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Aria of the Night

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Message  Lucian Laurel Jeu 18 Juin - 5:13

Bien qu’ils aient atteint l’Elder’s Museum sans encombres, Lord Laurel prêtant oreille aux propos malicieux mais toujours fins de sa protégée, il n’avait pu détourner entièrement ses pensées du récit d’Ève.

Lady Brooke et un petit roturier, n’est-ce pas? Il avait croisé la dame à quelques reprises dans les salons réservés à ses pairs et avait su dès l’instant où elle pénétré la pièce qu’elle possédait le Don. Les rumeurs qui couraient au sujet de la jeune femme ne lui étaient pas inconnues et lui rappelaient vaguement celles qu’on colportait à son propre endroit, à la différence que Lucian n’était plus nimbé du moindre aura d’innocence depuis une éternité. Quant au garçon, il l’avait vu grimper les marches du parvis de Westminster et, comme toujours, avait senti le pouvoir sommeillant en lui. Il s’était gardé de se révéler au vaurien, préférant attendre sa pupille sans quoique ce soit pour le distraire. Cependant, s’il avait su que cette petit vermine attirerait l’attention de sa Diane, sans doute l’aurait-elle attrapé par le collet pour l’entraîner avec lui jusqu’aux bas-fonds de Londres et lui faire connaître les horreurs de sa Brume. Il en usait rarement par clémence et le garçon n’aurait pas fait exception, sa chair déformée, avilie, symbole du courroux d’un Lord et Mage impitoyable.

Ces considérations furent vite balayées lorsque la prunelle de ses yeux prit siège devant le piano. Il semblait que son Destin était de n’être toujours qu’entouré de femmes et pas les moindres d’entre elles. Feue sa mère comme ses sœurs s’étaient toutes distinguées par leur caractère bouillant. À présent, voilà qu’il était tiraillé entre la Diane chasseresse, lunaire et fatale, et Ève, la toute première femme, celle qui avait imposé à l’Humanité entière le péché originel. Et lui, ne tenait-il pas de Narcisse, dans la passion interdite qu’il vouait à cette dernière? Il n’avait de cesse de se reconnaître chez son adorée, dans chacune de ses infamies enrobées de miel comme dans chacune de ses réflexions aiguisées. Mais réduire sa Ève à un simple reflet de lui-même n’aurait point été juste et Lord Laurel savait en son for intérieur qu’elle serait à la fois la clé de son salut comme la promesse de sa damnation. Deux êtres consumés par le même feu ne pouvaient espérer ne pas finir par se brûler mutuellement…


« Magnifique, ma chérie. Par ton talent, tu dissipes jusqu’à la brume persistante de cette ville trop morne. »

Déjà, les notes d’un premier morceau mouraient dans l’air et Lucian s’approcha de sa fille, le sourire aux lèvres. Il applaudissait avec lenteur, presque négligence, non pas pour mortifier sa douce et vicieuse infante, mais bien parce qu’une musique différente occupait son esprit. Arrivé à la hauteur de l’interprète, il laissa sa main glisser le long des touches d’ivoire pour rencontrer des doigts au repos, remonter le long d’un bras au galbe délicat et finalement s’approprier une épaule découverte par un corsage bleu.

« Te mérite-t-elle seulement? Il m’apparaît parfois que d’autres cieux, que ceux gris et tristes de Londres, seraient plus dignes de ta beauté. »

Penché au-dessus d’Ève, ses lèvres effleurèrent le lobe pâle d’une oreille et allèrent même jusqu’à y planter des canines aiguës. Un instant plus tard, il s’était redressé. Seuls, ils l’étaient pour l’instant mais Lucian savait la salle de réception bondée et il s’en faudrait de peu pour qu’un hôte à la recherche de tranquillité ne les surprenne.

« Je suppose malheureusement qu'il nous faudra faire preuve de patience. Il ne serait pas sage que je t'emmène, toi et toi seule, au loin, même s'il me coûte de l'admettre. »

Un périple par-delà la Manche était certainement le cadet de ses soucis. Quand se résoudrait-il à entrevoir le futur de celle qu'il aurait toujours voulu garder sienne? Un semblant de respectabilité, c'était ce qu'il avait désiré offrir à la jeune femme pour ne pas en faire une vulgaire maîtresse, une courtisane sans lettres de noblesse. Toutefois, certains devoirs accompagnaient ce rang si tous deux ne souhaitaient pas voir leur liaison éclater au grand jour. La confier à un autre homme? Jamais. Que faire dans ce cas? Pouvait-il évoquer ce problème épineux devant Ève sans risquer de l'effrayer, de lui laisser croire qu'il cherchait à se défaire d'elle?
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Message  Eve D. Laurel Jeu 25 Juin - 2:58

Lord Laurel n'était pas avec elle. Physiquement, il l'était, il lui répondait aussi... Mais Ivy sentait que, quelque part, il n'était pas pleinement là. Pas pleinement présent. Pas pleinement à elle. Seigneur, que cela la frustrait. Si elle l'avait pu, elle l'aurait enfermé quelque part avec elle, loin des yeux du monde, pour qu'il ne pense qu'à elle, ne parle qu'à elle, ne voit qu'elle, ne touche qu'elle, n'aime qu'elle... Qu'il n'existe qu'elle dans son coeur. C'était bien assez douloureux de devoir le partager avec cette... cette... Statue de givre au ventre glacé qui lui tenait lieu d'épouse. L'embrassait-il comme il l'embrassait elle ? La tenait-il comme il la tenait elle ? Lui racontait-il les mêmes choses qu'à elle ?

Ah... une fois encore, la Jalousie pointait son hideux museau vert à la porte de ses pensées. Elle le repoussa d'un coup d'épaule. Non. Il était tout simplement impossible que son Lucian puisse aimer d'avantage Diane qu'elle. Elle, il l'avait choisie, non ? Il n'avait pas été obligé de la prendre sous son toit, ni de l'éduquer, et encore moins de l'étreindre. Il n'avait pas été forcé. C'était bien la preuve, non ? Il l'avait choisie elle, entre toutes. Il fallait qu'elle garde ça en tête, plutôt que de se tourner les sangs avec des inquiétudes futiles...

