Un joli Coeur au double Esprit . Tewa des Petites Gens

~°[TEWA JOLI COEUR]°~

Surnom:Joli Coeur n'est pas un surnom, c'est son nom complet . Sinon, on a pu l'appeler Kiowa, le nom de son peuple ; ou encore Homme-Médecine, le Peau-Rouge, la Sorcière, Garçon Manqué, Faiseuse d'Anges, Face de Lune . Les hommes ont de l'imagination . Je vous laisse imaginer les autres décorations dont son apparence singulière à plus d'un titre a pu lui valoir d'être attifé . Actuellement la Justice l'appelle Le Freux, mais fort heureusement elle ignore qu'il s'agit de lui .

Âge: 25 ans . On les lui donne, avec quelques doutes, tant qu'il n'ouvre pas la bouche . Sinon, on confirme : 14 ans au grand maximum, avec une voix pareille .


Origine: une terre volée à ses ancêtres, sur la frontière du Mexique et des Etats-Unis d'Amérique .


Nature: Humain, ça sera déjà pas mal .

Rang: Petites Gens, pas de quoi complexer .

~°Apparence et allure°~

Techniquement, monsieur est cordonnier ; rien à voir avec la coqueluche des salons, et c'est perceptible à l'oeil nu . Une minuscule échoppe surmontée d'un appartement spartiate, une quantité d'outils intéressants, et un don certain pour le travail du cuir . Il le fait venir parfois de loin, de peaussiers canadiens, de trappeurs castoricides, bref, il puise dans ses racines et son travail n'en évoque aucun autre, et sans être la grande mode, il sait se faire apprécier des originaux . On peut donc le qualifier, sur le plan de l'apparence, de quelqu'un de passable . Il traite sans choquer avec la noblesse, si elle daigne s'aventurer dans sa ruelle . Il tient des plus pauvres hères par la simplicité de sa mise, et des cochers de maître par la classe inhérente à sa capeline faite main en un cuir noir et luisant, d'une coupe parfaite . Celle-ci renforce sa silhouette, la grandit, la rend plus intimidante . Pas de bijoux, pas de talismans, il est au-delà . Pas de tatouages, simplement des peintures de guerre très personnelles, que personne n'est censé connaître, mis à part les êtres qu'il retranche à ce monde . Beau garçon, c'est cependant un compliment auquel il prend garde . Lui-même ne cherche guère à séduire, et n'a que peu de relations sociales intimes . On le voit se détendre dans les bars des docks, en mauvaise compagnie, mais il ne s'approche de personne et laisse rarement quiconque approcher . Il est de santé fragile dans ce pays froid et pluvieux, mais en prend soin, ne boit ni ne joue, quant aux bagarres il les évite mais sait s'en tirer sans tourner les talons le cas échéant ; il a été un guerrier dans une autre vie, même si c'était il y a dix ans de cela .

Oh, et j'oubliais de le préciser : vous ne trouverez nulle chose pendouillante entre ses cuisses . Non pas que cela vous importe en quelque façon pour juger de la valeur d'un homme, au lit comme à la ville, j'en suis certain ... D'autant que si vraiment cette absence vous ennuie, vous lui trouverez deux centres d'intérêt jumeaux et fort joliment proportionnés sous les bandages qui recouvrent sa poitrine . Rassurez-vous, lesdits bandages ne sont pas là pour des raisons médicales .

~°Mental et Moralité°~

C'est l'apothicaire des comédies et le confident sinistre des tragédies, et pourtant voilà un homme que l'on n'a jamais vu au théâtre ou à l'opéra ; il serait douteux qu'on le laisse entrer . Y prendrait-il plaisir ? C'est de toute façon assez douteux . Il aime les hommes de toutes nations également, et les femmes cela va sans dire, mais il peine à comprendre la culture anglaise qu'il ne fréquente de l'intérieur que depuis quelques années . Les références culturelles ne l'intéressent que peu . Il oeuvre au bien-être de celles qui viennent requérir son aide, et s'améliore graduellement dans son artisanat avec une modestie qui ne l'exempte pas de perfectionnisme . Son visage est joli et régulier, pas excessivement féminin, et l'androgynie de sa voix se fond dans son image générale de créature exotique sans trop de peine, jusqu'à ce qu'un interlocuteur régulier y soit trop habitué pour poser des questions gênantes . Il chante à ravir, quoique généralement pour raisons professionnelles, à savoir médicales, avouées ou non . Son entourage immédiat l'apprécie . Que pourrait-il demander de plus ? Il est en paix avec lui-même et avec le monde . La terre de ses ancêtres est là où bat son coeur, il en est convaincu . Il est fier d'avoir accompli sa destinée : donner un héritier viable à son cher ami Stirling, même si la mère porteuse était une femme ce qui vaut toujours mieux, une étrangère à leur complicité . Il est respectueux de l'homme qui lui apprend le métier, Jarvis Thelman, cockney de base aux particularités de langage et de mise cocasses, qui s'émerveille tout autant de lui, leur procurant une source inépuisable de ces plaisanteries qui ne nuisent pas à l'ambiance de travail . Néanmoins il reste sombre . Il aime vivre la nuit, et s'éprend de créatures de ténèbres, le loup, l'aigle noir, plutôt que par exemple le solaire cheval sauvage . Il sourit mais pourrait également basculer dans la colère, sa vie est à double tranchant . Pour l'heure, il est déterminé à sourire . Qu'importe votre visage ...

