Sucrerie
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

As night falls [Matthew]

2 participants

Aller en bas

As night falls [Matthew] Empty As night falls [Matthew]

Message  Diane Laurel Lun 8 Juin - 14:29

Des roses à demi fanées dans un jardin presque à l'abandon, sous un brouillard qui hésitait encore à devenir bruine, quitte à y perdre sa substance, ou à se dissiper plus lentement sous un vent qui laissait envisager l'orage. La chose avait quelques relents d'allégorie trop doucereuse pour qu'elle ne l'approuve pas en son for intérieur. Comme si elle y avait toujours été, Lady Laurel s'intégrait au paysage délité par le temps et une civilisation qui commençait à avancer trop vite pour sa nature profonde. C'était un parc né pour l'amour courtois, pour des jeux de séduction qui excluaient jusqu'au fait de s'adresser la parole, qui avait de hautes haies pour se dissimuler, ou pour se mettre en valeur à la faveur d'une perspective. C'était là quelque chose de suranné, déjà, à l'heure où la vapeur assassinait les chevaux. Où des monstres de métal en forme de lombric abritaient feu et hommes en leurs ventres immondes pour les vomir à des lieux trop éloignés, dans des temps trop courts. Ici trainaient des pensées d'un autre âge, dont elle se plaisait à se dire qu'elles étaient sans doute moins étouffées, moins veules et moins petites. Qu'à cette époque, il n'y avait pas cette Reine sotte qui croyait bon d'étouffer toute une nation sous une cloche de morale qui ne saura personne, pour en condamner des milliers.

Il n'y avait personne ici, personne d'autre qu'elle et ce livre qu'elle feignait de lire, après avoir chassé d'une inflexion ou d'une autre tout ce qui aurait pu approcher de son domaine de l'instant. Elle en était seule dépositaire, souveraine éthérée d'un passé qui s'effaçait, grignoté par l'avancée inexorable d'une ère neuve, et déjà tombée. Elle se tourmentait, seule, au propos de ce qu'il adviendrait de ses hommes toujours moins humains, plus bêtes, plus bestiaux, esclaves les uns des autres en plus d'être soumis à leurs propres tripes. De qui tirerait profit de cette lutte, de dieu ou du Diable, de si enfin des êtres se relèveront, farouches, de cette fange toujours épaisse, ou de si l'Humanité allait enfin avoir l'allure de ce dieu lâche et contourné qu'elle entrevoyait par le coeur des masses. Elle s'agitait en elle même, elle tournait et tournait comme une feuille détachée mais qui veut encore devenir arbre, malgré tout, qui se refuse à l'automne et enfin savoir ce qu'il y a après le grand hiver. Elle chassait, chassait toute âme qui approchait en l'assaillant de ses propres langueurs mélancoliques et ulcérées, transformant la promenade de certains en instant de doute à partir d'une simple humeur à se questionner, changeant celle d'autres qui ruminaient quelques frustrations en terrifiantes ires, anéantissant la bonne humeur des rares insouciants, quand...

Quand elle sentit, là. Dans cette petite âme, il y avait la Fibre. La Voie. La Brume. Quelqu'un, quelqu'un dans cette foule était un Béni comme elle. L'effet s'estompa aussitôt, et chacun reprit son humeur comme si rien de la fureur de cette Reine de glace n'avait existé, laissant flotter l'interrogation et la fadeur. Sur ses lèvres à elle, flottait un sourire plus aigu qu'à son ordinaire.
Au milieu du parc, elle était seule, comme une Dame Blanche, un fantôme. Du milieu du parc, elle guettait, l'oeil posé là, sur ce qui venait. Lui. Cet adolescent. Avec lui, en elle, fleurit un espoir. Bref éclat parmi le givre d'une âme morne.
Diane Laurel
Diane Laurel
Âme Londonienne

Messages : 34
Humeur : Ethérée.

Masque Venitien
Rang & Statut: Dame de Givre
Amours & Haines:

Revenir en haut Aller en bas

As night falls [Matthew] Empty Re: As night falls [Matthew]

Message  Matthew Earwicker Mar 9 Juin - 9:52

C'était une journée ordinaire pour Matt, une de plus à trainer dans les rues de Londres, à user ses souliers sur le pavé humide et froid. Avec toujours la même préoccupation : survivre. Et pour lui, la survie ne se limitait pas à trouver de quoi se nourrir, il lui fallait aussi prendre garde à chaque instant qu'on ne puisse s'apercevoir de ce qui lui manquait. Au moins aujourd'hui avait-il pu manger à sa faim. Et, comble du bonheur, il était en train de grignoter un pain tout chaud, qu'il venait de chiper sur le rebord d'une fenêtre où on l'avait laissé à refroidir. Il mangeait en marchant, sans trop faire attention à où il allait, tout absorbé qu'il était à ne pas perdre une seule miette de son précieux repas.

Et ses pas le menèrent dans ce parc qu'on eut dit presque oublié par le temps, par les hommes aussi, qui persistaient à le traverser sans s'arrêter. Et il aurait fait de même, probablement, s'il n'y avait eu... cette sensation. De la colère, qui grandissait, décuplée. Il eut peur tout d'abord que ce soit à son encontre, sans comprendre ce qui avait poussé son pouvoir à se déclencher. Il vit l'homme, clairement énervé, passer non loin de lui, rien ne laissant apparaitre l'origine de sa soudaine fureur. Et puis tout s'arrêta...

Il l'avais Senti, sans la voir encore. C'est d'abord la haine qui monta en lui, puissante, bien que son visage resta neutre. Neutre alors qu'à la seconde d'avant, il n'était que joie à mordre à pleines dents dans son morceau de pain. Il n'en connaissait qu'une, qu'il avait toutes les raisons du monde de détester, et il avait immédiatement pensé à elle. Il s'apprêtait déjà à tourner les talons quand il se rendit compte de son erreur. Il l'avait entraperçue, la Dame Blanche, entre deux passants. Il n'y eu bientôt plus les passants, il n'y avait qu'elle, et lui. Pourquoi était-il encore là ? Nul doute qu'elle serait comme la première, méchante, détestable... Et pourtant... Quelque chose le retenait, l'attirait. Il s'avança, s'assit non loin d'elle. Risqua un regard, comme si telle un fantôme, elle avait pu disparaitre dans la seconde.

