[Event n°1] Dans la maison du père.

**Sean McFadden** Mar 3 Nov - 19:06

La rumeur suivait son habitude, elle avait commencé petite mais elle enflait, enflait comme dans l'air de Rossini. Nul ne pouvait lui échapper désormais et cela déplaisait fortement à M. McFadden. Des mouvements de populace étaient à craindre, et de tels mouvements pouvaient devenir imprévisibles. Un lynchage est toujours à craindre quand on a des habitudes différentes de ses voisins, quand par exemple on ne sort pas de la journée. Par ailleurs si Sean n'était pas de ces vampires qui trouvent que la sang des jeunes vierges a un goût incomparable, c'était tout de même aussi pour sa soif qu'il craignait : comment traquer tranquillement sa proie quand tous se méfient, quand plus personne ne déambule un fois le soir tombé.

Afin d'en savoir plus il décida d'aller le soir même, après les vêpres à la cathédrale St Paul demander un entretien avec la maîtresse des novices de Royal's Convent. Il avait soigneusement choisi sa tenue pour l'occasion : en bon Ecossais il voulait sembler riche mais économe. Sa redingote était en conséquence bien coupée, dans le meilleur tissu, mais un peu élimée. Son pantalon était élégant mais avait les plis légèrement trop marqués. Sa chaîne de montre en revanche était épaisse et s'étalait avec indécence sur son ventre.

Il vint donc frapper à la lourde porte du lieu Saint, et quand la sœur tourière lui demanda d'un ton de dogue ce qu'il voulait, il répondit sans ciller :

– Je souhaiterais avair un entretien avec la Maîtresse ou la Sous-Maîtresse des novices. C'est au sujet de ma pupille pour laquelle je dois décider d'une pension.

Il espérait de la sorte avoir un entretien immédiat. S'il ne saurait être question pour un couvent de facturer quoi que ce soit aux familles des pensionnaires, les offrandes 'spontanées' que ces familles versaient à l'établissement suivaient un barème assez clair. Sean pensa que si les pensionnaires étaient censées être des oies blanches, elles faisaient aussi office des vaches à lait. Avec un peu de chance même, ces demoiselles pouvaient être amenées à devenir postulantes, et alors leur famille aurait à verser une dot conséquente.

London's Fog Sam 7 Nov - 17:38

La porte fut refermée sur le froid du dehors, sur un simple signe d'entrer, puis d'attendre. Le regard avait été discret, mais scrutateur, d'un oeil acéré accoutumé à soupeser les personnes. Il avait passé la première gardienne, mais les murs eux-mêmes, en ce lieux, semblaient peser. Les entrailles du couvent n'étaient que destinées aux femmes, et les hommes semblaient être voués à l'accablement de n'être restés garçons. Seul être masculin, le Christ souffrant sur la croix. Les murs étaient dépouillés, les symboles religieux savamment disséminés de façon à ce que toujours, l'oeil doive s'y poser. L'attente, toutefois, dura peu. Une novice vint, d'une voix douce et les joues empourprées lui souffler tout juste de la suivre, pour le mener à un bureau.

Spartiate est ce qui lui convient le mieux. Rangés, ordonné, presque au carré. Livres soigneusement disposés, rares, dossiers de lettres fermés, pages rangées avec un soin si méticuleux qu'on les jurerait reliées. La créature sèche autant que droite qui lui faisait face était ce genre de vieille femme qui paraissait avoir vécu des siècles, avoir déjà vu des centaines de gens comme celui qui se présentait à elle, et n'en être que plus méfiante. Un profil d'aigle, des mains en serres, la peau parcheminée et le teint de pierre. Une statue de chouette. Sa voix était un peu pointue, un peu aigre.

Milord, il ne me semble pas avoir eu l'honneur de vous rencontrer un jour,

Asseyez-vous, je vous prie, que nous parlions de votre pupille. Qui est-elle, je vous prie ?

Un sourire très raide et très rapide plissa ses joues de rides en fentes qui en trahissaient la rareté. Sa main se déploya un temps, pour désigner le siège face à elle. Aux sens aigus d'un Buveur de Sang, cette femme était vivante, dotée du coeur solide et lent des ascètes. Elle n'était assurément pas de ceux qui s'assoient sur leur position pour s'y gonfler, du moins pas de biens matériels. Du reste, à sa voix, à ses manières, il était aisé de deviner que le pouvoir qu'elle avait sur ces jeunes âmes était maîtrisé de longue date, et conséquent. Nul doute que l'affront d'en voir disparaître trois l'avait sinon marquée, du moins contrariée.

Aucune mention, ni dans son regard, ni de sa voix. Ils n'étaient pas là pour parler de cette affaire sordide, n'est-ce pas ?

**Sean McFadden** Lun 9 Nov - 13:02

Lorsque la tourière referma la porte, Sean trouva le bruit sinistre. La sensation nette d'enfermement était oppressante, inquiétante. Il avait nettement plus l'impression d'être dans un lieu de privation de liberté que dans un lieu d'asile. Cependant; il avait fait ce qu'il fallait pour entrer dans les murs du couvent, il ne pouvait décemment pas s'en plaindre. Il lui fut signifié qu'il devait attendre, et l'idée même de faire autre chose que d'aquièscer lui sembla incongrue.

– Je vous remercie ma Sœur.

Par réflexe, il ne resta pas le dos à la porte -on est prudent ou on ne l'est pas, même dans un couvent- et il se plaça de manière à pouvoir surveiller le couloir par lequel viendrait sans doute quelque messagère.

Son regard allait et venait de la porte au couloir, du couloir à la porte quand une réflexion lui vint : Il était dans la place, il était seul. Qu'est ce qui l'aurait empêché d'ouvrir cette porte ?

Ses pensées se succédaient à grande vitesse :
* Si je veux voulais me procurer une novice pour... par exemple m'en amuser, puis en abuser avant d'en faire mon repas, il me suffit donc de faire entrer un complice de bonne apparence dans la place. Ce complice m'ouvre la porte et se fait un alibi en béton en allant à un long rendez-vous avec l'intendante. Je convaincs par des paroles mielleuse ou par la force la donzelle de me suivre et la voilà escamotée. *

Il ne se souvenait pas d'avoir entendu la tourière tourner une clé mais peut-être l'avait elle fait tout de même. Il fallait en avoir le cœur net ! Il se rapprocha de la porte, tendit l'oreille et se pensant seul, essaya de l'ouvrir puis de la refermer, par 'simple' curiosité.

Les symboles religieux omniprésents ne le mettaient certes pas à l'aise, restait-il immortel même en ces murs consacrés ? Le pouvoir du Sang était-il encore avec lui ? Il fallait briser cette indécision, aussi se mit-il à vouloir lire la brume. Pourrait-il lire les pensées de la messagère qui viendrait par le couloir ? Ce fut une novice qui vint à lui et lui proposa de la suivre. Elle avait les joues bien empourprées, était-ce à la simple idée de parler à un homme ?
– Mais très certainement ma Sœur ! Je vous suis immédiatement !

L'habit religieux à pour but de déféminiser celles qui le portent, et cela était heureux pour le vampire, qui put se concentre sur la brume, plutôt que sur les courbes cachées de sa guide.

En arrivant au bureau de la supérieure dont la porte était ouverte, Sean s'inclina légèrement devant celle qui l'avait conduit.
– Je vous remercie de m'avoir guidé, Dieu vous garde ma Sœur !

Puis il se tourna vers la supérieure comme si la novice n'existait plus. De cette manière, en évitant tout contact physique et en ne la considérant pas vraiment comme une femme, il espérait qu'il en commettait pas d'impair.

La différence la plus tangible entre le bureau et le couloir était la présence de livres. La supérieure semblait avoir une forte puissance de travail intellectuel et en faire usage. A la voir, aussi parcheminée que ses livres, il aurait pu se demander si elle n'était pas plus vieille que lui. Mais elle était vivante, terriblement vivante.
Il ne fallut pas longtemps au vampire pour deviner qu'avant d'entrer dans ce couvent elle avait du être éduquée dans une des plus nobles familles du royaume, sans doute même était-elle plus ou moins proche cousine de la reine. Elle avait une habitude ancestrale du commandement.

- Soyée remerciée, Ma Mère, de me recevoir vous-même et de le faire aussi rapidement, bien que je ne vous aie pas été présenté. Capitaine Dougall McDonald pour vous servir !

Il s'inclina -pas de contact physique- et d'un regard il jaugea le siège qu'elle lui désignait. Il y prit place et se prépara pour ce qui allait suivre. Chacun poserait des questions n'ayant que peu à voir avec les réponse qu'il cherchait.

– C'est aux Indes, peu avant de tomber au champ d'honneur que père de cette demoiselle me l'a confiée. Je n'ai vu ma pupille qu'une fois, assez bièvement, chez sa parente qui l'héberge provisoirement. On m'a assuré que c'était une charmante demoiselle. Je ne puis décemment la prendre chez moi.

Il posa sa main gauche sur sa main droite, de manière à ce que la supérieure puisse voir qu'il ne portait pas d'alliance, elle pourrait ainsi se figurer qu'à peine la demoiselle nubile, il la sortirait du couvent pour l'épouser, pour mettre la main sur ses biens, et pour avoir de la sorte une jeune et jolie femme dans son lit dans un premier temps puis une infirmière dans un second.
Il n'y avait rien là de choquant, au contraire, il se conformerait de la sorte aux usages.

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