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Together we're a marvellous heresy, Tewa

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Message  Diane Laurel Sam 5 Sep - 12:13

La nuit était fraîche et épaisse comme un linceul, posé sur la ville qui avait les allures d'une coquette défunte. Le seul était franchit, la glace avait été brisée, et la Dame de Givre avait trouvé un pendant de chair. Il y avait là quelque chose d'indicible, de grand et d'insignifiant, comme le sont les drames humains toujours. De grandes choses pour de petites personnes, et rien pour le reste du monde.

Les restes de ce monde lui paraissaient curieusement plus amicaux, plus dociles, alors que le premier de ses pas résonna dans la ruelle vide, quoiqu'emplie de brume. En elle, il n'y avait plus de notion de passé, de lourdeur ou d'avenir, il n'y avait plus que l'instant, vécu comme un rêve, lui offrant des ailes éthérées. Cette main dans la sienne était celle d'un ange, d'un démon, d'une fin certaine et d'une libération. Peut être, peut être que lorsque poindrait le jour, l'amertume viendrait tacher ces marques de dégel à son coeur, viendrait porter l'angoisse ressuscitée d'un manque et de l'ombre d'une trahison qui ne tarderait sans doute pas. Mais il n'y avait rien d'imbécile, à devoir boire une coupe de poison, de se régaler de sa saveur avant de s'extasier de sa propre agonie.

Ils avançaient, et la bruine venait emperler ses cheveux volages, leur donnant une allure de toile d'araignée au matin, de splendeur fugace et si commune qu'elle s'en faisait oublier de tous, sauf des rêveurs et des poètes. Ce qu'ils étaient un peu, du moins ce soir.

T'es-tu déjà demandé, Tewa, si tu pouvais marcher jusqu'au bord du monde, rien qu'à aller tout droit? T'es-tu déjà demandé ce qu'il y avait au delà, ce que les histoires content, et que l'Histoire nie? Est-ce qu'il y a des fées, des esprits, ou un néant hostile qui nous contemple?


Elle lui disait tu, et ce sans même le remarquer vraiment elle-même. Elle n'était plus une Lady, il n'était plus un étranger, il n'y avait plus les corsets étouffants des regards de l'assemblée des bonnes gens. Ils étaient deux âmes qui s'étaient égarées longtemps avant de se retrouver, et Diane se dit que, oui, la beauté s'était cachée là, ce soir. Entre les pavés. Et entre leurs doigts serrés.
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Message  Tewa Joli-Coeur Sam 5 Sep - 21:57

Et voilà ... ils avaient fui la languissante embrassade de la musique de l'auberge, ils étaient seuls au monde dans la capitale de l'Empire, un noir et blanc délicat, tirant sur le sépia, les enveloppait de sa brume, et il n'y avait plus que leurs voix, leurs mains, leurs regards, tout ce qui les unissait . Il ne savait absolument pas où ils allaient . Le plus loin possible, il se permettait de l'espérer ...

''Tu me fais rire . Le monde, pour moi, c'est un territoire de chasse quelque part de l'autre côté de ta planète, deux ou trois peuples voisins, une rivière, et les rêves qui la bordent en amont et en aval . Il y a longtemps que je suis tombé du bord de ce monde . Et il n'y a pas de créatures comme dans les légendes, ce sont des images, des masques portés autrefois par des humains comme nous ou des animaux comme ceux que nous côtoyons . Parfois ce sont des souvenirs, parfois des intuitions de ce qui sera . Même les visions ... Même les esprits sont des ... parties de nous . Et nous en faisons partie . Le serpent de vie est le même pour nous tous, c'est ... une énergie invisible qui nous traverse ... je manque de mots .''

Ou était-ce la langue anglaise qui en manquait ? Ils n'étaient pas originaires de Londres, mais Tewa aurait voulu qu'ils partagent une langue maternelle pour pouvoir suivre cette conversation compliquée jusqu'à l'océan . Ils étaient encore à sa source et déjà il se sentait fatiguer . Quant à elle ... étrange femme, pour poser de pareilles questions . Mais peut-être faisait-elle référence à sa propre expérience . Avait-elle eu un jour le sentiment de se tenir sur le bord du monde, et de voir un autre monde situé au-delà ? A ce qu'il en savait, même ceux qui avaient vu la mort en face et lui avaient échappé par miracle la décrivaient en termes appartenant à ce monde . Se pouvait-il que cette femme connaisse des choses qu'il ignorait totalement, et que tous ceux à qui il avait parlé ignoraient ? Prodigieusement intéressé, Tewa prit à peine conscience du fait qu'il serrait précieusement sa main dans la sienne, comme aurait pu le faire un étudiant en compagnie de sa grisette, alors qu'ils refaisaient le monde et les lois sur le mariage .