Il n'était pas parti, pour une bonne raison : il avait senti l'espoir naitre en elle.
Matthew Earwicker
Matthew Earwicker
Little empathic pickpocket

Messages : 48
Humeur : Attendrissant

Masque Venitien
Rang & Statut: Matt, gamin des rues
Amours & Haines:

Revenir en haut Aller en bas

As night falls [Matthew] Empty Re: As night falls [Matthew]

Message  Diane Laurel Mer 10 Juin - 5:17

Semblable à une feuille égarée, portée par un vent de hasard, il s'était assis, là, près d'elle. Elle aurait souhaité qu'il méprise les convenances, qu'il vienne chercher ses bras et qu'il se presse contre elle, ce petit pouilleux adorable, cet Enfant Choisi. Elle ne contenait plus de sa colère et de son mépris que les clapotis rémanents d'un raz de marée qui avait laissé le lac de son âme légèrement troublé. Il était méfiant, l'oisillon, le félin, la plume, le petit bout; il avait tendu le dos comme s'il avait déjà été rabroué par quelque sorcier infâme. Mais il était là, curieux, timide, le chaton, le mignon, l'adorable.

Le livre avait été refermé, repoussé sur le banc un peu plus loin. La main s'ouvrit pour tapoter la place à ses côtés. Une, deux. Le sourire éclairait ce visage pâle, dépourvu de couleur, comme si elle était l'une de ces figures de sainte juste descendue de son vitrail, sans avoir tout pris des allures du vivant. Oui, elle semblait presque translucide, tant elle semblait sur le point de s'effacer. Un miracle, un fantôme. Et on aurait plutôt attribué au Déchu qu'au Très Haut les raisons de sa présence. Il lui semblait bien, à la Dame de Givre, que les échos de ses émois tintaient en lui. Il lui semblait bien qu'il était de ceux qui Sentaient, qui pouvait frôler la fibre de l'Âme, tissée de coton.

Et comme pour ajouter à ses certitudes, sa Marque la piqua, comme un coup de fouet cinglant. Elle se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas grimacer, pour ne pas trop perdre son sourire ou son calme, cherchant à dominer son ressenti. Ne pas être agacée. Ne plus être fâchée. Être... Pour ainsi dire, belle, même dans ces atours-là, malgré cette blessure cuisante qu'elle sentait rouverte contre son flanc. Elle y porta une main qu'elle voulu distraite, se fit la réflexion que son précieux, son éclat, son bijou était là encore bien jeune, et que le silence pouvait l'effrayer. Qu'il lui semblerait moins étrange d'échanger ainsi, du moins, pour leur première rencontre, que de s'en passer et de dialoguer ainsi, d'impression en impression, comme une étreinte intime, mais intime d'une façon que peu de mortels ne pouvaient même appréhender. Aussi, elle posa un regard léger comme une plume sur lui, soufflant bas.

Appelle-moi Diane, mon garçon.


Ni saluts, ni distance: Ils les avaient dépassés de leur nature même. Qu'elle était douce, vraiment, l'âme de la rose, douce comme une pellicule de neige. Froide, qu'un contact ferai disparaître. Tout comme cet espoir vibrant, qui pétillait comme une flamme bleutée, au milieu d'une forêt figée par les années de solitude et d'amertume.
La candeur du jeune garçon le rendait presque brusque, presque douloureux, trop vivant pour ce spectre arraché au tombeau.
Diane Laurel
Diane Laurel
Âme Londonienne

Messages : 34
Humeur : Ethérée.

Masque Venitien
Rang & Statut: Dame de Givre
Amours & Haines:

Revenir en haut Aller en bas

As night falls [Matthew] Empty Re: As night falls [Matthew]

Message  Matthew Earwicker Mer 10 Juin - 8:29

Elle avait tout d'un spectre, la Dame Blanche, aux yeux de Matt. De ses sentiments à son apparence. Enfin du moins est-ce comme cela qu'il se l'imaginait. Elle paraissait tellement transparente qu'il se demandait s'il n'était pas le seul à la voir. Et il y avait cette colère en elle, qui s'était presque éteinte maintenant qu'il était là, remplacée par la mélancolie, et surtout par l'espoir qu'il semblait avoir lui-même insufflé en elle. Elle était une Âme égarée, et il était là pour la guider. Peut-être était-ce Dieu qui avait emmené ses pas jusqu'ici, afin qu'il la trouve et lui vienne en aide.

La méfiance s'était envolée, oubliée, effacée, quand il vint s'asseoir à côté d'elle sur son invitation. Il leva les yeux vers elle, lui sourit en retour. Il se dit que les fantômes n'étaient pas aussi effrayants qu'il ne l'aurait imaginé, et que maintenant qu'il était là, il désirait vraiment l'aider. Sans trop savoir quoi faire, ou quoi dire. Est-ce que ça parlait, un fantôme ? Lui en tout cas préféra garder le silence. Quelques secondes s'écoulèrent ainsi avant que Matt ne se rende compte que quelque chose le gênait. Ce n'était pas spécialement elle, non, c'était plutôt lui-même... Il lisait encore en elle son espoir, sa... tendresse à son égard. Jamais son pouvoir ne s'était manifesté de la sorte auparavant, des impressions fugaces, tout au plus quelques secondes. Mais cette fois, depuis qu'il l'avait croisée, il parvenait à Sentir ses émotions, et cela ne semblait pas vouloir s'arrêter.

Il s'en sentit coupable, baissa soudain les yeux, comme si rompre le contact visuel pourrait y mettre fin. Tel ne fut pas le cas. Il Sentit sa douleur, se tourna immédiatement vers elle, de peur qu'elle ait pu disparaitre. Il s'en voulait de s'être détourné, se demandant s'il l'avait blessée en agissant ainsi. C'est que ça semblait compliqué, les sentiments d'une Âme. Ne sachant trop comment l'aider, il avait fait ce qu'il savait le mieux faire : il arborait à nouveau son sourire en la regardant, un sourire innocent, qui ne cherchait pas à tromper qui que ce soit pour une fois.