Elle s'assit au piano et après une seconde d'hésitation, opta pour la Folia de Vivaldi. Les accords s'alignaient les uns après les autres dans l'air... mais au lieu d'être enjoué et dansant comme il était sensé l'être, le morceau ressortait comme... Orageux. Bizarrement inquiétant. Certes, elle jouait parfaitement juste, parfaitement dans les temps... mais c'était ce qui ressortait de son morceau. Et de tous les morceaux qu'elle ait jamais joué d'ailleurs. C'était cette agressivité sous-terraine qui la condamnait à être à jamais une pianiste passable, au lieu d'être excellente, bien qu'elle en aurait eu les capacités. Peu de gens supportaient l'écoute des remous boueux de son coeur bien longtemps. Mais Lucian semblait apprécier, et c'était tout ce qui comptait à ses yeux.


"Merci Père... Mais je préférerais que Londres conserve son manteau de Brume qui voile son corps décharné à nos regards..."

Un délicieux frisson lui parcourut le bras, au rythme du passage des doigts de Lucian, et elle se remit à jouer, la Nocturne de Chopin cette fois. Le ton était moins agressif cette fois. Amer plutôt, presque mélancolique. Elle rata une note quand les dents du noble s'enfoncèrent dans la chair fragile de son oreille mais c'est d'un ton parfaitement maîtrisé qu'elle lui répondit, comme si de rien n'était.

"Je comprends, Père. Même si mon coeur pleure de nous savoir enchaînés ici... Je comprends. Les Portes du Rêve nous sont toujours ouvertes, en attendant le jour où nous seront libres."

Elle savait parfaitement qu'avec le rang venait les responsabilités. Que Lucian ne pouvait les fuir. Ça serait indigne de lui, indigne d'elle, indigne d'eux. Alors même si elle rêvait des ruines blanches se découpant sur le ciel bleu de l'Italie, même si elle n'avait jamais quitté l'Angleterre, et même Londres, de sa vie... Elle comprenait.

En parlant de responsabilités... Il serait bientôt temps pour elle d'accepter un fiancé. De partager sa couche avec un autre homme. Frisson de dégoût. Elle préférait ne pas y penser. Mais elle y serait bien obligée n'est-ce pas ? Même si ça lui déchirait l'âme. Même si ça la rendait malade. Pour protéger Lucian, elle le ferait... Il n'y avait pas de solution pour éviter le mariage à l'époque, si ce n'est les voeux monastiques. Et elle ne désirait pas rentrer au couvent... Ils choisiraient ensemble voilà tout. Un mari jeune. Non pas que les hommes âgés lui déplaisent, loin de là, il n'y avait qu'à jeter un oeil à Lord Laurel pour comprendre. Non, juste parce qu'un homme mûr la traiterait comme une gamine, un joli petit animal à entretenir. Un homme plus jeune se comporterait exactement de la même façon, mais lui serait plus inexpérimenté, plus facile à mener par le bout du nez.

Comment expliquer ça à Lucian sans qu'il pense qu'elle désirait lui échapper, s'éloigner de lui pour s'abîmer dans les bras du premier venu ?
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Message  Invité Ven 26 Juin - 20:46

"Il me semblait bien avoir entendu du bruit en passant devant la porte. Ah la curiosité, un si vilain défaut."

La porte venait tout juste de s'ouvrir, béante, sans aucune volonté de discrétion, et donnait sur un individu à la fois lumineux, par les reflets dorés que les lustres et autre chandeliers offraient à ses cheveux, mais aussi un individu à l'allure globalement très sinistre. Lui qui avait déambulé dans la salle de réception en ne montrant, à priori, qu'un intérêt très limité aux festivités, avait décidé de céder à sa curiosité compulsive, à fouiner dans les alcôves et autres endroits isolés afin de dénicher quelque information, quelque scandale qui auraient pu le divertir infiniment plus que cette réception.

Après avoir entrouvert quelques portes, découverts quelques inavouables ébats cocufiants ou bien contre nature, et les avoir consignés méthodiquement dans son petit journal, il en était arrivé à cette porte, et avait entendu de la musique s'en échapper vaguement. La musique l'avait tout d'abord intrigué, et avait presque réussi à réveiller de vieux démons tant la façon de jouer était empreinte d'une énergie bien loin d'être positive, mais ces démons fusionnèrent avec la Dame Curiosité dès lors que la musique se tut, et il devint impossible pour lui de ne pas coller plus avant son oreille entraînée et confirmée à la porte pour savoir ce qu'il pouvait bien se dérouler à la suite de ladite musique.

Il décida alors, tout bonnement, de jouer sur l'effet de surprise, plutôt que de tenter d'entrouvrir la porte malhabilement et de perdre toute crédibilité en cas d'échec. Il n'était pas dans les usages de Fisher que de laisser sa chance au hasard. Non, il y avait une rationalité malade plus que maladive qui opérait en son sein, et qui surtout surgissait dans les moments les plus indicibles de son emploi et de son principal hobby qui était de fouiller dans la vie des gens. Cette rationalité avait une fois encore pris place dans son esprit, et l'avait poussé à calculer son entrée selon les notions de risques, mais aussi d'avantages, et il était ressorti de cette fort vilaine équation qu'il lui était nécessaire de faire une entrée plus ou moins officielle, mais suffisamment fracassante pour prendre les individus en question la main dans le sac, quoi qu'ils aient pu faire.

Et il fut sceptique, confus par la vision qui s'offrit à lui. Le bien trop connu Lord Laurel, et sa fille adoptive étaient affairés derrière le piano, jusque là, rien de plus anodin, mais il sembla percevoir une atmosphère malsaine, étouffante, comme s'il venait de déranger un moment d'intimité bien différent de ceux qu'il avait pu déranger dans les autres pièces qu'il avait visité. Ses méthodes peu orthodoxes lui permettaient en général d'obtenir du lourd et du concret sur les gens, mais là, il sembla que la situation fut bien plus ambigüe, même s'il ne hasarda absolument pas ses pensées jusqu'aux extrémités qui étaient pourtant la dure réalité. Non, il pensa au pire à un complot entre père et fille, sur une quelconque affaire, mais bien loin de ce qui se tramait au final.


"Milord, jeune Lady Laurel, veuillez excuser mon impromptue visite. Vu qu'il me semble que nous n'avons jamais été présentés auparavant, mon nom et Fisher, Lord Henry Fisher, Inspecteur en Chef de la Police Londonienne."

Un léger sourire semblait agrémenter ses fins traits tandis qu'il se présentait de la manière la plus respectable possible, excusant ainsi sa fracassante entrée par la plus mielleuse des étiquettes.

