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Message  Amelia Dim 19 Juil - 17:07

Le soleil déclinait une fois de plus, se mourant doucement sur la ville de Londres. Au sein du manoir, l’Oisillon s’éveillait à la vie, déambulant avec plaisir dans les couloirs allumés à la hâte par les domestiques de la maison. Elle aimait voir ce moment où la lumière n’était plus représentée que par ces minuscules flammèches dorées flottant dans l’air, où le danger qu’elle sentait sur ses épaules durant la journée semblait s’envoler, tel un manteau trop lourd qu’elle pouvait enfin déposer avec facilité.

Elle avançait avec une grâce peu habituelle et un certain calme. Ce soir, elle n’avait pas réellement de but précis mais plutôt une envie. Elle voulait voir Mère. Elle n’avait fait que la croiser quelques instants ces derniers temps, elle semblait toujours occupée et Amelia n’osait jamais trop la déranger. De plus, le simple fait de savoir que Mère était là suffisait au bonheur de la jeune fille. Sa présence, même distante, même brève, apaisait Amelia plus que tout le reste.

Et ce soir, elle avait besoin d’être apaisée plus que de coutume. Elle avait besoin de voir Mère, de sentir son odeur douce, de voir son tendre sourire et son regard bienveillant. Sa récente rencontre avec le Serpent, ses Visions qui se faisaient à la fois plus claires et plus confuses, tous ces évènements avaient eu quelques conséquences sur Amelia. L’Oisillon avait besoin de retourner au nid, de se cacher sous les ailes de sa Mère qui la réchaufferait avec de douces paroles.

Peut-être trouverait-elle des explications, lui donnerait-elle également des pistes, des idées afin de comprendre ce qui lui arrivait exactement. Surement même, Mère savait tout, elle connaissait toujours les réponses à ses interrogations.

Forte de cette certitude plus que précaire, l’Oisillon continua de son pas dansant en direction du Boudoir. Il était encore tôt, elle savait que Mère ne saurait être bien loin. L’une des portes était entrouverte, comme incitant à y pénétrer, à rencontrer la personne qui se trouvait à l’intérieur.

Mère était là, installée confortablement dans un fauteuil près du feu, un livre ouvert posé sur ses genoux, ses mains délicates effleurant les pages avec douceur. Elle semblait attendre quelqu’un et Amelia sentit une douce chaleur l’envahir. Elle l’attendait, la jeune fille en était sure.

L’Oisillon poussa la porte doucement et entra dans la pièce, sans un bruit, sans un mot. Elle se contenta d’approcher et s’installa à genoux aux pieds de Lady Delight. Elle laissa alors tomber sa tête sur ses genoux, près de ses mains et ferma les yeux, prenant une grande inspiration.


« Oh Mère, je suis contente de vous voir… »

Le soulagement, la joie, l’amour d’une enfant pour sa mère. Tous ces sentiments pouvaient s’entendre dans ces quelques mots qu’elle venait de prononcer d’une toute petite voix, à peine audible.
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Message  Sucrerie Mer 22 Juil - 7:56

Le bras s'ouvrit, quittant la page d'un livre qui portait encore l'odeur de l'imprimerie, très neuf, au contraire de ses habitudes courantes, bien qu'elle aimât à trouver l'âme d'une nation dans ce qu'elle laissait comme art. Elle disait souvent, au détour d'une conversation, que si l'âme d'un être était dans son sang, celui d'un peuple était dans ses créations, plus que dans son histoire, laquelle était souvent jugée ingrate à ses yeux. Si ce n'était mensongère. Les doigts délicats passèrent sur la joue de l'Oisillon, avec la familiarité exquise de celle qui en connait par coeur les contours et le contact, mais qui ne saurait s'en lasser; avec la tendresse délicate d'une mère louve prenant soin de son petit, sans jamais le mordre, malgré sa gueule pleine de crocs mortels. La main s'arrêta un instant au dessus de la gorge, y flottant comme si elle hésitait, avant d'en revenir aux cheveux, lissant ces quelques mèches et débarrassant ce minois adorable et frais de ces filaments sombres. Sa main libre se déposséda de l'ouvrage, sur la couverture duquel était imprimé Wuthering Heights, après y avoir glissé cette plume décorée d'une perle qui lui faisait office de marque page, et qui semblait aussi vieille et préservée que le Manoir. Le regard qu'elle posa sur Amelia était d'une bienveillance tendre, clair, de la même limpidité que ses yeux. Mais pour elle, Ambrosa -Quand bien même portait-elle un autre nom à la nuit de leur rencontre- n'avait-elle pas toujours eu ces yeux bleus?

    Et je suis toujours ravie de t'entendre, Whisper.