Il fut presque surpris en entendant la Dame Blanche. Il s'était fait à l'idée que leur échange resterait silencieux, puisque lui persistait à lire ses émois. Il n'en sourit que davantage à ses mots, heureux qu'ils puissent finalement communiquer autrement que par le biais d'un pouvoir qu'il ne maitrisait pas. Par peur de la brusquer, il répondit tout aussi bas, mais sur un ton joyeux.


    "J'm'appelle Matthew, mais vous pouvez m'appeler Matt !"

Avisant la main qu'elle avait porté sur son flanc, sans trop savoir pourquoi, il y glissa la sienne. Il s'était attendu à passer au travers, et fut content de sentir le contact de sa peau, dont la froideur contrastait tant avec la chalaur de la sienne.

"Après tout, c'est vraiment un fantôme." - se dit-il...
Matthew Earwicker
Matthew Earwicker
Little empathic pickpocket

Messages : 48
Humeur : Attendrissant

Masque Venitien
Rang & Statut: Matt, gamin des rues
Amours & Haines:

Revenir en haut Aller en bas

As night falls [Matthew] Empty Re: As night falls [Matthew]

Message  Diane Laurel Jeu 11 Juin - 10:09

De la douceur. De la bienveillance. De l'inquiétude. Tout ceci était si sincère, si frais; piquant. Aussi cinglant que la réminiscence de cette blessure vieille de deux fois ce garçon, ou presque. Comme il était tendre, prévenant, sans même la connaitre le moins du monde. Comme elle s'en sentit soudain vieille, vieille et usée, fade, sèche. Lui, le misérable, le mendiant, venait au secours de Lady Laurel, femme de vertu et de rang, qui n'avait jamais eu à se soucier d'un lendemain précaire, d'un médecin à payer, contre le poids d'une vie aimée, de chantages qui prenaient leurs racines dans un ventre creux de faim... Non, elle ne s'était pas étiolée d'un tel manque. Peut être l'avait-elle fait d'un surplus. Peut être était-ce ça qui, bien davantage que la consanguinité, étouffait les âmes des Bien-Nés.

Il lui sembla manquer d'air, soudain, tant cette affection, cette attention gratuite la comblait, et ce faisant pointait cruellement le manque, avec lui le besoin, avec eux la blessure. C'est là où il toucha sa vieille Marque, avec la candeur de l'enfance. Il en était heureux. C'était une chose étrange, qui acheva de l'attendrir. Fi, se dit-elle, fi de toutes ces choses, fi de ses hésitations, de ses dérisoires barrières qui ne lui inspiraient qu'un ennui plus vaste encore que le reste de son existence. Elle détacha sa main de son côté, pour aller la perdre à la nuque, à la joue, aux cheveux du garçon, dans un geste maternant et tendre au possible. Tendresse qui s'élevait en elle, accompagnant l'espoir, le rendant coloré, vaillant. L'ombre chatoyait en elle.
Elle hésita sur que lui dire, comment. Qu'il lui était précieux, en cet instant! Elle n'aurait voulu le risquer, le brusquer, briser ce mince fil qui se tissait entre eux, trame de complicité, de relation si simple, si nue. Un fil qui pouvait fort bien étrangler la fleur de givre qu'elle était, et elle n'en était pas dupe. Toutefois, elle ne tournerait pas dos la première, que ce soit pour prêter flanc à la trahison ou pour quitter ce petit miracle. Miracle dont l'attribution, céleste ou démoniaque, ne lui laissait aucun doute. Les Mages vont et retourneront aux Enfers, selon les Écritures. Elle s'était rapprochée, insensiblement, l'avait enveloppé de son bras comme s'il fut un neveu adoré, un familier petit garnement déguisé en rat des rues. L'Âme hésitante, entre douleur, espoir, langueurs avides et douceurs ténues. Il semblait être impatient de l'aider, soit, elle le lui accorda.

Tu es un jeune homme bien particulier, Matt'... Rares sont ceux qui peuvent m'approcher, sais-tu?


Elle se risqua à un baiser, digne du souffle de l'Hiver, sur son front. Froid, doux, comme le marbre d'une tombe.

Parle-moi de toi. De ce que tu vois. De ce que tu vis. De tout, de rien: Parle, enfin. J'en serai ravie.


Ce n'était pas tant ce sourire délicat qui fleurissait à son visage de nymphe qui était encourageant, c'était ce qu'il y avait de sincère à sa demande. Elle voulait l'entendre raconter, elle voulait sentir son âme vivre, s'agiter, être bruyante et éveillée. Elle voulait gouter la Vie, au travers de lui. Comme si, quelque part, cette rencontre avait la saveur des derniers bonheurs avant la Fin.
Diane Laurel
Diane Laurel
Âme Londonienne

Messages : 34
Humeur : Ethérée.

Masque Venitien
Rang & Statut: Dame de Givre
Amours & Haines:

Revenir en haut Aller en bas

As night falls [Matthew] Empty Re: As night falls [Matthew]

Message  Matthew Earwicker Ven 12 Juin - 8:33

Il avait ressenti le trouble qui habitait cette Âme blessée, mais plus que tout, c'est la tendresse qu'elle éprouvait maintenant envers lui qui l'avait marqué, ému. Tendresse qui continuait à croitre, mais il n'avait pas besoin du pouvoir pour s'en rendre compte tandis qu'elle était venue caresser de sa main, avec une affection toute maternelle, sa joue, sa nuque, pour remonter dans ses cheveux, desquels il avait sur le coup ôté précipitamment et un peu maladroitement sa casquette, dévoilant sa tignasse rousse en bataille. Il était heureux, Matt, aux anges, de retrouver par ces gestes la tendresse d'une Mère. Bien sûr, sa mère à lui l'aimait autant qu'il l'aimait elle, mais elle avait peu de temps, et encore moins de tendresse, à lui accorder. Et s'il s'en accommodait parfaitement d'habitude, il était ravi en cet instant de retrouver un peu de cette chaleur. Le contact n'avait plus rien de froid, et il la laissa l'entourer de son bras, en lui souriant avec la même tendresse dont elle faisait preuve avec lui.