''Tu as déjà senti ce serpent passer à travers toi, ou s'enrouler autour de toi ... ou te mordre, et te tuer d'une manière qui te sauve en réalité ? Je suis désolé, ça ne veut rien dire ... mais ça me semble si important ...''

Oui, si important en vérité de parler de ces choses dont personne ne savait parler, et vers lesquelles elle se jetait à corps perdu, si blanche, irréelle comme une fumée d'opium, et tout aussi peuplée de rêves, et de cauchemars, les deux étant indiscernables . L'essence même de la magie . Oui, voilà ce qu'il essayait de lui expliquer . La magie n'existait pas, et à la fois, elle existait . Ils étaient la magie . Par instants seulement, et en cet instant c'était une évidence . Il n'éprouvait pas le besoin d'exprimer cela, il savait déjà qu'elle pensait la même chose que lui .
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Message  Diane Laurel Mar 8 Sep - 6:13

Elle contemplait son profil, et lui revenait en mémoire les mots, leurs sonorités, ceux qu'ils avaient échangés alors qu'ils ne se tenaient pas encore la main. Une heure, tout au plus?

Elle accrocha le bombé de son front, marqué d'une mèche que la pluie avait rendue mi docile, mi sauvage, à son nom. Te-wa. Lisse, puis élancé, soudain. Tewa. A l'arête de nez elle accrocha ce mot si étrange, si lointain qu'il lui était difficile de prononcer, même en pensée. Tsgili. Une glissade, une dérobade, un second envol. Puis, ces lèvres qui parlaient des autres mondes, de ces contrées mystiques et sincères gâchées par les avancées d'autres hommes plus avides, mieux armés par des siècles de fratricides. A l'image de leur Dieu et de son engeance. Ils avaient été l'Abel de cette époque déjà à demi effacée, et l'Europe avait été le Caïn jaloux, mais cette fois vainqueur. Peut être étaient-ils les rémanences des fragments des pensées de cet homme assassiné sans descendance. Peut-être étaient-ils une part de son héritage stérile, qui naissait ça et là, au hasard du monde, délaissé de ce Seigneur revêche. Elle s'amusa de ses pensées absconses, tout comme de ses mots sans pour autant que ça ne soit moqueur. C'était complice.

Depuis quand se connaissaient-ils? Deux heures, tout au plus.

Je te fais rire? Peut être que mes questions sont maladroites. Tu sais, elles voguent entre mes lèvres depuis longtemps, mais les murs ne répondent pas, et les oreilles des gens qui m'entourent ne sont pas de celles qui les entendraient bien. Alors je les ai gardées longtemps enfermées, et elles ont dû devenir un peu folles. Pardonne-les.


Et elle rit, encore, ce son qui était pourtant devenu rare au point d'avoir disparu dans un passé ignoré des vivants, sauf des seules personnes qui n'avaient pas une seule chance de l'entendre de nouveau, à moins de le lui voler. Et il parla du serpent, alors elle quitta son profil, pour chercher quelques lueurs, tant dans le ciel que sur le pavé luisant. Sur la bruine condensée, emprisonnant la lumière en autant de perles éphémères.

Alors, c'est ce qu'il y a là bas. Tout ce que les miroirs ont gardé. Oui, je me suis aussi longtemps demander si j'arriverai à passer de l'autre côté. Peut être en trompant mon reflet. Peut être en apprenant à lui parler. Des fragments de nous, et du passé, et de ce qui était. Est-ce que tu es revenu, Tewa, ou est-ce que celui qui est tombé était autre? Ah, ne réponds pas. Je ne saurais pas répondre moi même.