~°Biographie°~

Au cours de ses voyages, une certaine grande Dame au regard perçant n'aura pu manquer de remarquer, sur pièce ou au cours de conversations éclairées, une chose fascinante : le mode de vie travesti, depuis la nuit des temps sans doute, n'était aucunement un phénomène réservé aux capitales d'Europe, qui ne comprennent que deux genres et se moquent du reste . L'on pouvait aller jusqu'à quatre de ces précieux genres . De Hawaï au Japon, de l'Inde à la Polynésie, de la Côte d'Ivoire à l'Italie secrète, et des îles Samoa aux Amériques . Là-bas, ces êtres si étrangers aux systèmes victoriens ont bien fréquemment un statut empreint de dignité et d'importance, même si ailleurs on les conserve en tant que boucs émissaires bien pratiques en cas de crise, quelle qu'elle soit ; parfois élevés au rang de chamans, ils y deviennent alors le pivot central de l'architecture clanique . Ils ne sont de toute façon pas taxés de mélanger un yin et un yang sexuels incompatibles, au contraire ce sont ceux qui intègrent le plus complètement l'essence du Grand Esprit, tandis qu'un sexe exclusivement masculin ou féminin n'en intègrerait jamais qu'une partie .

Leurs rôles étaient donc multiples, indéfinissables autrement que par le mot libres ; mais - le genre de l'enfant se définissant à la puberté suivant les activités auxquelles il se rattache spontanément et les accessoires vestimentaires qu'il choisit - un Two-Spirits, niizh manidoowag, comme on nomme ce qui s'appelera plus tard les transsexuels, né avec le corps d'une petite fille, prenait généralement une fois adulte sa place parmi les guerriers et les chasseurs ; plusieurs chefs célèbres dans la résistance contre l'envahisseur européen comptaient parmi ces oiseaux rares . Cependant, à la naissance de Tewa, la guerre était déjà perdue et son peuple retranché dans des territoires auxquels l'envahisseur en question n'avait pas trouvé un intérêt suffisant .

Les jeunes gens au milieu desquels grandit le jeune guerrier pas comme les autres avaient tendance, sans vraiment s'en rendre compte, à se laisser influencer par les préjugés de l'armée qui les brimait pourtant, et qu'ils rêvaient de surpasser en virilité et en charisme . L'acculturation, comme partout dans le monde, marchait main dans la main avec la honte . Ils ne percevaient plus l'identité spécifique de Tewa comme le faisaient ses parents, qui l'encourageaient au contraire à gagner leur respect coûte que coûte sans rien changer à ses goûts personnels . La dualité à laquelle il faisait appel relevait d'un monde qui serait bientôt révolu . Et comme un signe de cette fatalité, ses parents furent bientôt, bien trop tôt, emportés par l'une de ces maladies apportées dans les bagages des navires de l'Ancien Monde . Tewa alla chercher protection auprès du chaman qui le prit sous son aile, le sachant en phase avec une grande diversité de facettes de l'âme humaine, ainsi que du corps humain . Son expérience sexuelle s'étendait déjà de la fille la plus féminine au garçon le plus masculin, et les points sensibles du corps lui étaient connus comme de peu de sages vénérables . Sa grande curiosité garantissait des progrès rapides et durables, améliorant son insouciante intelligence mieux qu'une discipline de fer .

Le chaman soignait quiconque lui rendait visite, même s'il connaissait les dangers inhérents à la fréquentation des Yankees . Des dangers qui provenaient aussi bien de la communauté indienne : en un cercle vicieux voire carrément pervers, les jeunes gens de la réserve ne rêvaient au fond que de se faire respecter de leurs ennemis blancs, et rejetaient d'autant plus tout sentiment ambigu à leur égard qu'ils en éprouvaient et craignaient d'en être accusés . Une femme de fermier accidentellement tombée enceinte vint un jour réclamer secours au chaman, tout se passa bien dans la mesure du possible, et deux jours plus tard accusa son jeune assistant de viol, dans l'espoir de le voir condamné aux travaux des champs dans sa propriété et d'en faire sa petite chose . Tewa se disculpa sans peine de l'accusation de pénétration forcée en se dévêtant en plein tribunal, prouvant par la force des choses que c'était physiquement impraticable, du moins ainsi que la jeune dame le décrivait . On l'accusa dès lors de mode de vie contre-nature, et on le fit travailler comme soubrette au mess de l'état-major, dans le fort militaire avoisinant .

Tewa s'en accomoda avec une patience indifférente, mais ne comptant pas perdre sa jeunesse pour si peu, fit usage de son charme à bon escient et sans dédaigner le moindre épiderme à sa portée, qu'il soit plus clair ou plus foncé que le sien, le fort employant des esclaves . Le jeune lieutenant Stirling en particulier le trouvait de son goût et prétendait le réformer, à voix haute du moins ; en son for intérieur il l'admirait et le respectait, et dans le secret de leur couche il se soumettait à ses étreintes sans conditions . Sa fausse arrogance en public était une maladroite protection contre les préjugés de caste . C'est lui que les beaux yeux noirs de Tewa avaient proprement réformé .

Stirling était marié, à une jeune femme d'origine écossaise et juive qui présentait divers avantages au moment de leur union, et n'en avait plus guère à présent qu'il pouvait disposer d'elle à volonté . On lui fit sentir qu'il était trop proche de sa peau-rouge garçon manqué et que sa femme, délaissée, pouvait faire courir quelques sympathiques rumeurs . Le lieutenant commença par en rire, rappelant que sa maîtresse avait déjà prouvé être une femme, si c'était dans cette direction que s'orientait la rumeur . Néanmoins, par prudence, il honora son épouse légitime de sa présence et de quelques autres attentions . Il dépérissait en l'absence de Tewa, pour qui il se faisait un sang d'encre, la sachant à la merci des autres militaires moins respectueux qu'il l'était sans le dire . Sa femme était une créature remarquable, il s'en aperçut alors seulement . Elle comprit sans peine les angoisses qui l'agitaient, et cherchant avant tout à ce que leur ménage se maintienne dans les meilleures conditions envisageables, proposa d'engager la peau-rouge comme domestique . Stirling enchanté la convainquit de l'accepter comme confidente . Comme médecin . Finalement, comme compagne de lit . Ils menaient tous trois une existence que rien ne semblait devoir menacer .

Le dernier parent vivant de la jeune madame Stirling mourut alors . Une fortune colossale ainsi qu'une maison de maître digne d'un manoir classique lui revint à condition qu'elle vienne signer sur place, en Angleterre, divers papiers notariaux . Or, pour couper court à toutes rumeurs, Stirling avait fait tant et si bien qu'il l'avait mise enceinte, et à peine supporta-t-elle le trajet . Elle dut s'aliter une fois à Edimbourg et le séjour des trois larrons en terre britannique commença à prendre des allures d'emménagement . L'enfant arrivait à terme, et grâce aux soins de Tewa qui savait mettre un enfant au monde, et s'étant proclamé garant de la sécurité de ''sa Dame Stirling'', n'en laissa approcher aucun charlatan local si habile fût-il, l'événement fut heureux .

De fil en aiguille, d'amie en amie, d'autres dames de même caste firent peu à peu appel par le truchement de la jeune mère à cet être intrigant qui gravitait autour du couple . Elles avaient leur lot d'accoucheurs, mais peinaient à dénicher les vieilles qui connaissent ''les herbes et où les mettre'' en cas de grossesse nullement désirée, comme leurs époux implacables ou leurs jeux coquins avec d'autres leur en infligeaient parfois . Bien loin était le village où l'on pouvait aller voir la Sorcière . Les moeurs étaient plus dépravées, mais les âmes plus solitaires . Tewa ne repoussait personne, parlait, consolait, et une fois le besoin avéré, délivrait . De goutte en goutte de sang sa renommée se bâtit . Stirling s'était fixé dans la région et engagé dans l'administration ministérielle ; attaché à sa trace comme un loup, Tewa le suivit à Londres . Sa réputation l'y précéda et ses exploits l'y poursuivirent . Efficace, propre et surtout très doux ; Stirling l'avertit néanmoins que les autorités ne l'entendraient pas de cette oreille et lui feraient payer ces qualités-là, et l'on se mit en quête d'un métier de couverture, que puisse accomplir un Indien des Amériques, accoutumé seulement, à part les activités liées aux grands espaces, à traiter les peaux de bêtes . Et finalement, comme vous n'êtes pas sans l'ignorer, l'on trouva .