Il sentit l'Âme changeante, ne voulut l'aider que davantage encore alors que ses mots semblaient venir confirmer ses pensées. Ainsi les autres ne devaient-ils vraiment pas la voir pour que seules quelques personnes puissent l'approcher. Était-ce donc son don qui lui accordait la grâce d'en faire partie ? Sûrement oui, si c'était ce qui le rendait particulier. Lorsqu'elle vint déposer sur son front un baiser, dont le contact était glacial mais qui lui faisait chaud au cœur, il ne résista pas plus longtemps à l'envie de venir se blottir contre elle, posant sa tête juste sous son épaule. Il releva les yeux vers elle à sa demande : elle voulait l'entendre parler. Il répondit d'abord par un sourire, puis de sa voix fluette.


    "Parler d'moi ? Ben heu... J'vis dans les rues, tout Londres c'est ma maison, j'en connais tous les coins ! Mais j'ai quand même un chez-moi, avec maman, même si j'peux pas rentrer souvent, pas'que maman travaille... Alors bah j'me promène, j'me débrouille pour trouver de quoi manger, et pi je joue aussi, je joue à c'que les gens ils voient pas qu'il est pas là. C'est un jeu auquel il faut pas que je perde, mais j'ai jamais perdu !"

Il parlait de sa Marque, de son reflet, sans réellement s'en soucier, pas ouvertement certes, mais plus qu'il ne l'avait jamais fait. De toute façon, les fantômes, ça gardait les secrets, non ? Il se sentait à l'aise, là, dans les bras de sa Dame Blanche. Il ne savait toujours pas comment lui venir en aide mais pensait bien être sur le bon chemin. Il espérait bien pouvoir réconforter cette Âme torturée.
Matthew Earwicker
Matthew Earwicker
Little empathic pickpocket

Messages : 48
Humeur : Attendrissant

Masque Venitien
Rang & Statut: Matt, gamin des rues
Amours & Haines:

Revenir en haut Aller en bas

As night falls [Matthew] Empty Re: As night falls [Matthew]

Message  Diane Laurel Sam 13 Juin - 6:50

Le roux était la couleur du feu, de l'enfer. Il en tenait peut être de sa mère, qui, disait-il, travaillait... Il n'y avait guère de travail qui nécessitait une demeure, et qui pouvait être accompli par une femme. Une femme de chambre aurait eu une annexe où elle aurait pu loger sa progéniture, une femme mariée n'aurait pas eu à travailler, enfin, il n'avait pas mentionné de père. Il était le fruit du vice, songea-t-elle alors qu'elle roulait une mèche folle autour de son index grêle. La pensée la traversa un instant que la mère pouvait être l'une d'entre eux, qu'elle pouvait aussi être du sang de Letha, laquelle avait fait allusion à quelques gouttes de sang perdus par une mère volage et un père qui n'avait pas été celui de tous les enfants. Letha avait la chevelure des démons, elle aussi. Diane, celle des anges. Les hommes sont sots, et si vite trompés...

Elle divaguait. Voilà qu'elle se trouvait du cousinage, alors qu'il n'y avait là que le hasard, ou peut être la bienveillance de son vieil Incube. Peu importait, il était là, et sa mère faisait un métier qui avait l'affection lointaine de Diane, pour ce qu'il avait de tragique et d'injurieux à la morale. Parce que tant qu'il y avait des catins, il n'y aurait aucun homme d'église qui pourrait affirmer sans rougir que l'esprit pouvait vaincre la chair. Parce qu'il y avait dans ce statut toute la force de la femme sur l'homme, d'une façon contournée. Elle posa sa joue contre la petite tête de son petit fruit de rien, fermant les yeux, humant sur lui la poussière et la fraîcheur des rues, d'une vie de labeur, sans barrière et sans éclat.

Oui, tu fais bien, et surtout sois très prudent. Les gens ne comprennent pas et ne veulent pas comprendre. Ils ont les yeux fermés.


Fit-elle, alors qu'elle relevait la tête, pour la pencher de l'autre côté, le regarder droit dans les yeux, presque à l'envers.

Qui n'est pas là, au juste? Quelqu'un t'accompagne parfois?


Elle songea à nouveau à son démon, à sa visite, à Letha qui en avait rapportée plusieurs. Le ton était doux, à peine effleuré: C'était là un secret, et même lorsqu'on est seuls, un secret se murmure. Peut être cette mère avait-elle eu la même visite, peut être l'Incube était... Mais elle déraisonnait encore, sans nul doute. La tête lui tournait un peu, son flanc était assailli de morsures, son esprit échauffé. Elle se sentait plus vivante qu'elle ne l'avait été depuis des années, depuis ce dernier repas où elle avait croisé le regard de son cher oncle vieillissant. Quatre années maintenant, peut être cinq. Tout était si flou, si lent. Il était un accroc sur un grand drap blanc. Si ténu et si visible, pourtant. Elle frôla la couverture de son livre, et se dit qu'elle aimerait qu'il sache lire.Ou qu'elle aimerait le lui apprendre.
Diane Laurel
Diane Laurel
Âme Londonienne

Messages : 34
Humeur : Ethérée.

Masque Venitien
Rang & Statut: Dame de Givre
Amours & Haines:

Revenir en haut Aller en bas

As night falls [Matthew] Empty Re: As night falls [Matthew]

Message  Matthew Earwicker Dim 14 Juin - 6:48

Matt se demandait pourquoi l'Âme de la Dame Blanche était restée là, pourquoi elle n'était pas auprès de Dieu. Qu'est-ce qui avait bien pu la retenir dans ce monde ? Avait-elle quelqu'un qui lui était cher au point de préférer demeurer ici bas plutôt que de l'observer d'En Haut ? Il se dit qu'il aurait sûrement fait pareil s'il était venu à mourir avant maman... Bref instant de mélancolie au milieu de ses réflexions et du bonheur d'être là, dans ses bras.