Le serpent, son cher Incube. Comment pourrait-elle dire, dans cette langue-là, la façon dont il l'avait mordue, sans que ça ne soit atroce, bien en deçà de ce que la chose était réellement? Comment parler des bénédictions d'un monde qui était dénigré par celui sur lequel ils s'étaient égarés ou presque, en usant de son langage qui saluait la fermeture d'esprit, d'âme, la sécheresse et les songes insipides? Elle leva délicatement leurs mains jointes, alors même qu'elle pensait, et sans trop y réfléchir, sans plus chercher à se traduire, elle fit passe la main du Double Coeur dans sa seconde, fit un petit pas élégant, presque celui amorçant une danse, et glissa ce bras autour de sa taille. Ils étaient presque épaule à épaule, et elle guida sa main pour qu'il la dépose à son flanc, là, à sa Marque. Éveillée par le contact, peut être, peut être bien qu'il sentirait une palpitation plus grande, une chaleur plus vive. La trace de la morsure du serpent. Et, les cils abaissés comme une coquette, comme une jouvencelle, elle murmura.

Ca ne veut rien dire, sans doute parce que ça ne passe pas par les mots.


Sa Brume dansait, et elle lui paraissait plus fluide, plus familière que jamais. Letha avait écrit, le savoir n'est pas dans les livres, pas plus qu'on ne pourrait y apposer un morceau de Brume. Il est déjà en nous, et tout ce qu'on peut écrire sont des façons de se repérer en soi-même. Elle avait peut être trouvé là son chemin.
Ils avançaient encore.
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Message  Tewa Joli-Coeur Mar 8 Sep - 10:30

Il l'écoutait, il la regardait . Il avait presque oublié sa propre présence . Parfois il lui semblait entraîner par la main son enfant babillante, parfois suivre sa mère aux sages paroles . Elle était multiple et bruissante d'intuitions dorées comme un arbre bruisse d'oiseaux, au matin, quand on doute encore du réveil de la vie . Oui, des rires fleurissaient puis mouraient sur ses lèvres à l'écouter se décrire, déshabiller avec insouciance sa belle âme devant ses yeux indignes . Plusieurs saisons de rire avaient ainsi passé, de sorte qu'il lui semblait la connaître depuis une éternité . Mais toujours cette amusante distance, toujours ce sentiment diffus qu'il ne pourrait, si le caprice l'en prenait sur une phrase plus sucrée qu'une autre, la prendre dans ses bras et venir en goûter la saveur à même ses lèvres, chercher s'il y avait là un alcool inconnu, quémander d'en être enivré . Toujours il y avait cette distinction victorienne . Il attendait avec une impatience mitigée le moment où elle la dépouillerait complètement .

Cela arriverait, fatalement, que ce soit ce jour-là où lors de leur prochaine rencontre - où serait-ce ? Partageraient-ils un toit ou l'autre, cérémonie sacrée dans la naissance d'une amitié ? - mais quelque part il aimait la transgression que symbolisaient leurs différences telles qu'elles étaient, aimants et non repoussoirs . En arrivant avec Stirling, il lui avait réclamé à grands cris qu'ils ''jouent aux Lords'', et s'était fait une joie de lui faire perdre sa superbe sans sortir d'un rôle de Lord voisin sagement assis à table, de majordome ou de servant venu lui servir son thé, ou de garde lui faisant son rapport entre deux portes . ''Jouer aux Lords'' avait vite été rebaptisé ''Sous la Nappe'' ou ''Derrière un Rideau'', et c'était toujours aussi amusant ; il voyait que ça mettait Stirling légérement mal à l'aise, et l'imaginait se représenter ses nobles dirigeants se livrant aux mêmes fantaisies avec les membres de leur personnel . Parfois des fous rires silencieux s'échangeaient entre leurs regards ; peut-être était-ce pour ça qu'il ne pouvait voir son ami en importante compagnie .