Spoiler:

Jarvis Thelman avait travaillé à Londres avec sa femme Jovy jusqu'à ce que celle-ci s'en aille au nouveau monde avec un amant de passage . On ne l'avait jamais entendu siffloter et plaisanter autant que depuis ce jour-là, mais il n'en avait pas moins besoin d'un associé . La proposition de ce jeune homme silencieux et bien élevé qui arrivait justement de ce même nouveau monde le laissa un moment déconcerté, mais il le prit à l'essai sur la recommandation du très important monsieur Stirling, et ne fut pas déçu de l'acclimatation de sa recrue . Il lui louait également la mansarde au-dessus du magasin, ce qui le dispensait de le payer aussi cher qu'il l'aurait dû . Un jour cependant l'une des femmes venue réclamer l'aide du Freux, comme ces douces créatures surnommaient Tewa en se le recommandant l'une à l'autre, s'avéra ne pas être enceinte du tout . Juste un peu enveloppée, il la rassura rapidement . Cela dit elle l'avait vu maquillé, c'est ainsi qu'il recevait ses patientes, et n'était pas là par hasard, mais afin de confirmer ses soupçons . C'était l'épouse d'un officier de police qu'elle désirait désespérément intéresser, et elle avait trouvé cette victime à sacrifier sur l'autel de son dévouement conjugal . Cela dit, Tewa recevait hors de chez lui, se faisait convoquer par un réseau très complexe de relations très discrètes, et l'on ne put remonter jusqu'à lui . Il avait simplement une jolie affiche à son nom, arborant son portrait en maquillage noir et blanc, dans les bureaux de la police .

~°Attributs°~

Atout(s):
Fonction x 2 : une cohorte d'anges suit sa trace . L'avortement n'est pas licite, et n'en est que plus prisé lorsqu'il est correctement réalisé et pour un prix modique, comme c'est le cas . Cela lui entraîne des démêlés avec la Justice, mais il sait en apprécier les récompenses en sous-main .

Aura x 1 : ce n'est pas du niveau du pouvoir magique, ni de la présence sociale, Tewa est décalé par rapport à la société qui l'entoure et n'influe pas sur elle, ni de manière occulte ni au grand jour . Néanmoins le chamanisme et la relation privilégiée avec les éléments se ressentent à distance, comme une sérénité flamboyante qui le rendrait sympathique aux personnes faibles, proches de la mort, ou simplement dépressives . On sent instinctivement que l'on peut à son contact puiser quantité d'énergie vitale sans qu'il ne se braque soudainement ou ne s'épuise comme la flamme d'une chandelle . Plus vulgairement parlant, on l'aime bien . Indulgence des plus froids, franche sympathie des plus liants, et plus si affinité en cas de réel déséquilibre . Les vampires de sentiments existent également, et il est leur calice pleinement consentant .

Défaut(s):
Désigné ou Freak x 3 : l'étranger silencieux, considéré au mieux comme un peau-rouge énigmatique a sa place dans les bas-fonds et sur les marges brumeuses d'une société digne de ce nom . Ce n'est pas le cas de l'avorteur connu uniquement à travers un portrait de ses peintures de guerre, dressé par une fausse cliente appointée par la Justice dans ce but . Si ce personnage, surnommé le Freux, clown sinistre en noir et blanc, est pris vivant un beau soir dans les rues de Londres, il est assuré de n'y plus reparaître hormis pour gagner son lieu d'exécution .

Particularité: Quoi, ça ne vous suffit pas ? Oo

Il n'aurait pas voulu être là, dans cette peau trop juste par endroits et à d'autres trop détendue et trop pleine, mais puisqu'il y était et que nul regard ne lui posait cette question, à qui murmurer ... peut-être au miroir qui le regardait en silence se maquiller, certains soirs de Brume ?

Comment vous dire... Bienvenue?