Dieu l'avait mise sur son chemin, il en était convaincu. Et puisque c'était l'œuvre de Dieu alors c'est qu'il devait être capable de lui venir en aide. Il trouverait bien le moyen, et il était prêt à prendre tout le temps nécessaire pour ça, après tout il était investi d'une mission divine. Elle, c'était un fantôme, alors elle avait toute l'éternité devant elle, mais il ne voulait pas la faire attendre, sa Dame Blanche. Il trouverait, oui, il en était persuadé. Peut-être que la solution était dans le lien qu'il semblait y avoir entre eux, dans ce qu'ils avaient en commun et qu'il ressentait encore et toujours, bien présent. Mais il ne savait pas s'en servir, alors comment aurait-il pu l'utiliser pour l'aider ? Elle le savait sans doute, elle, mais voudrait-elle seulement lui apprendre ? Il n'osait lui demander, il avait peur qu'elle refuse, qu'elle se brusque ou pire qu'elle disparaisse. Alors il se contentait de lui sourire, espérant pouvoir trouver par lui-même.

Lui non plus ne comprit pas très bien le sens des paroles de sa Dame Blanche, sur les gens qui "comprennent pas", "les yeux fermés". Dans la rue les gens avaient les yeux bien ouverts généralement, pour voir où ils allaient. Ça l'aurait arrangé d'ailleurs qu'ils ferment les yeux, qu'ils ne le voient pas, ça serait tellement plus simple pour lui. Mais moins amusant sans doute. Ce qu'il avait bien compris par contre, c'est que les mots prononcés avaient tout de ceux de maman, doux et protecteurs. Et son sourire s'en fit encore plus grand quand elle se pencha sur lui, ses yeux dans les siens. À sa question, son sourire se fit un brin mystérieux, et le murmure un ton plus bas.


    "Oh non, personne me suit ! Au contraire, je l'ai perdu y a longtemps déjà, et je l'ai toujours pas retrouvé..."

Sans achever sa phrase, il se redressa afin de lui chuchoter à l'oreille son secret. Pas qu'il eut peur d'être entendu, s'il y avait d'autres personnes autour d'eux il en avait depuis longtemps fait abstraction. Mais un secret, ça se chuchotait, sinon c'était plus un secret.

    "Mon reflet..."

Il affichait maintenant un sourire radieux, comme si en dévoilant ainsi son secret il s'était libéré d'un poids bien trop grand pour lui.
Matthew Earwicker
Matthew Earwicker
Little empathic pickpocket

Messages : 48
Humeur : Attendrissant

Masque Venitien
Rang & Statut: Matt, gamin des rues
Amours & Haines:

Revenir en haut Aller en bas

As night falls [Matthew] Empty Re: As night falls [Matthew]

Message  Diane Laurel Ven 19 Juin - 4:34

Elle avait sourit, lorsqu'elle s'était penchée, complice, pour recevoir le secret. Cette fraîcheur faisait fondre la glace, il était un fragment de printemps. Un bourgeon sur l'arbre mort de sa maternité vexée, une fleur éclose sur la femme qui avait été changée en statue. Tendre anomalie, trouble diffus et adorable. La douleur d'être éveillée s'estompait légèrement, se délitant dans la Marque. Le bras achevait de serrer ce trésor contre son coeur qui battait tout bas, très bas, comme pour ne se faire entendre que de lui. Second secret.

Ton reflet... Alors, tu es seul dans le miroir, et l'onde ne saurait te capturer.


Elle n'aurait pas déjà embrassé ce front qu'elle l'eut sans doute fait à cet instant. Comme elle rêvait de l'emporter en sa demeure, non, d'en bâtir une pour lui, et elle, pour eux deux seuls; une forteresse de Brume et de givre, où il ne saurait grandir, où elle ne flétrirait plus. Ils seraient des seigneurs éternels des hivers passants, observant un monde en putréfaction depuis un état préservé. Des images, des figures, des mythes. Des fées, qui n'auraient surgi qu'à demi de légendes à peine contées. Ces noms qu'on n'oublie, mais qu'on ne prononce, dont les échos ne s'entendent que dans les blizzards. Comme elle rêvait, oui. Une larme perla à la bordure de ces cils, goutte témoignant de ce poignard de vie plongé en son âme languide. Elle rêvait, mais l'éveil se dessinerait bientôt. Il avait déjà mère, elle avait déjà enfants. Dont une de trop.
En elle clapota une pluie d'amertume sur le lac serein, teintant son eau de vaguelettes de cette même tristesse qu'il avait pu sentir. Pourtant, elle refusa de le relâcher encore.

Tu es béni des Brumes, elles sont parties avec ton image. Ceux qu'elles touchent sont souvent ainsi.


La main cessa sa caresse pour se faire protectrice, poser cette petite tête de divin damné sur son épaule. Le regard s'était évadé, là, au loin, dans les brumes qui ne savaient s'animer, elles.

Elles parlent, mais leurs voix sont difficiles à comprendre. Je leur parle, moi aussi. Il y a longtemps qu'elles m'ont prise.


Et l'espoir revint, la fleur enfanta d'un fruit, d'une certitude ensoleillée. Elle revint à lui, prenant une inspiration, comme si la Dame renaissait.

Je pourrais t'aider, si tu le voulais. T'aider à les entendre, à dialoguer. Il nous faudrait nous revoir, souvent... Et en secret.


La voix s'était faite murmure, presque morte, aux derniers mots. Oui, souvent, sans ces autres, dans leur royaume constitué de leurs deux âmes. Il ne serait pas éternel, mais il serait passant, allant et venant, comme les saisons. Ô doux songe. Elle se sentait si fatiguée de rêver si fort.
Diane Laurel
Diane Laurel
Âme Londonienne

Messages : 34
Humeur : Ethérée.

Masque Venitien
Rang & Statut: Dame de Givre
Amours & Haines:

Revenir en haut Aller en bas

As night falls [Matthew] Empty Re: As night falls [Matthew]

Message  Matthew Earwicker Sam 20 Juin - 8:11

Comme il était heureux en cet instant ! Il avait partagé son secret avec sa Dame Blanche, ce lourd fardeau que seule sa mère portait avec lui jusque là. Sa mère et... l'autre sorcière, mais on ne pouvait pas dire que celle-ci le soulageait d'une quelconque manière de ce poids, bien au contraire. Il la chassa bien vite de ses pensées alors que sa Dame le serrait encore un peu plus contre elle, tout contre son cœur. Il ferma les yeux un moment pour mieux l'entendre battre. C'était sans aucun doute un cœur de fantôme pour résonner aussi faiblement, là, dans la poitrine sur laquelle il se reposait.

