

Elle se tait un peu.

« Tu me diras que je suis rarement empathique à ce point, et oui c’est également intéressé de ma part et non un simple acte de générosité. Parce que je suis seule depuis que mon Maitre est mort, et un fardeau à porter lorsque l’on se sait plusieurs semble plus léger. »

Elle soupire imperceptiblement.

« Maureen va revenir bientôt. On ne pourra pas discuter suffisamment ici. Si tu es d’accord j’aimerais que l’on achève cette discussion. Que tu viennes au Manoir est impensable, je viendrais moi. Je connais les rues. Le paraître est un art que je cultive. Bref. Donne moi un lieu une heure, cette nuit par exemple et j’y serais. »

Elle lisse sa robe. Il a une bouille attachante ce gamin.
Si tu t’attache tu te brûleras. Je peux interférer sur les sentiments des autres mais les miens sont aussi libres et déchaîné que des diablotins.

Ironie du sort.

**Matthew Earwicker** Mer 3 Juin - 23:29

Tout attentif qu'il fut à son discours, il avait beaucoup de mal à en percevoir le sens, et il ne s'en cacha pas cette fois. Incrédulité, étonnement et grande réflexion alternaient. Il la regardait, les yeux écarquillés, pour un peu la bouche grande ouverte s'il ne se retenait pas. Comment aurait-il pu en être autrement, à entendre ces fables abracadabrantes, et qui pourtant prenaient un certain sens pour lui ? Il l'écouta jusqu'au bout, sans l'interrompre, mémorisant ses paroles pour tenter d'y réfléchir, de mieux les comprendre.

Était-il vraiment ce qu'elle disait ? Un mage, un... sorcier... ? Dans tous les cas, elle semblait bien connaitre le pouvoir qu'il commençait lui-même à découvrir. Les émotions des autres... Oui, par moments il les sentait, mais pour ce qui était de maitriser, il en était très loin, comme tout à l'heure dans l'église. Et sa Marque... Il n'avait même pas été surpris à entendre la voix rauque s'élever. Bien sur, il était Marqué aussi, il le savait très bien. La sienne était moins apparente mais il se devait de faire attention. Elle avait raison, le bûcher n'était pas loin... Et à l'entendre donc, la Marque et le pouvoir étaient liés ? Lui se serait bien passé des deux s'il avait pu. Mais on ne lui avait pas laissé le choix alors quitte à devoir vivre avec l'un, autant profiter de l'autre... "On". Qui donc avait pu lui imposer cela ? Était-ce une volonté divine, une diablerie ? Et pourquoi lui, pourquoi pas n'importe qui d'autre ? Elle parlait de Maitre, lui n'en avait jamais eu. Y avait-il un lien avec ce père qu'il ne connaissait pas ? Il commençait à le penser...

Sa tête bourdonnait de toutes ces questions que cette rencontre soulevait. Plongé dans ses réflexions, il avait conservé le silence un moment, la bouche plissée, la tête légèrement penchée. Elle s'était ouverte à lui, devait-il en faire autant ? Elle aussi portait ce fardeau seule, et elle voulait qu'ils se revoient... Il mit du temps à rassembler ses mots, mais finit par se lancer, relevant ses yeux dans ceux, noirs, profonds, de la Dame.

"J'connais pas tout ça, la... Brume, la... la magie. J'veux dire, j'comprends quand vous m'en parlez, mais moi y a personne qui m'a appris, qui m'a dit qu'c'est comme ça que fallait dire. Je... je veux bien qu'on se revoit vu qu'z'êtes la première que j'rencontre qui soit... comme moi, enfin j'veux dire... M'avez compris... On a qu'à dire... onze heures ce soir près d'Big Ben, si ça vous va."

Il est nerveux, Matt, et méfiant aussi, même s'il essaye de ne pas trop le montrer. Et la façon qu'il a de le cacher lui donne un air miséreux, une petite moue adorable. Quand Maureen reviendra, il fera comme si de rien n'était, attendra sagement qu'on le congédie et partira enfin, peut-être un brin trop précipitamment...

**Lynn Brooke** Jeu 4 Juin - 12:52

« j’y serais. »

Cette fois elle lui sourit, elle est jolie quand elle sourit, elle perd son air sévère. On est adorable à cet âge là, pensa la Lady. Adorable. Elle, elle ne l’était plus. Plus adorable, sèche et elle regardait les restes de son innocence enfantine piétinée. Elle avisa la silhouette menue de Maureen, elle posa sa main sur celle de Matthew.

« J’y serais »

C’est une promesse qui se passe d’autre mot. La main se retire, elle reprend un air un peu maladif. Elle regarde sa suivante et la remercie vaguement en prenant le verre d’eau. Elle serait bien restée un peu plus ici, à l’ombre à regarder les badauds passer à discuter avec le petit. Maureen elle a l’air nerveuse, et le cache moins bien que Matthew, de loin moins bien. Elle triture une mèche de ses cheveux, ajuste sa robe, se frotte les mains l’une contre l’autre.

« Madame, nous devrions y aller, votre mère à inviter Lord Willow à dîner et si nous voulons que vous soyez prête… »

« Je l’avais oublié cet individu. »

Le poids du terme individu laisse deviner le peu d'affection qu'elle porte à l'homme sus nommé.

« Votre père pense que c’est un bon parti et il est le seul pour l’instant à être revenu après avoir affronter votre refus. Et puis, il est jeune et vous semblez lui plaire assurément. »

Malheureusement, il faudra y aller plus fort la prochaine fois. Il est vrai qu'il était difficile à prendre celui-là. Il n'éprouvait pas une once de dégoùt même quand elle le fixait, cet inconscient ne semblait pas très réaliste et il serait complexe de manipuler ses sentiments. Elle ne pouvais pas se marier maintenant. Elle regarda Matthew, pas maintenant, il fallait qu’elle dispose de ses nuits encore un peu. Son menton trembla légèrement et elle baissa la tête. La jointure de ses mains devint plus blanche encore tandis qu’elle serrait ses mains.

« Votre mère va s’inquiéter si vous tardez trop à rentrer, venez, je vous pie. »

Elle accepta de mauvaise grâce le bras tendu et jeta un dernier regard à Matthew, des yeux étrangement humides. Nul besoin de maîtrise la Brume pour deviner qu’elle aurait tout donner pour ne pas être une Brooke, de n’être simplement qu’une gamine des rues.

« Au revoir, monsieur Earwicker »

Ils se séparaient maintenant, mais elle savait qu'elle le reverrait bientôt. Elle réfléchissait déjà à ce qu'elle ferait. Désormais quoiqu'il fasse son chemin et le sien seront liés.

On se reverra, on se reverra.

Elle monta dans la voiture.

A ce soir.

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