Elle se pencha, légèrement, pour piocher dans une corbeille ample non loin l'un de ces ravissants petits bonbons, pâte de fruit pressée et fraîche du mois, qu'elle choisit d'une teinte douce, pour la laisser à sa main. Comme on laisserait picorer un oiseau. Elle avait toujours eu ces gestes calmes et sûrs, fort d'une sérénité qui semblait séculaire, envers elle. Elle traitait Amelia avec le soin qu'il fallait pour un être qui avait un pied et les deux yeux dans un Royaume qui lui refusait le reste du corps et de l'âme. Il fallait prendre garde, et apaiser les incertitudes et les tourments que le futur réservait et qu'elle vivait déjà au présent. Celle qui Voyait partageait avec Véronica la place étrange de celles qui les suivraient plus profondément que les autres dans la nuit, lorsqu'il serait temps. Non pas qu'Ambrosa l'avait décidé en la voyant, au contraire de l'Italienne. Elle le savait parce que Whisper le lui avait dit, et Milady craignait parfois que les circonstances en seraient douloureuses. Car elle n'était pas de celles qu'elle aurait cru arracher au jour clément et à la caresse du soleil, quand bien même l'Oisillon l'avait fait d'elle-même. Si elle venait ce soir, c'était parce qu'elle en avait le besoin, et la Dame l'avait senti. Aussi, de ce ton calme et murmuré qui aurait convenu à une église ou une bibliothèque, elle souffla.

    Je suis juste à toi pour quelques heures.

C'était là une façon délicate, un petit code entre elles, pour lui signifier qu'elle pouvait lui confier turpitudes, doutes, larmes et certitudes, sans se gêner en rien, sans s'abriter ou craindre de déplaire. Jamais, du reste, ses Enfants ne pouvaient y parvenir, tant elle les aimait pour ce qu'ils étaient, jusque dans leurs vices. Le parfum de Milady emplissait l'air, à la fois discret et présent. Pour beaucoup, il aurait été enivrant, mais pour les siens, il était rassurant. C'était le cocon, la marque de sa présence autour d'eux, comme l'était cette main, dans ces cheveux.
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Message  Amelia Jeu 6 Aoû - 12:18

Les yeux de l’Oisillon, ces deux gouffres sans fond et si grands pour elle, se fermèrent quelques minutes. Elle semblait savourer le frôlement des doigts de Mère sur le grain de sa peau, cette main si familière, si douce avec elle. Jamais, elle en était sure, elle ne se lasserait de ce contact précieux pour elle.

Elle finit par rouvrir les yeux, presque avec réticence, et son regard se posa sur la friandise que Mère avait mise à sa portée. Elle l’attrapa du bout des doigts, la regardant avec une certaine curiosité, sans la porter à sa bouche. Sa voix, ténue, à peine audible, se fit entendre. Elle semblait parler dans le vide, regardant la pâte de fruits plutôt que de regarder Mère, contrairement à son habitude.


« Je suis contente d’être là. Je vais vous raconter plein de choses mais… c’est étrange. Je n’arrive pas à savoir si vous allez me donner les réponses que je suis venue chercher, si vous allez me guider, comme à votre habitude ou si les choses vont être différentes cette fois-ci. Le… la Brume est de nouveau là, je ne comprends pas pourquoi. »

Elle poussa un soupir, bien plus audible cette fois-ci, et finit par croquer dans la friandise avec précaution. Elle laissait les secondes s’écouler, comme pour trouver le courage de dire ce qu’elle avait en tête, ou peut-être pour arriver à mettre des mots sur ses émotions, ses ressentis, tandis qu’elle sentait sur elle le regard aimant et bienveillant de celle à qui elle devait tout.

Amelia avait acquis depuis longtemps la certitude qu’elle devait son existence entière à Mère, que ses soins, son amour, lui avait permis de continuer à travers l’obscurité, à voir certaines lumières que, sans elle, elle n’aurait fait qu’effleurer sans avoir la capacité de s’y arrêter et de les comprendre.

Mais ce qu’elle Voyait semblait échapper à son contrôle. Il semblait qu’elle fut destinée à Voir plus, à Voir des choses peu agréables et qui finiraient par concerner les gens qu’elle aimait. Et elle avait peur. Peur de ne pas savoir comment réagir, de ne pas savoir quoi faire des informations qu’elle tirerait de ces images. Elle désirait apprendre à contrôler ce qu’elle Voyait et elle avait peur que Mère lui dise que ce serait impossible, qu’elle ne pourrait fermer son esprit ou qu’elle ne pourrait jamais le diriger de façon à ne pas avoir cette impression d’être au bord de la folie à chaque instant de son existence.

Elle en venait à aimer cette Brume qui l’englobait de plus en plus souvent ces derniers temps.

Ses pensées se bousculaient, elle ne savait pas par où commencer. Prenant une grande inspiration, elle ferma de nouveau les yeux. Et les images finirent par s’éclaircir, les mots s’organisèrent dans son esprit et c’est tout naturellement qu’elle recommença à parler à Mère.