Il se sentait bien ainsi, à l'abri de ses bras maternels. Et il y resterait aussi longtemps qu'elle le voudrait si ça permettait de la soigner, de lui venir en aide. Il en fut d'autant plus chagriné quand il ressentit la tristesse de son Âme en peine grandir à nouveau. Avait-il fait ou dit quelque chose de mal ? Aurait-il mieux fait de taire son secret ? Il hésita un moment à s'écarter d'elle, mais puisqu'elle ne semblait pas le repousser, il resta là, se contentant de lever vers elle un regard interrogateur, un peu triste aussi. Il aurait bien aimé comprendre ce qui la rendait triste, pour trouver comment l'aider. Mais ses paroles vinrent répondre à des questions qu'il n'avait pas posées, qu'il ne s'était même pas posé.

Les Brumes... Ainsi la sorcière avait raison, c'était bien là l'origine de sa... Marque. Mais il y avait une très grande différence entre les mots de Shadow et ceux de sa Dame. Elle au moins voyait ça comme une bénédiction, ne cherchait pas à l'effrayer avec une quelconque folie. Et puisque c'était l'œuvre divine qui l'avait mise sur son chemin, il ne pouvait y avoir là nulle malédiction. Il la regardait toujours, la tête sur son épaule, l'autre joue au creux de sa main, un petit sourire sur les lèvres. Et elle finit par lui dire ce qu'il savait déjà puisqu'il l'avait Senti, que elle aussi avait été touchée par les Brumes, qu'elle les entendait, comme lui.

Mais elles l'avaient... prise ? Les Brumes étaient donc la cause de son état, la raison pour laquelle son Âme errait ainsi ? Un instant Matt ne sut que faire. Risquait-il d'être entrainé de la même manière, de finir comme elle ? Le doute disparut aussi vite que l'espoir revint en elle et naquit en lui en entendant sa proposition. Elle voulait donc l'aider à comprendre les Brumes, et le revoir souvent, lui qui ne demandait que ça ! Si elle pouvait lui apprendre à se servir de ce pouvoir alors il saurait enfin l'aider en retour, lui rendre ce qu'elles lui avaient pris.

Alors que la voix de sa Dame mourrait sur le "secret", Matt se fendit d'un large sourire, ses yeux pétillant déjà de bonheur et de malice. Et il répondit dans un murmure presque forcé, joyeux, près à s'exclamer haut et fort s'il n'avait pas été retenu par la nécessité de ce secret.


    "Oh oui, j'veux bien ! C'est que j'ai d'jà beaucoup d'mal à les entendre, alors parler avec... On peut s'revoir aussi souvent que vous voulez !"

Et il conclut avec un adorable clin d'œil espiègle.

    "Z'inquiétez pas, les secrets, ça m'connait !"
Matthew Earwicker
Matthew Earwicker
Little empathic pickpocket

Messages : 48
Humeur : Attendrissant

Masque Venitien
Rang & Statut: Matt, gamin des rues
Amours & Haines:

Revenir en haut Aller en bas

As night falls [Matthew] Empty Re: As night falls [Matthew]

Message  Diane Laurel Mar 23 Juin - 17:20

Diane eut presque un hoquet à sentir l'enthousiasme du jeune garçon. Tout cet amour-là. Comme elle aurait aimé, comme elle aurait aimé, oui! L'avoir pour fils, qu'il soit sorti de sa chair, lui et ses deux Marques, l'une de tradition et l'autre d'ésotérisme, qu'il fut le fils de son époux. Il aurait été un lien, sans doute, il aurait été... Elle chassa cette scène de ses pensées, ses émois bouleversés se faisant trop vivants pour son coeur à l'agonie depuis des années qui en elle s'étaient faites siècles. La larme menaçait de tomber, là, et de tacher la scène et sa merveille d'une aigreur dont elle ne voulait plus, pas entre eux, pas contre son ventre alors qu'il reposait sur son sein.

Plus d'amertume, plus de déception, plus jamais, pas avec lui; c'était sa prière, sa dévotion aux Brumes, alors qu'elle regardait le ciel sourd, tête légèrement éversée. Ses doigts se jouant, se perdant aux mèches de sang. Elle reporta un regard d'une infinie douceur sur lui, sans masque, sans retenue -Ils étaient futiles entre eux- alors que sa main se détacha lentement de ses cheveux, frôlant son visage, pour prendre sa petite main dans les deux siennes.

Sais-tu lire, mon enfant?


Elle avisa le livre qui était là, un roman quelconque, parlant de terres lointaines, suffisamment futile pour ne pas accrocher son esprit. Un prétexte, plus que toute autre chose, pour n'avoir à souffrir des bons mots de ses congénères. Mais ce n'était pas là cet assemblage de page maquillées par un écrivain las et lascif jusque dans sa plume qui importait. C'est qu'elle songeait, elle, à reprendre le journal de Letha, à venir poser sa vie entre les vélins. Pour d'autres, pour lui peut être, plus tard. Lorsqu'il n'aurait plus l'âge de rougir des mots de son aïeule.

Je pourrais t'appendre, si tu le souhaitais. Ca te serait utile, certains secrets ne doivent se prononcer, alors ils s'écrivent... Et ils te resteraient, ainsi...


Au jour où je ne serai plus et où tu seras encore, achevèrent ses yeux, suggéra son coeur. Pesanteur de la mortalité qu'elle voulu chasser d'un sourire plus appuyé, rassurant, d'une pression de main qui voulait dire qu'elle était encore là, pour lui, pour des saisons entières. Oui, ils auraient quelques hivers.

Il nous faudra nous rejoindre en d'autres lieux, là où les regards ne se poseront pas trop sur ce que nous ferons. Tu dois connaître bien Londres, mon petit Matthew... Dis-moi où nous devrions nous retrouver.