Brusquement, ce fut chose faite . Elle ne jouerait plus à la Lady . Ils étaient cavalier et cavalière, perdus au milieu d'une piste de danse vaste comme un monde, puisqu'eux seuls savaient qu'elle était là, tous les autres la prenant pour une ville grise et froide . Le regard de Tewa se voila quelque peu . Le geste était trop direct pour qu'il demeure parfaitement imperturbable ... et il comptait bien ne jamais vivre assez vieux pour apprendre à l'être à volonté, en tout cas face à ce type de choc . Sa main lui chuchotait qu'elle avait bien eu une Vision . Elle n'avait pas été élevée dans ce but, mais elle avait le potentiel pour devenir shaman . Cependant il se laissait entraîner sur un océan bien différent, et sa voix s'enroulait comme l'appel de l'élan à l'automne, glissant où ses lèvres la guidaient, au long du cou si blanc et si proche de la gracile poupée de porcelaine, sur le lobe délicat de l'oreille, puis en caresse d'aile égarée sur sa joue, revenant vers le coin de ses lèvres où il n'osait apposer les siennes, quelle que soit l'envie qui l'en tenaillait .

''Les mots n'existent pas, puisqu'ils nous séparent . Ah ... quoique ... Tu connais l'expression . Retrouver ses esprits . Quand un corset a eu raison de sa dame et qu'elle a défailli quelques minutes, par exemple . On dit aussi revenir à soi . Reprendre conscience . Toutes ces expressions, ce sont des empreintes, des preuves . Nous, êtres de sang, avons tous la même sensibilité . Celle de Londres dort, elle fait un rêve de machines et de fumées, mais cela passera . Il y a des esprits ici comme ailleurs, et vous les retrouverez . Il y a une conscience ici comme ailleurs et vous la reprendrez, comme on reprend une cité à l'ennemi . Je serais ton allié, si tu voulais de moi .''

Sauf qu'il n'y a pas d'ennemi . Il n'y a que deux loups engagés en une lutte incessante, et qui au fond sont frères, deux facettes d'un même visage . Mais peu importe, l'image de la juste guerre était une image exaltante . Tewa s'était bien moqué des militaires lorsqu'il avait été réduit à faire le ménage dans leurs chambres, mais il gardait ce genre d'illusions de petit garçon, concernant des guerres qui ne se combattaient que dans les légendes . Une guerre réelle n'aurait su le séduire, à moins qu'elle soit entièrement sienne .
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Message  Diane Laurel Lun 14 Sep - 13:00

Ce qui les séparaient n'existait pas, selon lui. L'idée la séduisait, sans qu'elle ne puisse dire pourquoi, sans qu'elle n'y attache vraiment d'importance non plus. Ce qui les séparait n'était qu'une idée, une vague volute qui serait brisée d'un geste, du moins pour l'heure. Il y avait tant de frontières entre eux qu'elles étaient innombrables et pourtant ils étaient là, pressés comme s'ils craignaient le froid, comme deux ivrognes qui se tenaient l'un à l'autre pour tanguer de concert. Le port n'était pas loin, à nouveau son esprit dériva vers les navires, vers un lointain si accessible en cette heure. Si plaisant. Si vrai. Comme elle savait bien qu'il n'y avait de limites et de barrières que celles qu'on se donnait à soi-même. Le loup blanc. Rêveuse, elle souffla.

Pas toujours... On trouve des trésors dans les mots. De très belles expressions. J'aime en jouer, parfois. Tu sais, quand tu dis une phrase qui sonnerait presque ridicule, mais qui est tellement vraie à l'instant où tu la prononces...


Elle rosit, oh, une trace infime, alors qu'elle s'apercevait qu'elle avait envie d'illustrer son propos d'une déclaration aussi brutale que sincère, qui n'aurait sans doute pas eu sa place tant la chose paraissait aussi violente qu'évidente. Il n'était pas temps, peut être le serait-il dans quelques minutes, quelques mois, ou jamais. Ca n'avait rien de grave que de l'ignorer. Il ne devait pas ne pas avoir soupçonné déjà cet aveu qui ne s'osait, qui se dessinait.

Retrouver ses esprits, oui. Oh, ils sont là, autour de nous, dans toutes ces ombres au coin de notre regard, dans ces formes dans la Brume... Il suffit de ne plus chercher à les voir en entier, à les tenir dans le regard pour pouvoir les distinguer. Ils sont farouches comme des rêves. si on tente de les saisir, ils fuient... Tu dois connaitre.


Sa main libre décrivit un cercle inachevé entre eux, avant de revenir à son côté, de se glisser à la taille du Double Coeur. Une étreinte quasi symétrique. Elle était plongée à ses songes, confiant enfin autrement que sur du papier ou à une vitre froide ses émois et ses élans. Comme elle était bavarde, avec lui à son flanc. Sa Marque la brûlait presque, elle la sentait courir sous sa peau, onduler comme ce reptile qui serait redevenu vivant.

J'ai rêvé souvent de ces machines, elle mangeaient le sol, la vie, pour en faire une autre. Ca passera, sans aucun doute. C'est comme une nuit sombre. Sous le pavé et sous le fer, il y a encore la même terre.


Elle se sentait l'esprit d'une Nymphe, plus que jamais parmi les Brumes, et pourtant plus aussi froide qu'elles. Était-ce ça, ce qu'avait voulu écrire Letha? Etait-ce ça vraiment? Elle cessa de se poser la question, pour laisser vivre ses rêveries, les esprits qui dansaient avec elle. Avec eux. Peu importe que ça ne soit que sottises, c'était là sottise plaisante. Au fond, c'était bien moins ridicule que de se les refuser pour le prix des certitudes d'autres, d'un ordre raisonnable auquel elle n'avait jamais appartenu tout à fait.

Regarde, le quartier change, on dirait une autre saison.


Diane releva légèrement le menton, contemplant les toits avec une expression presque infantile, comme si elle s'attendait à voir un printemps fleurir et une fée les saluer. Ils avaient presque quitté le quartier des docks, pour s'enfoncer dans des ruelles plus étroites, mais plus accueillantes. Moins méfiantes, plus rondes, plus bourgeoises. Elle l'avisa soudain d'une oeillade d'une intensité peu commune, l'expression cryptique. Sur le ton des promesses, elle lança.

Si je veux de toi? Si je ne voulais pas, je ne serais pas tout contre toi. Je serais contre toi, simplement. Une grande Dame dans sa forteresse. Tu y es le bienvenu, si tu veux t'y réfugier. En toutes saisons.


Ce vieux loup noir n'était plus si efflanqué. Sur sa tour de glace avait poussé quelques fleurs limpides et fraîches plutôt que froides. Son visage retrouva son sourire, une moue affectueuse et tendre, dépouillée d'un quelconque masque, de la plus petite retenue. Il n'y avait aucun prix, pas plus que de mots, pour exprimer tout ce qu'elle disait par ses yeux, et à quel point elle était sincère.
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Message  Tewa Joli-Coeur Mar 15 Sep - 15:03

Que cette main à son côté, légère comme une volute de la brume alentour, comme les pattes d'un oiseau à demi seulement posé sur une branche, avait de pouvoir sur lui, et que ce contact sans importance savait se faire de plus en plus indispensable ... Tewa était presque mal à l'aise, ou était-ce cette insupportable envie de fuir toujours plus loin, de s'envoler, qui ne serait jamais complètement satisfaite, et la contradiction entre ce désir et la lucidité qui le bridait dans ses expressions ... non, c'était aussi la puissance de cette créature frêle qu'il tenait entre ses bras . Une statue de fumée d'encens, mouvante, envoûtante et prête à se dissiper à chaque instant, mais qui entretemps le dominait de toute sa stature, voilà l'aura magique qu'il percevait, lui, petit être modelé de terre et de sang, à peine soutenu par un squelette semblable à un château de brindilles . Et il la percevait d'autant plus que leurs visages se faisaient face, maintenant, de tout près . Pendant un instant une humilité qui le surprit lui-même l'empêcha de répondre aux paroles qui flottaient sur les lèvres de la jeune femme, et en effet, pour tout autre, elle aurait semblé folle, et lui fou de l'écouter avec un tel respect .

''Sois bénie ...'' sourit-il en risquant ses lèvres plus près des siennes, dans un murmure . ''Je viens d'apercevoir la beauté de cette terre . L'ami que j'accompagne et son épouse sont nés de la même terre que moi, et il y a longtemps, très longtemps, que notre grande île et la vôtre se sont séparées . Même leur enfant qui est né ici a gardé l'esprit du Nouveau Monde . Je fête mes retrouvailles avec une famille éloignée, ce soir, en dansant avec toi .''