"Mon intention n'était pas de troubler votre fille dans sa pratique du piano, mais ayant déjà fait quelques autres pièces, j'y ai trouvé des relations humaines bien peu catholiques, et je dois admettre qu'avant de savoir qui était dans cette pièce, je m'attendais à trouver bien pire tant les vices semblent augmenter graduellement selon l'avancée de cette réception. Il m'est au contraire plaisant de voir un peu de normalité, ce soir, et une normalité sachant apprécier la musique."

En réalité, il était à l'affut de réactions corporelles et éventuellement verbales qui pourraient confirmer cette ambiance pesante et dérangeante qui lui était presque montée au cerveau, comme une vilaine effluve d'un alcool trop vieilli, lorsqu'il avait pénétré la pièce. Pour en avoir le coeur net, rien de tel qu'une part de vérité, une once de banalité, et deux doigts de flatterie modérée.
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Message  Lucian Laurel Ven 3 Juil - 22:22

L’arrivée inopinée de nul autre qu’un inspecteur de la police de Londres prévint Lucian d’aborder d’épineuses questions avec sa protégée. Il était à des lieus d’imaginer que celle-ci mûrissait ces mêmes projets, non pas parce qu’il doutait de la finesse d’esprit de sa pupille, mais parce qu’il présumait que son rôle de tuteur et de mentor l’obligeait à se pencher sur ces préoccupations. Même si cette discussion aurait été une nouvelle occasion pour lui de se féliciter de la lucidité de sa fille, de la connivence que tous deux partageaient, il lui fallait la reporter à plus tard. Ce Fisher, malgré son introduction des plus bienséantes, n’entendait pas à rire. Cette fouine se camouflant sous le titre vertueux de gardien de la paix était exactement le genre d’individus à éviter… ou à écraser sous le talon de sa chaussure. Lucian connaîtrait sa perte, cela il en était conscient. Un homme tel que lui ne saurait tenir la Mort au loin éternellement. Il ne laisserait toutefois pas sa chute être provoquée par une vermine de Scotland Yard. Quel pire affront que d’être envoyé en prison par un va-nu-pieds dont les ancêtres, quelques décennies plus tôt, devaient encore travailler dans une mine à charbon ou guider un troupeau de moutons à travers la lande?

« Mr. Fisher… »

Il s’était retourné avec lenteur, ses mains serrant un instant les épaules d’Ève avant que ses bras ne viennent se croiser sur sa poitrine, son visage altier ne dissimulant pas le déplaisir que suscitait chez lui l’irruption d’un tiers parti.

L’omission n’avait d’ailleurs pas été fortuite. Elle témoignait de tout le respect qu’accordait Lord Laurel à ceux de caste qui vendaient leur titre et leurs privilèges pour une poignée de livres, une raison supplémentaire pour ne ressentir aucune sympathie pour l’Inspecteur. Mais où allait l’aristocratie lorsque des roturiers, des fils de boucher et de charpentier, pouvaient obtenir une place à la Chambre des Lords, se voyaient ouvrir les portes de salons réservés à l’élite depuis des siècles et des siècles? Les grands barons, ceux qui avaient fait ployer Jean Sans Terre près de six ans auparavant, devaient se retourner dans leur tombe en constatant les parvenus qui foulaient désormais le sol de l’Angleterre. Lord Laurel ne réprouvait pas complètement la classe des marchands, il fallait bien que le pays prospère. Chose certaine, en revanche, il n’approuvait absolument pas qu’on dilue la pureté d’un sang, qu’on diminue le prestige d’un rang par vulgaire cupidité.

Un sourire mauvais retroussa ses lèvres trop fines aux excuses du nouveau venu. L’ingénuité n’était pas la caractéristique qu’il associait aux membres des forces de l’ordre.


« L’Enfer n’est-elle pas pavée de bonnes intentions? Les conséquences m’interpellent plus que les intentions derrière chaque acte... Je vous accorde cependant le bénéfice du doute, puisque c’est là ce que préconise notre système de justice. Mais cela, vous devez déjà en être au fait. »

Le rictus s’étira quelques secondes de plus avant de disparaître, laissant entendre qu’il n’était pas dupe à la raison pour laquelle Fisher avait fait si cavalièrement intrusion dans la pièce. Si celui-ci furetait à la recherche d’indices inculpant la famille Laurel pour un quelconque délit, Lucian n’aurait d’autre preuve tangible à lui offrir que son dédain.


« Qu’entendez-vous donc par ces relations humaines bien peu catholiques? Il m’apparaît pour ma part qu’il est préférable de s’adonner au vice avec modération qu’à la bigoterie sans distinction. Je ne porte aucune estime envers les inquisiteurs qui, animés de foi la plus pure, la plus pieuse, n’ont pas hésité à mener au bûcher hérétiques comme innocents. »

À nouveau, un sourire moqueur lui monta aux lèvres et il sembla afficher un air modeste, alors que s’inclinant légèrement, il déclarait :

« Mais veuillez excuser mes propos. Ce ne sont pas là des paroles à tenir devant un représentant de l’ordre. Je risquerais d’apparaître comme criminel et païen, ce que je ne suis point. »

Tout, du regard à l’expression sur son visage, semblait démentir ces mots. Et pourtant, ce n'était pas une preuve suffisante pour être emmené à la Tour... n'est-ce pas, Mr. l'Inspecteur?
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Message  Eve D. Laurel Lun 6 Juil - 14:01

Quand la porte s'ouvrit, Chopin se tut, instantanément. Eve se redressa, drapée de dignité, avec l'attitude parfaite de la jeune héritière de bonne famille, droite et fragile comme une sculpture de verre. Évaporée la détente dont elle avait pu faire preuve jusque là, l'abandon entre les mains de Lucian. La courtisane sensuelle qu'elle pouvait être avait cédé le pas au masque lisse de l'innocence. N'était-elle pas délicieuse, cette fraîche enfant, avec cette expression de surprise et de timidité peinte sur le visage ? Elle se leva du tabouret de piano et effectua une révérence discrète, ses mains saisissant délicatement les pans de son jupon noir, son buste corseté de bleu paon s'inclinant avec humilité. Elle évoquait en cet instant quelque animal gracieux et frêle, une biche aux yeux de velours et à l'expression inquiète. Combien d'heures de travail devant son miroir avaient-elles été nécessaires pour un tel résultat ? Combien de répétitions pour trouver l'angle exacte à adopter pour ce menton, la courbe de ce poignet, le fléchissement de ce genou, l'entrebâillement de ces lèvres pleines qui laissaient deviner les mots que la timidité taisait ? Même Lucian ne le savait probablement pas.

Le mensonge avait toujours été une seconde nature chez elle. Elle en avait fait un art.


"Lord Fisher..."

Difficile de croire qu'Eve soit issue du peuple. Difficile de croire qu'elle soit la fille de Lord Laurel. Difficile de croire qu'une créature aussi exquise puisse être un monstre. Et pourtant. Henry Fisher, hein ? Elle lui donnait du Lord, oui. Il semblait y tenir, c'était sensible dans la façon dont il s'était présenté. Les nobles, les parvenus, quelle différence, ils étaient tous les mêmes. Veules et serviles, fourbes et lâches dans leur soumission aux rites imposées depuis des siècles, agitant leurs arbres généalogiques et leurs actes de propriétés au vent, comme les pathétiques étendards du vide de leurs vies.

Lucian se montrait agressif ? Elle se montrerait d'autant plus douce. Que lui avait-il dit déjà, un peu plus tôt dans la journée, en sortant du confessionnal ? Ah, oui.
"Tu rachètes l’âme damnée de ton père devant tous les bien-pensants et les dévots de Londres."
Oui c'était son rôle. Elle était son contrepoids dans la balance, son alibi. Elle incarnait la dose de pureté qu'il lui fallait pour maintenir le beau monde dans le doute. Après tout, si une petite fille aux manières aussi bonnes et à l'âme aussi pieuse avait pu grandir auprès de Lucian, peut-être n'était-il pas aussi mauvais qu'il y semblait ?

Elle se tenait légèrement en retrait dans la conversation, laissant la joute verbale entre les deux hommes prendre place, le regard baissé pudiquement, ses mains resserrant le châle sur ses épaules qui avait un peu glissé pendant sa révérence. Une attitude aussi enfantine ne pouvait être feinte, n'est-ce pas ?


"Père !"

Ce quasi murmure désapprobateur lui avait comme échappé malencontreusement en entendant les propos à la limite du blasphématoire de Lord Laurel. Ça l'amusait énormément en réalité, et elle partageait ses vues sur la religion. Mais une infante aussi pure qu'elle était nécessairement pieuse, et respectueuse du sacré, n'est-ce pas ? Et une infante aussi pure se devait de se montrer amicale et soumise face à un "Inspecteur en Chef de la Police Londonienne", même si elle l'aurait volontiers mis dehors à coups de pieds bien placés, n'est-ce pas ?

"Vous appréciez donc la musique, Milord ? Jouez-vous ?"

Voix douce, comme pour excuser le comportement de son père adoptif. N'est-elle pas adorable, la petite Ivy aux yeux bruns si tendres ?
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Aria of the Night Empty Re: Aria of the Night

Message  Invité Lun 6 Juil - 15:14

Il ne s'était pas trompé. L'atmosphère était ici pesante au possible, et il sentit que sa présence dérangeât Laurel. Cela étant, il dut bien s'avouer à lui même que c'était l'effet escompté et qu'il en tirait au demeurant une part de satisfaction suffisamment importante pour le convaincre de continuer à prendre part à une discussion à laquelle il n'était clairement pas le bienvenu. Il réfréna même un petit sourire narquois à cette pensée, tant il aimait déranger et qu'on le lui fasse sentir.

Malgré tout, il eut bien du mal à se contenir lorsque Laurel l'appela "Mister" et non pas Lord Fisher. Il sentit très bien que c'était là un acte volontaire d'irrespect, mais il savait, par les quelques échos qui lui étaient parvenus, que Laurel était un de ces nobles qui accordait plus d'importance au sang qu'aux qualités intrinsèques de ce que doit être un noble. Un de ces conservateur vieillissants n'acceptant le progrès que quand il ne touche pas à leur petit cocon délicat, à leur bulle ancestrale qui leur assure une supériorité sociale par rapport à quiconque se présentera à eux. Fisher les haïssait du plus profond de son être, ils lui avaient mené la vie dure, quand il était plus jeune, et il en avait fait sombrer plus d'un par une vengeance implacable et plus fourbe encore que les plus grands criminels.

Il commençait à sérieusement envisager Laurel comme prochain candidat de sa vengeance, et retint une frénésie qui le poussait à noter son nom dans cette petite liste composée de noms barrés dans son petit journal. Comment aurait-il pu expliquer ce mouvement brusque et ce besoin irrépressible d'écrire quelque chose en plein milieu d'une conversation alors qu'il n'était même pas là en qualité officielle. Il reporta donc, par une force de volonté et de circonstance relativement remarquable, cet ajout à la liste, et il se retint de faire un scandale comme il pouvait lui arriver d'en faire. La grâce et la douceur de sa fille adoptive tendit aussi à faire pencher la balance. Il hésita presque à en vouloir à Laurel tant sa fille émanait d'une bonté sincère, et surtout, l'avait appelé Lord, reconnaissant son statut là où son ours de père ne l'avait pas fait.

Il était presque amusant pour Fisher de voir comment a fille contrebalançait le père dans les moindres de leurs faits et paroles. Une complémentarité presque trop parfaite entre l'agressivité et la douceur, la domination et a soumission et autres couples de valeurs. Une vague pensée lui vint, lui faisant remettre en question la mécanique de ce Yin/Yang trop bien huilée, et il la conserva en tête, au cas où celle-ci s'avèrerait exacte. Cela se traduisit par un regard légèrement plus inquisiteur que ce qu'il aurait préféré montrer.


"Vous vous méprenez, Lord Laurel, sur l'appréhension et l'intérêt que je peux avoir pour les quelques découvertes de ce soir. Je ne suis pas inquisiteur, mon devoir n'est pas de juger le degré de chrétienté et la conformité aux bonnes mœurs des Londoniens. Je n'ai appréhendé aucun de ces...comment dire... déviants ? Oui, déviants. Et je ne compte pas le faire pour ces raisons en tous cas. Mais vous voyez, j'aime savoir, connaître les secrets inavouables, car en général, ils me mènent vers de bien plus gros gibiers...

Il sembla que Fisher insista beaucoup sur ce dernier mot, et eut un sourire passablement malsain en le disant et en regardant dans le même temps, Lucian Laurel droit dans les yeux. Peut-être juste une impression après tout. Son regard se fit plus bienveillant lorsqu'il se posa sur la jeune enfant, qui semblait elle aussi trouver que son père en faisait trop, et qu'il commençait peut être trop vite à laisser tomber sa façade en compagnie d'un inspecteur. Elle semblait, dans ses gestes, et sa façon de s'indigner du manque de respect, être bien plus attachée à l'étiquette. Il comprenait, il avait dû en apprendre la plus grande partie bien après le berceau, lui aussi, et il l'utilisait à outrance comme pour justifier la qualité effective de son statut de noble.

"Non, jeune Lady, malheureusement je ne joue pas, ce qui me rend, à mon sens, encore plus friand de belles mélodies. Je ne puis qu'admirer ce dont je ne suis pas capable et qui pourtant m'enchante, n'est ce pas ?"

Il n'avait rien contre les enfants, et encore moins celle-ci qui semblait être bien élevée et était de compagnie, semblait-il, agréable. Il ne comptait donc pas lui chercher des ennuis, à priori, même s'il restait intrigué par ce rapport de caractère étrange qu'elle entretenait avec Laurel. Il se tourna d'ailleurs assez promptement vers lui, comme si une pensée lui était venue soudainement et qu'il ressentait le besoin d'en savoir plus.

"D'ailleurs, Lord Laurel, je n'ai pas vu votre épouse dans la salle... Lady Laurel n'est-elle pas venue ce soir tenir compagnie à son époux et à sa fille ?"
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Aria of the Night Empty Re: Aria of the Night

Message  Lucian Laurel Mar 7 Juil - 3:08

Les joutes verbales faisaient partie de ces distractions dont Lord Laurel ne saurait jamais se lasser. De toute manière, c’en serait-il dégoûté qu’on se serait empressé de le renvoyer dans l’arène. Il n’en tenait pas réellement rigueur à ses opposants, comprenant qu’un homme tel que lui ne puisse susciter que rancœur et jalousie. Qu’on s’en prenne constamment à lui ne témoignait que d’une chose : on tentait toujours de déloger ceux qui se trouvaient au sommet.

À cet égard, il lui apparaissait certain que ce Fisher comptait parmi ceux qui, constant leur propre infériorité, l’échec de leur existence, se tournaient vers les plus forts pour distiller leur amertume. Comment expliquer ce choix de se faire « agent de l’ordre » sinon par le ressentiment d’un roturier, désirant désespérément hausser sa valeur aux yeux de tous et surtout aux siens? Le pouvoir factice que procurait sa fonction devait permettre à l’Inspecteur de ne pas sombrer tout à fait, de sauver les apparences devant les sots et les couards, de camoufler une déconvenue annoncée depuis sa naissance.

Lucian ne compatissait nullement avec sa misère. Tout au plus était-il doté de la bonté nécessaire pour accélérer la chute, ouvrir les yeux du jeune blanc-bec sur sa situation réelle. Il lui fallut d’ailleurs se retenir de se gausser tout haut, lorsque Fisher lui-même admit « admirer ce dont il était incapable et qui pourtant l’enchantait. » Noblesse et dignité n’étaient pas donnés à tous. Un rang n’était pas acquis, on se le voyait octroyé au berceau. Cela et bien d’autres qualités encore, qui plus est.

Sans jamais se départir de son rictus railleur, il inclina la tête à la remarque de son interlocuteur avant de lancer une nouvelle provocation :


« Toujours faut-il que le chasseur soit à la mesure du gibier et que le gibier lui-même tienne plus de la proie que du prédateur, Mr. Fisher. »

Ne songeant plus qu’à son propre cas, ses pensées s’envolèrent vers Delight Manor et ses curieux résidents et il ajouta, à leur adresse :


« J’ai parfois l’impression que le vice est à Londres ce que l’Hydre de Lerne était à Hercule. Lorsqu’on fait tomber l’une de ses têtes, une nouvelle repousse à nouveau. Ces nouveaux arrivants occupant le Manoir de feu Lord Delight me paraissent fort prometteurs en la matière. »

Si, jusqu’ici, il s’était montré tour à tour glacial et méprisant, un fin observateur put déceler l’éclair qui étincela un instant dans son regard ombrageux à la question de l’Inspecteur. Sa voix claqua dans l’air, fouet répliquant à l’invective d’un animal récalcitrant :


« N’êtes-vous point au courant? Mon épouse est souffrante et il lui sied peu de paraître en public. »

Mentionner Diane était loin de lui plaire. En partie puisqu’il se trouvait en compagnie d’Ève… et en partie parce qu’il se sentait le besoin de prendre la défense de son épouse lunaire. Sans doute aurait-elle fait fi de tout commentaire à son endroit, indifférente comme elle l’était devenue… Cependant, le peu qu’il demeurait de sa Chasseresse, le peu qui pouvait toujours être brisé, il entendait bien le préserver.

« Diane n’a jamais été friande des salons et des réceptions, j’en ai bien peur. »

Son ton s’était teinté d’une touche de nostalgie, l’agacement dans ses prunelles mourut pour faire place à un soupçon de regret. Il sembla prendre conscience de son erreur un moment plus tard. L'erreur de ne pas accepter de refermer cette porte que tous deux avaient décidé de clore, un jour de brume. L'erreur de piquer la jalousie de son Ivy, si prompte à croire, à tort bien entendu, qu'on pouvait lui ravir sa place. L’erreur d’admettre que Fisher avait visé juste ou du moins, que consciemment ou pas, évoquer Diane avait provoqué un certain trouble chez ce mari impénitent. Mais il n’avait cure que cette racaille du Yard sache que sa femme lui importait toujours. On lui passerait sur le corps avant qu’il ne consente à ce qu’on touche à un seul cheveu de son épouse. Ève, par contre, Ève ne devait pas savoir.

C’est ainsi qu’il posa une main contre l’épaule de sa protégée, un sourire amusé naissant sur ses lèvres :

« Ma fille, quant à elle, en est encore à ses débuts, mais elle apprend vite et se montre déjà plus obligeante que son père en société. »

On aurait pu méprendre ses propos pour de l’autodérision, Lord Laurel condescendant à se moquer de lui-même au profit de sa pupille. Et pourtant, la source de son amusement résidait plutôt dans la comédie que jouait Ève, comédie à laquelle le terrible Inspecteur de police semblait dupe. La jeune femme put donc lire sur son visage l’orgueil, la possessivité, du maître qui observe les progrès de son élève, du double qui se félicite de l’inventivité de sa jumelle.
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Message  Eve D. Laurel Mar 7 Juil - 15:15

N'était-elle pas vénéneuse la petite Eve ? N'était-elle pas cruelle ? Des trois adversaires présents dans cette pièce, si elle n'était pas la plus forte, ni la plus expérimentée, elle était certainement la plus fourbe. À quoi bon s'agiter vainement, et attaquer de front, quand on pouvait charmer de doux sourires, peu à peu, avant de s'enrouler inexorablement autour de sa proie, et de serrer, serrer jusqu'à briser les os frêles, jusqu'à réduire ses organes en une bouillie sanguinolente et informe, jusqu'à ce que les derniers soubresauts de la mort aient cessé de l'agiter ? Vraiment, c'était une perte d'énergie inutile, qu'elle laissait aux hommes.

Henry Fisher semblait plutôt bien disposé à son égard, ses manipulations avaient prise sur lui. Peut-être était-il influencé, en plus de sa pantomime parfaite de la douce ingénue, par le fait que sa noblesse à elle était tout autant discutée que la sienne. Elle n'avait pas la moindre goutte de sang bleu, et même la fortune que lui avaient laissé feux ses petits bourgeois de parents était risible.

L'inspecteur en chef n'était pas complètement dupe toutefois, c'était un homme intelligent malgré tout. Peu importait, ce n'était que le début de son petit manège. Et puis il n'était pas nécessaire qu'il la croit pleinement. Tant qu'il doutait, tant qu'il n'était pas sûr de ce qu'il supposait, alors il se perdrait en conjonctures stériles plutôt que de regarder là où les Laurel ne voulaient pas qu'il regarde.

Encore une fois, elle laissa les deux mâles s'affronter, pleinement confiante en Lucian pour conserver sa dominance. Il ne perdrait pas, elle en était certaine. Son expression s'assombrit à la mention de Diane. C'était l'une des rares choses, si ce n'est la seule qui pouvait lui faire perdre sa contenance. Même si l'amertume dans son regard pouvait parfaitement passer pour de la tristesse et de l'inquiétude à l'égard de sa mère souffrante. Ce qu'elle confirma d'un murmure peiné.


"Mère a toujours eu une santé fragile..."

Pas encore assez, visiblement. Quand est-ce que cette luciole à l'agonie se déciderait-elle à rendre son dernier souffle ? Si elle n'avait pas accéléré le "cours des choses", c'était uniquement par soucis de prudence, et par amour pour Lucian. Il souffrirait si cette... cette ghoule glacée venait à mourir. Donc elle la laissait s'étioler, en guettant avec impatience, le coeur en sang, le moment où la Faucheuse passerait enfin lui rendre visite. Le plus tôt serait le mieux.

La jalousie était de retour, fidèle et hideuse compagne de ses sombres pensées. Cette fois, elle ne la réprima pas. Elle l'accueillit en son sein, l'autorisant à se lever autour des replis de son coeur. La simple existence de cette femme la rendait malade. La fierté de son amant face à ses petits jeux n'était qu'une piètre consolation comparé à la souffrance qu'éveillait la simple mention de Diane. Elle la haïssait... Elle la haïssait parce qu'il continuait de l'aimer, parce qu'elle avait encore de l'importance pour lui. Catin de givre.

Le sourire revint sur son visage pourtant, comme le soleil brillant à nouveau après avoir été occulté, le temps d'une seconde, par les nuages. Exquise et séduisante créature. L'image de la joie et de l'optimisme de la jeunesse.


"Laissons-là ces sujets fâcheux... Ce soir est soir de fête, un des rares moments de répit qui nous est accordé par le Ciel. Nous devrions profiter de ce temps de paix plutôt que de nous répandre en vaines querelles. Milord, me feriez-vous l'honneur d'une valse ? Je vous en prie, dites oui !"

Quelle fraîcheur dans sa voix, quelle innocence dans son regard. Tiens, prends ça Lucian ! À ton tour de la voir, les pensées tournées vers un autre... Et puis ça ne ferait pas de mal à la réputation de la famille que de voir une Laurel danser avec un des chiens de Scotland Yard. Et ça distrairait Fisher de ses soupçons, au moins pour un temps. Et ça rendrait la monnaie de sa pièce à Lucian.
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Message  Invité Mer 8 Juil - 22:39

Laurel père n'était pas du genre à s'avouer vaincu, ou même à arrondir les angles d'un situation devenant de plus en plus inconfortable. Fort heureusement pour lui, Fisher était lui aussi bien loin de ce genre de perspectives défaitistes, et sentait que derrière cette volonté de prendre le dessus, commençait à se dévoiler une volonté un peu trop appuyée de Laurel de distraire l'attention de l'inspecteur et de l'emmener bien loin de l'évidence : il devait probablement, et même très certainement, comme beaucoup de ces vieux sang-bleu désormais, avoir quelque chose à cacher, que ce soit à la justice ou à ses pairs. Et en agissant ainsi, il avait probablement voulu éloigner Fisher devant son auto-proclamée importance dans la hierarchie des nobles, mais tout ce qu'il avait réussi à faire, au final, c'était au contraire de piquer sa curiosité quasi-maladive. Ça, et évidemment son manque de respect à son statut de noble qui n'était toujours pas digéré malgré les apparences.

Aussi, quand il répondit, sous forme d'une menace de type passive-agressive qu'il était probablement plutôt de type prédateur plutôt qu'une proie, Fisher ne put s'empêcher de rétorquer froidement, bien qu'en arborant un sourire faussement respectueux.


"Tant que le chasseur est très bon et très doué, même le plus grand des prédateurs de cette terre peut devenir sa proie."

Il n'était, à son sens, pas nécessaire de rajouter quoi que ce fut à cette simple déclaration qui résumait de manière claire et simple le mode de pensée de l'inspecteur. Toutefois, à la mention de Delight, son intérêt fut complètement détourné de la cible qu'il avait mentalement dessinée sur le front de Laurel, et il acquiesça lorsque le Lord la compara à l'un des travaux d'Hercule. Comparaison qui lui parut, sur le coup du moins, d'une très haute pertinence.

"Il est vrai que cette veuve ne m'inspire que de la méfiance, et sous ses apparences douces et éplorées, il réside beaucoup trop d'incongruités et d'événements à la coïncidence bien trop calculée pour que la Lady ne cache pas quelque chose. Et quelque chose de très lourd, si vous voulez mon opinion. J'ai entamé, il y a peu, une enquête sur elle, et si vous voulez mon avis, autant l'Hydre ne se cachait pas, autant cette Delight semble agir sous un voile de mystère des plus opaques."

Il réfléchit, provoquant une pause inopinée, se demandant s'il ne révélait pas trop ses intentions dans la précipitation qu'avait provoqué la mention de Delight dans son esprit. Mais après tout, si Laurel était de son côté, au moins elle serait informée que la police ne lâchait pas le morceau, et si jamais, comme lui, elle ne lui inspirait rien de bon... Qui sait ?

"Mais pour l'heure, seul mon assistant est parti en éclaireur débroussailler un peu le chemin. Nous l'abordons progressivement, mais bientôt nous passerons aux choses plus sérieuses et aux techniques impliquant un peu moins l'accord de la potentielle suspecte. Toujours est-il que l'hydre peut bien faire repousser ses têtes comme bon lui semble, c'est avec plaisir que je m'acquitterai de la tâche de les trancher successivement."

Son regard se fit profond, très profond, et dans ce gouffre, une seule lumière brillait, infime, plutôt une balise qui signalait le danger qu'il pouvait y avoir à se frotter à Fisher de manière sérieuse. Autant la situation avec Laurel présentait un léger défi amusant, autant Delight exerçait une fascination malsaine sur l'inspecteur qui se voulait de la faire tomber de n'importe quelle façon.

Il remarqua cependant avec délice que sa petite question sur l'épouse Laurel fit l'effet d'une bombe dont l'explosion fut contenue avec la plus grande difficulté par Lord Laurel, mais plus surprenant encore, il perçut aussi un trouble chez sa jeune protégée. Un malaise semblait s'être instauré, et les excuses de chacun des Laurel présents pour justifier ce vent polaire qui soufflait désormais dans la pièce ne faisait qu'éveiller un peu plus la suspicion de Fisher, qui pour le coup, afficha un léger sourire satisfait.


"Veuillez m'excuser, je me tiens trop souvent à l'écart des mondanités et je n'avais pas connaissance des maux de votre épouse. J'espère sincèrement pour vous et pour elle que ce n'est pas trop grave, et qu'elle sera bientôt sur pieds. Mon père était dévasté lorsque feu ma mère s'en est allée aux cieux, et je ne souhaite une telle situation à personne."

On aurait eu du mal à dire s'il en remettait volontairement une couche, ou s'il était tout simplement réellement peiné par une situation similaire à son propre vécu. La proposition de Eve déstabilisa pourtant le jeune inspecteur. Danser, mais quelle drôle d'idée. La justice danse ? Non. Mais un Lord, par contre, cela fait en principe partie de ses prérogatives. Il regarda donc les deux Laurel, une moue indescriptible sur son habituellement glacial visage trahissant sa gène. Mais pas question de perdre la face.

"Hé bien devant une telle insistance je ne puis qu'accepter, mais seulement si votre père y consent, de toute évidence."
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Message  Lucian Laurel Sam 18 Juil - 17:45

En effet, il n’était pas nécessaire d’ajouter quoique ce fût à la dernière réplique de l’Inspecteur. Plus tard, lorsque l’heure et le terrain leur seraient propices, ils pourraient tous deux prouver leurs dires et démontrer lequel d’entre eux présentait une réelle menace. En attendant, l’escalade de bravades et de provocations ne conduirait qu’à une impasse, chaque adversaire ne souhaitant visiblement pas concéder la victoire à son opposant. De toute manière, ce débat n’était pour Lord Laurel qu’une distraction éphémère. Il s’y adonnerait quand l’occasion se présenterait, quand il disposerait d’un moment d’oisiveté pour établir le meilleur moyen de mettre en échec ce chien du Yard. D’autres affaires retenaient son attention, maintenir l’équilibre précaire au sein de son propre logis parmi elles. L’appel de la Brume se faisait également plus fort, ces derniers temps. Il devrait s’y abandonner bientôt, s’il ne souhaitait pas se voir consumer par elle.

Fisher paraissait aussi intrigué par les résidents du Manoir Delight et «intrigué» était indubitablement un euphémisme, au vu de l’intérêt qu’il manifesta immédiatement à la mention de cette mystérieuse Lady. Les ennemis de nos ennemis n’étaient-ils pas nos amis? Lucian n’aurait pu le déterminer aussi hâtivement, il lui fallait aussi mener sa propre enquête à ce propos. Il opta ainsi pour une prudente neutralité, qui ne lui permettrait de se ranger ni du côté de l’ordre ni de celui de l’ombre qui entourait cette Delight.

« Je n’ai malheureusement pas eu l’opportunité d’être présenté à la Veuve Delight ni à aucun de ses suivants, mais il me tarde de leur être introduit. Suspects, ils le sont sans aucun doute, mais je dois admettre qu’ils ont piqué ma curiosité. Je vous souhaite la meilleure des chances au cours de votre investigation, Mr. Fisher, car il m’apparaît que la vérité sera difficile à débusquer dans toute cette affaire. »

D’autant plus qu’elle risquait fort d’être embrumée, couverte d’un voile opaque, causé par tout sauf des forces naturelles. Cela, en revanche, il le garda pour lui-même et il en appela à ceux qui l’avaient investi lui, comme Diane ou ces Sucreries, de pouvoirs qui ne pouvaient être révélés au grand jour. Bien sûr, Lord Laurel avait senti l’arrivée de ses semblables, de ses frères et sœurs de la Brume et il espérait que ceux-ci, par leur nombre et leur bizarrerie, n’attireraient pas l’attention sur l’ensemble de leur fraternité.

Son regard acier s’attarda un instant sur le visage de son interlocuteur. Ce Fisher était-il prêt aux ténèbres dans lesquelles il lui faudrait inévitablement plonger? Son esprit était-il hermétique à l’occulte, à l’inconnu? Les méthodes qu’on usait pour capturer un homme n’étaient pas les mêmes que celles qu’il fallait déployer pour s’en prendre à un Mage…

Le douloureux chapitre concernant Diane devait être clos pour leur bien à tous. L’époux s’en chargea donc, empruntant un «nous» pour rappeler à Ève de faire bonne figure, d’oublier la haine et la jalousie pour afficher front uni devant leur ennemi commun. Que sa pupille le désire ou non, les membres de leur famille ne devaient qu’être un devant l’adversité. La chute de l’un entraînerait celle de tous les autres, puisqu’ils étaient irrémédiablement liés. Et peut-être que oui, tel que le souhaitait sa protégée, la mort de l’un d’entre eux les libérerait de l’alliance perverse qui les réunissait.


« Nous vous remercions pour votre sollicitude, mais n’ayez crainte, Lady Laurel reçoit tous les soins nécessaires à sa guérison. »

Point final. Pas un mot en ce qui avait trait aux tragédies propres à la famille de l’Inspecteur, bien que Laurel se serait plu à souligner que c’était le décès de feue Ms. Fisher qui avait permis au garçon d’atteindre ce rang tant convoité. Une telle pique aurait toutefois pu alimenter une discussion à laquelle il ne désirait que de mettre un terme. On pouvait l’entretenir à bien des sujets, mais la famille n’en faisait pas partie.

Tel qu’anticipé, Ève voulut venger le double affront d’un père et amant à l’âme inconstante et celui du fantôme d’une épouse qui persistait à hanter leur existence. Lord Laurel en fut plus amusé qu’irrité. Il obtiendrait le dernier mot, peu importe les détours à emprunter pour ce faire. Il avait toujours retenu sa main, sa langue envers Diane mais Ève, qu’il considérait comme une égale, une femme en devenir, n’avait pas droit à de tels égards. Ce petit écart de conduite serait corrigé en temps et lieux.

Pour l’heure, Lucian était plutôt agréablement surpris par le comportement du redoutable chien de garde de Scotland Yard, apparemment décontenancé par la proposition d’Ève. Mr. Fisher serait-il donc si étranger aux us et coutumes de la noblesse, aux usages de la bonne société pour être ainsi pris de court par une jeune fille? Une jeune fille qui, de surcroît, ne montrait toujours que sa face lumineuse et n’avait pas encore découvert l’ampleur de sa part d’ombre? Lord Laurel aurait presque rappelé à l’ordre sa pupille, pour épargner au pauvre Fisher le supplice que paraissait représenter cette simple valse. Mais la perspective de prolonger ce malaise le divertissait et il accéda donc à la requête de son cadet :


« Je suis fort aise de constater que Mr. Fisher démontre plus d’importance à l’étiquette que ma propre fille, déclara-t-il, avec un sourire entendu à Ève qui ne tarderait pas à connaître son dû. À mon tour d’accepter puisque vous faites preuve de tant de courtoisie envers un père protecteur et soucieux de la vertu de son enfant. »
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Message  Eve D. Laurel Lun 20 Juil - 12:14

Les hommes étaient lassants, et ce malgré tout l'amour qu'Eve pouvait porter à Lucian. Qu'importait l'affrontement quand aucun des deux adversaires ne désirait plier ? Ils lui rappelaient ces béliers qui, le printemps venu, se cognent la tête l'un contre l'autre jusqu'à s'en fracasser le crâne. Enfin. Les hommes n'ont pas l'esprit pratique semblerait-il. Son très cher Lucian mit fin au conflit de lui-même, en laissant la réplique de Henry-je-suis-un-fouineur-Fisher se perdre dans le vide.

Pour sa part, Eve ne ressentait que de la méfiance à l'égard de Lady Delight et de la troupe de cirque hétéroclite qui lui tenait lieu de suivants. Ça n'était pas tant à cause de l'aura de mystère, de stupre et de lucre, qui les enveloppait qu'à cause de ce qu'elle avait entendu dire sur la Veuve elle-même. Une femme au caractère aussi fort piquait certainement l'intérêt de son amant, et elle n'était jamais tranquille quand une étrangère attirait le regard de cet homme qu'elle avait choisi entre tous comme compagnon. Surtout quand elles étaient terriblement belles, comme la rumeur voulait bien le laisser entendre. Et qu'elles étaient auréolées de Brumes, comme Lucian lui-même le lui avait dit.

Une fois de plus, elle maudit son incapacité à imiter son père, malgré ses enseignements, et à le suivre sur le chemin secret de l'occulte. Cela lui aurait permis de se battre sur un pied d'égalité avec Diane. Ou du moins de rivaliser d'avantage avec elle. Pour l'heure, Eve ne pouvait prétendre à rien sur ce terrain, elle ne pouvait guère que mener bataille sur le plan matériel. Pour l'heure. Un jour viendrait.

En attendant, Lucian venait de la rappeler à l'ordre, ce qui lui était désagréable, d'autant plus qu'elle estimait ses reproches inutiles. Elle ne mettait pas la famille en danger, loin de là. C'était plutôt lui qui attirait plus que de raison l'attention de cet inspecteur minable en lui tenant tête. Elle marquait trois points pour eux au contraire, le premier en maintenant coûte que coûte son rôle d'enfant enjouée et vierge de tout soupçons, le deuxième en s'affichant en publique dans des circonstances informelles avec un inspecteur de Scotland Yard, et le troisième en déstabilisant littéralement le parvenu casse-pied. Alors elle affronterait le châtiment que lui infligerait son aimé, comme toujours. Ça n'était pas la première fois, et elle s'y soumettait de bonne grâce. C'était pour son bien, et une marque de respect, en soi. Mais elle n'en démordrait pas, cette fois. Elle n'avait pas eu tort, à défaut d'avoir raison. Même si rendre Lucian jaloux avait été l'un de ses motivations principales, ça n'était pas la seule...


"Merci Milord, merci père..."

Sourire rayonnant, comme si elle n'avait pas saisi la rebuffade. Jouer un peu l'idiote niaiseuse ne lui ferait pas de mal. Il y en avait tant, des jeunes filles en fleur, dans les salons, blanches et délicates comme de grands lys s'épanouissant à l'ombre des dorures de leur aristocratie. Eve, elle, était un bouton de rose sauvage à peine entrouvert, innocent et fragile... La fraîcheur et la simplicité qu'elle affichait attiraient les regards sur ses pétales veloutés et détournait l'attention des Lys immaculées et de ses épines qu'on ne découvrait que trop tard.

Elle se hissa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur la joue de son père, l'air ravi qu'il ait accédé à sa demande, et prit le bras qui lui serait forcément offert par Lord Fisher. Il était temps de rejoindre la piste de danse et d'affronter à son tour l'inspecteur, de façon plus... détournée.
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