Une telle confiance, en un enfant. Elle voulait la lui infuser, la graver entre eux dans un pacte devant cieux et enfers à la fois. Car elle le voulait son égal, et elle ne se voulait surtout pas à l'image de son époux, en maîtresse. Que ce fut dans un sens ou dans un autre. Il serait un beau jeune homme, et il serait pur. Il resterait son petit protégé, dans un cocon qu'elle aurait tissé. Jamais, jamais, elle ne le toucherait. Elle se le jura.
Diane Laurel
Diane Laurel
Âme Londonienne

Messages : 34
Humeur : Ethérée.

Masque Venitien
Rang & Statut: Dame de Givre
Amours & Haines:

Revenir en haut Aller en bas

As night falls [Matthew] Empty Re: As night falls [Matthew]

Message  Matthew Earwicker Mar 30 Juin - 8:09

Matt souriait, encore et toujours. Il se disait que ç'aurait pu être sa maman, pour le prendre ainsi dans ses bras, lui montrer tant d'affection, et vouloir lui apprendre aussi, à lire et... à Entendre. Oh bien sûr, il n'en voulait pas le moins du monde à sa véritable mère, il l'aimait de tout son cœur, même si elle n'était pas aussi présente qu'il l'aurait voulu, même si elle n'avait pas su lui enseigner toutes ces choses, elle. Mais tout ça n'avait plus la moindre importance maintenant qu'il l'avait Elle, sa Dame Blanche. Elle lui offrait ce qui lui avait tant manqué. Il pouvait bien partager son amour entre deux mamans, non ?

Et puis Elle avait besoin de lui, besoin de lui transmettre son savoir, il le sentait. Besoin de le faire avant de... disparaitre... Ça, il ne voulait pas y penser, pas maintenant, alors qu'ils venaient tout juste de se trouver. Il se jura de lui venir en aide, par tous les moyens possibles, peut-être grâce à ce qu'elle pourrait lui enseigner. Il comptait bien l'aider à trouver la paix, le repos de son Âme, de quelque manière que ce soit. Il finirait par y arriver, il en était persuadé. Mais pour ce faire, il avait encore beaucoup à apprendre.

Son regard comme son sourire sur sa bouille d'ange étaient toujours levés vers Elle. Il fit non de la tête à sa question, son regard se portant un instant sur le livre dont il ne comprenait pas même le titre avant de revenir se poser sur sa Dame. Il eut peur un bref instant que sachant cela Elle le rejette, pas assez longtemps cependant pour effacer son sourire, qui se serait fait plus grand encore si c'eût été possible en entendant ses paroles rassurantes. Alors ça aussi elle pourrait lui apprendre ? Dieu était décidément avec lui, la Dame Blanche était un don du Ciel à n'en pas douter, devant tant de bonté de sa part. Il se demanda s'il méritait vraiment tout ça, se dit que c'était peut-être là la récompense à sept années passées à cacher son secret, mais que même si c'était le cas, il espérait bien pouvoir remercier sa Dame à hauteur de ce qu'elle lui apportait.

Matt vint poser sa main libre sur celles de sa Dame, qui renfermaient son autre main. Plongeant son regard dans le sien, il lui rendit son sourire. Il serait là pour Elle, aussi longtemps qu'elle le voudrait.


    "Si c'est pour pouvoir lire des secrets qui s'disent pas, j'veux bien apprend' alors. C'est qu'ça commence à en faire, des choses que z'avez à m'apprendre. Alors heu... Où qu'on pourrait s'revoir... Hmm... À côté d'Big Ben, j'connais une ruelle discrète, si ça vous va."

Pour se retrouver, il fallait se quitter, c'était la pensée qui avait effleuré Matt alors qu'il réfléchissait au lieu de rendez-vous. Il aurait souhaité rester comme ça un moment encore, et se blottit davantage contre sa Dame, songeant qu'il aimerait bien s'endormir là, dans ses bras, et les retrouver à son réveil...
Matthew Earwicker
Matthew Earwicker
Little empathic pickpocket

Messages : 48
Humeur : Attendrissant

Masque Venitien
Rang & Statut: Matt, gamin des rues
Amours & Haines:

Revenir en haut Aller en bas

As night falls [Matthew] Empty Re: As night falls [Matthew]

Message  Diane Laurel Jeu 2 Juil - 5:03

L'écho si désiré et repoussé d'une tendresse filiale fut si douce à ressentir qu'elle se demanda un instant si elle ne l'avait pas seulement fantasmée, projetée en ce petit coeur si tendre et vrai, frais, intouché. Elle s'enquit de cela avec la pointe aigre d'une frayeur glacée, qui s'effaça dans l'instant, à le voir encore si intact. Non, son âme de Brume n'avait pas commis la plus grande des fautes en griffant son petit pour y graver son nom, et c'était bien de lui même et de lui seul qu'enfin, étrangement, rapidement, il semblait l'aimer un peu. Comme une mère. Le bonheur s'écoula dans ses veines comme un poison dont on ne saurait oser quérir l'antidote. Il avait été un enfant un peu perdu et elle l'avait trouvé, enfin. Il serait lumière et elle serait guide, afin que son pied ne trébuche, que son âme ne noircisse.

Si seulement, si seulement il pouvait marcher sans jamais partir et revenir changé, à son tour. Si seulement la Brume pouvait continuer à le chérir et à le préserver... Oh, si elle avait seulement le pouvoir de le garder dans un écrin, sous verre, enfermé! Si seulement elle ne savait pas à quel point il en fanerait, à son image. Surtout pas, jamais!

Comme elle se surprenait à ces transports, à ces hésitations. Comme il était un éclat brutal, une flèche au coeur de la Chasseresse. Allons, allons, il ne fallait pas laisser la langueur la reprendre, l'envie qu'il reste là contre elle à la réchauffer la saisir, et lui faire oublier comme le monde pouvait les menacer, comme les regards torves et les mains cruelles d'autrui pouvaient jalouser ce qu'ils étaient. Elle les entendait déjà, ces âmes sèches et vénales, sans valeur et sans consistance, bramer, blâmer, injurier, maudire; elle les sentait déjà vouloir jouer d'atroces tours à sa merveille, par jalousie, par cette malveillance qui était le fait et la faute de tous. Non, décidément, les Démons n'étaient que vérité cinglante et les enfants de Dieu de bien cruelles créatures.
Un soupir, du corps comme du coeur, alors que son étreinte se faisait moins forte, qu'elle entamait l'esquisse du départ, pour préparer la page des retrouvailles.