Ils ne dansaient pas vraiment . Une bruine plus fine qu'un rideau de tulle frôlait leurs visages sans vraiment s'y arrêter, et tout aussi furtif était le lien entre eux, ces bras entrecroisés, ces timides rapprochements si audacieux pour l'époque et la Ville . En effet, ils n'étaient plus en cette ville familière mais dans un monde qu'ils venaient de créer, un monde flou, en demi-teintes, perdu entre l'Ancien et le Nouveau, retrouvé telle une Atlantide . Les gens qu'ils croisaient était amusants et inoffensifs, des personnages de théâtre d'ombre . Certains s'abritaient dans le col de leur manteau ou sous de grands chapeaux qui faisaient sourire Tewa, d'autres chantonnaient en attendant un printemps qui ne viendrait jamais . C'étaient des Limbes où chacun vivait son petit rêve avant de s'en retourner à la sombre réalité . C'était une zone de non-droit où tout était permis et où rien ne prêtait à conséquence . Il ignorait que de tels quartiers existaient à Londres, et lui en devait la découverte, mais c'était sans doute réciproque, sinon elle n'aurait pas semblé si émerveillée .

''Tu es belle, Diane, avec ce sourire dans les yeux .''

Sans réfléchir, il l'arrêta devant une vitrine carrelée comme un vitrail, où jouait le peu de lumière persistante, où leurs reflets paraissaient étrangement semblables . Il jeta un regard à leurs silhouettes jumelles . Il n'était pas plus grand qu'elle, mais dégageait en cet instant quelque chose de plus dynamique . Plus solaire . Il avait apporté son pays avec lui, et c'est pourquoi il était important que cette collision toute en douceur et en harmonie se produise néanmoins . S'ils avaient eu quoi que ce soit de semblable, quelque chose n'aurait pas fonctionné . Lentement, il reporta son regard sur elle, en silence . Ses yeux se fermèrent, et il la voyait toujours . Alors, il l'embrassa . Doucement, il guida ce faisant la main si légère sous le revers de son habit, la fit remonter contre sa peau, et, frissonnant, mais sans abandonner ses lèvres, la ramena jusqu'à son coeur . Lui accorda toute sa confiance .
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Message  Diane Laurel Lun 21 Sep - 19:42

Elle sentait son coeur battre sensiblement plus fort. La chose avait un rien de mystique, de phénoménal, alors qu'elle avait été si morte. Elle se sentait non plus sortir d'un écrin, mais sortir de la tombe, lumineuse et vivante, vibrante, enfin femme après n'avoir été que nièce et épouse. Elle savourait l'instant, fascinée et surprise de son propre ressenti, sans en être tout à fait étonnée pourtant. Il n'y avait rien d'illogique, puisque tout était conte et légendes; et que leur logiques leur appartenaient à eux-mêmes. Elle était celle qu'il y avait eue à leur rencontre, à leur entente: Une loi oubliée, du temps où elles étaient celles de la nature, des esprits et des dieux qui avaient les colères et les failles des Hommes. Comme ce temps lui convenait mieux, et comme elle s'y sentait bien, vraie, dans cet encart au milieu d'une ville qui pourtant n'avait pas changé. Ils en avaient tous deux soulevé un voile, trouvé une porte dérobée vers une autre Dame de Londres, plus brumeuse et pourtant plus claire. Moins domptée. Ils avaient raison, ces temps passeraient et ils n'étaient qu'un caprice passager, et bientôt elle cesserait de faire mine d'avoir été docile. D'autres appelleraient ça une catastrophe, et eux le jugeraient révélation et bonheur.

Alors fêtons, puisque je retrouve mon sang. Bénissons-nous, et dansons encore, Tewa. Nous retrouvons quelque chose de lointain. Et je n'aurais jamais pensé que ce soit si doux, alors que je l'entrevoyais si plein de griffes.


Comme elle était sereine, oui. Elle se sentait capable de revoir l'Incube et de lui parler. Elle savait, maintenant, comprenait. Il ne fallait ni violence, ni lutte, ni soumission. Il fallait l'accepter comme une part de soi, de son sang, de sa chair; comme un vieux frère oublié. Comme deux loups opposés. Elle avait l'impression de recouvrer la vue alors qu'elle avait ignoré même être aveugle. Elle se voyait, elle, si souriante et pleine d'une vie qui oubliait de la blesser, quand bien même sa Marque palpitait. Elle le voyait lui, plus spectral mais plus présent pourtant, un peu plus elle, et elle un peu plus lui. Mêlés sans être mélangés, sans avoir fait l'erreur de se confondre. Il était encore si chaud, si clair une fois dépourvu de sa langueur, quand elle était encore une Dame de Givre, mais aussi de torrent vif. Il tournait tête vers elle, et elle tourna tête vers lui.
L'instant avait ce quelque chose d'unique et de pourtant connu de tous. De précieux et de commun. Un baiser. Qu'y avait-il de plus trivial et de plus beau à encore exister? Ses lèvres étaient fraîches sans être froides, celles de son Autre chaudes, brûlante d'un feu qui ne savait mordre. A leurs images. Il prit sa main et elle se laissa guider, jusqu'à une rondeur, jusqu'à un secret contre son coeur.

Elle aurait pu en être surprise, suffisamment pour briser l'instant et sa grâce, elle aurait pu en être écoeurée soudain, elle aurait pu. Mais elle ne le fut pas. Légère et tendre, sa main se posa contre les contours du Double Coeur. Elle comprenait réellement, elle en prenait l'exacte mesure, de l'âme comme de la peau. Contre ses lèvres elle sourit, et lorsqu'elles se détachèrent, ce fut pour qu'elle souffle tous bas, encore si proche.

Tu es une merveille, Tewa. Précieux et caché, comme les faveurs de Londres.


La bruine s'accentuait, devenait un crachin froid, pourtant il ne lui venait pas à l'idée de s'abriter. Elle était bien, si bien, et il n'y avait aucun danger, pas le moindre. Le monde parfois connaissait des tremblements de terre, le sien était en révolution. Et pourtant, elle ne craignait pas. Elle ne craignait rien. Pas avec lui. Elle prit l'une de ses mains, et en baisa la paume à son tour, en un geste naturel qu'il avait déjà esquissé.

Et je te sens comme un frère, comme ce qui m'avait manqué sans que je ne le sache. Tu sais, je crois que Londres vient de nos adopter comme de ses enfants vrais.


Il faudra que j'écrive, se dit-elle. Ces instants se devaient d'être transmis.
Diane Laurel
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Message  Tewa Joli-Coeur Lun 21 Sep - 23:03

C'était un baiser empreint d'une forte magie, et Tewa en sortit investi d'un pouvoir nouveau, quoique sans doute éphémère. Il cligna des yeux comme un enfant qui s'éveille et resta un instant à se redire les paroles de son amie, ses lèvres formant les mots si tendrement aimés à peine entendus, encore animées d'une douce électricité qui les réchauffait malgré la pluie froide. Elle était si ... parfaite. A nouveau, l'envie de mettre à mal cet homme qui l'avait entraînée ici et la laissait si diaphane, si blanche, si froide, telle qu'elle était à son entrée dans le pub, revint étinceler au fond de ses yeux noirs.

''Je suis ton frère? Comme je suis le frère d'Alexander... et comme pour lui je tuerais pour toi. C'est une erreur dans ce pays de guerriers sans morale et de prêtres castrats, que de croire que le loup noir n'est que l'ombre de l'autre. Qu'il y a d'un côté ceux qui agissent et de l'autre ceux qui aiment. Le loup noir aussi a des dents.''

Dans l'éclat d'un sourire farouche il découvrit brièvement les siennes, et le coeur dans la main de la dame pâle battit plus fort et plus brûlant. Il la retint encore un instant, puis la laissa libre de s'envoler comme un oiseau aux plumes délicates, ornées d'ongles nacrés. Il aimait jusqu'à la forme de ses mains. Un enivrement douloureux l'envahit comme une onde de chaleur, à lui couper le souffle de surprise. Il savait pourtant qu'il faisait froid ... Un pas à l'abri du porche coiffé de pierre, et il la ramena contre lui pour la serrer doucement, ne plus faire qu'un avec cette soeur inconnue dont le corps se réfugiait si naturellement contre le sien. Son frère, avait-elle dit... Il en avait presque les larmes aux yeux, tant une part vulnérable de lui, soudainement dévoilée dans l'impulsion du moment, se languissait d'une telle reconnaissance et d'une telle tendresse partagée.

''Tu as raison, ce soir Londres est faite pour danser...''


Il la souleva brièvement dans ses bras, puis laissa son visage s'incliner vers le sien, comme celui d'une soeur plus âgée à présent, ou d'une mère, ou d'une reine, ou de la Lune elle-même, ses rayons répandus autour de ses joues pâles, où revenait un soupçon de vie. Ses lèvres retrouvèrent le chemin des siennes et il s'abîma avec reconnaissance dans un nouveau baiser plus délicieux et plus naturel encore, traversé d'éclairs de curiosité et de hardiesse grandissante, alors que leurs corps se reconnaissaient et fêtaient leurs retrouvailles. Que l'ombre les engloutissent, il n'avait plus que cette prière, et que leurs embrassades n'importunent plus les passants...
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Message  Diane Laurel Lun 28 Sep - 0:19

Il était tendresse, il était fougue, il était passion. Il était tout ce qui lui avait été si douloureusement arraché de celui qu'elle avait tant aimé, si peu de temps. Combien de saisons s'écouleraient avant que le monde ne se froisse à nouveau, ne les sépare d'une génération, d'un océan ? Et tout comme elle était persuadée à présent, qu'ils avaient été uns et unis quelques voies auparavant, elle tremblait déjà à l'idée de revivre ses instants. Jouets perdus des mains d'un dieu cruel et moralisateur, plus sombre que la nuit elle-même à force de se draper de lumière aveuglante. Mais pourtant, farouchement opposés aux regards d'autrui, de ses innombrables agents de la Fatalité qui faisaient peser un carcan jaloux aux âmes envolées. Avec un naturel soudain, évident et sans brusquerie, il lui parla de donner la mort, en son nom. Contre ses lèvres, elle souriait encore, bien lus tendrement, l'éclat de sa douleur languide dansant en ses yeux.

Et je tuerai pour toi, aussi sûrement que tu m'as redonné une part de vie. J'étais un spectre, avant toi. Dansons, alors. Jusqu'à l'aube. Jusqu'à graver cette nuit dans les étoiles...


Toutes ces charmantes idioties qu'elles pouvait prononcer auraient reçu un jugement cynique et froid de sa propre part il y avait encore quelques heures. Qu'importe, un siècle avait passé, un monde avait vécu cent révolutions. Célestes ou humaines, peu importait. Elle le serrait contre elle, femme ou homme, ami ou amant, père ou fils. Tout à la fois, en fragments. Frère, avant tout.

A l'abri du monde sous un simple porche, ils n'étaient que deux âmes enivrées qui avait l'étonnante faiblesse d'encore croire à un rêve qui se dessinait, pour sans doute bientôt s'effacer, comme ils finissaient tous par partir une fois revenu le jour cruel et tiède. Diane chassait toutes ses considérations pragmatiques et sinistres. Elles n'avaient pas leur place dans cette cinquième saison qui s'était dévoilée pour eux, et seulement eux. D'autres, peut être, en cet instant même, l'avaient trouvés eux aussi, et ils auraient été soudains réunis qu'elle n'en aurait pas même été surprise. La magie, la véritable Magie était là, entre eux, et pouvait des merveilles tout comme des drames. A suivre les chemins tracés à sa peau, encore timides, mais de plus en plus acérés, fervents, elle se sentait transportée. Redevenue femme et fée. Dans un monde et dans l'autre.

Peu importait l'avancée du jour, ils garderaient un morceau de cette nuit, éternellement. Peu important qu'à l'aube, ils doivent se séparer sur un baiser secret auprès des grilles de sa demeure. Elle rentrerait en secret, feindrait de ne pas sentir l'odeur de la fillette sur la peau de son époux, et irait prétexter être au plus mal, pour être solitaire. Et elle écrirait, l'oeil à sa fenêtre. Plus neuf, plus vivant. Peut être même que Lucian ne verrait rien. Lucian, la lumière. Tout avait décidément été jugé par avance. Et sa Marque, à ses côtés, brûlerait d'un nouveau feu, plus intense et plus mordant. De la vigueur d'un loup oublié et retrouvé.

Elle écrirait, oui. Et elle lui soufflerait venir le voir un soir, à sa boutique. Elle avait sans aucun doute besoin de nouveaux souliers. Pour marcher dans la ville, à chasser les saisons.
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