« J’ai croisé Neige il y a quelques jours. Il est comme la Brume. Mais il dit que moi aussi je suis comme la Brume. Les gens ont peur de lui, je devrais avoir peur de lui après ce que j’ai pu Voir mais je n’ai pas peur. Bien au contraire, j’aime être avec lui, j’ai l’impression que je n’aimerai pas l’idée de ne plus le voir du tout. C’est comme si nous étions liés, comme si nos vies dépendaient l’une de l’autre. Mais je ne sais pas quoi penser en fait. La Brume nous entoure toujours, il m’est impossible de Voir à travers elle quand je suis près de lui. »

Elle s’arrêta brusquement, le regard fixé sur Mère, comme si elle attendait qu’elle lui explique cette situation étrange, comme elle lui expliquerait tout le reste en temps voulu.
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Message  Sucrerie Lun 17 Aoû - 7:39

Les yeux d'eau claire se confrontèrent. Ou plutôt, il s'apposèrent, comme les incarnations de deux lacs seraient soudain venus se trouver. Si semblables, si différents. La main d'Ambrosa, vint à soutenir le menton de l'Oisillon, comme elle l'aurait tenu si Amelia avait été rossignol. D'un léger index fin, parallèle à la ligne du regard. Il y avait là toute la douceur du monde, avec une teinte presque espiègle, complice, sans jamais être hautaine.

Le visage de la Veuve n'en montrait rien, mais le doute de Whisper s'était insinué en elle. Si elle ne voyait, c'est que les Brumes se dérobaient. Peut être parce qu'elles étaient menacées par les regards, comme de ces augures qui se brisent si elles sont révélées. Peut être parce qu'elles menaçaient Amelia ou un autre différemment. Peut être aussi, parce qu'il y avait un Mage, ou un autre de ces familiers des ondoiements du monde, qui les manipulaient. Que ce soit l'une, ou l'autre de ces hypothèses, il y avait là l'ombre d'une menace sourde, qui ne se disait pas, qui ne se montrait justement pas, même à Celle qui Voyait. Qu'elle vienne de l'extérieur ne l'étonnait pas. Ambrosa n'était pas assez naïve pour s'imaginer un seul instant que des réprouvés comme les siens, et comme elle même, seraient accueillis un jour avec autre chose que des sourires de fiel et des mains tenant cachés des poignards. Mais, comment n'aurait-elle pas pu le sentir? Comment n'aurait-elle pas pu entendre la vipère siffler en se glissant en son nid protégé? Mais... Se pourrait-il donc que le Serpent fusse des siens? Son Serpent, son poignard. Neige?...
Sa main engloba la nuque fraîche de l'innocente demoiselle. Son sourire était de ceux qui rassurent.

    Tu peux tout me dire, tout m'expliquer, Whisper, et tu le sais déjà. N'aie pas peur de trop parler, j'ai mon temps et il est pour toi.

Le sourire s'affirma dans la douceur, l'écoute. Elle médita ses mots encore, la tête légèrement inclinée de côté. Elle s'humecta les lèvres. Il s'agissait de ne surtout pas blesser. Ni l'Oisillon, ni son fils parmi ses fils. Non, Neige n'avait pu tourner son couteau contre les siens, contre le ventre qui l'accueillait, du moins, pas volontairement. Pas sciemment. Mais à tenir une lame parfois on s'y blesse, et elle l'avait accepté en le gardant auprès d'elle. La révélation viendrait.

    Neige fait peur, oui. Parce qu'il est dangereux et que tous le sentent. Il est, tu sais, comme un prédateur parmi les hommes, qui en aurait revêtu la peau. Ce n'est pas qu'il soit mauvais. C'est qu'il est né ainsi, avec des crocs et des griffes, et l'instinct. Si tu ne Vois pas autour de lui, c'est peut être pour deux choses...

Le pli de ses lèvres se fit rêveur, peut être très légèrement peiné. De toutes les forces qu'elle avait pu vaincre à tant voir et vivre, éprouver, elle avait appris qu'il ne servait à rien de mordre la main de la Destinée. Rien n'était plus veule, plus dur et plus fixé que ce rouage là. La Volonté de Dieu, disaient-ils, peut être était-ce le cas. Dieu était un être aussi cruel que son engeance. Qu'importe. Elle serait là, la Mère, aux côtés d'eux, pour les protéger du Seigneur et Père.

    Peut être bien, reprit-elle, qu'il ne sait pas encore, parce qu'il se cherche et se découvre, et que les Brumes n'ont pas encore trouvé sa place; parce qu'il change... Ou bien, peut être qu'il t'est destiné, d'une façon ou d'une autre. Si tu te sens proche de lui, liée, c'est sans doute pour cela. Tu sais, il y a des âmes nées pour se croiser, et lorsqu'elles se découvrent enfin, de grandes choses se passent.

Elle retint un soupir, perdue dans de lointaines pensées. Elle se sentait une mère apprenant à sa fille à reconnaitre des émois amoureux, mais la chose était là bien plus complexe qu'accompagner de bien naturelles découvertes. Parce qu'ils étaient ce qu'ils étaient, et qu'ils pourraient se détruire l'un l'autre. L'une par sa candeur, et l'autre... Par son néant. Oui, elle serait là. Et restait attentive.
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Message  Amelia Mer 19 Aoû - 14:00

Bien que ses pensées soient toujours aussi confuses, l’Oisillon se sentait désormais en sécurité. Sa Mère la protégeait, elle était bien à l’abri dans son petit nid douillet et rien pour le moment ne pourrait l’y atteindre.

Quelque chose ne tournait pas rond, elle pouvait le sentir, non seulement par l’attitude de Mère mais aussi au fond d’elle-même. Elle se rappelait des paroles qu’elle avait prononcées à Neige, que leur heure allait bientôt arriver et que rien ne serait plus jamais comme avant. Pourtant, elle n’arrivait pas à comprendre quelle serait sa place dans tous ces chamboulements. Peut-être était-ce aussi pour cela que les visions se faisaient si volages en ce moment. Elle devait peut-être enfin commencer à comprendre ce qui lui arrivait réellement.

Voir sans chercher à comprendre n’avait pas réellement d’intérêt. Elle se devait d’apprendre à comprendre ses Visions, à les apprivoiser, comme elle aurait pu le faire avec un animal sauvage. Et peut-être qu’à ce moment-là elle Verrait enfin ce dont l’avenir était fait.

Tellement de peut-être, tellement de questions et elle ne savait pas comment faire.

Et puis, il y avait Neige…

Toujours blottie aux pieds de Mère, la jeune fille soupira profondément.


« Mère… Les gens ne nous aiment pas n’est ce pas ? Vous dites que Neige fait peur à cause de ses crocs, de ses griffes. Mais il… il a essayé de les rétracter quand j’étais là. Il a été gentil avec moi, je me suis sentie en sécurité, presque aussi en sécurité que quand je suis avec vous. Et… si je n’avais pas envie de Voir quand je suis avec lui ? »

Elle avait posé cette question avec toute la candeur dont elle était emplie, avec tout cet amour qu’elle avait pour Mère et pour toute sa « famille ». Pourtant elle la fixait avec inquiétude, comme si elle avait demandé quelque chose de stupide, d’incompréhensible.

« C’est… je ne voulais pas savoir ce qui allait arriver quand j’étais avec lui. C’était comme si mon esprit s’était fermé, que la Brume nous avait entourés pour nous protéger. Comme si elle avait écouté une demande inconsciente de ma part, ou de la sienne je ne sais pas. Vous connaissez bien la Brume. Vous croyez qu’elle peut faire ça ? »

Elle avait du mal à trouver les mots, du mal à parler de la Brume comme d’un être à part entière, même si ses phrases étaient un curieux mélange d’affirmations et d’interrogations. Pourtant, à mesure qu’elle parlait, elle comprenait ce qu’avait voulu dire le Serpent. La Brume était une partie d’elle et c’était cette partie qu’elle devait comprendre si elle voulait réellement Voir et non pas assister à certains évènements qui allaient se passer.

« Et vous croyez qu’on est fait pour se rencontrer ? Pour se croiser ? Que… »

De nouveau, Amelia semblait buter sur les mots. Elle était envahie par un flot d’émotions, de sensations étranges. Elle voulait revoir Neige, savoir si cette sensation n’avait été que passagère ou s’il existait réellement un lien entre eux. Mais elle avait peur aussi, peur de ne rien Voir les concernant tous les deux, comme s’il n’y avait aucun avenir qui les concernait.

Prenant de nouveau une grande inspiration, Amelia leva les yeux de nouveau en direction de Mère. La question qu’elle n’avait jamais osé poser, celle qui lui avait souvent brûlé les lèvres était là, tout près. Et l’Amour qu’elle lisait dans son regard, cette sensation de sécurité, ce moment unique, elle savait que c’était l’instant ou jamais de lui demander.


« Pourquoi… Comment je Vois toutes ces choses ? J’arrive à capter les avenirs proches de parfaits inconnus, j’arrive à Voir ce que je vais faire dans quelques heures, quel temps il fera où qui va arriver. Mais je n’arrive pas à saisir comment. Je n’ai aucune emprise là-dessus, comme si c’était quelque chose hors de moi, hors de portée que je me contentais d’observer… »

Les mots manquaient de force, elle avait tellement de mal à essayer de faire comprendre l’essence même de ses questions, de cette interrogation qui la rongeait de l’intérieur depuis plusieurs semaines, plusieurs mois peut-être. Et maintenant elle était là, ses grands yeux bleus fixant Mère, cet étrange mélange d’innocence et de savoir.
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Message  Sucrerie Sam 22 Aoû - 8:37

Une teinte plus absente, plus mélancolique, passa en son sourire, voila un instant son regard d'une ombre lointaine. De vieilles ténèbres, familières, mais oubliées comme un fantôme dont on ne prend plus garde. Sa voix souffla, tendrement, alors que la main achevait de filer une mèche des cheveux de l'Oisillon, pour se poser à son bras.

    Non, Amelia. Non, ils ne nous aiment pas.

Elle ne retint pas son soupir, cette fois, alors qu'elle se redressait à demi, l'oeil porté vers le jour déclinant derrière ces lourds rideaux qui n'en laissaient filtrer qu'un crépuscule à peine sensible. La question de Whisper filait, quittait cet état de fait, mais il lui sembla important de revenir sur l'avertissement qu'elle n'osait pas toujours faire, d'une part parce qu'il était, hélas, évident, d'une autre part parce qu'il était laid. Et qu'elle n'aimait pas faire de la laideur un sujet. Mais sa petite était en danger, peut être, sans doute, plus que d'autres, alors elle murmura.

    Ils voient en nous des parias, des parasites, des gêneurs. Nous osons être ce que nous sommes, et ils n'aiment pas. Ils vivent gainés de fer, de murs, de tissus épais et de morale. Nous sommes libres. Ils sont des corbeaux en cage, coassant après les rossignols que nous incarnons.

Ensuite, son sourire revint, l'aurore de son regard se débarrassa des nuages, des doutes, de cet étrange air de regret qu'elle ne montrait pourtant jamais, mais qui s'était laissé deviner. Poussière sur un portrait.

    Il y a peu de choses que la Brume ne sait faire, mon doux murmure. Elle nous montre le coeur des gens. Elle nous raconte leurs histoires, leurs secrets. Elle s'infiltre en nous et nous change, elle nous donne le pouvoir de le faire. La Brume est beaucoup, et elle écoute ce que nous lui demandons, au plus profond de nous. Vois la comme le miroir du plus profond de ce que nous sommes. Si elle t'effleure, et que tu ne Vois plus alors que tu es avec lui, c'est peut être que, oui, au plus profond de toi, tu ne veux savoir.

Elle laissa encore filer les mots, plissant les yeux avec aménité, admiration. C'était une beauté presque tragique. Oh, non, elle n'espérait pas le drame, mais il y avait une teinte étrangement désespérée et belle, à voir ces deux âmes si différentes, si contournées s'approcher timidement, chercher dans les ombres ce qu'elles sont, l'une, à travers l'autre. Ambrosa avait aimé, et toujours ses amours s'étaient brisés. Elle contempla l'Oisillon comme une fille, plus que jamais. Et comme toute mère aimante, lui souhaita dans le secret de son âme avoir destinée plus douce et tranquille.

    Tu sais, à ces questions tu as déjà la réponse. Ose, seulement, te les poser à toi même. Et regarde dans ses yeux à lui le reflet de leurs échos. Tu verras, je pense. Avec tes yeux, et sans Brume. C'est ce que tu cherches.

A nouveau, elle releva la tête, le regard cette fois perdu au lointain, dans les confins des murs, et de ses pensées. Sa main reprit sa caresse attentive, plus protectrice, et sa voix s'abaissa d'un ton. Prenant celui dont on chuchote les secrets, les choses qui ne se disent qu'une fois et qu'on ne doit répéter.

    Pourquoi, comment... Ce sont des questions qui n'ont cours, avec Elle. La Brume est, la Brume fait, Elle repart, Elle vogue. Parfois, elle touche certaines personnes, toujours différemment. Toi, elle t'a ouvert les yeux, elle te montre ce qui sera peut être, elle te désigne les fils de la destinée, les rouages du monde. C'est beaucoup, et il est normal de ne pas savoir qu'en faire... La Brume ne se maîtrise pas, elle ne saurait être contenue, ou elle s'efface. Ce que l'on peut faire, c'est apprendre à nager dans son courant, à se laisser porter, pour lui souffler de nous emmener là où nous le voulons. Il ne s'agit pas d'emprise... Il s'agit d'écoute. De symbiose. De chanter ensemble, de danser avec elle.

Son regard, au fil de ses paroles était revenu se plonger en celui de Whisper. Elle avait une beauté un peu trop grande pour être contenue dans ce corps mince et fragile, et il vint à Ambrosa l'idée cinglante qu'elle serait un jour brisée, et que ce jour là, elle serait magnifique, et le lendemain peut être fanée.
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Message  Amelia Lun 24 Aoû - 0:03

En quelques mots Mère avait su lui expliquer la marche du monde qui les entourait, ses rouages secrets, la façon dont les étrangers pouvaient se comporter réellement une fois le masque de la bienséance disparu. Elle savait, d’une main légère et sans heurt, soulever les voiles qui entouraient la jeune fille et la protégeaient. Amelia, resta un instant songeuse, puis un sourire étrange vint illuminer son visage diaphane l’espace d’un instant.

« C’est amusant. J’ai toujours cru que les gens devraient plutôt essayer de s’échapper de leur cage, qu’ils aimeraient ressembler à un rossignol plutôt que d’être enfermés comme ils le sont. Peut-être ont-ils peur de nous, de notre liberté, de cette capacité que nous avons de pouvoir être ce que nous sommes sans nous sentir gênés par des regards désapprobateurs.
Les hommes sont emplis de contradictions semblerait-il. Mais ils ne nous arrêterons pas, ils ne pourront pas nous faire de mal.
»

Tout en parlant elle faisait voleter ses doigts fins dans l’air, comme pour marquer ses propos. Les gens n’aimaient pas ce qu’ils ne connaissaient pas, elle commençait à être habituée à cet état de fait. Mais elle avait du mal à le comprendre et, plus le temps passait, plus elle avait la certitude qu’elle ne pourrait jamais réellement se faire à cette idée. Et la voix de Mère, si tendre soit-elle, était comme une douceur que l’on donne pour cacher le mauvais goût d’un remède. Il s’agissait autant d’une constatation que d’un avertissement, Amelia devrait s’en souvenir à l’avenir.

Puis le sourire revint sur le visage de Mère, emplissant le cœur de l’Oisillon d’une douce chaleur. Elle parut de nouveau songeuse, réfléchissant aux propos de Mère à propos de la Brume. Quand elle reprit la parole, ses grands yeux bleus fixaient un point invisible face à elle.

Et sa voix, si douce, à l’entendre on pouvait aisément comprendre pourquoi Mère l’appelait son murmure, surtout quand elle parlait avec ce ton rêveur, presque autant pour elle-même que pour son interlocuteur.


« En fait, la Brume est en moi, en nous tous, tout comme elle nous entoure constamment. Certains en ont peur, la fuient de toutes leurs forces. Et nous… Nous apprenons à l’aimer, à la comprendre comme elle nous comprend. Est-il possible qu’elle… qu’elle fasse en sorte que je puisse apprécier certains moments sans me soucier de ce qui peut arriver ? Ou est-ce que c’est parce que je la ressens aussi fortement qu’il se passe ce genre de choses ?»

A l’évocation de sa relation avec le Serpent, de ces évènements particuliers, elle leva de nouveau les yeux vers Mère et ce qu’elle put y lire la troubla l’espace d’un instant. Jamais elle ne l’avait regardé de cette façon. L’affection était plus présente que jamais mais il y avait autre chose, quelque chose de plus intense, dont elle ignorait totalement la teneur.

Elle devait tout simplement s’interroger elle-même ? Oser poser les questions mais surtout, écouter les réponses qu’elle savait au fond de son esprit, de son cœur peut-être. Et cette fois, aucune vision, aucune image extérieure ne saurait lui répondre, si ce n’est peut-être plonger une nouvelle fois dans un regard qui l’avait intriguée et qui la troublait encore.

Les secondes s’égrenaient, silencieuses. Elle savait que Mère l’observait avec acuité, la devinant sans difficultés. Il suffisait non pas de comprendre la Brume, c’était l’œuvre de toute une vie, mais plutôt de se laisser guider par Elle, de la sentir et de surtout ne pas en avoir peur.


« Si je Vois des choses, c’est pour mieux appréhender ce qui pourrait arriver alors. Il me suffit de l’accepter, de me laisser porter par le courant pour que cela fasse réellement partie de moi, que je le sente en moi et non pas seulement comme un évènement auquel je pourrais assister ? Mais si je Vois les choses qui devraient être, qui seront surement, est-ce que je dois interférer dans les évènements ? Si la décision est déjà prise, si la route de la Destinée a déjà été tracée, si la Brume m’a montré ce qui sera, ai-je le droit de faire en sorte que les choses changent ? »

Elle ne semblait pas vraiment consciente de cette possible responsabilité qu’elle évoquait avec des mots simples, des questions directes. Amelia semblait en cet instant face à un moment capital sans sa jeune existence sans qu’elle le réalise vraiment. Sa confiance aveugle envers Mère, l’affection qu’elle portait aux siens, elle était persuadée que tout cela suffirait à lui montrer le bon chemin, à l’amener là où elle serait en symbiose avec la Brume et avec son Destin.
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Message  Sucrerie Lun 24 Aoû - 15:08

Ambrosa ne continua plus au sujet des étrangers. Il suffisait, leur haine avait déjà pris assez de place entre elles, en elles. L'Oisillon était averti et ne se pencherait pas hors du nid avant l'heure. Parfois -Oh, rarement- la rage prenait une petite place là, dans le coeur d'or de Milady. Tous ces gens peureux, taris, secs de l'intérieur et fermés qui maudissaient le nom des autres, des différents. Elle n'entrait pas dans ces colères ténues parce qu'ils avaient peur, ni parce qu'ils les menaçaient, mais bien parce qu'à force, ils les faisaient devenir comme eux. A fermer leurs portes. A refuser l'autre, parce qu'il pourrait être dangereux. Ce jour-là était souvent le jour qui signait son départ pour une nouvelle terre. Pour ne pas que ses enfants ne perdent leur richesse, leur ouverture, leur sens d'une famille qui ne connait les frontières.

Pour l'instant, ils venaient d'arriver, et rien d'un drame ne s'était dessiné, quand bien même elle avait entendu les échos d'une histoire aussi sordide que tragique, dont elle pressentait les retombées néfastes. Ils allaient certainement mettre le destin de ses malheureuses sur la faute de ceux qu'ils voyaient différents. Peu suffisait, d'ordinaire. Un accent, un nom, un hâle. Eux avaient tout. Elle serait là, bouclier de tendresse et épée de beauté face au grand monde qui oubliait tant de ses petits enfants.

Le sujet revint à la Brume, la main revint aux cheveux sur le bord de sa joue en un touché léger, sincère et complice. Elle acquiesça aux propos de sa demoiselle, restant un temps dans ses pensées avant de souffler en retour.

    Oui, Amelia. Toutes ces réponses, elles sont en toi. Écoute-toi. Si, à t'entendre toi-même, tu e dis qu'elle s'est retirée pour ne te laisser que tes yeux propos pour vivre l'instant tout entier, sans l'avoir entamé par avance, ni qu'il soit alourdi des autres, c'est qu'elle le fait. Si tu penses que c'est votre affinité qui le permet, c'est que c'est le cas, également.

Elle chercha ses mots un instant, claquant le bout de sa langue contre sa lèvre supérieure dans une mimique ravissante. Se plongeant dans les rouages desquels elle était familière maintenant, sa main libre esquissa un mouvement dans l'air, comme dessinant l'arc d'une volute.

    La Brume n'est pas une question de logique, mais de légendes, de ressenti. Tu sais, tous les enfants savent lorsqu'ils sont petits qu'en fermant les yeux et en espérant très fort, des choses se passent, d'autres s'améliorent... Ils ont raison, ces petits enfants, et c'est l'âge et la dureté qui les coupes de cette certitude qui n'est pas un savoir. C'est cela qui coupe de la Brume. Elle se ressent, se vit, elle ne se cadre pas. Si pour toi elle est ceci, alors tu dis vrai.

Elle prit une inspiration savourée, alors que le sujet devenait de plus en plus aigu, aiguisé et délicat. Ambrosa ne voulait pas, certainement pas, étouffer les siens ou faire leurs propres choix à leur place. Elle se savait influente, parfois le moindre de ses mots pouvait être déterminant. Si une mère était un guide, elle devait également prendre garde à ce que le tuteur ne devienne pas barreau d'une cage.

    Tu Verras des choses que tu ne voudras pas voir se réaliser. Tu en Verras d'autres qui te paraîtront merveilleuses. Tu en Verras de si floues que tu ne sauras quoi en penser. Tu en as déjà Vu, de toutes celles-ci. Encore une fois, la Brume est volatile, elle n'est pas fixe, elle n'a pas de lois. De codes. Elle se contente d'être. Laisse toi aller avec elle, tu sauras. Et si tu ne sais pas, nous sommes tous là pour t'aider, et te soutenir.

Elle ajouta un baiser délicat et chaste sur sa joue déjà frôlée de tant de douceur, avant d'ajouter avec toute la bienveillance du monde.

    Toutes les choses ne sont pas graves, lourdes, tragiques. Tu as toi aussi le droit de voler avec insouciance. Repose toi sur nous si tout ceci te pèse trop.
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Message  Amelia Dim 30 Aoû - 21:17

Amelia savourait cet instant comme jamais. Pour la première fois depuis longtemps, elle avait la sensation d’être totalement comprise par Mère, sans avoir besoin de trouver les mots exacts. Elle comprenait ce qu’elle pouvait ressentir, elle se sentait en symbiose avec elle, sans mots superflus, sans discours grandiloquents.

Et elle ne redouterait plus de retourner hors de son nid. Elle comprenait ce que Mère voulait lui dire. Quoi qu’il se passe, Mère serait toujours là, juste derrière elle, lui tendant les bras pour qu’elle puisse y trouver le réconfort, l’amour et la paix qu’elle aurait perdus au cours de ses différentes découvertes.

Les étrangers seraient toujours là, parfois accueillants mais le plus souvent hostiles face à une âme qui, contrairement à eux, apprenait à vivre avec la Brume, à la sentir en elle, autour d’elle, et surtout à Voir ce qui allait arriver. Elle finirait par Voir réellement, non plus de cette façon inattendue, parfois diffuse, quand le moment serait venu, elle le sentait au fond d’elle-même.

Elle finirait peut-être même par contrôler tout cela qui sait. Mais l’heure n’était pas au contrôle, il était tout d’abord à l’acceptation. Accepter de Voir, pas seulement lorsqu’elle ne se sentait pas concerné ou lorsque l’évènement était anodin, mais également lorsque son avenir ou celui des gens qui l’entouraient au quotidien s’en trouverait profondément modifié.

Ses yeux brillaient quand elle leva de nouveau son regard en direction de celle qui avait illuminé son existence. Ses mains s’étaient posées délicatement sur les genoux de Mère, comme pour intensifier son contact avec elle.


« C’est pour ça que nous sommes tous aussi bien ici alors. Nous avons accepté la Brume et elle nous a laissé cheminer avec elle. C’est une chance que les autres n’ont pas eu. Mais j’aime aussi à penser que j’ai un lien particulier avec Neige et que la Brume nous permettra d’en profiter sans aucun masque. J’espère juste que nous aussi nous nous permettrons de le faire si c’est réellement le cas. Mais tout cela, vous le savez déjà n’est-ce-pas.»

Elle sembla un peu inquiète l’espace d’un instant, puis haussa les épaules, laissant le regard serein, les manières calmes de Mère l’apaiser. Ce qui devrait arriver avec Neige viendrait en temps voulu. Ils finiraient fatalement par se revoir et elle saurait si les impressions, les ressentis qu’elle avait eu ce jour-là étaient bien dus au Serpent ou s’il s’agissait tout bêtement de quelque chose d’autre. Quant au reste…

« En fait, la Brume me donne la chance de Voir, je dois accepter que ce que je Verrais soit différent de ce que j’aimerais voir. Mais je suis heureuse de savoir que vous serez là, près de moi dans ces moments-là. Et j’espère… je souhaite que je Verrais aussi de belles choses… »

Son sourire, si franc, si spontané, illumina ses traits diaphanes tandis qu’elle sentait les douces lèvres de Mère effleurer sa joue.

« J’espère surtout que je les vivrais aussi… avec vous tous… »
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Message  Sucrerie Jeu 3 Sep - 12:16

Il n'y avait plus de doutes délétères, de ceux qui freinent, qui paralysent. Envolés, grandis et changés, ou dénudés et montrés autrement. L'Oisillon pouvait voleter de nouveau et chanter de ses toutes petites trilles qu'elle ne réservait qu'aux entrailles du Manoir, qu'à ceux qui avaient su montrer patte blanche, dépourvue de serres. Milady n'était pas exactement soulagée. Oh, elle était heureuse d'avoir pu libérer son enfant, mais elle était lourde d'une inquiétude lovée en son coeur, qui ne savait troubler son regard encore, mais dont l'haleine restait à flotter dans son esprit, à rôder dans son âme. Un danger sur les siens, entre les siens. Elle ne devait l'oublier, et peut être même devrait-elle sortir de sa réserve déjà, alors qu'ils étaient à peine installés, tout juste acceptés comme ombre au décor gris.

Elle s'était redressée, le dos avait retrouvé le dossier de son fauteuil haut et droit. Sa main avait repris ses inlassables caresses légères, et elle rendait à Whisper son sourire en écho. Ses paroles, sa mine, tout était une ode au réconfort, à la sureté et à un avenir tranquille et brave. Qui était une illusion. Milady n'avait pas la vue d'Amelia, mais elle avait mémoire de tout, et elle se souvenait parfaitement de ces mots que l'enfant lui avait dit à leur rencontre. Elle ne pouvait oublier l'idée qu'elle devait la Changer un jour, et l'attirer à jamais à la nuit, l'enchainer au Sang. Et qu'il arriverait malheur, puisqu'elle ne l'aurait pas fait de sa propre idée. Non, l'Oisillon n'était pas de celles qu'elle aurait voulu embrasser du froid et suave baiser de la Mort. Bien trop tendre, bien trop belle ainsi, à voler entre les murs, à jouer des rayons du jour -Qui seraient sa fin seconde. Tout finissait, certes, et elle avait vu assez de vies chéries flétrir pour le savoir. Ca n'en amoindrissait pas la cruauté, toutefois, et jamais elle n'aurait souhaité y être insensible, par ailleurs. La fin de son humanité, de sa tendresse, signerait les débuts d'un monstre qu'elle se refusait à devenir.

Elle ne voulait pas les laisser peser sur le présent, toutefois, et avant que les ténèbres de ses pensées ne déteignent sur ses prunelles, son attitude, elle repris le livre à ses genoux, en caressa la couverture lisse et sans accroche, pour commencer à se jouer des pages, d'un index conquérant.

    Je serai toujours avec toi et tu le sais, Whisper. Et nous serons avec toi. C'est une promesse.

Un dernier baiser à sa tempe, léger comme une plume, cette même plume qu'elle retira d'entre les pages pour entrouvrir le livre. Le ton se fit léger, aérien et complice, d'une douceur extrême et d'un soin infini.

    Veux-tu que je te fasse la lecture, à présent? Ton passage favori. Un adorable sourire fleurit à ses lèvres. Je vais faire les voix.

Et, sa main élevant le livre à hauteur de son visage, elle parcourut les lignes, pour s'imprégner des rôles qu'elle allait se donner. Une touche de légèreté, un écrin de tendresse, qui sauraient être un bouclier de l'âme au temps des tourments. Sa main libre chercha celle de l'Oisillon, pour s'y nouer.

Si Dieu écoutait les prières des damnés, il aurait entendu Ambrosa en adresser une, simple et humble, pour qu'il veille à sa fille, à ses amours, et à sa vie.
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