J'y serai, mon petit, dans l'après midi. La cloche aura sonné quatre fois et je serai là.

Son regard s'évada, légèrement, pour venir se poser sur les lieux, le parc, son abandon, pour en capturer l'essence, et ne jamais oublier la moindre feuille, le plus petit bruissement de vent, la couleur de ces cheveux d'enfant.

Je te prendrais des livres, nous nous exercerons. Nous aurons quelques heures à nous, avant le dîner. Nous pourrions nous voir souvent avant de changer, si ça te convient.


Un livre d'histoires, oui, pour commencer. Un charmant petit conte comme elle aimait tant les lire, peut être aimerait-il aussi. Elle lui parlerait de la Brume ensuite, doucement. La Brume n'était pas comme des leçons, et elle s'apprenait en soi, par les lueurs jetées ça et là des autres. Nul besoin ni nécessité de faire de longues et cruelles leçons. Elle ne voulait que douceur pour lui, entre eux. La rose se dénudait de ses épines, comme son coeur de la glace, pour le laisser approcher. Le sourire comme le regard revinrent à lui, comme pour adoucir le froid qu'il aurait, quand ses bras le quitteraient.
Diane Laurel
Diane Laurel
Âme Londonienne

Messages : 34
Humeur : Ethérée.

Masque Venitien
Rang & Statut: Dame de Givre
Amours & Haines:

Revenir en haut Aller en bas

As night falls [Matthew] Empty Re: As night falls [Matthew]

Message  Matthew Earwicker Jeu 16 Juil - 2:11

Il allait être temps de se séparer, c'était maintenant une certitude. Mais il était hors de question pour Matt que ça puisse être un moment triste. Pour sa Dame Blanche, il n'aurait plus que de la joie, la joie d'être pour quelques instants encore auprès d'Elle, la joie de la revoir bientôt, souvent. Il avait peur qu'Elle replonge dans la mélancolie qui l'avait enfin quittée alors qu'il se tenait à ses côtés. Ou plus exactement, il était sûr, il le Sentait, que ces sentiments-là lui reviendraient, telle la marée, sitôt qu'il se serait retiré, et il ne voulait surtout pas que ça arrive trop vite, il voulait pouvoir lui laisser de cette chaleur, de cette joie de vivre qui le caractérisaient tant.

Bien sûr, il aurait aimé rester avec Elle, ne plus la quitter, aussi longtemps qu'Elle le souhaiterait. En aucune manière il ne serait venu à l'esprit encore si innocent de Matt que d'autres puissent vouloir les séparer, ou pire, les châtier, pour ce qu'ils étaient, ce que représentait leur relation, pourtant si pure, celle d'une mère et son fils, à leurs yeux mauvais. Non, il était bien loin de toutes ces considérations, mais malgré tout il savait qu'ils ne pouvaient pas rester ensemble. Ce moment viendrait peut-être un jour, lors de l'une de leurs prochaines rencontres... Cette pensée lui mit du baume au cœur - s'il en eut encore besoin - et c'est avec un sourire confiant qu'il répondit au soupir de sa Dame.


    "Oh oui, aussi souvent qu'vous voudrez ! Moi d'toute façon, j'suis libre tout l'temps !"

Et sa Dame Blanche, son fantôme, quelle liberté avait-Elle ? Il l'avait presque crue un moment attachée à ce lieu, à ce banc, même s'il n'y songeait déjà plus quand il avait proposé le lieu de rendez-vous. Et puisque ça semblait ne pas être le cas, qu'est-ce qui pouvait bien la rattacher, l'enfermer là, dans cette demie-vie ? Il y songerait plus tard, mais il espérait bien trouver un moyen de lui offrir un peu de cette liberté.

Pour l'heure, il fallait songer à partir, non ? Aussi il s'écarta, très doucement, le plus lentement possible, comme pour faire durer, ne pas briser cette étreinte, et sans jamais quitter sa Dame des yeux, sans jamais cesser de sourire, de ce sourire si vrai, si juste, qui appelait à penser davantage à leurs retrouvailles futures qu'à la séparation imminente. C'est à peine s'il se rendit compte qu'il était déjà debout, sa casquette à la main, ni même qu'il avait déjà commencé à s'éloigner, d'un pas, puis deux, sa main toujours dans celles de sa Dame, prolongeant le contact le plus longtemps possible. Les doigts se frôlèrent une dernière fois, dans une caresse d'une tendresse toute maternelle... et il partit.

Il n'y aurait pas d'adieux déchirants, pour la bonne raison qu'il n'y aurait pas d'adieux tout court, ni même un au revoir, tout comme il n'y avait pas eu de bonjour. Ils n'en avaient pas besoin, n'est-ce pas ? Peut-être leur séparation paraitrait moins longue, moins douloureuse ainsi, en faisant comme s'ils ne s'étaient pas quittés. Remontant l'allée du parc, sa casquette à nouveau vissée sur sa tête, les mains dans les poches, il ne se retourna pas, de peur de ne plus l'y voir. Tandis qu'il se dirigeait vers la sortie, il croisa quelques rares personnes et il se surprit à lire en elles avec la même facilité avec laquelle il avait Senti ce que ressentait sa Dame Blanche : ici une petite peur, sans doute due à la tombée de la nuit, chez un homme qui marchait vite, là deux amoureux transis sur un banc, du moins en apparence, elle le haïssant plus qu'elle ne l'aimait... Le phénomène sembla s'estomper à mesure que la distance entre sa Dame et lui grandissait, jusqu'à revenir à la normale - du moins sa norme à lui - alors qu'il sortait du parc.

Il s'arrêta un instant, les yeux vers le ciel, souriant pour lui-même.
"Faudra que je lui demande si je peux l'appeler 'Maman'..." - se dit-il avant de repartir à travers les ruelles noires...
Matthew Earwicker
Matthew Earwicker
Little empathic pickpocket

Messages : 48
Humeur : Attendrissant

Masque Venitien
Rang & Statut: Matt, gamin des rues
Amours & Haines:

Revenir en haut Aller en bas

As night falls [Matthew] Empty Re: As night falls [Matthew]

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum